9
JOURNAL D'TPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N° 3467
34me année.
De toutes les élections qui se sont ac
complies depuis l'époque de notre éman
cipation politique il n'en est aucune, le fait
est démontré, qui porte davantage le cachet
de l'intrigue et de l'intimidation que celle
qui vient d'avoir lieu Dixmude le 12 de
ce mois. M. Desmaisières selon le jugement
de tout homme droit avait été nommé lé-
gaiement représentant, aux élections gé
nérales de Juin. Ce choix n était guère du
goût de la politique nouvelle. MM. Rogier
et Frère connaissaient dans l'ancien gou
verneur de Gand, trop de sagesse, trop de
fermeté, trop de caractère pour en faire
un instrument docile de leurs doctrines
mesquines et de leurs prétentions anti
nationales. M. Desmaisières n'était point
l'homme dévoué aux clubs, et aux loges
maçonniques, dès lors il avait le tort im
mense d'être clérical et de ce chef il fallait
le proscrire; aux yeux de la politique li-
béraliste, il sied bien mieux d'ailleurs, de
décerner le mandat de député un bêta
du libéralisme, que d'investir de cette
dignité précieuse et importante un can
didat indépendant, éclairé, et capable.
Grâce sa majorité servile, le ministère
trouva moyen de faire prévaloir son sys
tème révoltant et inique. M. Desmaisières
fut sacrifié dans le but ostensible de mé
nager un succès Cinoffensif M. De Breyne.
Ce succès ne se fit pas attendre, et les
moyens dont les séides du libéralisme se
servirent pour l'emmener, ne laissent pas
le moindre doute sur sa portée et son ca
ractère.
Déjà long-temps avant la résolution, et
le vote de la Chambre, sûrs de la satis
faction que leur donnerait le très libéral
ministère, les affidés de la coterie triom
phante parcouraient toutes les communes
du district, frappant toutes les portes,
cherchant partout embrigader des élec
teurs. Aux cultivateurs dont ils suspec
taient l'opinion politique ils déclarèrent
hautement, que quiconque ne voterait
point pour M. De Breyne se verrait con
traint de quitter sa ferme l'expiration du
bail. Semblable parti était pris, ajoutait-
on, non pas seulement par les propriétaires
locaux, mais celte mesure était adopté par
tous les propriétaires libéraux du royaume.
Ce système d'intimidation déjà si large
ment poussé en œuvre, dès avant l'arrêté
qui convoqua le collège électoral de Dix
mude pour le 12, s'étendit encore davan-
tageà mesure que le jour décisif approchait.
Qui jamais pût croire que l'effronterie et
le despotisme eussent osé leter chez nous
la tête si allière! des propriétaires jouis
sant d'une fortune colossale, pour recruter
des votes, osèrent déclarer des fermiers
que sous peu ils savaient que leur ferme
serait vendre, et qu'ils étaient résolus de'
l'acheter fut-ce 10,000 fr. la mesure,
pour avoir le plaisir de les mettre la
porte en cas qu'ils ne voulussent, voter
pour M. De Breyne.
A ces moyens honnêtes, il faut joindre
les centaines de bulletins portant une dé
nomination connaissable et caractéristique
qu'on a imposé aux électeurs et au moyen
des quels on est parvenu enlever au corps
électoral toute liberté du vote. Les impré
cations, les railleries les plus indécentes
contre la personne de M. le sénateur Cas-
siers,et M. Desmaisières, firent aussi partie
du plan de campagne des amis de M. De
Breyne, tel point qu'en pleine journée
ces honorables citoyens furent hués dans
la ville de Dixmude.
Faut-il s'étonner après Éela que le nom
de M. De Breyne soit sorti victorieux de
l'urne. Aucunement. Et nous en sommes
d'autant moins surpris que l'on rapporte
que des électeurs bien-pensants ont déclaré
qu'ils n'avaient osé voter pour Desmai
sières, uniquement par la peur que si M.
De Breyne n'eut été élu le parti libéral se
serait livré aux actes les plus coupables.
Cette crainte, il faut l'avouer, n'était pas
sans fondement. Maintenant que dans l'i
vresse de leur triomphe les amis de M.
De Breyne n'ont pu s'abstenir d'insulter
les prêtres revenant de la salle des élec
tions; maintenant qu'il a fallu de l'inter
vention d'un officier du 12°" pour proléger
la vie du vicaire de Clerken contre la rage
du peuple; qu'une escorte dè gendarmes
a dû éconduire le sénateur Cassiers pour
défendre sa personne et que des gens mu
nis de fusils et de pistolets parcourant
la ville comme des furieux, ont déchargé
leurs armes dans la direction des fenêtres
et des portes des personnes connues pour
leur attachement M. Desmaisières, que
serait-il arrivé si le scrutin proclamant le
nom du candidat modéré, avait allumé la
rage, la colère et le désespoir de la foule
passionée? La Providence sait quelles
folies le parti clubiste se serait livré si le
succès n'avait point couronné son entre
prise!.... Quant nous, nous adorons ses
décrets divins, en même temps que nous
gémissons sur le triste état des choses où
la Belgique si libre, si catholique, si.èâlme
par caractère se trouve réduite.
Nos lecteurs avec nous, en prenant con
naissance des scènes scandaleuses qui ont
marqué l'élection de Dixmude, apprécie
ront de mieux en mieux l'esprit et les
tendances des parties qui divisent notre
patrie. Ils verront surtout sur qui retom
berait l'application des paroles que le Pro
grès cTVpres a osé émettre relativement
l'élection de Dixmude: le droit électoral
devrait de nos jours être retiré celui qui na
pas usé de la plus noble prérogative du ci-
togen avec sincérité.
Le gouvernement vient d'envoyer tous
les Bourgmestres et Secrétaires une bro
chure portant le. texte du discours pro
noncé par le Ministre de la justicè, en
réponse la proposition de M. Du mortier
relative la liberté de la bienfaisance.
Nous ne demanderons pas au ministère
pourquoi, dans le but de mettre le public
même de juger sainement de la chose, il
n'a joint au discours de M. Tesch, celui de
l'honorable Dumortier, cet ami chaleureux
de la cause du pauvre; depuis long-temps
oa sait que la partialité est le caractère
dislinctif de la politique nouvelle. Toute
fois, propos des cadeaux faits, nous se
rions curieux de savoir, si c'est M. Rogier
de ses 21,000 fr., ou le contribuable de la
sueur de son front qui paye toutes les fol
les dépenses qu'entraîne la publication et
l'envoi aux chefs des communes, des élu-
cubrations ministérielles?
Nous apprenons avec un plaisir bien
vif, que notre jeune concitoyen M. Emile
Lagrange, vient de recevoir la médaille de
bronze, titre de récompense, pour ser
vice rendu en sa qualité d'élève interne de
l'hôpital civil de Gand, pendant l'époque
où le choléra exerçait ses cruels ravages.
M. Emile Lagrange est ancien élève du
collège S' Vincent. Après avoir obtenu
avec distinction son diplôme de docteur
en médecine il s'est rendu Paris, où il
se perfectionne actuellement dans son art.
Un arrêté royal en date du 12 décembre
accorde également des médailles, pour ser
vices rendus l'époque des épidémies, aux
associations suivantes
La médaille d'argent
Aux associations des Dames Bernardines a
desservant l'hôpital civil de Gand. Des
Sœurs de l'enfance de Jésus desservant
l'hospice des enfants Gand. Des Sœurs
de S' François desservant l'hôpital d'Op-
brakel. Des Sœurs de charité desservant
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abouue a Vpres, rue de Lille, 10, près la Graude
Place, el chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX DE E'AROWEMEST, par trimestre,
Vpres fr 3. Lès autres localités fr 3 5o. Un n» 25.
f.e Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine, (insertions 19 centimes la ligne).
7??.3S, 21 Décembre.
i z