D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
48me Année.
Samedi 28 Janvier 1865.
No 4,938.
POUR YPRES FR. 6,00 PAR AN.
HORS VILLE 7,50
Sous ce titre Quelques logiciens quon
n'attendait pas. le Sancho flétrit la con
duite sacrilège des profanateurs des sain
tes Hosties de Louvain. La feuille satirique
proteste, avec les armes de la logique et
du bon sens, contre les doctrines antireli
gieuses qui se prêchent ouvertement par
la presse rationaliste:
Ces jours derniers Louvain d'aima
bles rationalistes, légèrement émus par
des agapes fraternelles, ont mis en action
les idées et les principes qui inspirent une
foule de chansons, de brochures et même
de gros livres. Ces folâtres jeunes gens ont
fait aux croyances catholiques le plus
effroyable outrage qui se puisse rêver. Or,
en agissant de cette façon, ils n'ont fait
que mettre en action les principes et les
conseils des maîtres, et voici que ceux-ci,
épouvantés par l'énorme scandale produit
par ce monstrueux sacrilège, s'efforcent
de désavouer ces malheureux qui n'ont
songé qu'à donner wn corps aux doctrines
qu'on leur représentait comme étant (a
vérité dépouillée de toute alliage avec te
fanatisme et la superstition cléricale.
Eh bien si c'est là ce qui épouvante les
grands rabbins du philosophisme pan-
théistiques et du matérialisme athée, qui
a tant et de si beaux organes autour de
nous, si cette incarnation matérielle et
pratique de leurs doctrines les fait reculer
d'épouvante, nous les prévenons qu'ils ne
sont qu'aux commencements de leurs
étonnements et que leurs disciples leur en
feront voir bien d'autres!
11 y a des gens assez naïfs quoique
fort infatués de leur supériorité intellec
tuelle il y a des gens assez naïfs, disons-
nous, pour s'étonner qu'un prunier donne
des prunes et qu'un enseignement maté
rialiste et athée pousse au mépris de tous
les devoirs sociaux et fasse de l'homme
une sorte de brute féroce, faisant le mal
avec bonheur, par amour de l'art. Laissez
grandir cette génération qui pousse dans
l'ombre et se nourrit de haines, en atten
dant les représailles qu'elle se promet, et
alors les bourgeois pourront juger de l'ar
bre par ses fruits. Ils en sont l'heure
actuelle la préface du matérialisme
athée, mais nous ne leur donnons pas le
temps d'en déguster trois chapitres sans
les voir invoquer le secours et l'appui du
despotisme qui leur rendra la paix et la
sécurité, telles qu'on en jouit dans ces
grandes nécropoles où la parole d'un
maître redouté est la loile droitla jus
tice et la vérité.
Depuis longtemps on sait, que dans le
contrat intervenu entre la ville et l'entre
preneur du gaz, la lune joue un grand
rôle. Ce contrat même, si nous ne nous
trompons, est loin d'expirer.
Quand, dans l'immensité, l'astre des
nuits promène son disque argentin, le gaz
peut briller dans nos rues par son absence;
au moins cela s'explique jusqu'à un cer
tain point. Mais quand cet astre ne daigne
pas se montrer aux pauvres mortels
comme cela arrive assez souventles
Yprois jouissent de l'inestimable bonheur
de pouvoir se casser le cou dans les ténè
bres.
Dès que le calendrier annonce une lu
naison l'éclairage est suspendu. Le con
trat veut que pendant tout le temps de
lune, celle-ci paraisse, et quand les nuages
lui servent d'épais rideau le gaz est en
vacances tout comme par le plus beau ciel
étoile.
Que de fois on a ro'clamé, et tous les
jours encore, contre cette stipulation, qui
n'en continue pas moins rester en vi
gueur, malgré toute son absurdité et par
le plus opiniâtre entêtement de l'adminis
tration.
La lune est-elle censée devoir paraître,
et vite on voit les ouvriers du gaz courir
Jes rues pour fermer les robinets; tant pis
pour ceux qui sont obligés d'y circuler
nuitamment. Qu'ils se heurtent l'angle
des rues ou contre les obstacles qu'ils
rencontrent; qu'ils tombent dans une cave
et se cassent bras et jambes, c'est leur
droit. De ce chef, personne n'a assumer
la moindre responsabilité, l'entrepreneur
a son contrat et la régence s'en lave les
mains tout comme Pilate.
En dehors des temps de lune, le système
d'éclairage laisse aussi beaucoup désirer.
Sans parler de l'absenoe complète du gaz
pendant la nuit, on a pu constater bien
souvent que dès les 11 heures du soir, dos
rues de la ville se trouvaient plongées
dans une profonde obscurité, et cependant
1 heure réglementaire est onze heures et
demie. En plusieurs endroits le nombre
des reverbères est insuffisant, en d'autres,
il n'en existe pas du tout, comme au fau
bourg du Quai, où se trouve même l'usine
gaz!
il est vrai que s'il y avait en ces endroits
des lanternes, il faudrait les éclairer, et
pour une régence aussi économe que la
nôtre, cela coûterait beaucoup trop cher.
Trois centimes par bec et par heure, for
meraient au bout de l'année une dépense
que la situation financière de la ville ne
saurait supporter.
Nos édiles ue se refusent aucun crédit
pour la construction des trottoirs dont,
soit dit en passantla carte payer par
les contribuables sera bien chère, mais un
léger supplément de crédit pour l'amélio
ration du système d'éclairage, leur fait
LE PROPAGATEUR
FOI CATHOLIQUE. - CONSTITUTION BELCE.
PRIX I)E L'ABONNEMENT.
REVUE POLITIQUE.
L'arche?êque de Paris, Mgr. Darboy, est appelé
jouer uu très-grand rôle dans le coDflii religieux
au milieu duquel la France entière se trouve en
traînée.
Dimanche dernier, daos une paroisse, hors de
Paris, l'occasion d'une fête patronale, Mgr. Dar
boy se *it entouré, dans le salon du presbytère,
par le clergé de cette paroisse, auqnel était «eau se
joindre le clergédes environs. Chacun était aoxieox
d'apprendre ce que le vénéré prélat allait dire de
l'encyclique.
Je sois, a dit Mgr. Darboy, en parfaite con
formité de vue et de sentiments asec tous les
ésêqnes qui publieut des protestations; mais ma
position est particulièrement difficile et elle m'ia*
pose une extrême prodeoce. a
D'après une correspondance de Paris, publiée
par le Journal de Bruxelles, quelques membres
de l'épiscopat n'attendaient que les explications
de Mgr. l'évêqoe d'Orléans pour prendre la parole
leur tour, et l'on verra avant peu une lettre de
Mgr. Darboy sur l'encyclique.
D'après la même correspondance, on doit s'at
tendre i voir se former, daos le Séoat et dans le
Corps législatifun noyau très imposant d'opposi
tion sur la question religieuse. Déjà le Séoat a vu
avec quelque dé&aoce l'entrée du prince Napoléon
dans le conseil privé et, son toor, le ministère
est loin d'être uuaoime dans la maoière d'apprécier
l'importance croissante donnée <i ce même conseil.
Les incertitudes qui peuvent durer encore pen
dant deux on trois semaines auront tin terme le i5
février, puisqne ce jour-lb s'ouvrira la session du
corps législatif. Personne Paris ne doute que le
discours impérial Be consacre un paragraphe la
question religieuse.
Uoe grande faveor s'attache la brochure de
Mgr. Dupaoloup. La première édition eo a été
epnisée Paris en qoelques heures, quoique le
tirage de cette première édition a été considérable.
De quelque côté que les yeux se tournent, quels
que soient les hommes qoe l'on interrogevous
n'obtenez qu'une réponse: la situation se tend;
recommandons la prudence aux hommes d'État.
co Aogleterre, no membre du cabinet vient de
reconnsi're que l'Angleterre est mûre pour sup
porter l'élargissement des droits électoraux. Lord
Palmerstou ne veut pas résister au courant.
M. de Bismark entend procéder tout autrement.
II ne veut pas, lui non plus, que le courrnt l'em
porte, mais pour cela il croit pouvoir le supprimer;
il se dit qu'il comprimera le (lot qui monte.
En Italie et en Espagne le régime parlemen
taire est entremêlé de secousses ou d'efforts qui
annoncent qoe le travail d'enfantement pour ces
deux pays n'est pas terminé et qo'il leur reste
encore a subir de rudes épreuves.
II53 VU fjwfJOO