D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
48me Année.
.Mercredi 14 Juin 1865.
N<> 4,977.
LA CLÉMENCE D'UN ROI.
YPRES.
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PROPAGATEUR
;<!l toc.
FOI CATHOLIQl'E. - CONSTITITION BELGE.
REVUE POLITIQUE.
Pendant qu'en Europe le drame semble s'être
retiré dans de noires reiraiiei, où il se prépare, il
se montre h face découverte en Amérique; il est
partout, dans les trihunaux, dans les forêts, dans
les villes; il recherche les champs de bataille,
affectionne les éebafauds. Oui, les échafauds! car
combien de gens aux Étais Unis se comp'aisent h
l'idée que le gibet qu'on *a dresser pour les assas
sins du président Lincoln sertira bientôt après pour
Jefferson Datis et pour tous ceux qu'oo est contenu
d'appeler, eo langage «ulgaire des archi-traîlres.
En on point capital, le président Johnson soit
nne politique sage et modérée; il ne donne pas la
main Juarez; il n'autorise pas tes enrôlements
que les ageuts de Juarez odi essayé d'entreprendre.
El, toutefois l'on croit savoir fa Paiis que le ministre
de France il Washington, M. de Montboloo, ne se
tient pas poar rassuré d'une manière complète sur
les intentions réelles et dernières du gooteruemeot
américain «is-k-vis du conflit mexicain. Ce diplo
mate a écrit, prétend oo, h son gooteruemeot,
qu'il cooreoait d'être sur ses gardes, parce qu'il
lui semble apercevoir chez les hommes d'Etat
américains atec lesquels il s'entretient une certaine
réserve dans les explications qu'ils donneut. M.
Seward, ministre des affaires étrangères, notam
ment a«oue que le Président peut avoir une
manière de voir qui n'est pas la sienoe.
Le spectacle que va offrir l'Angleterre appellera
désormais la plos vif intérêt. La lutte électorale
qui ne se dénouera qu'au mois d'août est engagée
Suite. Voir notre numéro do samedi 10 juin.
L'armée française était sous les armes, et atten
dait le commandement du roi, lorsqu'on vit s'avan
cer on groope de cavaliers bourguignons qui se
placèrent fa une petite distance, et firent entendre
qu'ils étaient messagers de paix. L'on d'eux, lais
sant son destrier, s'avança sans armes, vint s'age
nouiller aox pieds dn roi et lui remit ooe missive
du comte Guillaume. Le roi releva avec ooe bonté
qoi loi était particulière, l'envoyé de son ennemi,
prit connaissance des propositions qui lui étaient
faites et s'occupa d'y répondre.
Le roi ayant terminé sa réponse y apposa le
sceau royal t) et fit avancer de nouveau l'envoyé
de Guillaume. Frappé de sa figure adolesceole qu'il
n avait pas d'abord remarquée, il lui dit Vous
semblez bien jeune ponr prendre aussi part aux
dangers de la guerre? J'ai seize ans, sire, et
mon père, Odoo de la Rochelle, m'a accordé ooe
grande faveur en me permettant de combattre
ses côtés. Vous êtes blessé, il me semble?
reprit Robert avec intérêt. Au bras gioche, sire;
je guérirai; mais, en attendant, il me reste le
bras droit pour servir, pour défendre mon roi! -
Bien, jeone homme, nne telle réponse vient d'un
noble cœor.Vous êtes apertiae d'arme (2); si vous
(1) Dans Ici sceaux de Robert on ne voit ni I. main de
justice, ni la boule du monde, qu'Hugues Capet fit le pre
mier mettre dans se. sceaux et que les autres rois de France
ne prirent que plus lard.
(2) Aspirant la chevalerie.
des présent sur presque tous les poiuts. Lescan-
didats sonicooous; les conservateurs descendent
avec résolution dans l'arène, surtout dans les
bonrgs. Les grandes villes sont les lieux où les mi
nistériels comptent triompher; et pourtant, dans 2
des circonscriptions de la tille de Londres, les
conservateurs ont des candidats et espèrent triom
pher. On a rependo le bioit que iord Palroerston
allait être forcé, vu l'état de sa sauté et sou âge
fort avancé, de résigner ses fonctions. Lord Palrnet-
ston, croyons oous, tieot fa ses fonctions de premier
ministre comme la vie. Ses amis ne reconnaissent
pas que sa forte intelligence soit atteinte par le
déclin de l'âge.
Le Journal de Posen dn 9 juin oous informe
que le juin quarante ptisonnierc politiques ont
encore été embarqués fa Piaga pour le Sibérie.Quel
ques-uns deces malheureux oot été chargés de fers;
le célèbre avocat M. Kobylanski, qui a été livré au
gouvernement rosse par les autorités autrichiennes
et condamné 5i ans des travaux forcés, a eu la
tète rasée et a été revêtu du costume de galérieD.
Le differeod qui a, pendant plnsienrs jours, tenu
le public, en Prusse, dans une assez vive émotion
peut être regardé comme terminé sans effusion de
saog. M. Virchow s'est déclaré prêt fa rétracter
ses paroles si M. de Bismark retirait les siennes.
M. de Roon, ministre de la guerre, était l'intermé
diaire par lequel passaient les communications des
deux adversaires. M. de Bismark a fini par recon
naître qu'il n'obtiendrait rien de pins de M. de
Virchow, et il a de lui-même abandonné l'idée de
pousser pins loin la poursuite.
continuez, c'est eo 111a cour de France que vous
trouverez les éperons de chevalier. Je les mérite
rai, sire, répartit Guy de la Rochelle, et faisant 00
salut plein de grâce et de respect, il se relira vers
le groupe de cavaliers qui reprirent aussitôt le che
min du camp.
La paix fut signée entre Robert et Otbe Guil
laume, la cooditiou que celui-ci se contenterait
de sou duché de Franche- Comté, Les seigoeurs qui
l'avaieot aidé dans cette entreprise, n'ayaul pins
rieo faire, s'en furent chacun dans leur terre.
Odon de la Rochette, aigri encore par le peu de
succès des causes qu'il avait défeodues, se sentait
de plus eu plus aotmé contre Robert; mais ruiné
eo partie par les guerres, par la famioe qui rava
gea la France, il résolut de renfermer dans son
cœur ce levain de baiue, de ne plos se jeter ouver
tement dans les partis opposés au roi de Fraoce,
de revenir dans son château de la Rochelle et de
réparer le mauvais état de ses finances, eo faisant,
contre ses voisios ou contre les voyageurs, des sor
ties qui loi seraient profitables. Guy le gênait
beaucoup pour l'accomplissement de ses projets, il
n'était plus on enfant, et le châtelain o'avait pu
pervertir sa droiture naturelle; il le trouvait un
fou, 00 fanatique d'booneor et de loyauté, et peo-
sait bieo que tant qu'il le garderait auprès de lui,
il serait un obstacle coostaot tontes ses entrepri
ses. Guy 11e partageait ni les goûts oi les haines du
vicomte, car depuis qu'il avait été envoyé en mes
sage vers Robert, il eo parlait constamment et té
moignait uo grand enthousiasme pour ce bon roi.
Ces circonstances décidèrent Odoo a envoyer le
jeooe bomme an hasard conrir les aventures, et
s'ioquiélant peu de ce qui pourrait lui advenir;
mais la panvre demoiselle Aone de la Rochette,
supplia son frère de ne point laisser coorir si
Mgr. Faict, nouvellement consacré évê-
que du diocèse de Bruges, a fait avant-hier
11 h. 55 m. du matin sa première entrée
épiscopale dans la ville d'Ypres.
S. G. a été reçue par le clergé daos la
principale salle d'attente du chemin de fer
convertie en salon de réception, par une
délicate attention de M. Durand, le Chef
de station, la gare avait été ornée d'une
rangée de petits drapeaux tricolores dont
l'ensemble produisait un admirable effet.
Le pavillon national flottait au flanc de
l'édifice) SaGrandeur Monseigneur l'évêque
ayant été revêtu de ses habits pontificaux,
le cortège s'est mis en marche en suivant
les rues des Bouchers, du Temple, au
Beurre, le Marché Bas, la rue de Lille, le
Marché aux Fripiers, les rues Neuve de S'-
Jacques et de S'-Jacques, pour se rendre
la Grand'Place. Voici l'ordre et la compo
sition du cortège:
Tambour et détachement de la Garde
civique (infanterie).
Groupe fourni par la paroisse S'-Nicoi as.
Porte-étendards.
Croix et acolytes.
Bannières.
Vierges.
Musique et élèves de l'école des Orphe
lins.
grande change 3 l'unique héritier de son nom; elle
s'était procuré, par l'abbé Guillaume, une lettre
adressée, pour Guy, fa Gauslin, frère du roi, abbé
de Flenry, homme de grande science, et demanda
que le vicomte permît fa son fils de la porter, et
de rester auprès de ce saint moine assez de temps
pour achever de former soo cœur et son esprit. Le
vicomte, après s'être fait prier, en apparence, mats
ebarrué dans le fond, consentit fa cet arrangement
qui le débarassail do jeone homme pour plusieurs
années. Dans la joie qui lai causa ce départ, il vou
lut donner fa Goy un beau destrier (1), one armure
ciselée, uoe épée et une lance(2),en tout semblables
celles que portait lui-même le châtelain. Mais Goy
ne devait s'en servir que plus tard, lorsque sa
taille et ses forces seraient développées. Quant fa
la bonne tante, elle glissa sod offrande dans l'au-
môoière, et, les yeox remplis de larmes, elle fit
ses adieux fa l'enfant de son cœur lui recomman
dant la crainte de Dieu et l'amour du prochain.
Guy cheminait, riche do petit trésor épargne de
sa tante, et plus riche encore des riantes espérances
qoi bercent la jeunesse. Cependant le spectacle
qui partout ftappaii ses yeux, était peu fait pour
réjouir il ne voyait que des figures pâles, maigres,
où la misère, la maladie, lamine laissaient d'affreu
ses traces. La France contionait fa être désolée par
ces fléaux réunis. Pour se reposer, uo matin Guy
s'était assis au millieu des montagnes qoi domineat
la délicieuse vallée do Suzou (3); il ne pouvait se
lasser d'admirer ces sites pittoresques, lorsqu'il vil
venir une petite caravane qoi traversait avec peine
(1) Cheval de maiu et de oataille.
(2) C'était uu cadeau précieux, car les armures étaient
rares, et ce fut plus tard qu'elles deviureut uue mode générale -
(3) Val-Suz.ua, prêt de Dijon.