JOURNAL D'YFRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N<> 3455.
34me année.
9 Novembre.
L'UNION ET LE PROJET DE LOI
SUR LES SUCCESSIONS PATERNELLES.
La session législative de 1850-1851 s'ou
vrira le 12 Novembre prochain. C'est dans
ce moment lugubre et solennel où la na
tion entière, réunie autour des dépouilles
mortelles de notre admirable Reine, fait
éclaterses sentiments d'amour et de regret
envers cette incomparable souveraine, que
la voix de la patrie appelle nos législateurs
reprendre leurs travaux.
Sous quelle impression dès lors les man
dataires du peuple Belge se réuniront-ils
dans l'assemblée législative, et quel sou
venir précieux n'emporteronl-ils du tom
beau de la Reine Louise leur siège par
lementaire? Là autour des restes inanimés
de l'immortelle compagne de notre Roi
bien-aimé il fut un sentiment commun
tous les Belges qui s'adressa toutes les
nations de l'Europe, et leur dévoila une
fois de plus, le fond de notre caractère.
Ce sentiment est celui de l'union et de la
douleur universelle qu'enfanta la mort
jamais regrettable de notre bonne et sainte
Princesse. Chacun le sait; chacun en a été
témoin; peine l'impitoyable mort eut-
elle fait retentir nos provinces de son
lugubre cri vainqueur, qu'oubliant toute
discorde politique et faisant trêve aux mi
sérables querelles de parti, les fils de la
Belgique se rappellant qu'ils sont frères, se
communiquèrent les larmes aux yeux la
fatale nouvelle, et catholiques et libéraux
s'empressèrent de payer l'auguste défunte
leur égal tribut d'amour et de regret.
Qu'elle est noble et imposante l'attitude
d'un peuple qui pratique les maximes sages
de l'union. Plus d'une fois déjà notre patrie
l'ut destinée donner aux autres nations
ce sublime spectacle de la concorde et de
l'unité embrassant tous les cœurs et im
primant toutes les volontés une même
direction. Notre Reine bien-aimée en mou
rant et en réunissant de son râle suprême,
les enfants de sa patrie sans distinction
d'opinion politique, semble avoir été des
tinée surtout par la providence, rappeler
au monde Européen cette leçon si belle
qui fait notre dévise: l'Union fait la force.
Union! union! C'est du haut des cieux
où ses vertus l'ont placée que notre Reine
t'appelle, et te convie. Emblème de la paix
et de la concorde sa tombe chérie en même
temps le redit: Union! union! Puissent
tous les peuples admettre l'application de
ce principe! Nous surtout, Belges, qui trop
longtemps déjà, avons menti notre ca
ractère en rompant les fiensqui nous unis
saient en 1830, faisons sur le tombeau de
la Reine le sacrifice des rivalités qui nous
divisent. Soyons un dans la politique com
me nous le sommes dans notre religion?
A nous peut-être surtout le spectacle de
l'union qu'a présenté la mort de Louise
doit-il profiter! Car qui sait si, après avoir
échappé vingt années la (tourmente ré
volutionnaire qui fait trembler les autres
peuples nous n'aurons bientôt lutter con
tre l'une ou l'autre tempête.
Dépositaires du pouvoir, il ne dépend
qu'à vous de rétablir chez nous la frater
nité et l'entente réciproque des partis
politiques. Que votre politique tende
pourvoir aux besoins au bien être des
masses et non pas contenter une frac
tion du peuple au dépens de l'opposition!
Mais hélas, est-il bien raisonnableque nous
nous berçions des rêves de l'union? Plutôt
n'est-il que trop juste que nous regardions
notre espoir comme tout-à-fail illusoire,
si tant est comme l'annonce un organe du
cabinet, que le ministère se propose de
soumettre la législature le projet de loi
sur les successions paternelles? Conception
despotique, illégale, attenloire la morale,
aux droits de propriété et de famille, plus
que jamais l'irritation doit grandir, et les
germes de mécontentement public doivent
s'étendre, si le cabinet ne recule devant
cette œuvre.
Emise devant les chambres, du temps
de la domination Hollandaise, l'idée de
frapper les successions en ligne directe
révolta le caractère si paisible des Belges
et contribua pour une large part, la ré
volution de 1830. Aujourd'hui les prin
cipes sont ils changés dans les niasses?
Aucunément. Partout on n'a que des pa
roles de blâme, l'encontre de ce réchauffé
du despotisme de Guillaume, et dans toutes
les classes de la société on entend émettre
hautement le vœu de voir cette loi funeste
reléguée jamais dans l'oubli par la sa
gesse de nos législateurs.
Avant-hier est arrivé dans notre ville M.
X. Vande Casteele, l'un des gérants de la
Compagnie Franco-Belge le Mineur, se
rendant Southamton, où il doit s'embar
quer pour San-Fraucisco (Californie.)
On se rappelle la sensation qu'a produit
au Hàvre, le départ de l'expédition de cette
compagnie, formée pour l'exploitation des
mines d'or de la Californie; le choix de ses
travailleurs, sa bonne organisation et les
éléments de succès dont celte compagnie
a su s'entourer sont un sûr garant du suc
cès de celte entreprise.
M. Nounckele, ancien principal du col
lège de S'-Vincent Ypres, est nommé curé
Schuyfferscapelle.
M. Van De Sorapele est nommé vicaire
Proven.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
Ou s'ïbuuue a Ypres, rue de Lille, 10, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIT DE l.'lliUVVl:Hi:VI'par trimestre,
Ypres fr 3. I#es autres localités fr 3 5o. Uu n° a5.
le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine (insertions il centimes la ligne).
M. X. Vande Casteele, part en qualité de
gérant du Mineur et prendra San Fran
cisco la haute direction de celte entreprise.
Nous souhaitons celte compagnie tout le
succès qu'elle est en droit d'attendre de sa
forte organisation.
le droit de succession en ligne directe.
Les journaux ministériels nous annoncent sans
façon et même d'un air de triomphe ou de défi, la
détermination prise par le cabinet, de représenter
aux chambres le projet de loi sur les successions en
ligne directe, projet qui, on le sait, a été, non pas
retiré, mais soustrait la discussion dans laquelle
il devait succomber. Ce projet, accueilli avec une
défaveur marquée par toutes les opinions dès le
principe, paraîtavoir rallié, si l'on en croit la presse
ministérielle, de nombreux partisans; de socialiste
qu'était la loi, au jugement de la section centrale
et de son honorable rapporteur, M. de Liège, elle
serait devenue, par le progrès de l'esprit public,
qui ne s'en est pas occupé, progressiste, hu
manitaire, libérale, bienfaisante, pleine de mille et
une bonnes qualités; elle ferait un honneur infini
a M. Verhaegen qui l'a conçue, a M, Frère qui l'a
présentée, a la chambre qui la voterait, au règne
qui la verrait s'établir; enfin, elle procurerait mille
avantages aux citoyens qui la devraient subiren
faisant un serment selon leur conscience, ou un
parjure selon leur intérêt.
Nous avons toujours dit que le libéralisme n'est
qu'un plat copiste du libéralisme français de 1816
a 184:8nous ne remontions pas plus loin, bien
qu'il nous eût appris lui-même, pendant la colli
sion de la'coalition de i846, qu'il renferme dans
son sein des gens qui remontent le torrent libéral
jusqu'en 1795. Nous ne supposions guère qu'en
matière de finances, l'invention libérale dût rétro
grader des siècles, et retrouver son berceau aux
jours les plus malheureux pour l'humanité. Nous
allons citer un document qui démontrera tont le
rétrogradisme du parti libéral, et fera voir com
ment la loi, qu'on veut de vive force imposer au
pays pour payer les folies financières de la Poli
tique Nouvelle, a été envisagée par ceux qui l'ont
subie.
curieux document.
Les besoins de l'empire ont donné lieu plu-
sieurs impôts réclamés par l'utilité publique,
mais onéreux aux particuliers. De ce nombre est
le droit du vingtième, tribut léger et tolérable
pour les héritiers étrangers, mais pesants pour
ceux de la jamille. On l'a donc exigé des pre-
miers, remis aux seconds. On a senti que les
hommes souffriraient avec une peine extrême,
ou plutôt ne pourraient souffrir qu'on en-
tamdtqu'on réduisît des biens que leur
garantissent le sang, la naissance, la com-
munauté du culte domestique des biens qu'ils
ne regardèrent jamais comme une propriété
étrangère et en espérance, mais comme une
possession qu'ils avaient toujours eue, et qu'ils
devaient transmettre un jour leurs parents
les plus proches D
Après avoir rappelé qu'un premier édit abolit
le droit d'aubaine sur les biens des pères qui, ayant
personnellement le droit de citoyen, n'avaient pu
ie faire conférer leur famille, et dont les biens,
par cela seul, étaient censés vacants, hauteur con
tinue ainsi:
Cet édit fut moins généreux peut-être qu'il
ne convenait a un aussi bon prince, mais digne
toutefois d'un bon père qui, sur le point d'a-
dopter un excelleut fils, a voulu faire d'avance
uu acte de tendresse paternelle, et, content d'ef-