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JOURNAL D'YFRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
34me année
j\° 3454
Les conversions nombreuses au catho
licisme constatées dans l'Angleterre, prou
vent évidemment qu'il s'opère au sein de
ce pays un mouvement miraculeux de re
tour vers la véritable Église. Témoin des
larges brèches que le temps et la conviction
publique ont laites autour de l'anglica
nisme, et voulant seconder de ses moyens
l'œuvre de la propagation de la foi de Jésus-
Christ dont il est le Vicaire, le Souverain
Pontife Pie IX, par une bulle récente vient
de réorganiser l'Eglise catholique dans
cette contrée en y érigeant de nouveaux
sièges épiscopaux. Ce progrès brillant des
doctrines religieuses, ce nouveau triomphe
de l'Eglise du Seigneur ne pouvait manquer
d'aigrir et de mécontenter les Anglicans.
Aussi en ennemis de notre culte, lèvent-
ils des protestations en des cris, contre la
conduite du Pape. Les catholiques du
monde entier au contraire, tressaillissent
de joie et d'allégresse envoyant l'Episcopat
véritable s'installer d'une manière officielle
au sein de l'Angleterre, persuadés que dans
cette circonstance Pie IX n'agit qu'en vertu
des droits civils des catholiques anglais et
qu'il ne fait pour l'Église dont il est le chef
temporel, que ce que font de leur coté les
wesleyens ou méthodistes. Evidemment, le
Pape n'est-il point sous la protection des
lois qui permettent aux sujets anglais la
libre expression de toutes les opinions?
c'est la question que pose le Journal des
Débats qu'on n'accusera sans doute pas
d'ultramontanisme. C'est là encore, le rai-
sonnement que tient presque toute la presse
libérale, qui ne craint point d'en remontrer
aux Anglicans, au sujet de leur opposition
déraisonnable contre la bulle papale. Nous
avons dit presque toute la presse libérale
Il est en effet un organe du libéralisme
Belge qui fait part ses lecteurs, de la
création d'un archevêché et de plusieurs
évêchés catholiques en Angleterre, sans
ajouter cette nouvelle aucune parole
obligeante sympathique, amie pour le ca
tholicisme au sein du quel il écrit; oui il
est un organe du libéralisme, mais de ce
libéralisme menteur, voltairien, qui, s'oc-
cupant de la question religieuse de l'An
gleterre s'exprime en ces termes aussi peu
respectueux pour la cour de home, pour
la foi de Jésus-Christ que transparents
d'approbation pour la conduite des sec
taires de l'Anglicanisme. Cet organe, c'est
le moniteur de l'autorité communale d'Y-
pres. Voici textuellement les paroles de ce
journal La querelle religieuse soulevée
par la création d'un archevêché et de
plusieurs évêchés catholiques en Angle-
terre, est destinée prendre d'assez
grandes proportions. Elle n'est pas en-
core de nature mettre la tranquililé
publique en danger mais qui oserait ré-
pondre des conséquences d'une querelle
religieuse? Le clergé de .Londres s'est
adressé l'évêque de son diocèse, pour
lui signaler l'usurpation (sic) qu'a com-
mise la cour de Home en érigeant West-
minster en archevêché. Celte circon-
stance que la cité anglaise, dont on
adjuge ainsi la direction spirituelle un
ecclésiastique romain est celle où les
souverains de la Grande Bretagne sont
«couronnés, où siègent les parlements
d'Angleterre, et d'où ses lois sont pro-
mulguéesest présentée aux ardents
défenseurs du culte anglican comme
une révélation manifeste du plan de do-
mination universelle poursuivi par les
catholiques.
Nous ne ferons point suivre ces lignes
de plus de commentaires. Tous ce que
nous pouvons ajouter et ce que diront
toutes les personnes sages, bien pensantes
la lecture de cet extrait. C'est, qu'on ne
peut assez louer l'autorité communale de
la catholique ville d'Ypres, d'avoir pour
organe dans la presse un journal aussi
honnête, aussi religieux que le Progrès.
Les vols d'église se succèdent dans nos
environs avec une rapidité effrayante. A
peine y a-t-il quelques jours que d^ nom
breux bijoux et de riches objets d'argen
terie furent enlevés nuitamment de l'église
de Vlaraertinghe, et un nouveau crime de
ce genre vient de se commettre dans la
nuit du 1er novembre dans l'église de Watou.
Les objets volés sont de grand prix. On
estime entre autres un antépendium qui
a disparu 4,000 francs. On conçoit diffi
cilement comment les auteurs de ce mé
fait sont parvenus emporter un objet
aussi volumineux. Espérons que la justice
se mettra bientôt sur les traces des cou
pables.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
Ou s'abonne a Y près, rue de Lille, 10, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX DE L'A BOISE?! EST, par trimestre,
Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un u° a5.
Le Propagateur parait fe SAMEDI et le MEBCBEDI
de chaque semaine, (insertions 19 centimes la ligne).
6 Novembre.
Ll
MUTO,
Il fallait bien que Philippe ii fût moins absolu
qu'on le dit, puisqu'il aimait beaucoup son fou,
qui lui répétait sans cesse: Que feriez-vous, Phi
lippe si tout le monde disait non, quand vous
dites oui? et autres choses semblables.
Histoire anonyme de Philippe II).
Je plains les princes, gens qu'on abuse et qu'on
trompe. On leur dit que le peuple rit, quand le
peuple n'a pas de souliers; que la nation chante,
quand la nation grogne; et ils le croient. On leur
dit que leurs sujets sont heureux d'obéir; ils don
nent des ordres, et ils ne conçoivent pas la résis
tance. La femme du roi Louis XV, mangeant une
bonne croûte de pâté, disait ingénument, dans des
jours de famine: Mais si le peuple manque de
pain, que ne lui donne-t-on des croûtes de pâté
Pauvre femme qui hors sa cour ne connaissait rien
L'histoire que nous allons rapporter est d'un
prince qui savait et qui ne savait pas; exigeant
sur un point, tolérant sur un autre: mauvais mé
lange. Un prince est trop en vue pour être variable;
on ne règne estimé que lorsqu'on est constant. Le
prince dont nous parlons était Jean I", comte de
Nainur, de la maison de Dampierre. Il avait épousé
Marie d'Artois, bonne priucesse sans doute, car
pourquoi une princesse serait-elle méchante?
mais qui avait le malheur d'être née aussi en dehors
de l'espèce humaine. C'était du reste un heureux
ménage, quoiqu'un peu daDS les hauteurs.
Jean et Marie tenaient Nainur une cour assez
brillante. Ils avaient le sire de Gosues pour cham
bellan, le sire de Marbais pour grand-maître, le
sired'Atrive pour grand maréchal, le sire de Fumai
pour maître-d'hôtel, le sire de Bâlatre pour grand-
panetier, le sire de Dave pour grand-veneur, le
sire d'Oullremout pour grand-guidon ou gardien
de la bannière. Ils avaient un grand-gruyer ou con
servateur des forêts, un gouverneur de la ville, un
grand-aumônier, qui était le prévôt deSaint-Pierre,
un archiconfesseurqui était l'abbé de Eloreffe,
un grand-bailli, et d'autres dignitaires.
Ils vivaient des revenus de leurs domaines par
ticuliers et des impôts qui déjà alors frappaieut les
villes et le commerce droits de toi ou de barrière,
de thonlieu ou d'étape, de foire et de marché,
droits d'entrée aux portes de Nainur, droits de na
vigation sur la Sainbre, droits de justice, haute,
moyeuue et basse, droits de cens, dîmes, épaves,
aubaine.T'ornes ces petites redevances, malgré leur
modération, faisaient au bout de l'au un capital
L'on a répété ceDt fois et plus que les auteurs
de la nouvelle loi sur l'euseiguement moyen n'ont
guère eu en vue l'amélioration des études mais bien
de mettre un barrage aux collèges ecclésiastiques.
M. Rogier en a consigné l'aveu dans son rapport:
Aussi est-il avéré que la majorité parlementaire,
en adoptant ce malencontreux projet, l'a fait ou
par condescendance pour les iujonctions ministé
rielles, ou par hostilité contre les établissements
épiscopaux et afin d'obliger notre jeunesse une
éducation laïque. Ce sont des vues aussi mesquines
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que le comte de Nainur dépensait joyeusement,
aidé de sa femme et de sa cour, ne songeant pas
que quelquefois ils dissipaient en choses vaines les
sueurs du pauvre.
Quand ils manquaient d'argent, sans mauvaise
intention et sans malice, mais élevés regarder la
masse des bonnes gens comme une machine pro
duire, ils établissaient un nouvel impôt. Toute la
peine était de l'imaginer, d'en supputer les ré
sultats, et de l'affermer ou d'en vendre l'exercice.
Ces choses se passaient au commencement du
quatorzième siècle, époque de fermentation, mo
ment où les nations partout rompaient leurs langes.
Jean de Nainur avait accompagné en Italie l'em
pereur Henri VII, son suzerain, dans son expédition
contre Jes Guelfes. En son absence, Marie d'Artois
avait gouverné le comté deNamur elle avait chargé
ses sujets d'impôts récents et de petites vexations
toutes nouvelles. Mais comme ils n'avaient pas en
core dit non, lorsqu'elle disait oui, elle suivait sa
marche.
Cependant en l'année i3i3, pendant que Jean
de Nainur était Paris, occupé négocier un traité
d'alliance eutre le roi Philippe le Bel et l'empe
reur, Marie d'Artois ayant inventé de nouvelles
taxes, ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le
vase. Entourés de voisins qui regimbaient contre