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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3442.
34me année.
2,500 FRANCS.
TP^3S, 25 Septembre.
A différentes reprises déjà nous atta
quâmes le parti libéraliste dans ses doc
trines et dans ses vues secrètes. Après un
silence des plus obstinés le moniteur du
pseudo-libéralisme yproiss'est enfin décidé
a nous suivre sur ce terrain. Le Journal de
Bruxelles dans un article récent traça la
physiologie libérale d'après les aveux et les
paroles mêmes des feuilles du parti. Le
portrait, quelque peu flatteur qu'il fut, se
trouvait puisé aux sources les plus irré
cusables. Notre Progrès lui oppose la phy
siologie cléricale, tableau dont sa féconde
imagination a seule fourni les couleurs.
Commentant certaines paroles, certains
faits réels ou supposés, il en conclut qu'au
triple point de vue de la politique, de la
liberté et de la religion le parti catholique
ne consulta jamais que ses passions sans
égard pour les principes qu'il préconise.
Examinons brièvement la triple argumen
tation du Progrès.
1° Au point de vue politique. Le Journal
de Bruxelles s'était servi peu près de ces
paroles: Si l'on veut savoir nos principes
en économie, nous dirons que nous n'en
avons pas. C'était parler sensément; car
qu'on nous dise ce qu'à de commun une
opinion basée sur le catholicisme avec la
libre entrée ou la prohibition des denrées
alimentaires? Nos principes sont autre
chose qu'une vaine théorie: elles reposent
sur des fondements plus larges que les rê
ves ingénieux de quelque savant. Aussi ne
consultâmes nous jamais en matière d'é
conomie politique que les besoins des peu
ples nécessairement variables suivant les
époques et les contrées. C'est en ce sens
qu'il faut entendre l'assertion de la feuille
bruxelloise; c'est en ce sens que ce journal
lui-même réfuta victorieusement les com
mentaires chicaniers d'un organe de la po
litique trois fois sincèredont le gazetlier
yprois se contente de copier servilement
les calomnies.
2° Au point de vue de la liberté. Le ju
gement sévère dont les actes du conseil
communal de Louvain, dans la suppression
du collège de la Haute-colline, ont été l'objet
de la part des catholiques, prouve, au dire
du Progrès, chez ces derniers une sollici
tude équivoque l'égard des franchises
communales. Quoi donc, méconnait-on
une prérogative civile ou politique, alors
qu'on en condamne les abus? Nous ne con
testons pas la régence de Louvain la fa
culté de pousser l'extrême l'usage de ses
droits; nou^n'en dénions que l'opportunité,
au triple point de vue des finances, des
études et de la conciliation.
3° Au point de vue religieux. Les loix
Siccardi, dit-on, ne tendent qu'à établir en
Piémont un état de choses assez semblable
ce qui existe déjà chez nous. Pourquoi se
déchaîner contre des réformes auxquelles
nous nons soumettons sans murmure en
Belgique? Ainsi s'exprime le libéralisme
vertueux; comme si nou^ condamnions
autre chose que les actes arbitraires d'un
gouvernement qui necraintpas d'empiéter
sur lesdroitsde l'Église, sanp s'être au préa
lable entendu avec elle; etfqui (apparem
ment pourapplanirlesdiffictiltés) maltraite,
emprisonne des évêques, des religieux qui
n'ont pas su transiger avec leur devoir.
Voilà pourtant quoi se réduit la puis
sante argumentation du Progrès. Sans
doute il n'a jamais prétendu nous con
fondre: fourvoyer les simples et les cré
dules en entassant dans ses colonnes les
mensonges les plus audacieux, telle fut la
tactique constante du parti qui consacra
la maxime célèbre: Mentez, mentezil en
restera quelque chose!
Il faut jouir, en effet, d'une dose toute
libérale d'impudence; pour* taxer, comme
il le fait plus loin, les catholiques Belges
de ressentiment l'égard de Mgr l'arche
vêque de Paris. Nous mettons le confrère
au défi de prouver celte gratuite allégation;
nous le défions encore de nous dire en quoi
le mandement du prélat est contraire aux
actes et aux doctrines du pârti catholique.
Un jour peut-être jugerons-nous propos
d'extraire de cet acte important la condam
nation en matière d'enseignement des prin
cipes libéralistes, au risque de changer en
cris de fureur et de rage les louanges hy
pocrites et intéressées dont on accable au
jourd'hui le vénérable prélat.
Le 10"" Régiment d'infanterie que la
bourgeoisie avait vu retourner avec plaisir
dans nos murs, lors de la levée du camp,
vient de recevoir l'ordre de se rendre
Gand le 28 du mois prochain.
Il n'est personne qui ne s'étonne de ce
brusque changement de garnison assigné
un corps de troupes qui sympathisaient
si bien avec les habitants de cette ville; et
la surprise qu'excite cet ordre inattendu
ne fait que s'accroître quand on se rappelle
qu'il y a peine quelques semaines que ce
régiment a quitté Beverloo pour regagner
notre ville, et qu'on se figure les frais con
sidérables qu'entraînent ces sortes de dé
placements. Serait-il vrai que la troisième
personne de la triade cartonnée, par une
susceptibilité trop grande, motivée sur une
certaine froideur qui régnerait entre les
chefs du 10" et l'autorité communale, au
rait ménagé notre garnisonce courtois
exeat, auprès du ministère?
Le compte d'honoraires adressé par cer
tain médecin une famille de cette ville,
fait les frais de tous les entretiens. Dans
celle pièce il s'agirait tout simplement,
ce qu'on rapporte, d'une somme de 2,500
francs que l'Esculape reclamerait, pour
prix d'une opération qui n'a su conserver
le malade la vie. 2,500 francs pour un
remède sans bon effet, parbleu! nous le
trouvons avec le public, c'est là un fort
salaire. Qu'aurait donc prétendu notre
homme si par l'action de la médecine, le
moribond avait été rendu la santé? Une
ferme trois chevaux, apparemment.
Ainsi que nous l'avions annoncé, c'est
lundi 23 septembre qu'a eu lieu le tir
l'oiseau artificiel offert la garde civique
locale. Vers les 8 heures du soir, les di
verses compagnies Féunies l'Esplanade,
se sont rendues la Grand'place, musique
en tête; leur marche éclairée par des feux
de Bengale, présentait le plus charmant
coup d'oeil. Arrivés dans l'enceinte pré
parée, les gardes se sont immédiatement
livrés au tir; au dix-huitième coup de feu,
l'oiseau atteint, laissait vomir les flammes
que ses flancs recélaient. Par une fatalité
regrettable, le monstre artificiel qui n'au
rait pu être incendié, que par le tuyau de
conduite, a pris feu, par l'une de ces ailes
qu'une balle venait de frapper. C'est le
caporal Verloigne, de la 2°"' compagnie
qui a remporté la médaille offerte, l'oc
casion de cette réjouissance.
Lundi 23 Septembre a eu lieu une céré
monie bien touchante, celle de l'enterre
ment d'un médecin distingué, Monsieur
Taelman, ancien médecin de la garnison
d'Ypres et depuis médecin civil.
Un cortège suivi d'une grande affluence
de monde, et composé de tous les officiers
de la garnison, de la société des anciens
Frères d'Armes de l'Empire, d'un détache
ment du 10°" rég1 de ligne ainsi que de sa
musique, de toutes les notabilités de la
ville, a conduit le défunt au champ dn
repos.
Plusieurs discours y ont été prononcés,
savoir: celui du trésorier de la société des
anciens Frères d'Armes de l'Empire Fran
çais, et de son secrétaire; le premier, M.
Vandooren, a exprimé au nom de la société
et en sa qualité de son ancien compagnon
d'étude un discours d'adieu pour tout le
bien qu'il a fait cette société; le second,
M. De Koninck, a dit quelques mots de
remercîments personnels on ne peut plus
touchants; mais le discours qui a fait le
plus de sensation et a été écouté dans le
plus religieux silence, celui, qui a eu le
don de faire verser bien des larmes, est
celui de son collègue et ami qui le succède
en sa qualité de médecin aux Frères d'Ar
mes, Monsieur le Docteur Dalmote.
Nous nous sommes procurés ce discours
et nous ne croyons pouvoir mieux faire
que de le donner ici, car lui seul il ren
ferme toute la biographie de cet homme
estimable. 6-
VÉRITÉ ET JUSTICE.
Ou s'abonne a Yprès, rue de Lille, 10, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du P.oyaume.
1>RI\ DE I/AI»O.V\EME*T, par trlmentrc,
Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 -5o. Un n° a5.
Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine, (insertions I? centimes la ligne).