D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
49mc Année.
No 4.995.
FÊTE COMMUNALE D'YPRES.
LE PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELGE.
REVUE POLITIQUE.
S'il était permis d'introduire le langage de la
météorologie dans la politiquevoici en quels
termes nous résumerions la situation.
Les mouvements orageox qoi pendant plusieurs
semaines oot traversé diverses contrées de l'Europe
s'éloignent rapidement. De notre côté, le baroroè-
raonte, il baisse sur l'Amérique; des brumes épais
ses nous cachent le ciel des régions occidentales.
Et, eu effet, la reine d'Angleterre est pour plu
sieurs semaines en Allemagne. L'empereur Napo
léon, qui était Plombières, se fixe pour quelque
temps au camp de Cbâluus; la reine d'Espagne est
sur les bords de la mer, dans les provinces Basques;
le roi de Prusse et l'empereur d'Autriche se serrent
la main; l'empereur de Russie, oubliant peut-être
l'ukase tout récent par lequel il demandait deux
contingents de soldats I) la Pologne, aooooce par
un ukase plus récent encore qu'il va diminuer l'ef
fectif de son armée.
De Vienne, on écrit que des réductions impor-
intes vont avoir lieu dans l'artillerie et dans la
cavalerie.
Ne semble-t-il pas qu'a l'Orient, depuis bien
longtemps, on n'avait vu le ciel se découvrir a ce
point.
Sur l'Italie, l'air n'est pas encore serein j mais
avec un peu de patience peut être s'épurera-t-il a
la lin.
Quant aux nouvelles d'Amérique, nous allons
en peu de mots faire comprendre le côté grave sous
lequel elles se présentent
On avait aouoncé, il y a quelques jours, dans la
correspondance du Moniteur universel, que l'ar
mée des Étals Unis serait réduite a 100,000 hom
mes. Aujourd'hui l'oo reconnaît que cette armée
est de 200,000 hommes et que le liceociement est
arrêté. Du côté du Mexique, on évalue k 35,000
le nombre de troupes franco mexicaines qui vont
se concentrer sur les rives du Rio-Graude. Pareille
concentration a lieu en vue d'un adversaire tout
autre que Negrete, qui n'a jamais passé pour dis
poser de plus de 4 5,ooo hommes. On craint les
maraudeurs fédéraux.
Sor presque tous les poîots des Étals du Sud,
aux États-Unis, les sentiments sécessionnistes se
réveillent; les antipathies profondes qui sépareot
la population noire de la population blanche se
manifestent et se traduisent en actes de violence et
en assassinats. La situation est aussi tendue que
jamais.
On écrit de Bruxelles l'Europe
Le Roi ne croit nullement, depuis
quelques jours, que sa fin soit proche. Il a
lait de nouveau des promenades eu voiture
sur nos boulevards. Les ponctions sont
répétées assez fréquemment, mais le sou
verain n'en est ni moins bien disposé. Les
propos du praticien anglais, M. Jenner,
qui vient visiter de temps autre l'auguste
malade, ne contribuent pas peu soutenir
son courage. Selon le médecin la vie du
Roi peut.se prolonger encore pendant des
années.
Parmi les communes llamandesoù
l'émigration des habitants vers l'Amérique
tend se développer, Passcbendaele mérite
une mention spéciale. La ville et les envi
rons de Détroit (Amérique) sont le rendez-
vous de tous ces braves campagnards. Il y
a 25 ans, Détroit n'existait pas; aujour
d'hui c'est une ville de 50,000 habitants.
Quand on se trouve Passcbendaele, il
n'est pas rare de rencontrer sur la roule
qui traverse le village un paysan un peu
endimanché, revêtu d'une blouse bleue en
guise de par dessus la pipe la bouche
et portant sur le dos, au moyen de son
bâtonun paquet enveloppé dans un
mouchoir; il chemine grands pas. Pensez
que c'est encore un émigrant et rarement
vous vous tromperez. Il quitte calme et
insouciant, et peut-être pour toujours, ces
lieux qui lui rappellent tant de souvenirs!
Cette chaumière où il naquit et qui fut si
longtemps témoin de ses joies et de ses
douleurs; cette église où il fut régénéré
dans les eaux du Baptême; où il jura fidé
lité la compagne de sa vie; ce champ du
Repos où dorment du sommeil de la Mort
ses parents bien-aimés ces champs arro
sés par ses sueurs et rendus féconds par
un rude travail. Il se retourne un instant
et salue d'un signe d'adieu le clocher de
son village! Détroit, voilà l'objet de ses
rêves, le but de ses désirs, le A'ec plus ullrà
de son ambition
Non seulement quelques petits cultiva
teurs, mais des fermiers, occupeurs d'une
grande exploitation, sont tourmentés de
celle fièvre de l'émigration. C'est ainsi que
le 1" de ce mois, le sieur Lefevre, cultiva
teur Passcbendaele, a fait vendre les
récoltes, chevaux, bestiaux, instruments
aratoires, meubles, etc., de sa ferme. Il se
dispose partir pour Détroit avec sa fem
me et ses neul enfants dont le plus jeune
n'a que quelques mois.
Suite et fiu. Voir iiotce <ie àauiedi dernier.
DISTRIBUTION DE PRIX AUX ÉLÈVES DE L'ACADÉMIE
DES BEAUX-ARTS.
On sait que tous les deux ans des con
cours sont ouverts entre les élèves de
l'Académie de dessin et que les récompen
ses décernées sont distribuées dans le
courant de la semaine de la Thuyndag.
Pour les années I8G4 1805, celle solennité
a eu lieu aux Halles, le 10 c\ 3 h. de re
levée, en présence d'une assistance nom
breuse et choisie.
L'on se fera facilement une idée de
l'importance de l'Académie des Beaux-
Arts de noire ville quand on saura qu'elle
prend rang immédiatement après les
grandes Académies d'Anvers, de Gand, de
Bruges et de Bruxelles. La solennité avec
laquelle cette cérémonie a eu lieu, prouve
que la Commission directrice ne laisse
échapper aucune occasion pour stimuler
le zèle des jeunes gens qui s'adonnent la
culture des Arts.
Sur l'estrade se trouvaient les autorités
communales, M. le commissaire de l'arron
dissement, M. le Président de la Chambre
des Représentants, M. le procureur du Roi,
les officiers supérieurs du 10e de ligne, les
membres de la direction de l'Académie,
l'officier commandant la Gendarmerie, des
officiers de la Garde civique, du lO'et des
pompiers.
Celte fête artistique a été ouverte par
un morceau de musique exécuté par l'har
monie des Pompiers. Le secrétaire de la
Direction, M' Gustave de Stuers, a ensuite
mis l'auditoire au courant de la situation
de l'Établissementqui date de 1778 par
un long discours accueilli par d'unanimes
applaudissements. Nous voudrions publier
dans nos colonnes cette pièce intéressante;
mais le cadre restreint de notre Journal ne
nous permetpas de le reproduire en entier.
Force nous est donc de l'analyser. M. le
Secrétaire a exposé les principales ques
tions relatives l'Académie d'Ypres, ques
tions qui doivent être résolues, dans l'inté
rêt de sa prospérité et pour la mettre en
état de reniplir tous les services qu'elle
peut rendre.
Il a insisté sur l'utilité de l'enseignement
artistique et l'importance qu'on doit don
ner aux divers cours, ainsi que la grada
tion qu'on doit établir entre eux. Il a
signalé les changements exécutés dans les
locaux devenus insuffisants et où la sur
veillance des élèves était rendue difficile
par suite de leur exiguilé. Il a touché la
situation financière et il a annoncé que
l'Académie d'Ypres avait reçu un subside
de 1,500 fr. sur les fonds du gouverne
ment. La direction espère obtenir une allo
cation sur les fonds provinciaux mais
cette question n'est pas encore décidée.
Elle a insisté toutefois pour que le con
cours privé ne soit pas supprimé et que la
souscription annuelle allouée l'institu
tion lui soit continuée. En faisant l'éloge
des lauréats, il a indiqué les récompenses
qui ont une valeur hors ligne, comme le
grand certificat accordé M. Richard
Cofîyn et les médailles décernées deux
élèves, Laçante, de Reningbe et Ooghe,
d'Elverdinghe pour assister aux cours, et
ils I ont fait assidûment, ils avaient faite
un trajet, aller et retour, l'un de treize et
I autre de sept kilomètres. Enfin l'honora
ble Secrétaire a terminé en expliquant
comment i! n'y a pu avoir d'expositiou des