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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
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N<> 3433.
34me année.
TPP.ES, 24 AOÛT.
ILS N'ONT QUE 6,000 FRANCS
S'il fallait juger de la situation finan
cière de la Belgique, d'après les exposés
delà presse libéraîiste;s'il fallait se figurer
l'état du trésor, d'après les représentations
du Progrès d'Ypres on serait loin de croire
que rien chez nous ne commence man-
uer tant que l'argent, et que nous vivons
ans un pays qui, grâce la sagesse et
l'habilité administrative de M. Frère, se
trouve avoir pour 105 millions de décou
vert. Tout va au mieux, selon le Progrès,
depuis que M. Malou ne gère plus les af
faires publiques; jamais peuple ne fut plus
heureux que les Belges, depuis l'avéne-
ment du libéralisme. Pour ce journal et
ses agents, on conçoit aisément que l'at
mosphère libéralisle doive paraître douce
et bienfaisante, et que depuis le 12 Août
1847, les hivers quelques froids quelques
intenses qu'ils puissent être ne sauraient
engourdir Mylord et ses confrères; alors
que ceux-ci peuvent s'échauffer en ramas
sant les deniers que les contribuables sont
condamnés leur jeter la tête.
Cependant, ce n'est pas tant cause des
bénéfices que retire le Progrès de la poli
tique nouvelle, mais en vue des faveurs
innombrables octroyées tout chacun,
que ce journal semble régaler ses lecteurs,
d'éloges toujours répétés en l'honneur de
M. Rogier et de ses collègues. Pour le con
tribuable tout est rose que lui sème le mi
nistère devant les pieds; pour le Progrès,
les bienfaits reçus par ses patrons ne con
tentent pas pleinement encore son attente
et ses désirs: c'est le sens que nous avons
pu tirer de l'article, où il déclare que les
commissaires de district n'ont que 6,000
francs d'appointement somme dont il faut
défalquer une partie pour frais de bureau.
Quoi! ciel! les commissaires de district
n'ont que 6,000 francs! ces fonctionnaires
pour lesquels le Progrès voue une sympa
thie si prononcée ne retirent annuellement
du trésor que la bagatelle de douze cents
pièces de cinq francs! le saviez-vous Mon
sieur? le saviez-vous Madame? Et vous
contribuables, qui désirez si vivement
qu'ils soient opérées des économies, et qui
croyiez peut-être qu'il fut possible de les
réaliser sur le traitement d'un commis
saire
Apparemment lecteurs, ni vous ni moi,
ne savions qu'un commissaire de district
ne perçoit que 6,000 francs de charité gou
vernementale. Bien tort, dans le but de
combler le gouffre financier qui n'a que
105 millions de pieds de profondeur, quel
qu'un eut-il voulu qu'on supprimât les
commissariats, ou qu'on rétrécit la pen
sion des estimables, titulaires pour 6,000
francs que retirent les commissaires, vaut-
il bien la peine qu'on exige que les me
sures économiques frapassent ces hommes
qu'un pur patriotisme seul est capable de
garolter dansces fonctions pénibles? Toute
peine vaut salaire; partant il est bien juste
que le contribuable paye aux commissaires
de distric t 16 francs par jour. Tel qui con
naît la vie d'un de ces fonctionnaires se
refusera-l-il apporter sa quote-part dans
cette rétribution modique? S'éveiller 10
heures du matin; se faire apporter dans
son lit les premiers-Bruxelles; prendre un
copieux déjeuner; se donner la peine de
r.espirer pendant deux heures, l'air mal
sain de la bureaucratie; s'asseoir une
table succnlante; reprendre de nouveau le
chemin qui conduit une infinité de pape
rasses auxquelles il s'agit d'apposer sa
signature; faire une promenade quelque
villa; assistera un bal champêtre, regagner
sa demeure l'effet de satisfaire aux ca
prices de l'estomac; passer la soirée dans
une société choisie, se mettre au lit vers
les minuit; est-ce là une vie riante et
agréable? et ceux qui la mènent par atta
chement la chose publique, par désin
téressement et le désir louable d'être utile
leurs semblables ne méritent-ils point
qu'ils jouissent du pour-boire annuel de
6,000 francs
En esquissant les occupations ordinaires
d'un commissaire de district nous croyons
avoir sufïïssamment démontré que le trai
tement de ces dignitaires n'est susceptible
d'aucune diminution; si aux travaux de cha
que jour d'un commissaire, nous joignions
les pénibles charges qui leur incombent,
de temps autre, telles que, passer la re
vue des gardes champêtres, faire la chasse
électorale, boire un bon verre de Cham
pagne aux frais des fermiers membres de
l'Association agricole, pour se fourrer les
bras et le corps dans une casaque galon
née, certes il n'est plus personne qui ne
proclame insignifiant, minime le traite
ment d'un commissaire.
Un secrétaire communal de la tête du
quel il ne sort quelquefois que de la fumée
de cigarre reçoit pour appoinlement 2,539
francs par an, avec combien plus de raison
les commissaires de district qui parfois se
trouvent dans la nécessité de prononcer
des discours carottes et betteraves n'a-t-il
droit une rétribution de 6,000 francs.
6,000 francs, pour la fonction de Com
missaire, finalement, nous le disons donc,
c'est peu de choses. Et loin de demander
qu'on opère sur ces fonctionnaires des éco
nomies; nous aimerions mieux qu'on les
délivre de leur charge en délivrant le pays
de leur entretien ainsi les services rendus
ne seraient plus, au jugement de certains
journaux, trop insuffLsaimnent rétribués
par le trésor, et les très honorables dont
le père jouit d'un revenu d'environ 50,000
francs, pour prouver leur désintéressement
et leur abnégation, outre l'uniforme d'au-
trui ne mendieraient plus au ministère 6
raille francs des contribuables.
En arrivant aux affaires, M. De Haussy
fut encensé, par la presse libérale comme
le furent tous ses collègues. La conduite
administrative du ministre de la justice,
ses principes choquants en matière de
bienfaisance, de fabrique d'église, de culte,
et de discipline ecclésiastique; le désarroi
qu'il a jeté dans l'ordre judiciaire lui va
lurent le blâme de bien de gens qui l'a
vaient couvert d'abord de leurs adulations;
tellement qu'il est permis de dire que M.
De Haussy est tombé sous le poids du mé
contentement etdel'indignation qu'alluma
ses balourdises.
Le pauvre du sein du quel le réforma
teur libéraliste a détourné tant d'aumônes:
le vieillard auquel M. De Haussy a causé
tant de pleurs, en lui refusant comme cela
se voit Vlamerlinghe,les dons que la phi
lanthropie chrétienne voulait lui prodi
guer; la veuve et l'orphelin tant de fois
molestés quand la religion s'offrit leur
servir d'époux et de père; la sœur de cha
rité dont en vain l'ex-minislre de la justice
s'efforça de refroidir le dévouement et le
zèle tous l'envi bénissent le jour qui dé
posséda de ses fonctions ministérielles un
homme dont les principes en matière de
charité portent malheur au pauvre, la
religion, la patrie. Oui, tout homme qui
porte dans sa poitrine un cœur Belge ap
plaudit la chute du ministre libéraliste,
et dans sa retraite M. De Haussy n'emporte
rien moins que le regret de ses compa
triotes. Un journal, un seul que nous sa
chions, s'est hasardé de couvrir encore
l'exécuteur de la bienfaisance, de ses élo
ges: C'est le Progrès d'Ypres. Que M. De
Haussy ajoute ce fleuron sa couronne
civique. L'éloge d'un tel journal est la con
damnation la plus sévère de ses principes
religieux et politiques.
DISTRIBUTION ^ES PRIX
COLLÈGE SAINT-VINCENT DE PAUL.
Mercredi, 21 août, 3 heures de relevée,
a eu lieu aux Halles la distribution solen
nelle des prix aux élèves du collège S1
Vincent de Paul.
La grande affluence de monde, qui se
pressait dans la vaste enceinte, attestait
hautement des sympathies dont cette insti
tution est l'objet. La bourgeoisie yproise
ne saurait oublier que le collège S1 Vincent
est son ouvrage; et certes un étroit esprit
de parti n'a rien voir dans les sacrifices
pécuniaires qu'elle s'impose chaque année
en sa faveur.
M. le curé-doyen Welvaert, en sa qualité
de délégué de S. G', l'évêque de Bruges,
VÉRITÉ ET JUSTICE,
On s'abonne a Y près, rue de Lille, 10prés la G i amie
Place, et chez les Perci pleins des Postes du Royaume.
PRIX DR LMIIOSNRMRWT, par trimestre,
Yprt-s fr 3. Les autres localités fi 3 5o. Un n° a5.
Le Propagateur parait le S.VVIRDI et le MRIICItRDI
de chaque semaine (Insertions 19 centimes la ligne).
(Communiqué.)
AUX ÉLÈVES DU