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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3432.
34™o année.
7??.ES, 21 Août.
Décidément le Progrès a lié sa cause
celle de la troupe dramatique du sieur Pon-
net. Rien que quelques laconiques paroles
d'improbalion envers un délassement que
tous les moralistes ont condamné, nous
valent de sa part toute une kyrielle de plates
injures. A son langage il est facile de recon
naître qu'en la personne de ces clients nous
l'avons frappé au plus intime de l'âme.
Certes,nous ne relèverons guère ses bouta
des niaises; mais il nous répugne de lui
laisser le champ libre jusqu'à prétendre
qu'à Rome on tolère les représentations
scéniquesetquea même des chefs del'Eglise
y assistent, Qui ne sait en effet que les
théâtres Rome n'ont rien de commun
avec les nôtres. Soumis la censure Jes
spectacles dramatiques ne sont le plus
souvent que de simples farces assez sem
blables aux drôleries dont paillasse dans
les entremèdes d'un cirque olympique
régale les enfants et les spectateurs de la
classe ouvrière. Dès lors on conçoit aisé
ment que même des membres du clergé
puissent sans déroger jouir d'un spectacle
aussi innoncent.
A vrai dire l'ardente susceptibilité qu'af
fiche la feuille libéraliste en faveur d'une
troupe nomade de comédiens nous sem
ble d'un ridicule achevé.
DISTRIBUTION DES PRIX
COLLEGE COMMUNAL.
Hier, 20 de ce mois, a eu lieu au local
des halles la distribution des prix aux
élèves du collège communal. On remar
quait dans l'assistance les autorités civiles,
ecclésiastiques et militaires.
Un joli drâmea ouvert celte fêle. L'avocat
Patelinscène comique renouvelée d'une
vieille farce datant des premières années
du XVI1" siècle, garde encore sous sa livrée
moderne la finesse et la joyeuseté gauloises.
Les divers rôles ont été remplis avec beau
coup de tact et d'aplomb par les jeunes
acteurs. Citons parmi eux MM. Ch. Iweins
et H. Vercamer, qui dans les personnages
de Patelin et de l'honnête Monsieur Guil
laume ont provoqué un rire des plus sym
pathique.
A la suite de cette recréation dramati
que, M. le professeur Gorrissen a lu une
dissertation philologique sur l'étude simul
tanée de la langue flamande et de la lan
gue française. Les rumeurs qui régnent
d'ordinaire en pareille circonstance sur les
bancs éloignés de l'estrade et la voix peu
sonore de l'orateur nous ont fait perdre
différentes reprises le fil de son discours,
et même ne nous ont pas permis de saisir
toute sa manière de voir et de résoudre la
question qu'il avait prise pour texte.
Enfin la distribution deS prix est venu
clore cette belle solennité;,fête aimable et
pure, puisqu'elle est toute entière consa
crée la jeunesse.
Voici les noms des élèves qui ont ob
tenu des prix
Charles Iweins; Séverin Jéempen; Louis
Dujardin; Léopold Peckel; Henri Iweins
Adolphe Iweins; Eugène Hennion; Alphonse
Verscliaeve; Gustave LiebaertHenri Verca
mer; Pierre Liebaert; Aimé Petit; Louis
Beele; Léopold Van Single; Jules Lameere;
Edouard Cardinael; Eugène Iweins; Emile
Nevejan; Polidore PeckelHenri Creus; Jules
Six; Léopold Duhameeuw Emile Joos; Louis
Lapiere; Paul Vande Broucke; Joseph Car
dinael; Félix Sursan; Arthur Verhille; Jules
Panlier; Edouard Vermeersch; I^ouis Comyn;
Gustave Louf; Herman Dujardin; Emile Van-
tlioll; Polidore Dehem; Victor Hentel; Gus
tave DelaruvjiereLéopold Tombeur; Guil
laume Kuypers; Charles Liebaert; Charles
Otto; François Descoville; Florimond Tert-
zweilJulien Vandaele; Gustave Bits; Félix
Detlioor; Auguste Levasseur; Gustave Antony;
Alphonse ISavez; Théodore Verschaeve, et
Alfred Lameere.
Nous apprenons qu'une liste de sous
cription, déjà couverte de nombreuses sig
natures, circule parmi les habitants,
l'effet d'offrir, Dimanche 25 Août, au jar
din Tivoli, une fête champêtre MM. les
officiers du 10me de ligne, en témoignage
de la sympathie générale qu'a su acquérir
parmi nous ce beau corps de troupes.
UN CLÉRICAL.
Au cri d'angoise que poussait le père
des fidèles, le vénérable Fie IX, alors que
le ministère Rogier lésait l'enseignement
catholique par la loi sur l'instruction
moyenne; la voix de l'illustre champion
de la justice et de la vérité, de M. de Mon-
talembert, dont la noble parole stigmatisa
toutes les tyrannies, nos feuilles soi-disant
libérales se drapant dans leur dignité trou
vèrent bon de cacher leur dépit sous un su
perbe dédain. A les en croire Pie IX aussi
bien que Montalembert obéissaient une
pensée politique. Calolins!tel est le
dernier mot des grands hommes de la po
litique nouvelle.
Cependant aux cléricaux illustres que
nous venons de citer, voici qu'un nouveau
nom est venu s'adjoindre, c'est celui de
l'ex-ministre de Louis-Philippe, le protes
tant Guizot. Nous lisons en effet ce qui suit
dans l'Organe des Flandres
a Lors de la discussion de la loi sur l'en
seignement moyen, M. Guizot disait un
des amis du rédacteur du Journal d'Anvers
ces mémorables paroles
Il y a deux choses qu'il vous faut pré-
o cieusement conserver en Belgique, l'es-
prit religieux du peuple et les franchises
communales; la loi que l'on discute en
ce moment chez vous, doit miner la
fois ces deux bases de votre nationalité.»
INONDATIONS.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
Ou s'abonne Y près, rué de Lille, 10, près la Giaude
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX. DE LMBtlIEMENT, par trimestre,
Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Uu n° 25*
Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine (Insertions 19 centimes la ligne).
AU
iiTO"gfrT
Daos sa séaoce de samedi dernier le conseil com
munal d'Eecloo a de'cidé de soumettre son collège
au re'gime de la nouvelle loi sur l'enseignement
moyen.
Le conseil communal de Thielt a pris la même
de'cision dans sa séance du i4 de ce mois.
Samedi, cinq heures du soir. Une inon
dation plus terrible que celle de 1820 désole en
ce moment non-seulement les faubourgs riverains
de la Senne, mais encore tout le bas de la ville
de Bruxelles.
Toutes les autorités sont sur pied, tous les ha
bitants en émoi.
Il paraît qu'une écluse du canal de Charleroy
est rompue et que le canal se deverse dans la Senne.
Un véritable torrent s'est formé dans les rues de
Flandre, du Reropart-des Moines, au Marché-aux-
Cochons, rue d'Ophem, de Locqnenghien, etc.
L'eau se précipite comme des cascades près du
pont des Barques, dans le canal de Willebrouck.
Le Marché-aux-Grains se trouve compris dans
les quartiers inondés, et l'on craint que cette nuit
l'eau n'arrive au-delà même de la place de la
Monnaie.
Près de l'église de Bon-Secours, la rue Petite-
Ile, le quartier du Vieux-Marché et de la rue d'An-
derlecht, la rue des Fabriques, des Six Jetons, etc.,
tonte cette localité est inondée.
On sonne le tocsin; les moyens de sauvetage
s'organisent activement.
Dans la rue de la Fiancée, derrière les Augus-
tins, l'eau couvre déjà le pavé de plusieurs pieds.
Sept heures du soir. Le canon d'alarme ne
cesse de se faire entendre; l'inondation devient de
plusen plus menaçante; elle envahit en ce moment
les rues du centre de la ville et tous les abords de
la station du Midi.*
La place St-Géry devient inabordable. Les in
génieurs sont occupés de tous côtés avec les au
torités.
Huit heures du soir. L'inondation ne s'arrête
pas encore. Toute la population du bas de la ville
est consternée.
On a déjà quelques malheurs a déplorer indé
pendamment du sinistre qui nous afflige de toutes
parts. Au Marché-aux-Grains un homme a été en
traîné dans le Bassin de Sle-Catherine, on a pu le
retirer, mais le malheureux ne donnait presque
plus signe de vie lorsqu'ou l'a conduit l'hôpital
St-Jean.
M. le bourgmestre qui parcourt cheval, tous
les quartiers inondés, vient d'ordonner de concert
avec l'administration des hospices, de mettre tous
les lits disponibles dans les hôpitaux et hospices
la disposition des malheureux inondés qui se
raient munis d'un billet délivré par un commissaire.
Mais voici un sinistre bien autrement déplorable
qui s'est passé pour ainsi dire sous les yeux de celui
qui, le cœur navré, a peine le courage d'écrire
ces lignes.