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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
3809.
37me année.
SIÈGE D'YPRES,
7PK33S, 1" Avril.
Feuilleton du Propagateur.
par les vlnqlais et les (Gantois, en l'ait 1383
LA TUINDAG,
merciale négociée en 1852 sous l'adminis
tration Frère-Hogier, qui immolant pour
toujours les intérêts vitaux de la typogra
phie Belge, ne présentait en retour aucune
concession équivalente beaucoup près
ce sacrifice énorme d'une des branches les
plus importantes du travail national. Dès
lors, on conçoit que nos freelraders, qui
se sontlant amusés auxdcpens du traité de
1845, goûtent médiocrement le traité de
1854, incomparablement moins favorable
la Belgique, de l'aveu même de l'Obser
vateur, que l'œuvre tant critiquée de M.
Dechamps.
Ces sentiments hostiles se conçoivent
d'ailleurs aisément de la part des adeptes
du libre-échange, ennemis par principes
de toute transaction douanière. Toutefois,
il en est peu, croyons nous, parmi les pré
tendus amis de la doctrine, qui aient ainsi
cœur de se montrer logique et consé
quent avec eux-mêmes. Aussi plus d'un
zélé/ree-frai/ers'accommode-t-il merveille
des faveurs douanières octroyées nos pro
ducteurs, et maint journal oublie ses sar
casmes et ses analhètnes de la veille, pour
appuyer chaudement la reprise du traité
de 1845, malgré les concessions nouvelles
et non compensées qu'elle consacre au dé
triment du pays. Quoiqu'il en soit, nous ne
pouvons voir qu'avec plaisir nos adversaires
politiques condamuer eux-mêmes les dan
gereuses utopies qu'ils caressèrent trop
longtemps, et reconnaître avec nous que
le système protecteur, basé sur des con-
cessions réciproques, place l'industrie na
tionale dansies conditions les plus propres
favoriser ses travaux et lui assure dans
l'avenir les gages de stabilité que requiert
le développement normal et continue de
ses forces et de sa prospérité.
Il est donc permis de croire que la con
vention franco-belge rencontrera au Par
lement l'accueil favorablequi lui a été fait
déjà au sein de la section centrale.
Nous apprenons que Sa Grandeur Mon
seigneur l'Evêque de Gand est arrivé,
mardi passé, par le chemin de fer, en
notre ville. Le Prélat est venu rendre visite
sa famille.
Hier onze heures, un garçon de douze
ans qui nettoyait des briques de démoli
tion près la porte de Dixmude, fut atteint
la tête d'un éclat de maçonnerie des
murs lancé avec force par l'explosion de
la mine. Il paraît que la quantité em
ployée de poudre a été trop forte, ou
qu'on avait été trompé dans le degré de
résistance que présenterait le pan miné.
Un autre bloc de pierres est allé enfoncer
le toit de l'aubette de l'octroi, où personne
n'a été atteint. La mort du jeune garçon a
été presque instantanée: c'est peine si
M. le vicaire Ocke, accouru sur-le-champ,
a pu lui appliquer le sacrement des Sain
tes Huiles. Le crâne ouvert avait imbibé
la terre de sang. Le corps a été transporté
sur un brancard fermé l'hôpital. Le
TÉRITÉ ET JCSTICE.
Oo s'aboulie Ypref, rue de Lille, »o, pies la Graud
Place, et cliea les Percrpleurs des Piwtes du Royaume.
PIIII RE L'ABOIRCMIIST, |»«r trlme*tre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un n° a5 o.
i.e Propagateur paraît le (SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine. (Insertion* 11 centime* la ligne.)
L'arrangernentcommercial intervenu, au
27 février, entre les gouvernements de Bel*
giqueet de France, etsoumis en ce moment
aux délibérations des Chambres, attire de
puis quelque temps déjà l'attention de la
presse et de l'opinion publique. La haute
importance de cet acte international ex
plique suffisamment ces légitimes préoc
cupations, puisque le marché français qu'il
a pour objet d'assurer au commerce Belge
se trouve être le principal débouché des
produits de notre sol et de notre industrie.
Au reste la divergence d'opinion est grande
quant aux résultats favorables qui en doi
vent découler pour le pays. Car si, d'une
part, les partisans du système protecteur,
si les industriels et les agriculteurs des
Flandres acceptent avec joie les quelques
réductions et faveurs de tarif qu'il consacre
en faveur de nos toiles, de nos cotonnettes,
de notre bétail et de notre houblon; de
l'autre, la même entente ne règne pas au
sein du camp libre-échangiste. La conven
tion nouvellement intervenue comprend en
effet deux actes distincts. Le traité de 1845
d'abord; aujourd'hui renouvelé avec les
modifications qu'exigeaient le temps et les
circonstances ensuite, la convention com-
et origine de la kermesse dite
Traduit d'après l'ouvrage de feu Jean-Jacques l. tlllll\,
en son vivaut Archiviste de la ville d'Ypres, membre de
plusieurs sociétés savantes, Chevalier de l'Ordre de Léo-
p'jld, etc., etc.
Siège.
Le lendemain, 9 juin, l'armée Anglo-Gantoise
attaqua la place de tous côtés, et assaillit les portes
avec une fureur inexprimable. Mais les Yprois,
quoiqu'ils eussent employé toute la nuit précé
dente a fortifier davantage leur cité, tinrent cepen
dant tête l'assaut de leurs ennemis. L'artillerie,
a-peine inventée, n'avait pas encore acquis toute
la perfection désirable, on s'en servait seulement a
lancer des boulets en pierre. Les mousquets cette
époque n'étaient pas encore en usage, on pouvait
seulement se servir d'arcs et de traits pour se dé
fendre de loin. Les assiégeants lancèrent une grêle
de traits au-dessus des portes et des remparts, mais
ce fut en vain. Et s'élant découragés de la résis
tance qu'ils rencontraient, ils rétrogradèrent vers
le soir, après avoir perdu beaucoup de leur
monde. (1)
Le 10 juin les assiégeants, espérant emporter la
(i) Sauvage, chap. uî.
ville d'emblée par leur grand ooiubre, l'attaquèrent
de toutes paris, mais tous leurs efforts vinrent se
briser contre la magnanime résistance des Yprois.
Les ennemis furent forcés de se désister de leur
infructueuse entreprise, et se retirèrent après avoir
perdu un grand nombre des leurs. Ils employèrent
moins de temps cette troisième attaque, parce
qu'ils comprirent que le siège n'avançait pas, et
crurent n'avoir rien de mieux faire qu'à rega
gner la hâte leurs campemeuts.
Le 12 juin les Anglais, sous les ordres de l'évê-
que de Worwich et du Comte de Beaumont, allèrent
se camper au sud de la ville, non loin des remparts
des faubourgs, entre l'église de Saint-Michel et
celle de la Sainte-Croix; le Comte de Newcastle
se dirigea vers l'est de la place quant aux Gantois
ils prirent position entre les paroisses de Notre-
Dame de Brielen et de Saint-Jean. Les églises
et les couvents des Augustioset des Riches-Claires
(s) fureol appropriés l'établissement de leur
cavalerie. Pour pouvoir résister d'autant mieux de
ce côté l'a aux sorties des assiégés, les rebelles for
tifièrent la maison appelée: Ter Stove, (t) et y
mirent une garnison.
(s) Le couveot des Augustius était situé au côté uord, près
de la petite rue des Augustius, les bâtiments étaient situés le
long de la chaussée de Vlamertiughe.
Le couvent des Riches-Claires était situé l'endroit où se
trouvait la maison appelée Roozendaele. Marguerite Brouda-
vens, ou Bouderave l'y avait fondée en ia58. (Archives du
couvent des Riches-Claires.)
(t) La maison dite Ter-Stove se trouvait, hors la porte de
Dixmude, auprès des remparts de la ville, l'endroit où se
trouve encore la pierre de démarquation.
Peudant ce temps, il se passait dans une autre
direction de la cite' un fait que nos ancêtres regar
dèrent comme un miracle. Quelques Anglais étant
parvenus jusqu'aux remparts intérieurs, élevés au
dehors de la porte au Beurre l'endroit dit le
Leemput, y trouvèrent une jeune fille d'environ
treize ans qui cherchait entrer dans la ville. Les
Anglais voulurent la déshonorer; mais, elle, par
un supiême effort parvenant s'échapper de leurs
mains, sauta tout effrayée dans les fossés de la ville,
qui, en cet endroit, étaient très-larges, en invo
quait! sans cesse Notre-Dame qu'on honorait
cette époque'a Neuve-Eglise. Elle flotta pendant
longtemps dans les eaux, la vue des Anglais et
des assiégés. Enfin coutre toute attente elle fut
jetée sur un ilôt situé dans ces fossés. André Pael-
diug, dont nous avons parlé, ordonna quelques
uus de ses gens d'aller la recueillir, ce qui fut
exécuté sur-le-champ. Elle fut conduite en ville,
où comme nous le rapporte Van Schrieck 011
offrit an Ciel des actions de grâces pour cette
heureuse délivrance. (1)
Comme nous l'avons dit plus haut l'armée An
glo-Gantoise avait changé de position. Mais le
géuéral-évêque et les siens ne pouvaient dissimuler
le mécontentement qu'ils éprouvaient contre Ac-
kerman et ses gens, de ce qu'ils avaient conduit
les Anglais devant une place qui leur opposait une
si vigoureuse résistance. La discorde se mit entre
(1) Sauvage, cliap. 113.