JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
T??.3S, 51 Octobre.
LA JUSTICE DIVINE.
ï*o 4,079.
Samedi, 1er Novembre, 1850.
40me année.
PRIX D'ABONNEMENT.
Ypres, 3 moisfr. 3
Par la poste3 5o
On s'abonue Ypres chez I). LAMBIN
MORTIER, Éditeur-Propriétaire, rue
de Lille, io, près la Grand'-Place.
Le Propagateur parait le MERCREDI
et le SAMEDI.
Les lettres et envois doivent être
affranchis.
Iosertions des annonces 17 centimes
la ligne.
LE PROPAGATEUR
VÉRITÉ ET Jl'STlCE.
CHEMINS DE FER
d'Ypres Courtrai, 6,a5, ia,o5, 4,?o
de Poperinghe ao minutes plut tôt.
De Courtrai Ypres et Poperinghe
8,o5, io,55, 5,oo.
De Courtrai Mouscron et Lille,
j,5o, 10,5o, i,5o, 8,ao.
De Courtrai pour Gand, 6,i5, 8,00
t,,5, 5,5o.
De Courtrai pour Bruges 8,o5, a,00,
6,00.
œnhiasan a>®in3$ s3a
Les principaux journaux de Londres commenlent
la noie du Moniteur français relative aux attaques
d'une certaine partie de la presse britannique. Ils
s'associent au blâme exprimé ce sujet par l'organe
officiel du gouvernemeot français, et h l'appel
qu'il fait au bon sens ainsi qu'à la loyauté du
peuple anglais.
Les dernières nouvelles de ConstaDtiuople por
tent la date du 20.
Le Journal de Conslantinople dément le départ
prochain de l'escadre britannique pour les ports
anglais et fait cette remarque que si on lui a envoyé
des renforts ce n'est pas pour s'en retourner.
L'ambassadeur français est retourné Téhéran
et a invité le Scbah conclure la paix avec
l'Angleterre.
Les préparatifs de l'expédition anglaise dans le
golfe Persique se poursuivant, la Perse fait fortifier
Hérat; c'est un Français nommé Buhler qui est
charge' de ces travaux.
Une dépêche télégraphique de Vienne confirme
la nouvelle de la non acceptation par le Sultan de
la démission qui lui avait été offerte par ses
ministres. Le maintien du ministère implique natu
rellement celui de la politique adoptée.
Des nouvelles de Bombay, du 5 de ce mois,
annoncent que le Schah de Perse céderait aux
demandes de l'Angleterre, et que conséquemment
l'expédition projetée dans le golfe persique par les
Anglais n'aurait pas lieu
On a reçu des avis de la Chine eu date du i5
septembre. Les rebelles avaient incendié, Hong
Kong, la flotte impériale; le nombre des insurgés
augmentait considérablement dans le district de
Wahian. La situation de l'armée impériale était
très mauvaise.
(Suite. Voir le ii° 4»°78 du Propagateur.)
Certainement Paul était devenu Tarai de M. le
notaire, et se rendait assez régulièrement a ses
soirées, où il trouvait d'ailleurs une brillante com
pagnie. Quant M. Coquillart, il paraissait également
charmé de notre jeu ne homme, et souvent il lui disait
Il faut que je vous marie, mon cher; vons ne
pouvez pas toujours vivre seul; j'ai là un contrat
de mariage tout fait pour vous.
Paul repoussait bien loin une telle idée, mais il
a'ait affaire forte partie. Les soirées du notaire,
avaient des résultats plus ou moins avantageux pour
les invités. C'était une mine inépuisable de mariages,
et du reste M. Coquillart y trouvait encore le profit
du contrat et des cadeaux. Il n'y a rien, que je
sache, de plus dangereux que ces réunions réguliè
res, comme nos mœurs les ont faites il s'y établit,
a l'aide de la liberté de la danse, et souvent entre
personnes tout fait inconnues, une intimité dont
les conséquences embarrassent parfois singulière
ment les familles. Presque toutes les jeunes per
sonnes et les jeunes gens, séduits par les illusions
de la toilette, par le langage emprunté du monde,
se laissent entraîner des préférences romanesques
se déoouent, tant bien que mal, ou par une
qoion où l'on apprend, hélas se mieux connaître,
0u par des scandales qui flétrissent et perdent
25,ne ANNIVERSAIRE DE L'INAUGURATION DU RÈGNE
DE SA MAJESTÉ
LÉOPOLD PREMIER, ROI DES BELGES.
(Suite et fin. Voir le n° 4»°78 du Propagateur.)
Mais déjà j'aperçois la vive sympathie
Qui partout se déploie au seiu de la patrie;
Un seul cri retentit aux cités, aux hameaux,
Il est sorti du coeur, inscrit sur les drapeaux.
C'est la fidélité, c'est l'amour qui l'inspire.
Le Belge avec transport se plaît le redire
Vive le Roi!... Salut cri uational!
Salut gage sacré d'un accord général!
Un jour, dans le lointain, mugissait la tempête,
L'hydre des factions, osa lever la tête,
Chacun s'émut au bruit d'un prompt soulèvemeut
Notre monarque seul, se montra calme et graud!...
On entend retentir le cri de république.
Léopold faisant appel au voeu de la Belgique
Quand je pris le pouvoir, ce ne fut point l'orgueil,
Dit-il, qui me porta vers un trône...., un écueil!
Du pouvoir, je connais les phases différentes;
Ce livre, je le sais, a des pages sanglantes.
Ah! que le sang pour moi, ne soit pas répandu,
J'abdiquerais plutôt et j'y suis résolu.
Sans regrets, eu vos mains, je remets la couronne
Je la tiens de vous seul, et je vous la redouue.
Peuple Belge, mon coeur plein de sincérité,
Ne mettra pas d'obstacle votre volonté!
Tel fut de Léopold le généreux langage,
D'uue âme libre et pure éclatant témoignage!
Mais l'assemblée émue, avait compris le Roi,
Et le cri répété par l'élau de la foi
Retentit dans les airs!... Un bon prince s'honore
Lorsque pour ses vertus tout un peuple l'adore;
Et lorsque l'équité régne sur ses sujets,
L'Eternel le protège et béait ses bienfaits!
Sire! de votre hymen j'ai salué l'aurore;
Le peuple l'a béui, je m'en souviens encore;
Ce souvenir touchant restera dans mon coeur
Comme un prestige heureux couronné de splendeur!
Modèle de vertus, votre épouse adorée,
D'hommages éclatants, fut sans cesse entourée
Partout on l'estimait, sa douceur, sa boulé
Pénétraient tuus les coeurs d'un amour mérité?
l'avenir. C'e'lait pourtant sur ces facilités et ces
entraînements que comptait M. Coquillart pour
amener notre jeune homme au point où il le sou
haitait, et il le surveillait en conséquence.
Eh bien! dit-il un jour en attachant sur lui
son regard fin et pénétrant, que pensez vous de mes
nouvelles clientes, ces demoiselles Dufresnay?
Beaucoup de bien: elles sont très-aimables.
Mais le sont elles toutes deux au même degré?
Je préfère la nièce de M. Dufresnay, made
moiselle Marie.
Eh vous avez tort, s'écria le notaire avec une
sorte d'impatience, vous avez tort, mon cher,
mademoiselle Henriette est bien mieux, trois fois
mieux
Oh par exemple, mon cher maître, s'écria
Paul en souriant, vous faites tort aujourd'hui vos
connaissances.
Ta, ta, ta je fais tort... Je sais bien ce que
je fais, et je vous répète qu'à votre place je préfé
rerais M11® Henriette sa cousine.
Mais enfin, vos raisons!
Mes raisons Les voici, mes raisons Mn®
Henriette aura au moins, an moins, entendez-vous
deux cent mille francs de plus que M11® Marie.
Voilà effectivement une irrésistible attrait...
pour vous.
Voyons, voyons, parloos raison ne trouvez
pas...
Je ne trouve oullemeot que deux cent mille
Mais quel voile de deuil mes yeux se présente
Quelle calamité! quelle scène navrante,
Pour un peuple, au grand coeur qui la chérissait tant
Et qui lui témoignait un si pur dévoumeut!
Pauvre Reine! Elle expire au printemps de la vie
Comme par la tempête une fleur est ravie
Au paisible vallon, qui n'a plus désormais
De suaves parfums, ni de riants attraits!
Que de pleurs a coûtés cette perte cruelle!
Quel spectacle affligeantcette pompe rapeile
La Frauce en ressentit une vive douleur
Et l'univers entier comprit notre malheur!
Bonne Mère elle était tout la bienfaisance
Elle était du malheui; la plus chère espérance
Et jamais souveraine$u sein de ses sujets,
N'inspira plus d'amour, plus de justes regrets!
Nous essuyons nos pleurs une illustre alliance
D'un nouvel avenir consacre l'espérance,
Une noble Princesse, un Prince vénéré,
Promettent au pays tout un siècle doré;
La fille des Césars, la Belgique unie
Affermit le pouvoiragrandit la patrie.
Le Belge, ivie de joie, aocepte ce bonheur,
Et c'est Léopold, qu'il en doit la splendeur!
Belges, de ses bienfaits conservons la mémoire,
Et que de ce grand Roi, le burin de l'histoire
Retrace en traits de feu les brillantes vertus
Le noble dévoûment et les soins assidus!
Toi, qui tiens daus ta main, des rois les destinées
Mesure notre amour le cours de ses années,
Pour prix de notre zèle pratiquer ta loi
Protège la Belgique et conserve son Roi!
Pour lui pour sa famille, ah! que la providence
Daigue exaucer les voeux de la reconnaissance!
Que sa bonté s'unisse la solennité
Et redisons en choeur la postérité
Léopold ne fut roi que par l'uuique envie,
De mieux faire le bien, pendant toute sa vie;
Que par ses descendants cet exemple imité,
Soit un gage de gloire et de félicité!
Je t'adresse mes voeux, glorieuse Belgique,
Permets qu'eu terminant, sur tou front catholique
Je dépose une palme. O tille de la Foi,
Ya, marche la splendeur de la divine loi
Tes pères ont grandi par le saint Évaugile
Sans lui toute oeuvre est vaine, impuissante, stérile
Salut' fruits sacrés de la Religion
Paix! Liberté! Progrès! Honneur! Ordre! Union!
francs rendent Mu" Henriette supérieure sa cousine.
Que voulez-vous, je n'ai pas d'étude payer, Moi
Vous y réfléchirez
Je n'y réfléchirai pas. C'est fait.
Mais vous n'êtes pas de votre siècle, mon
cher Ainsi, vous demanderiez M11® Marie...
Qui vous parle de cela s'écria Paul comme
vous y allez toujours le contrat la main.
Quaod on veut se bien placer, il faut partir de
bonne heure, retenez ceci or, ces demoiselles Du
fresnay ne seront pas longtemps marier, je vous
l'affirme. Si donc M11® Marie vous convient, met
tez-vous en mesure; parce que, pour être moins
riche que sa cousine, elle n'en a pas moins une fort
jolie dot. Je suis prêt d'ailleurs vous présenter
dans la maison.
Paul ne pensait pas le moins du monde se ma
rier; mais il avait en effet remarqué M"' Dufresnay;
et, depuis deux ou trois soirées, se montrait fort
empressé autour d'elle. Il n'avait rien épargné pour
donner de lui une haute et charmante idée, et
quand il le voulait il jouait parfaitement un rôle.
Si bien, qu'après l'avoir eDtendu il était difficile
de De pas lui accorder les qualités les plus rares.
Aussi, sans réfléchir beaucoup aux suites de sa
démarche, Paul accepta avec empressement l'offre
qui lui était faite de le présenter.
M. Coquillart ne fit pas languir longtemps son
jeune ami, et huit jours après il le conduisait une
soirée musicale chez M. Dufresnay.