JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
No 4.019.
39me annee.
PRIX D'ABONNEMENT.
Y près, 3 moisfr. 3
Par la posle3 5o
On s'abonne Ypres chez D. LAMBIN
MORTIER, Éditeur-Propriétaire, rue
<le Lille, io, près la Grand'-Place.
Le Propagateur parait le MERCREDI
ci le SAMEDI, 7 heures du soir.
Les lettres et envois doivent etre
affranchis.
Iusertions des annonces 17 centimes
la ligne; on traite forfait.
LE PROPAGATEUR
CHEMINS DE FER
VF.IUTE F.T Jl'STICE.
d'Ypres Courtrai, 5—5o, 11, 5—oo,
de Poperinghe 20 minutes plus tôt.
De Courtrai Ypres et Poperinghe,
7—4o, 10—55, 45o.
De Courtrai Mouscron, Tournai et
Lille, 7—00, 13—5o, 435, 615.
De Courtrai pour Gand 7 3o
10—5o, 1— 50> g_,5.
De Courtrai pour Bruges 74°»93o,
125, 620
5 Avril.
Un article du Journal des Débats, fait pres
sentir, avec réserve mais avec quelque droit a
la créance, quelles sont les dispositions les plus
importantes du traité de paix. Les armées
alliées n occuperaient ni la Crimée, ni les pro
vinces de la Turquie, ni les Principautés danu
biennes. Vévacuation de tous ces points s'opére
rait dès que le traité sera ratifiémais l'énorme
matériel de guerre qui y est accumulé, exigerait
pour être gardé, jusqu'à son entier transport en
France et en Angleterre, que des troupes des
alliés demeurassent sur les lieux. Pour con
server au gouvernement du Sultan toute sa
puissance cCinitiative, le traité ne mentionne
rait qu'en y faisant allusion les concessions
qu'il a accordées spontanément a ses sujets
chrétiens. Le Danube, serait ouvert sans
distinction et sans privilège, aux navires mar
chands, de toutes nations. Un préambule ferait
ressortir l'esprit pacifique de la France dans
ces négociations. Le ton général du traité serait
plein de modération et de conciliation.
Il est bon, dans ce temps où tout s'oublie vite
parce que les événements se succèdent en courant,
de remettre sous les yeux du public des discussions
ou des élucidations qui occupèrent les espritsil
y a plusieurs années, d'intérêts qui sont encore
actuellement en jeu. Tels sont, pour Ypres et pour
l'arrondissement, les documents qui se rattachent
un projet de Canal de jonction de la Lys a l'Escaut.
Reproduisons donc aujourd'hui, comme un ren
seignement tout plein d'actualité, comme on dit,
une partie du Compte-rendu de la Séance de la
Chambre des Représentants, du i3 Janvier i852.
Trente négociants et habitants de Menin de
mandent un canal qui, joignant l'Escaut la Lys,
FAITS RE NI ARQ1JA lî LES
iti i.Aïu s a L'histoire m;
Suite. Voir le n° 4>0,7 du Propagateur.
11.
Les Yprois voulurent montrer, en i5i3, qu'ils
avaient gardé de leursanciens souverains nationaux
uu souvenir qui leur sera toujours cher. Dans les
embrasures des baies bigémioées qui alternent avec
les fenêtres du 1" étage, ils firent placer de chaque
côté des portes d'entrée de la Halle, les statues de
grandeur naturelle des princes qui, pendant deux
siècles, avaient gouverné la Flandre; savoir: du
côté de l'ouest, Philippe-le-Hardi, duc de Bour
gogne, et Marguerite de Maie; Jean-sans-Peur
et Marguerite de Bavière; Philippe-le-Bon et
Élisabeth de Portugal, et, du côlé de l'est, Charles-
le-1 éméraire et Marguerite d'York; Maximilieu,
archiduc d Autricheet Marie de Bourgogne
Philippe-le-Beau et Jeanne d'Aragon.
Ces statues étaient sculptées en moellon. A peu
près trois siècles s étaient écoulés depuis qu'elles
y avaient été placées, quand la révolution française
éclata; le délire tournait les têtes: les emblèmes de
se prolonge jusqu'à Ypres, et s'opposent au projet
du canal de Roubaix l'Escaut. La commission
des pétitions propose le renvoi de la pétition RI.
le Ministre de l'Intérieur et la commission d'in
dustrie.
Mr l'abbé De Haerne. MM. le projet de
canal dont parlent les pétitionnaires est conçu dans
un but national. D'après ce projet, la navigation se
ferait l'intérieur, tandis que d'après le projet du
canal de Roubaix, la navigation aurait lieu dans le
département du Nord, l'exception du bout de
canalqui continuerait l'Escaut jusqu'aux limites
de la France.
Depuis trois mois, disent nos adversaires, il est
question du canal de Roubaix. Il y a plus longtemps,
Messieurs, qu'il en est question; sous le gouverne
ment déchu, la proposition en a été faite, partir
de 1816, si je ne me trompe, et toutes les Cham
bres de commerce de la Flandre occidentale, et
même, ce que je crois, celle de Tournay, s'y sont
constamment opposées, parcequ'elles envisageaient
ce projet comme conçu dansun intérêt spécialement
français. Un des principaux argument qu'elles ont
constamment allégués l'appui de leur opinion, est
précisément le même que font valoir les opposants
en faveur de leur système; c'est que le canal
pourrait être construit sans sacrifice réel pour lEtat.
Il faut consulter, MM., les intérêts généraux du
pays et ne pas s'effrayer de quelques sacrifices
momentanés ou apparents qu'exigerait laconstruc-
tion du canal, qui joindrait l'Escaut la Lys, et la
Lys au canal qui va d'Ypres Fumes.
Tout ce que les pétitionnaifes de Menin deman
dent, c'est que l'on fasse le devis, et qu'il soit
constaté si les droits prélever sur la navigation
pourraient couvrir les frais de construction.
Répondant ensuite M. Barthélémy, RI. de
Haerne, poursuit on vous a dit et répété que la
communication avec la France sera plus facile par
le canal de Roubaix que par celui de Bossuyt
Courtrai. Cela est vrai pour les endroits du dépar
la souveraineté durent disparaître. Ypres était au
pouvoir de la France. Le lendemain de l'arrivée du
général Omoran, Ypres (c'était le i3 décembre
1792), le vandalisme révolutionnaire abattit et jeta
dans la poussière ces statues, ces monuments res
pectables de la vénération de nos pères pour les
souverainsqui avaient régiavecgrandeur la destinée
de notre pays. Ainsi, nous vîmes disparaître, cette
époque néfaste, ces ornements imposants, comme
nous avons vu disparaître, quelques années plus
tard, notre fontaine, le plus beau monument de la
ville, élevé, pendant le règne glorieux de Louis
XIV il n'est pas probable que celte perte se
répare un jour. (1)
(1) Il y a daus ce dernier mot de l'homme de bien,
qui lit tant pour la restauration des illustrations de sa
ville nalale, uu accent de trislesse, de découragement
même, qui affecte syrapathiquement tout ami des tradi
tions nationales. D'autres que M. J.-J. Lambin éprouvaient
le regret des actes de barbarie qui avaient mutilé notre
admirable monument des Halles. Plus heureux que le savant
archiviste, ils ont pu voir la réparation après l'outrage.
Lors du Siège de 1383, la ville n'était pas encore ceinte
de murailles; elle avait pour toute défense, derrière les
fossés, un rempart garni d'une haie fortifiée par des pa
lissades. Nos pères, dans le dauger du Siège, avaieut imploié
le secours de la Sainte-Vierge leur confiance ne fut pas
trompée; aussi leur reconnaissance plaça sur un des autels
de l'église des Frères-mineurs une image de la Mère de
Dieu; cette image était entourée de la baie fortifiée de
tement du Nord, qui sont limitrophes du Haioaut.
Mais cela n'est pas vrai pour les autres parties du
département du Nord, et surtout pour Duokerke et
les environs, avec lesquels la communication sera
plus facile par le canal d'Ypres Fumes, réuni la
Lys, que par le canal de l'Escaut Roubaix. On a
voulu tirer un argument du prix des bouilles, eu
faveur du système tournaisien je n'ai qu'un mot a
dire cet égard, c'est que l'exécution du projet,
qu'appuient les pétitionnaires, fera baisser consi
dérablement le prix des houilles daos la Flandre
occidentale, où il est tellement élevé aujourd'hui,
que dans plusieurs endroits les pauvres consomment
du bois préférablement la houille.
Le double renvoi de la pétition est adopté.
Inutile nous de faire remarquer que M. le
chanoine de Haeroe défendait bien comme il le dit
lui-même, uu intérêt général dans celte circon
stance cette époque, il était Représentant de
Roulers; et Menin, d'où émanait la pétition, fait
partie, comme on sait, du district électoral de
Courtrai.
Voici quelques extraits des principaux articles
des journaux français sur la conclusion de la paix
Le Journal des Débats dit
Nous donnons la paix de Paris la date du 3o
mars, et nous aimons cette date, non par un vain
goût de rapprochement. Nous n'avons pas la super-
Stitution des dates, mais ce qui nous frappe parti
culièrement dans cette date du 3o mars, c'est
qu'en 1 8i4 c'était celle du malheur de nos armées
sous les murs de Paris, et qu'en i856 c'est la date
de l'ascendant pacifique de la France. Loin de
chercher le succès dans les ressemblances avec
l'ancien Empire nous voyons que le nouvel
Empire a trouvé le succès dans les différences, et
c'est par là qu'il doit continuer le trouver dans
le développement des grands principes de la Révo
lution et dans le règne paisible d'une sage liberté.
palissades (Tliuyn), sorte de défense en usage, au dire de
Strabon, chez les anciens Belges. Dès l'année suivante, une
fête annuelle fut instituée par le Magistrat, sous le nom
de Thuyndag; et en 1377, uue s,a,ue bronze de Notre-
Dame de Thuyne fut placée, sous un dais, dans la façade
de la tour des Halles. En i5i3, cette figure avait disparu
mais le Magistrat faisait placer une belle statue eu pierre
blanche, au-dessus du grand escalier extérieur, entre les
deux portes de la Halle, sous un dais merveilleusement
travaillé. Mais elle fut renversée par les Iconoclastes, en
a566. Ces sectaires devaient avoir plus lard des imitateurs,
dans les démolisseurs de 1792. Les douze statues des
ancêtres de Charles Quiut tombèrent sous leurs Coups qui
ne respectèrent pas même le Lion d'Ypres tenant fièrement
l'écusson de la Commune Flamande.
Sous uue administration intelligente, notre ville a été
heureuse de restaurer ses antiques monuments. Dès l'année
t85o, les travaux de réparation des Halles étaient assez
avancés pour qu'on put songer au rétablissement des statues
abattues le i3 Décembre 1792. I.'autorilé communale pensa
aveo beaucoup de raison que l'image de la palronue de
notre ville d'Ypres devait être inaugurée de nouveau
oomme pour fermer l'ère des ruines au frontispice du
monument de nos libertés bourgeoises; les treize slalncs
furent confiées l'habile ciseau du statuaire Puyenbrorck,
de Bruxelles; et le Lion d'Ypres dut être replacé sur la
console qu'il avait occupée glorieusement durant tant d'auné. s.
Nos concitoyens, comme tous les amis de notre vieille
nationalité accourus Ypres le jour de la Thuyndag 1854,
se rappellent avec joie les pompes de l'inauguration de ces
monuments civiques, et gardent ou souvenir reconnaissant
au zèle comme au bou goût des hommes honorables qui,
divers titres, ont concouru l'organisation des fêtes de
ce mémorable Jubilé.
Pour être continué.)