43me Année.
Mercredi 14 Décembre 1859.
N° 4,403.
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
TPBiBS, 14 Décembre.
REVUE POLITIQUE.
ÉDUCATION RELIGIEUSE.
LE PROPAGATEUR.
PODR LA VILLE 6 FR. PAR AN,
4 FR. POUR 6 MOIS, 2-50 PODR
TROIS MOIS.
PODR LE DEHORS FR. 7-50 PAR
AN, 5 FR. PODR 6 MOIS, 2-75
PODR 5 MOIS.
L'adhésion de tontes les puissances invitées au
Congrès peut être considérée comme acquise. Le
désir de l'Autriche eut été d'y voir les représen
tants des trois princes dépossédés de la Péninsule.
Il ne parait pas qu'il ait été statné en dernier res
sort cet égard. De leur côté, les révolutionnaires
italiens élèvent la prétention d'y voir admis les
délégués des gouvernements provisoires. Préteotion
évidemment inadmissible, pour ne rien dire de pins.
On a plusieurs fois parlé do désir de la Russie
de voir le prochain Congrès se proposer pour but
de ses travaux, outre la réorganisation de l'Italie,
l'examen et la solution d'autres questions intéres-
saut plus directement le cabinet de Saint-Péters
bourg, comme celle de l'Orient, par exemple. Une
correspondance du Courrier du Dimanche assure
que les plénipotentiaires de l'empereur Alexandre
seront munis d'instructions dans ce sens.
La même correspondance demande avec une
irréfutable raison h la Russie, puisqu'elle veut
éiargir le cadre des discussions du Congrès, puisque
cette assemblée semble devoir être saisie de toutes
les causes qui attendent justice, d'y laisser entendre
-les voix qui pourraient s'élever en faveur des
catholiques de Russie et de Pologne. I! y a lb, en
effet, des opprimés dont la situation mérite toute
la vive sympathie des nations chrétiennes et civi
lisées, et la liberté qu'on réclame si bruyamment
pour les riverains du Tibre et du Pô, serait peut-
être mieux venue sur les bords de la Vistule.
On annonce que M. Ricasoli, le dictateur de la
Toscane, a ordonné b tous les fonctionnaires et
agents diplomatiques do graod-duc, absents de la
Toscane, d'y rentrer dans les quinze jours, sous
peine de perdre tous droits b la pension.
Les excès des prétendus libéraux du Mexique
paraissent enfin devoir désil 1er tous les yeux. La
vérité se dégage peu b peu des nuages de menson
ges que la presse des Etats-Unis, en haine du
gouvernement Mexicain avait amoncelé autour
d'elle. Le Morning- Posl, peu suspect de sympa
thies catholiques, signale le traitement inhumain
infligé au consul anglais de Tepie, par le gouver
nement révolutionnaire qui siège b la Vera-Cruz.
Jeté en prison, et menacé de mort, le consul M.
Alsopp, ne pût recouvrer la liberté qu'en payant
une somme de x t,5oo dollars.
Nous recevons des nouvelles du théâtre de la
guerre en Afrique. Les Maures, dans la matinée du 9
décembre, ont attaqué impétueusement les redoutes
des Espagnols et ont été repoussés avec énergie.
L'enoemi, b la suite de cet échec, s'est retiré dans
la vallée qui est dominée par ces redoutes, et est
revenu b la charge, une seconde fois, au nombre
de dix mille hommes. Uo second corps d'Espa
gnols, faisant le service d'avant-garde, a repoussé
cette nouvelle attaque avec vigueur. Cette double
affaire, ajoute la dépêche, a coûté aux Maures,
suivant estimation approximative, 3oo hommes
tués et 1,000 blessés. Les perles des Espagnols
s'élèvent b 4o hommes tués et 310 blessés, dont
3o officiers.
L'arinéeexpéditionnaire,dit une correspondance
d'Espagne, compte environ 35 b 4o,ooo hommes
d'infanterie, 2,000 chevaux et i5o pièces d'artil
lerie. Le peu d'importance de ja cavalerie fait
croire généralement que l'armée se bornera b faire
le siège de Tétouan ou de Tanger, et que ce n'est
qu'après la prise de ces places qu'elle pourra mo
difier sa composition pour pénétrer plus avant dans
l'intérieur du Maroc, si l'empereur n'est pas dis
posé b entrer en négociation.
On donne comme certain rapporte uo corres
pondant de Paris, que l'expédition de Cochinchine
n'est pas abandonnée et que les troupes comman
dées par le général de Montauban attaqueront la
ville de Hué, capitale de la Cochinchine, après la
conclusion des opérations en Chine. On assure
également que la France veut fonder un établisse-
menteur le littoral même de la Chine et que des
instructions dans ce sens ont été données au général
de Montauban.
L'empereur de la Chine, que l'on supposait favo
rable aux Rosses, les a sommés, dit-on, d'évacuer
les bords de l'Amour, la cession n'en ayant jamais
été autorisée par lui, et la première nouvelle de
leur établissement dans ces régions ne faisant que
de lui parvenir. Eo attendant, l'ambassade russe b
Pékin est gardée b vue dans son palais.
5°" ARTICLE.
L'éducation libérale ou antireligieuse, comme
nous avous vu dans notre article précédent, n'est
pas b même de conduire le jeune homme b sa fin
sociale et providentielle, c'est l'œuvre de l'éduca
tion religieuse. Pour atteindre ce but, elle fait deox
choses absolument nécessaires; elle vivifie la jeune
plante qui grandit sur son sol bienfaisant, et elle
émondeavec une intelligente sollicitudeles
branches sèches ou nuisibles, produites par la sève
originelle, qui ne donneraient b la société que les
fruits amers de l'idôlatrie de soi-même, de l'indé
pendance de la raison; et par suite, tout un cortège
de vices capables de bouleverser tout ce qui existe.
Mais vivifier les vertus d'un jeune homme
émonder ses vices et ses défauts, lui former des
habitudes fortes et indispensables a l'affermisse
ment de son moral; tout cela implique une action
permanente et continue de la part de tous ceux
qui travaillent b son éducation. C'est pourquoi
l'éducation religieuse suppose naturellement que
tous ceux qui sont appelés b former ces fortes
habitudes du jeune homme, soient des hommes
foncièrement religieux.
Tel est l'aveuglement de nos grands hommes
de progrès qu'ils comptent l'instruction pour
tout et l'éducation pour rien. On croit tout bonne
ment qu'il n'y a plus rien b faire, dès qu'on a
initié le jeune âge au calcul, aux arts, aux langues
anciennes et modernes; comment ne peut-OD pas
comprendre, qu'au milieu des connaissances les
plus étendues et les plus variées, le cœur peut rester
avec toutes ses faiblesses et être entaché de mille
vices? qu'il ne suffit nullement de cultiver l'intel
ligence, qu'il faut encore fortifier la volonté et
prémunir la jeunesse contre les attaques de ses
passions? Mais s'il en est ainsi, il faut absolument
chercher la force principale Ib où elle est, c'est-à-
dire dans la réligion.
Nous ne prétendons pas que l'éducation publi
que doive se trouver exclusivement entre les mains
des ministres de la religion; quoique nous puissions
observer en passant; que pendant les trois siècles
qui ont été les plus éclairés de l'Europe moderne,
l'éducation était universellement dirigée par les
membres du clergé; et qu'ils se sont montrés très-
habiles b former leurs jeunes élèvess'il faut en
juger par le nombre des grands hommes qu'ils ont
su engendrer b la vie de l'intelligence. Mais ce que
nous voulons, c'est que l'instruction religieuse soit
donnée par le clergé; et que tous ceux, laïques on
ecclésiastiques, qui concourent b l'éducation de
l'une ou de l'autre manièresoient des hommes
foncièrement religieux.
Nous disons que l'instruction religieuse doit être
donnée par le clergé. La raison en est fort simple
et facile b saisir; ce sont seulement les ministres de
l'Église qui ont reçu mission de propager la doc
trine du Christ; c'est b eux et non aux laïques, que
le Sauveur, après sa résurrection, a dit dllez,
enseignez toutes les nations... apprenez-leur
faire tout ce que je vous ai ordonné. Eux seuls
peuvent donc enseigner la doctrine chrétienne avec
autorité; et si des laïques, mettant la vérité sainte
au rang des opinions humaines, osent s'arroger le
droit d'enseigoer la religion sans cette mission ou
cette autorité, et même malgré l'Eglise, ce sont de
véritables intrus qui montrent par cela seul qu'ils
n'eniendeot rien aux principes constitutifs de
l'Église, et par suite qu'ils sont indignes d'exercer
nne mission aussi sublime.
D'ailleurs l'instruction religieuse ne se donne
pas comme une branche profane; il faudrait avoir
des idées bien étroites sur un sujet aussi importaot
de croire qu'il suffit un professeur de religion,
de fixer les dogmes dans la mémoire de ses élèves,
justement comme un professeur de mathématiques
y fixerait un théorème d'algèbre ou de géométrie;
oh! il faut un peu plus que tout cela; il faut en
outre, et c'est le point essentiel, que les vérités de
la foi proposées aux élèves soient, non pas préci
sément un simple ornement de la mémoire; mais un
point, un objet de foi ou une règle de vie, d'où il
résulte que cet enseignement doit être pratiqué
dans toutes ses parties. Non il ne suffit pas de don
ner aux élèves une notion spéculative des vérités
de la religion, il faut encore les faire adhérer d'es
prit et de cœur b ces vérités. Il ne suffit pas d'expli
quer les commandements de Dieu et de l'Eglise
de donner une notion exacte des vertus et des
vices; il faut encore faire aimer les premières et
détester les seconds; enfin il ne suffit pas d'ensei
gner les actes que la religion chrétienne impose; il
faut former les élèves a la pratique de ces actes, en
créant dans leurs cœurs, par l'exercice, l'habitude
de s'en acquitter avec conviction et facilité; sans
quoi leur conduite ne sera jamais celle des vrais en-
faots de l'Eglise, mais une conduite toute payenne,
peu propre aux graves devoirs que la société a
droit de réclamer d'eux. Or tout cela repose sur
une mission, une autorité divine que les laïques
n'ont pas et qui sont cependant nécessaires, puis
que sans cette missioncette autorité, jamais les
jeunes geDS ne se laisseraient plier b des devoirs