44me Année.
Mercredi 24 Octobre 1860.
No 4.493.
LE PROPAGATEUR
POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN,
4 FR. POCR 6 MOIS, 2-50 POUR
TROIS MOIS.
FOI CATIIOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
POL'R LE DEHORS FR. 7-50 PAR
AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75
POUR 5 MOIS.
7 G 24 OCTOBRE.
REVUE POLITIQUE.
L'empereur d'Aotriclie est arrivé lundi h Var
sovie. Il a été reçu b la gare par l'empereur
Alexandre et le Prince-régent de Prusse.
Le fait du combat qui a en lieu b Isernia, entre
les Piéaiontais et les Napolitains, est confirmé. Ces
derniers sont parvenus b se dégager après avoir
laissé entre les mains de leors adversaires un assez
grand nombre de prisonniers.
On pense que les hostilités seront reprises sur le
Volturne après que le roi Victor-Emmanuel aura
fait son entrée dans Naples. Cette épisode de hante
comédie est fixée au 27 octobre.
En attendant, on fait les affaires do roi galant-
homme au sein des comices; déjb le télégraphe
annonce pompeusement que les résultats accusent
la presque unanimité des votes en faveur de
l'annexion. Le roi Victor-Emmanuel peut donc
sortir de son embuscade et se diriger sur Naples, où
il est appelé par la volonté nationaleet les
bayonnettes garibaldiennes et piétnontaises.
Le Constitutionnel, revenant sur la missioo
prétendue de M. de Hubner, relativement b une
intervention de l'Autriche en Italie, déclare qu'il
est tout b fait fondé b penser que l'Autriche ne
songe pas b sortir de son attitude purement défen
sive, qui lui offre trop d'avantages pour qu'on
puisse croire qu'elle y renonce facilement. Il ne
dit pas si sa pensée b cet égard se fonde sur des
faits ou sur des raisonnements, de sorte qu'on reste,
malgré soi, incertain de la mesure de confiance
qu'il faut lui accorder.
Un correspondant de Turin donne b VUnion le
secret du dénouement qui a mis fin aux comédies
de Naples et de Palerme. M. de Cavour et Gari-
baldi se sont mis d'accord pour organiser, d'ici
an printemps, une armée de 5oo,ooo hommes et
une flotte de 100 vaisseaux, réaliser un emprunt de
200 millions, recruter des volontaires dans toute
l'Italie, et se jeter sur la Vénétie, qu'ils espèrent
enlever b l'Autriche, malgré les conseils un peu
rudes de l'Angleterre et l'opposition de l'Europe.
On comprend qu'après cela l'annexion immédiate
n'a plus dû rencontrer de résistance de la part du
dictateur et dans son entourage. Tout le moode
donc s'est raillé au nouveau plan, même le pro
dictateur de Sicile, M. Mordini. Le rideau doit
tomber, puisque la comédie est jouée. Le corres
pondant de l'Union n'a-t-il pas été trompé par
des rapports exagérés, par de fausses rumeurs?
Cela n'est pas probable, puisque les faits répondent
b ses assertions. D'ailleurstoutes les lettres de
Turin parlent de l'activité presque fiévreuse que le
cabinet sarde met dans ses préparatifs d'armement.
Ou assure que lord John Russell aurait remis
récemment au cabinet de Saint-Pétersbourg une
note qui exposerait les vues du gouvernement
britannique dans la question italienne. D'après
cette note, l'Angleterre reconnaîtrait le droit ab
solu de l'Autriche sur la Vénétie; mais elle décla
rerait que sur toutes les autres parties de l'Italie le
droit de non-intervention doit être pratiqué par
l'Europe de la manière la plus complète.
La Gazette de Munich publie une dépêche
annonçant un fait qui doit être consigné ici, b
savoir que les représentants de Prusse, d'Espagne
et de Portugal b Turin font leurs préparatifs de
départ.
Une dépêche de Beyrouth nous apprend que la
colonne expéditionnaire commandée par le général
de Beaufort d'Haotpoul avait quitté Deïr el Kamar,
«près y avoir établi une municipalité et une admi
nistration chrétieones, et qu'elle était partie dans
l'est du Liban. Les Druses ont fui en apprenant
l'arrivée des troupes françaises et se sont retirés
daus le Haouran, partie la plus inaccessible de la
montagne.
Un grand journal catholique du pays émet
une proposition qui ne peut manquer d'être
accueillie avec faveur par tous ceux qui, dans
un siècle d'égoïsme et d'indifférence, conservent,
encore le culte de l'antique honneur et savent
apprécier le dévouement une noble cause. Il
s'agirait d'élever dans une de nos cathédrales
un mausolée la mémoire des Belges qui ont
succombé Castelfidardo et Ancône. Le
Journal de Bruxelles cite a l'appui de sa propo
sition, l'exemple donné par la Belgique de
i83o alors qu'elle érigea le monument de la
place des martyrs aux braves morts pour la
cause de l'indépendance nationale et de la
liberté. Il aurait pu citer également le monu
ment de Lucerne, le chef-d'œuvre de Thor-
naldsen, élevé la mémoire des gardes Suisses
tombés en défendant le Roi Louis XFI, et qui
représente un lion mourant, le cnrnx rrihtô ,tP.
blessures, et dienctam encore, pour le dé/enare,
sa griffe puissante sur l'écusson des fleurs de
Lis.
yoici quelques lignes de l'article signalé
Si pour le moment, leur dévouement celui
des Belges restés Castelfidardo et Ancône)
la cause de la justice et de l'ordre n'impose
pas silence tant de voix inspirées par l'esprit
révolutionnaire, si les tombes glorieuses de ces
saintes victimes ne sont pas l'abri des insultes
que leur prodiguent les prôneurs de ta spolia
tion et de la violation du droit des gens, que
l'histoire du moins consacre par un monument
leur glorieuse mémoire et proclame la face du
monde que notre siècle a. eu l'honneur de voir
couler le sang de ces héros, appelés, par un
protestantétranger, /esderniers martyrs de l'hon
neur européen... Et qu'on ne nous demande
plus ce qu'ils ont attesté au monde, quel témoi
gnage ils ont donné en mourant, car nous
répondrions, avec un illustre orateur chrétien,
qu'ils ont attesté ces grands principes, que
l'humanité ne peut laisser oublier ni proscrire,
sans que tout se trouble sur la terre, et qu'aucun
pouvoir humain ne saurait effacer lui- même,
savoir
Que la force ne constitue pas le droit
Que le succès ne justifie rien
Que la parole humaine est sacrée, et que la
violer c'est un crime;
Que la félonie et la trahison seront toujours
méprisées par tout ce qui a un cœur d'homme
Que l'éternelle justice vit dans la conscience
humaine comme une impérissable protestation
contre toute iniquité triomphante
Qu'il y a une vertu dans le dévouement, une
fécondité dans le sacrifice, une force dans
l'honneur
Que la foi, la conscience, l'âme, sont des
choses plus précieuses que la vie. puisqu'on
donne sa vie pour elles
Que Dieu enfin a mis dans l'homme quelque
chose de divin et d'immortel, puisqu'il nous
a fait capables de trouver du bonheur, même dans
la mort.
Et quand plus tard la Providence aura
permis aux princes et aux peuples de réparer
les forfaits sacrilèges qui s'accomplissent au
jourd'hui; quand la religion aura, comme
toujours, triomphé de ses 'ennemis, alors,
l'aspect de ce trophée de piété et de gloireles
générations futures seront heureuses et fières
leur tour de se rappeler qu'aux mauvais jours
leurs pères ont combattu en héros et sont morts
en martyrs, pour la défense de la Papauté et
de l'Église!
ORAISON FUNÈBRE
des volontaires catholiques de l'armée pontificale,
MORTS POUR LA DÉFENSE DU SAINT-SIÈGE,
Prononcée le 9 octobre en la cathédrale d'Orléans,
Par Mgr. DUPANLOUP.
(Suite.) Voir le iiD 4/t9a du Propagateur.
Ah! que les glorieux survivants de ces terribles
luttes me permettent ici de le leur dire qu'ils soient
toujours semblables b eux-mêmes... et qu'une vie
si noblement commencée s'achève paisible ou
tourmentée, dans la vertu et dans l'honneur. Et
quant b vous qui reviendrez vivants, mais blessés
et mutilés, vos blessures seront pour vous un signe
a'-tr», Pt vous les VC a - - -1
lement sacrées et respectees dans votre pays.
Pour moi, c'est avec fierté, mais c'est aussi avec
respect que je le sens, et le rappelle b cette heure
dans cette école sacrée, qui est ici bas mon plus
cher amour, furent élevés plusieurs de ces vaillants
jeunes gens, et trois d'entre eux sont glorieusement
blessés. Orléans, la ville de Jeanne d'Arc, ne pou
vait pas manquer de fournir son noble contingent
aux voloutaiies de l'honneur. Dieu soit béni de lui
avoir épargné le deuil, mais non le péril, la souf
france et la gloire! Et qu'il me soit permis de le
dire b ceux des jeunes compagnons de leurs éludes
et de leurs jeux, qui se sout dévoués b la carrière
sacerdotale qu'ils marchent, eux aussi, b leur
manière, sur les glorieuses traces de leurs frères;
qu'ils ne livrent jamais leurs âmes ni b la séductiou
des promesses, ni b la terreur des menaces! Qu'ils
soient les rivaux de ce courage, dans la sainte
milice où ils doivent servir b leur tour, qu'ils
sachent combattre pacifiquement, et au besoin
mourir aussi pour Dieu, pour l'Église et pour leurs
peuples
Je ue sais, messieurs, mais en méditant sur cette
grandeur morale, quelque chose de profond, de
sacré de divin comme le respect religieux me
saisit devant ces jeunes courages.
Malgré moi, de grands souvenirs s'éveillent dans
mon cœur; les faits les plus glorieux de l'histoire,
les dévouements les plus illustres m'aparaissent.
0 collines de Castelfidardo, qui avez bu leur
sang et garderez leurs os, votre nom hier encore
inconnu, désormais sera immortel
Ah! c'est que, bon gré, mal gré, la gloire pure
laisse sur la terre des traces resplendissantes que
rien n'efface. Les trépas généreux consacrent b
jamais ici-bas les lieux où sont tombés les héros.
Pourquoi faut-il qu'aptès tant de siècles les