43me Année.
Mercredi 17 Août 1859.
4,370.
DONA CLARA (1522).
FOI CATHOLIQUE.
CONSTITUTION BELGE.
REVUE POLITIQUE.
LE PROPAGATEUR
pocr la ville 6 fr. par an,
4 fr. poun 6 mois, 2-50 pour
trois mois.
pour le dehors fr. 7-50 par
an, 5 fr. pocr 6 mois, 2-75
pocr 3 mois.
TFE.S3S, 17 Août.
La réunion d'un Congrès européen reste toujours
problématique. Il est présumer que les puissances
neutres, exclues jusqu'à présent des préliminaires
cle paix entre les belligérants, se montreront peu
disposées se réunir eo congrès, s'il ne leur était
dévolu d'autre tâche que d'enregistrer les décisions
prises aux Conférences de Zurich, sans qu'il leur
fut loisible de faire valoir leurs propres idées.
Mais d'un autre côté il est fort douteux que l'Au
triche qui préféra, il y a trois mois, recourir la
voie des armes plutôt que de soumettre les affaires
d'Italie un Congrès, en accueille aujoutd'hui
l'idée a»ec faveur et commette ses intérêts l'ar
bitrage d'un conseil de puissances, où siégeraient
la Pr usse, qui ne vise qu'à s'agrandir ses dépens,
la Russie, toute pleine encore son égard d'une
implacable rancuue, l'Angleterre qui par la bou
che de lord J. Russell, l'un des chefs du cabinet,
conseille l'Autriche l'abandon de toutes ses pos
sessions italiennes,et enfin la France et la Sardaigne
hier eocore ses ennemis.
Les États de la Péninsule auraient également,
on le conçoit, leur entrée au Congrès. Mais ici
encore est-il évident que Rome ne «errait qu'avec
une répnguance fort naturelle les affaires d'Italie
réglementées par le Piémont qui s'est placé pres
que sous le coup d'un interdit, par la Russie
scbismatique, par la Prusse et l'Angleterre protes
tantes, qui tootes brûlent de diminuer et d'annihiler
l'autorité temporelle du Saint-Siège. Naples ne
saurait guère non plus accepter avec plaisir l'ar
bitrage des deux puissances occidentales dont il a
expérimenté récemment la malveillance son
égard, ni s'aboucher intimement avec un Étal, tel
que le Piémont, dont la politique est toute révo
lutionnaire.
Quant aux duchés, leur situation reste pendante.
Le Piémont les révendique en compensation des
frais éoormes qu'il a dû supporter pour soutenir la
L
les conjurés.
La nuit, qui tombe si vite dans les contrées du
Midi, enveloppait d'un voile diaphane la campagne
de Tolède; et, derrière les hautes murailles assises
sur des rochers qui forment l'enceinte de la vieille
cité des Gothsles habitantslassés par un jour
brûlant d'été, respiraient la fraîcheur nocturne
leurs balcons ou dans les cours arrosées par de
limpides fontaines. Une jeune fille se promenait
seule et silencieuse sons la galerie d'une belle
maison, fondée et habitée autrefois par quelque
noble famille maure, avant que le roi don Alonzo
VI arrachai la ville chrétienne au pouvoir des
musulmans. Le génie oriental revivait dans ces
longues arcades, soutenues par de sveltes colonnes,
oroées de délicats rinceaux; dans ces murs formés
de briques vernissées, aux couleurs éclatantes, et
autour desquels couraient de longues inscriptions
tirées du Coran et écrites en caractères arabes.
guerre; comme si la possession de la Lombardie, si
ardemment convoitée, ne devait pas constituer une
indemnité suffisante des sacrifices qu'il a faits, non
la cause italienne, mais ses propres intérêts et
sa propre ambition.
Le gouvernement de Turin compte encore faire
valoir, en faveur de ses projets d'annexioD, les
pronunciamenlos organisés par ses ageots au sein
des populations toscanes, modénaises et parme-
sanes. Or, tout le monde connaît la valeur de ces
sortes de manifestations quand la direction et l'ad
ministration d'un pays sont dans les mains des
révolutionnaires, et quand toute la force militaire
appartient la puissance qai réclame les suffrages.
Des oouvetles importantes nous parviennent de
la Cochinchioe. D'après des lettres adressées au
Pays, l'empereur d'Anuam a fait demander la
paix l'amiral Rigault de Genouilly. Un roaodarin,
chargé des propositions de ce prince, est arrivé le
3Ô mai Tourane et a été reçu par l'amiral com
mandant eo chef, et des contérences ont été
ouvertes.
Au départ des dernières dépêches on ne connais
sait pas encore d'une manière positive les propo
sitions de l'empereur d'Aonam. Le bruit s'était
répandu que les bases de la paix offertes par lui
étaient les suivantes libre exercice du culte
catholique dans tout l'empire, reconnaissance des
territoires coucédés la France par l'empereur
Gya-Hong, sous le tègoe du foi Louis XVI; traité
de commerce et d'aïuilié entre la Fiance et l'em
pire anoamite.
L'Univers, feuille française très-accréditée en
Europe, vient de publier une série de lettres, sur
l'état actuel de la Belgique. Ces lettres nous ont
fait une pénible impression. Nous airnous trop
notre patrie pour rester indifférents aux critiques
dout elle y est l'objet. D'autre part, on historien
renommé M. Crélinaux Joly, dans un ouvrage
intitulé L'église romaine en face de la révolu
tion, s'exprime peu près eo ces termes, eo
Une fontaine, semblable celle de l'Alhambra,
murmurait au milieu de la cour qu'entourait la
galerie, et versait ses eaux gazouillantes daos une
conque de marbre soutenue par des animaux fan
tastiques, seule représentation que permette la loi
de Mahomet. Mais l'angle du cloître s'élevait
uoe statue de Marie, entourée de fleurs; et cette
touchante effigie, objet de tant de respect et de
tant d'amourdisait assez qu'en ces lieux le
Croissant avait fui devant la Croix. Dona Clara
était debout devant l'image de la patronne des
Tolédans; elle arrangeait les bouquets placés ses
pieds; mais un bruit lointain venait la distraire
dans sa pieuse occupation. On entendait sortir de
la maison, dont les salles vastes et sonores s'éteo-
daieut au fond de la cour, une rumeur de voix
confuses, voix mâles et qui semblaient animées par
une ardente discussion; et la jeune fille, inquiète,
prêtait l'oreille ce bruit qui répandait l'alarme
au fond de son cœur. Elle demeura pensive,
effeuillant sans le savoir les jasmins dout elle vou
lait former une guirlande.
Pendant ce temps, dans uoe salle aux lambris
de marbre, quatre hommes se livraient en effet
parlant de la Belgique A Bruxelles, an milieu
de la Belgique si foncièrement catholique, où la
liberté de la Religion voulut un jour établir la
liberté de la raison humaine, une troupe d'avocats
et de jeunes écrivains a surgi et s'est emparé de la
maçonnerie, comme d'on puissant instrument, pour
domioer les électioos, et faire passer pour oeuvre
sainte,la guerre faite k la religion catholique. La loi
la main, ils gouvernent leur guise, car c'est le
libéralisme qui fait la loi, et quand ce libéralisme
ne peut plus faire la loi il excite des émeutes dans
la rue pour tenir en échec et annuler la majorité
catholique. Ou le voit, le temps n'est plus où la
Belgique était uo objet d'admiration toutes les
nations de l'Europe.
Voilà ce qu'on écrit; et nous le répétons, de
tels écrits doivent faire une pénible impression sur
tout coeur belge; mais qui a provoqué ces écrits et
jeté eu les provoquant, le discrédit sur la Belgique?
Ne sont-ce pas les libéraux qui ce sont plus
satisfaits des libertés octroyées par la Constitution
N'est-ce pas eux, qui n'ont pas rougi d'imprimer
daos ieors feuilles ces mots l'adresse des conser
vateurs alors an pouvoir Ou la Constitution sera
changée légalement ou vous serez abattus
révoluliannairement? et ne sont-ils pas restés
dans les termes de ce dilemme.
Après avoir changé la loi électorale en 1847, les
libéraux ne soot plus cooterits des avantages qu'elle
leur a procurés. Ils veulent toute force faire
voter par ordre alphabétique, quoiqu'un tel ordre
soit contraire l'esprit de u»s lois organiques. Il est
fort probable que cette nouvelle disposition, que
M. de Tbeux appelle avec raison uoe mesure
révolutionnaire, soit introduite sous peu dans la
législation; parce qu'avec les chambres libérales
qui nous régissent, tout est devenu possible. Mais
qui fera-t-on accroire que la majorité, en intro
duisant ces inégalités daos les corps électoraux,
n'ait en vue que les intérêts du pays? N'est il pas
clair comme le jour que ce sont les intérêts du
parti qu'elle veut tout prix faire piévaloir,
uu entretien grave et mystérieux. L'un deux,
vieillard aux cheveux blancs, au visage austère
sillonné de rides et de cicatrices, était don Alvar
de Mouroy, le maître de la maison et le père de
Dona Clara. Il était assis; et, pendant que sa maiu
distraite jouait avec la poignée de son épée, ses
yeux restaient attachés sur un homme jeune encore,
de la figure la plos noble et la plus fière, qui,
debout, s'adressait ses compagnons. Cet homme
se nommait doo Juan de Padilla; il était fils du
commandeur de Caslille. L'orgueil et l'éuergie de
sa race se lisaient dans ses yeux noirs; sa voix,
son geste, son regard, semblaient faits pour sé
duire et pour commander, et l'attention de ses
auditeurs restait suspendue ses paroles:
Nobles seigneurs, fidèles amis, disait-il, vous
ressentez comme moi la tyrannie qui pèse sur
l'Espagne; comme moi vous frémissez sous le joug
que nous imposent un monarque de vingt ans et
cette tourbe de courtisans étraogers dont il marche
environné. Quoi nous les descendants des com
pagnons de Pélage, nous les fils des vainqueurs de
Boabdil, devons-nous être humiliés, au sein de
notre libre et généreuse patrie, par des hommes qui