JOURNAL D'YFRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3452.
34me aimée.
A LA REINE.
NOUVELLES DIVERSES.
7PF.33S, 30 Octobre.
L'idée éminemment patriotique de con
sacrer par un monument l'auguste mé
moire de noire bien-aimée Reine, fut reçue
avec acclamation par la nation toute en
tière, et des dons importants attestèrent
toutd'abord les sympathies nationales. Mais
l'incertitude concernant la destination des
fonds n'a pu manquer jusqu'à ce jour de
paralyser ce généreux élan. Aujourd'hui
il n'en est plus de même.
Des nombreux projets qu'enfanta un
premier enthousiasme, il reste établi que
deux seulement d'entre eux sont tout la
fois praticablesutiles et dignes de l'illustre
défunte. Ériger une église Ostende, sur
l'emplacement même où Elle rendit le der
nier soupiç; élever Laeken, là où repose
sa cendre, un monument religieux, dont
les caveaux serviraient de sépulture royale.
C'est ce dernier projet que s'arrêta la
commission issue de l'initiative ministé
rielle. Digue de tous les suffrages, il ne
pouvait manquer de sourire la majorité
des Belges. Pour nous, habitants de cette
Flandre qui fut témoin du plus édifiant
des trépas, placés si près de la ville qu'af
fectionnait entre toutes la Reine Louise,
nous croyons rencontrer dans l'érection
d'une église Ostende une fin plus conforme
aux vœux de nos populations. Iiàtons-nous
d'ajouter que les deux projets, dont nous
faisons mention, ne s'entre-délruisent guè
re; mais plutôt se complètent l'un l'autre.
Placés aux deux extrémités de la funèbre
route que parcourut pour la dernière fois
la dépouille mortelle d'une Reine chérie,
ils marqueront, emblèmes de consolation
et de paix, le lieu sacré où Louise-Marie
exhala son âme bien-heureuse, et celui qui
d'après son pieuxdésirconserve le précieux
dépôt de ses restes mortels.
Aussi est-ce après mure réflexion que
nous engageons nos concitoyens subvenir
de préférence l'érection de l'église d'Os-
teude. C'est cette fin que nous affecterons
les dons qu'on voudrait bien nous confier.
Toutefois, si contre toute attente le projet
ne se réalisait pas,nous croirions satisfaire
pleinement aux vœux des souscripteurs,
en destinant les fonds versés entre nos
mains au monument sépulcral de Laeken.
De plus, nous recevrons toujours avec une
égale reconnaissance les libéralités tendant
exclusivement l'érection de l'église pro
jetée dans cette dernière localité.
Il nous est doux de le croire, le patrio
tisme de nos concitoyens ne nous fera pas
défaut; il ne sera point dit dans notre Bel
gique que la vilje d'Ypres est restée froide,
indifférente, alors que tant d'autres cités,
moins importantes pourtant, en face du
trépas d'une Reine adorée ont tressailli
d'une généreuse ardeur. Qu'à la plus sainte
des entreprises, le riche apporte donc son
offrande, l'homme du peuple l'obole qu'il
gagna la sueur de son front; et tel que du
temps de nos pères, le nom Yprois reveil
lera ces nobles souvenirs, dont l'apanage
fait le légitime orgueil des nations.
Deuxième liste de souscription pour le
monument la mémoire de la Reine.
Mardi29 de ce moisa été célébré dans
notre ancienne cathédrale, le service fu
nèbre la mémoire de notre feue Reine,
en exécution du mandement de Mgr l'évêque
de Bruges. Les aulorilésciviles et militaires
assistaient celte pieuse cérémonie.
Des listes de souscription pour le mo
nument ériger la mémoire de la Reine
circulent dans les rangs de*1a garde ci
vique et se couvrent de signatures. M.
le Major a exprimé l'espoir que pas une ne
manquera,
nime.
tant l'élan est général et una-
Avant-hier le 10eme régiment de ligne
a quitté nos murs, se rendant Gand pour
y tenir garnison, ce régiment emporte la
sympathie de tous les habitants de celte
ville.
Aujourd'hui est arrivé dans cette ville,
pour y tenir garnison, le 12B,e régiment de
ligne, commandé par le colonel Raemaec-
kers. La musique de la Garde civique,
accompagnée de MM. les officiers, est allée
la rencontre de ce régiment.
On écrit de Courtrai, 24 octobre:
Un événement assez singulier a mis hier
en émoi la population si paisible de la
commune de Belleghem. Il y a quelques
jours, la femme du receveur des contri
butions de cette commune, M. Van Ren-
terghem, avait été frappée d'apoplexie,
et paralysée d'un côté; elle tenait le lit.
Son mari, depuis nombre d'années, était
souffrant de la poitrine. Hier matin, la
servante de la maison entra comme de
coutume dans leur chambre coucher;
quelle ne fut pas sa surprise en s'aper-
cevant que tous deux avaient rendu leur
dernier soupir pendant la nuit! L'épouse
Van Renlerghem avait succombé une
nouvelle attaque d'apoplexie, son mari
s'était éteint comme s'éteignent les poi
trinaires. Tous deux ont été enterrés au
jourd'hui, enfermés dans la même bière,
descendus dans la même fosse.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
Ou s'abouue Yprès, rue de Lille, 10, près la Graude
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume,
PKIX DE LMUO.V\EKEVr par trimestre,
Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un n° 25.
Le Propagateur paraît le SAilBEDI et lé MERCREDI
de chaque semaine (insertions l« centimes la ligne).
Madme Rycx-Priemfr* 101-00
N. M5-oo
L'abbé Verschraeghe2-00
HKfrOMCIi-
Nous apprenons que le Roi, dans une lettre
pleine de sentiments élevés, a exprimé au R. P.
Dechamps combien il avait été profondément tou
ché, ainsi que ses enfants, de Oraison funèbre de
la Reine prononcée Sainte-Gudule le 24 octobre.
Journde Bruxelles.)
Ou lit dans VIndépendance
Il paraît a peu près certain qu'il n'y aura pas
cette année de discours du trône lors de la réunion
des chambres, le 12 novembre prochain.
On apprécie aisément les considérations qui,
dans les circonstances actuelles et a une date si
rapprochée du triste événement qui a frappé la
Belgique, peuvent empêcher le Roi de faire en
personne l'ouverture de la session.
- Nous trouvons dans un. journal l'épisode sui
vant rapporté par Mm° la comtesse de Bassanville.
Ce trait pris entre mille, dit l'auteur de çe récit,
résume toute l'existence de la Reine des Beiges;
aussi sa mort est-elle un deuil de famille pour tous,
deuil qui s'effacera des habits, mais jamais des cœurs
de ceux sur lesquels elle régnait.
Jamais femme au monde n'a été plus généreuse,
plus bienfaisante et plus saintement bonne que la
Reine des Belges. Chercher connaître les infor
tunes pour les secourir, était l'unique occupation
de sa vie, et pour ces sortes de choses, elle était
elle-même son ministre de charité, tant elle
craignait que les autres n'y missent pas autant
d'empressement qu'elle.
Un jour de l'année i848, en quête de nouveaux
bienfaits, la Reine traversait k pied et fort modes
tement vêtue, un des plus pauvres et par consé
quent un des plus sales quartiers de Bruxelles; elle
aperçut un petit garçon de 4 ans peine qui, tout
en grelottant de froid, pleurait douloureusement
assis au coin d'uue borne: on était au milieu de
mars, mais le temps était brumeux et un givre
glacé tourbillonnait dans l'air. Elle s'en approche
aussitôt.
- Que fais-tu la, mon pauvre petit, et pourquoi
pleures-tu aiusi? dit-elle en s'agenouillant pour
essuyer avec sou mouchoir les grosses larmes qui
couvraient la figure de l'enfant.
- J'ai faiin... murmura dans un sanglot le petit
malheureux.
- Pourquoi ta maman ou ton papa ue te don
nent-ils pas maDger?
- Maman est malade, et papa nie donne des
conps quand je demande du pain, répoudit l'en
fant en redoublant ses pleurs.
- Le misérable s'exclama avec horreur la
sainte Reine - conduis-moi chez eux, fit-elle en
suite avec résolution.
- Oh non! Je serai battu, on ne m'a pas donné
d'argent... il n'a passé personne.
- Viens, mon pauvre petit, et sois tranquille, je
donnerai de l'argent pour qu'on ne te frappe pas.
L'enfant jeta sur sa bienfaitrice un regard tout
surpris, puis la prenant par la main, il l'entraîna
travers un dédale de rues sales et fangeuses, et s'ar-