Ko 4.0S7.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
40me année.
T??.SS, 29 Novembre.
LES PRÉTENDUES EXIGENCES.
Dans la discussion qui a eu lieu la
Chambre des Représentants le 20 cou
rant, l'occasion des explications fournies
par Mr le ministre de l'intérieur sur l'exé
cution de la Convention d'Anvers, l'on a
insinué que si les démarches faites par le
Conseil communal d'Ypres auprès du chef
diocésain ont échouéc'est grâces aux
exigences du clergé.
Nous demandons tout homme de
bonne foi de quelle part se sont élevées
ces exigences? Qu'il lise et juge.
Etait-ce une exigence de la part de
l Evèque de faire voir aux délégués du
Conseil communal qu'à Ypres il ne pouvait
s'agir de la Convention d'Anvers, mais
fju'ici la question se présentait sous une
'ace toute particulière? Les membres
de la commission ne l'ont-ils pas compris
et avoué aussitôt?
Etait-ce une exigence de la part du chef
diocésain, de déclarer qu'il n'avait qu'un
seul intérêt sauvegarder dans la fusion
dont on était préalablement convenu
l'intérêt de l'éducation chrétienne; et que
cet intérêt sauf, il était prêt faire tous
les sacrifices possibles l'union des col
lèges, qui devait puissamment contribuer
l'union et la paix de la ville?
Etait-ce une exigence de sa part de
consentir provisoirement ce que le nom
du collège de S'-Vincent de Paul fut sup
primé? de consentir retirer ses profes
seurs, tout en exprimant le désir d'en
conserver un ou deux?
Etait-ce une exigence de sa part, de
consentir ce que la fusion qui était sur
le point de se réaliser, devint aux yeux du
public la suppression du collège catholique?
Était-ce une exigence que de demander
en retour des sacrifices auxquels il aurait
souscrit volontiers,les garantiessuflisantes
sur le concours dont le clergé avait besoin
pour exercer sa mission spirituelle avec
succès, et pour faire participer les élèves
du collège communal aux bienfaits d'une
éducation chrétienne?
Etait-ce une exigence de vouloir que les
ecclésiastiques chargés de la direction mo
rale et religieuse des élèves, eussent eu
le droit de refuser l'admission de jeunes
gens, renvoyés d'autres établissements et
reconnus dangereux ailleurs? de 11e pas
consentir ce qu'ils eussent dû admettre
tous ceux que le bureau administratif et
le préfet des études leur auraient confiés?
de 11e pas consentir ce que ces ecclésias
tiques responsables, n'eussent pas eu le
droit de renvoyer les élèves indociles,
vicieux, incorrigibles?
Est-ce une exigence que de ne pas con
sentir ce que le renvoi d'un élève quoi
que absolument nécessaire au bon ordre
du collège, devienne dans une foule de cas
impossible; qu'il ne soit applicable qu'aux
fautes publiques, éclatantes, qui troublent
la marche de la maison; que les lautes
cachées n'entrent pas en ligne de compte;
que les fautes contre les mœurs ne soient
pas réprimées, qu'il n'y ait point de puni
tion pour elles; que les enfants corrompus
gâtent les bons que la surveillance la plus
active reste impuissante contre le mal,
que la vertu soit éloulfée et que le vice
règne?
Nous le demandons tout homme de
bonne foi, ces dernières conditions pro
posées par l'Evêque de Bruges, ces garan
ties qu'il demandait, et que l'on qualibc
d'exigences, ne sont-elles pas absolument
nécessaires la direction de tout établis
sement où l'on tient cœur non-seulement
d'orner l'esprit des jeunes gens de quel
ques notions scientifiques, mais surtout d'y
former leur cœur, pour en faire de bons
chrétiens,des enfants soumis et decitoyens
utiles la société? Nousosonsledemander,
sans crainte d'être démentis, ces pauvres
régents, professeurs et surveillants qui se
trouvent au su et au vu de leurs élèves
sous la férule d'un bureau administratif,
sans autorité, sans action, quel bien peu
vent-ils faire pour l'éducation morale des
jeunes gens confiés leurs soins? Ne
sont-ils pas réduits au triste rôle des pions
qui dans les lycées de France sont l'objet
des risées et du mépris de leurs élèves?
Ne deviennent-ils pas les témoins impuis
sants d'une démoralisation qui comme
une gangrène gagne de proche en proche
jusqu'aux cœurs les plus disposés au bien?
Et l'on parle d'exigences, quand on
demande les garanties absolument néces
saires pour donner aux enfants une édu
cation soignée et complète telle que les
parents ont droit et qu'il est de leur devoir
d'exiger!
En vérité ils sont bien venus ces hommes
là accuser le clergé d'être exigeant, eux
dont les exigences ne connaissent pas de
bornes quand il s'agit d'entraver l'exercice
de la liberté garantie par la constitution
de l'étouffer sous la pression d'une concur
rence organisée aux frais de l'argent des
contribuables.
Nous catholiques, nous soutenons nos
établissements libres, de nos deniers et de
nos dons volontaires, et confiants dans nos
droits nous demandons nos adversaires
N'est-ce pas une exigence intolérable de
votre part de nous faire payer la plus
grande parldes grosses sommes consacrées
vos institutions qui ue nous donnent
aucune garantie pour la foi et les mœurs
de nos enfants?
N'était-ce pas une exigence inquali
fiable que de vouloir obtenir purement
et simplement, sans compensation aucune,
l'anéantissement du collège catholique au
moment où il était malgré les efforts
multipliés, llorissanl et plein de vie?
Ah! le rêve de voir un jour disparaître
le collège catholique, que nos adversaires
nourrissaient depuis longues années, ils
l'auraient réalisé! Un jour ils croyaient
avoir donné le coup de mort l'établisse
ment qui leur fesait ombrage; il y a de cela
dix-huit ans; alors ils jetaient brutalement
et professeurs et élèves sur le pavé. Ils
pensaient qu'il en était fini du collège épis-
copal; mais ils avaient compté sans les
calholiquesde notre ville le collège s'éleva,
malgré eux, libre et pleiu de vie au moyen
de souscriptions volontaires. Ils n'ont
cessé de lui faire la guerre; et nous
comprenons quelle eut été leur joie si
aujourd'hui ils l'eussent vu disparaître,
si non seulement en masse mais en corps
ils en eussent vu les élèves passer dans
votre établissement?
N'était-ce pas de l'exigence de leur part,
que de vouloir charger les ecclésiastiques
de la partie la plus délicate et la plus
difficile de la direction d'une maison d'édu
cation, leur imposer une responsabilité
immense tout en leur retirant les moyens
delà porter? Oh! leuractionseraildevenue
odieuse aux élèves, compromettante vis-à-
vis des parents; bientôt leur position serait
devenue insoutenable, et puis, la grande
satisfaction de nos adversaires toute trace
de l'intervention du clergé aurait dû dis
paraître!
Telles eussent été les conséquences de
leurs exorbitantes et hypocrites exigences.
PRIX D'ABONNEMENT.
Ypres, 3 moisfr. 3
P.r la poste3 5o
On s'abonne Ypres chez D. LAMBIN
MORTIER, Éditeur-Propriétaire, rue
de Lille, IO, près la Grand'-Place.
Le Propagateur pirait le MERCREDI
et le SAMEDI.
Les lettres et envois doivent être
affranchis.
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d'Ypres Conrtrai, 6,25, 12,o5, 4,30,
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De Courtrai pour Gand G,a 5, 8,00
*>ty5, 5,5o.
De Courtrai pour Bruges, 8,t>5, 2,00,
6.0a.
La Chambre a terminé avant-hier la discussion
des 5 et 6 du projet d'Adresse. 102 membres
assistaient k la séance. M. le comte Félix de Mérode
a retiré son amendement, et celui de M. Devaux,
ntis aux voix, a été rejeté par 6t voix contre 41.
Ont volé contre
MM. Boulez, Brixhe Calraeyn Coomans,
Cromhez, de Brouwer de Hogendorp, Dechamps,
De Decker, De Haerne, de Kerchove, de Laceste,
Delehaye, de Liedekerke, de Man d'Attenrode, F.
de Mérode, de Muelenaere, De Naeyere, de Pitteurs-
Hiegaerts, De Portemont, De Rasse, De Ruddere,
deSécus, Desraaisières, DeSmet, de Theux, de
T'Serclaes, de Wouters, Durnon, Dumortîer
Faignart, Jacques, Janssens, Juilliot, Lambin,
Landeloos, Lebailly de Tillegbem, Licot, Maertens,
Magberraan, Malou, Matthieu, Mercier, Moncheur,
Osy Rodenbach, Rousselle Tack Thibaut,
Thienpout, T'Kint De Naeyer, Van Cromphaut,
Van deu Branden-de Reeth, Van der Donckt
Van Goethem Van Overloop Van Renynghe,
Van Tieghem, Vermeire, Vilain XIIII, Wasseige
et Wautelet.
Ont voté pour
MM. Allard, Ansiau, Anspacb Coppieters
d'Autrebande David, de Baillet-Latour De
Breyne, De Brouckart, Delexhy, De Liège, De
Moor, De Paul, De Perceval, de Renesse, de
Steenbault, Devaux, Dubus, Frère Orban, Goblet,
Grosfils, Jouret, Lange, Laubry, Lebeau, Lesoiune,
Loos, Mascart, Moreau, Orts, Pierre, Prévinaire,
Rogier, Tesch, ThiéfryTrémourouxVan deu
Peereboom, VaQ Iseghem, Verhaegen, Vervoort
et Veydt.
Absents au moment du vote
MM. De Brouckere, Delfosse, Dellafaille, de
Me'rode-Westerloo, Lelièvre et Sinave.
Des six absents, deux appartiennent la majorité,
savoir MM. Dellafaille et de Mérode-Westerloo.
Les quatre autres auraient voté avec la gauche.
Si la Chambre avait été au complet, l'amende
ment de M. Devaux eût été rejeté par 63 suffrages
contre 45 majorité 18.
La rédaction de la commission a été ensuite
adoptée par assis et levé.