JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
N° 4.016.
Mercredi, 26 Mars, 1856.
39me
annee.
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PRIX D'ABONNEMENT.
Y près, 3 moisfr. 3
Par la poste3 5o
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MORTIER, Éditeur-Propriétaire, rue
de Lille, io, près la GrancT-Place.
Le Propagateur parait le MERCREDI
et le SAMEDI, 7 heures du soir.
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CHEMINS DE FER
LE PROPAGATEUR
VÉRITÉ ET JUSTICE.
d'Ypres Courtrai, 5—5o, 11, 500,
de Poperinghe 20 minutes plus tôt.
De Courtrai Ypres et Poperinghe,
7—4°> io—55, 4-5°.
De Courtrai MouscronTournai et
Lille, 700, 125o, 435, 615.
De Courtrai pour Gand 7 3o
105o, 150j g,5^
De Courtrai pour Bruges ,7—4°>9
1a5, 620.
7??. S S, 26 Mars.
ip© a» attaqua»
Pour saisir l'ensemble d'un tableau, il faut
reculer de quelques pas et se placer au meilleur
point de vue. Pour comprendre la situation
politique de l'Europe en i856, reportons-nous
i846. Alors l'entente cordiale du roi Louis-
Philippe avec la reine d'Angleterre avait porté
ses fruits partout la France avait aidé
l'Angleterre assurer sa suprématie tracas-
sière la nation française devenue sage marchait
ta suite des boutiquiers de Londres mais une
brouillerie était imminente entre ces bons
alliésl'on était la veille du mariage Mont-
pensier. L'empereur Nicolas épaississait la
grande muraille qui fermait la Russie aux
idées européennesmais dont les deux portes,
Crondsladl et Sébaslopotpouvaientun jour
donné, s'ouvrir aux soldats moscovites lancés
sur le midi comme sur une proie. Là, dans ces
régions hyperboréenneslà seulementparmi
les serfsdu sentiment national. Partout ail
leurs une préoccupation unique celles des
jouissances matérielles. Jouircontinuer
jouir était le fond de la politique des conserva
teurs-bornes jouir, parvenir jouir, était le
secret du succès, dans les masses, des feuilletons
dissolus ou socialistes. Le franc-maçonnisme
belge offrait une plume d'or Eugène Sue
Dans une sphère moins basse, l'universitarisme
n'était pas moins corrupteur. Il niait Dieu en
le saluant, et la morale en en sapant la
base. Jamais peut-être, dans l'histoire, on ne
vit une époque où les caractères fussent plus
abaissés, Uu seul souveraincroyant aux
inspirations de son cœurosait parler de
libertés son peuple, c'était le Pape. Lamar
tine écrivait ses Girondins pour chanter quel
que chose; ce chant du caprice poétique allait
éveiller et déchaîner tous les souffles de la
tempête.
Que le lecteur présent jette les yeux sur la
carte politique du jour. L'alliance anglo-
française a-t-elle le même caractère qu'autre
fois La Russie ne renlre-t-elle pas dans le
concert européen? N'y a-l-il pas, sauf en
DE LA DIGNITÉ HUMAINE EN ANGLETERRE.
Dans un des numéros du Propagateur, dous
svods reproduit en partie le Journal du crime
durant un mois, daDs ce pays si vain de lui-même.
Nos lecteurs en out gardé un souvenir, plein de
cette surprise dans laquelle nous jette l'horrible,
le monstrueux. Nous venons de .recevoir un jour
nal irlandais. Tout le monde sait quel poiat de
misère et d exaspération l'aristocratie protestante,
qui traite eD pays conquis cette terre catholique, a
réduit les populations. Eh bien, dans plusieurs
comtes et notamment dans celui de Corck, aucune
cause criminelle n'a été inscrite sur le rôle des
assises trimestrielles, qui ne se sont ouvertes que
pour la forme. Le magistrat a dû, pour tout
jugement, rendre un verdict de félicitation sur la
moralité des habitants.
Espagne, plus de vie dans les gouvernants,
plus de confiance dans les gouvernés? Le
franc-maçonnisme, le socialisme, nous épou
vantent toujours du cynisme de leurs révéla
tions mais qui donc aujourd'hui frapperait une
médaille la gloire de l'adulateur du Juif-
erranl? Enfin alors s'intronisait, en Belgique,
la politique des partis exclusifs; aujourd'hui
s'affermit la politique de la modération et de la
conciliation.
Plusieurs journaux ont publié récemment une
déclaration par laquelle la Grande Loge nationale
de Suède répudie les doctrines frénétiques des
Loges belges et dénonce celles ci la rupture de
leurs relations. Il nous serait fort agréable de
prendre cette démonstration au sérieux. La
Maçonnerie compte, sans aucun doute, nombre
d'adeptes iDoffeosifs ou mêmeau fondbien
intentionnés pour les intérêts religieux et sociaux,
et auxquels nous n'avons reprocher qu'un coupa
ble aveuglement. Quand ceux-ci parleut le langage
de la loge de Stockholm et accusent leurs chefs
d'exagération nous les croyons sincères mais
nous ne pouvons accorder la même confiance des
architectes» qui doivent connaître depuis long
temps l'esprit de tout leur ordre et de la Maçon
nerie belge en particulier.
La maçonnerie est une, c'est ce que tous les
auteurs maçons affirment, ce que le Grand Maître
Verbaegen, représentant des loges suédoises, a
proclamé le 24 juin i854. Elle n'a qu'un but et ce
but est essentiellement anti-chrétien et révolu
tionnaire. Où et quand la maçonnerie suédoise
a-t-elle plus qu'une autre protesté contre les
excès révolutionnaires? Elle s'est tue.
Aujourd'hui, elle s'élève contre les loges belges.
Nos loges ne valent pas mieux, mais elles ne sont
pas pires que les autres. Elles n'ont même fait
aucun progrès qui ait pu raisonnablement
effaroucher les modérés de Stockholm. Ce qu'elles
sont aujourd'hui, elles l'étaient il y a dix ans. Les
doctrines des Verhaegen, des Bourlard, des Goffin,
celles des révolutionnaires maçons de Paris eu
i348, se trouvent formulées dans le discours de
Grisar, approuvé par la loge d'Anvers et transmis
toutes les loges belges en i846.
Supposons qu'en Suède les chefs de la maçon-
Eo regard, quelques (rails de la dégradation du
peuple anglais
L'infériorité morale et intellectuelle des basses
classes en Angleterre, et leur retour l'état
absolument sauvage est ce qu'il y a de mieux
établi par les documents les plus accrédités.
Nous appelons dégradation, dit entre autres
rapporteurs, M. Clay, chapelain d'une prison de
jeunes détenus, l'état d'un individu qui ne peut
dire un mol d'une prière, qui ne sait pas le nom du
souverain régnantou ne connaît pas le mois de
l'anuée. Sur 5,ooo jeunes geDs et jeunes filles,
j'en ai trouvé i,588 en cette extrême ignorance;
1,290 enfants et hommes, 2g3 jeunes filles, sur
ce nombre, sont tellement incapables de recevoir
une éducation morale et religieuse, que leur parler
de vice et de vertu, c'est leur parler une langue
inconnue. Dans plusieurs comtés de l'Angleterre,
il y a des gens en assez grand Dombre qui ignorent
jusqu'au nom qu'ils ont le droit de porter! Pour
nerie aient cru, 'a l'instar de leurs frères de Belgique
en 1774 et 1779, devoir mettre de l'eau dans
leur vin, jusqu'à ce que le gouvernement ait cessé
de les considérer comme société dangereuse... et
que l'orage soit apaisé et nous comprendrons
parfaitement le pourquoi de l'excommunication
lancée de Stockholm contre Liège et Verviers.
Avant-hier, l'occasion du 190 anniversaire de
S. A. R. le Comte de Flandre, le drapeau national
a été arboré sur la tour de S'-Martin. Le carillon
a sonné pendant la journée. Vers une heure de
relevée, les troupes composant la garnison ont été
passées en revue.
Ce soir aura lieu, au Café du S aumon, la
dernière séance musicaledonnée par le
Cercle philanthropique des Enfants d'Ypres,
avec le concours de plusieurs amateurs étran
gers, d'un talent distingué. Nous engageons
nos concitoyens profiter de cette dernière
soirée qui sera la plus brillante de cette année.
Qu'il nous soit permis d'espérer que MM. les
membres du Cercle philanthropiquesi dignes
d'éloges pour le zèle et le talent qu'ils ont mis
au service des pauvres, voudront bien conti
nuer, l'hiver prochain, leur œuvre de bienfai
sance. Aunom des pauvres, nous les remercions
pour le passé et pour l'avenir.
Notre ville se félicite du résultat des examens
subis par quatre de ses enfants MM. Jules
Geerste, dans uneépreuvepréparatoire, Charles
Vanacker et Pierre Liebaert comme candidats
en sciences, et Jules Lemaire en philosophie et
lettres.
Demain, M. le général Greindl, ministre de la
guerre, doit arriver dans notre ville; il descendra
l'hôtel de la Tète d'Or. Tout se prépare pour
recevoir dignement ce haut fonctionnaire qui
nous devons d'avoir des troupes en garnison.
L'objet de cette visite est, ce que l'oo croit, l'in
spection de nos établissements militaires, et on y
rattache quelques espérances pour l'avantage de
notre ville.
ne s'attacher qu'à un seul groupe de ces êtres
dégradés, qui ne s'élève pas moins de 3o,ooo
aines Londrescelui des costermongers ou
marchands des quatre saisons, M. Andley, d'après
un travail publié par M. Mayhew qui fait autorité
sur la matière, nous fait conuaître q ue, sur cent de
ces malheureuxon n'en trouverait pas trois qui
soient jamais entrés dans une église, qui sachent
même la signification du mot Christianisme, qui
aient aucune idée de la vie future. Il va sans dire
que chez des gens revenus ainsi réellement au
paganisme, la morale doit être descendue son
niveau le plus iufime, Sur cette population nomade
de 3o,ooo âmes, il n'y a pas un dixième qui se
marie tout le reste vil dans le concubinage le plus
cynique, et n'y attache aucune idée d'infamie,
M. Frère ose parler chez nous des mendiants des
Etats romains; qu'il nous dise si l'on trouve Rome
le marché aux enfants, une des hoDtes de la
civilisation britannique, doDt M. Hickson, dans un
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