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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
3428.
34me année.
7P3.ES, 7 Août.
Dimanche, 4 août, la belle procession
de Notre Dame de Tuyn, sortie de l'église
S' Martin, a parcouru son itinéraire accou
tumé, secondée par un temps des plus
favorables. La gendarmerie ouvrait la
marche; venaient ensuite les gonfaloniers
et les acolytes de l'église; un détachement
de la garde civique; le superbe buste de
de S4 Martinpatron de l'œuvre de la mi
séricorde, précédé de sa bannière; l'image
de la Vierge, patronne d'Ypres, qu'accom
pagnait un chœur nombreux de jeunes
enfants au costume gracieux et symbo
lique, aux gonfanons légers; puis le Saint
Sacrement que portait sous un dais M. le
curé doyen de la paroisse, entouré d'un
nombreux clergé et suivi de l'autorité mu
nicipale; enfin un détachement de la garde
civique fermait la marche. Le corps de
sapeurs-pompiers formait ia haie.
Comme nous venons d'en faire la re
marque, deux détachements de la garde
civique s'y étaient librement rendus, sti
mulés par la bienveillante autorisation du
major commandant. Eux du moins avaient
compris l'honneur immense que faisaient
rejaillir sur leurs jeunes armes les actes
héroïques de nos pères. Eux du moins
avaient compris, que soldats-citoyens, il
leur était permis de marcher tête haute
dans cette auguste commémoration des
triomphes de la bourgeoisie yproise d'au
trefois. Ils n'ont pas cru avilir leur uni
forme et leurs armes, alors qu'ils les por
taient dans la cérémonie sainte où nos
vaillants ancêtres portèrent jadis leurs
cuirasses bosselées dans la lutte et ces
épées redoutables qui avaient sauvé nos
remparts. 11 est d'autres lieux, que nos
pères ne connaissaient pas, où trop sou
vent se souillent des épaulettes!
Espérons toutefois, qu'un grand nom
bre d'absents (sans juste motif) n'avait pas
sondé la haute signification du plus pa
triotique des souvenirs. Mais l'étranger,
qui peut-être en a appris quelque chose,
de quel œil jugera-t-il l'inqualifiable apa
thie de ces hommes qui semblent rougir
dé cç qu'ils devraient revendiquer comme
un droit et comme le plus beau fleuron de
leur couronne civique.
Nous n'en dirons pas autant du groupe
vêtu de noir qui suivait immédiatement le
Saint Sacrement. En vue de leur propre
dignité nous dispenserions volontiers nos
magistrats communaux d'étaler aux yeux
de tous ce superbe dédain, dont ils sem
blent si fiers, pour les préjugés de la foule,
pour des superstitions surannées. Eh! mes
sieurs, si vous ne voulez eu n'osez res
pecter, en celui que le chrétien adore, les
convictions les plus intimes, les plus sa
crées de vos commettants, ayez au moins
le bon esprit de comprendre que votre pré
sence dans le cortège religieux n'est qu'une
anomalie étrange, un disparate sans nom.
Beaucoup de personnes ne voient pas
sans appréhension, par une époque de
grandes chaleurs, la tolérance de l'autorité
quant la libre circulation sur la voie pu
blique de chiens non muselés. Espérons
que nos édiles auront égard au grief mo
tivé que nous signalons.
Une pluie deluvienne a assailli la ville
et sesenvirons hier après midi. L'obscurité
prématurée préluda d'une manière sinistré
l'averse qui tomba ensuite par torrents
et continua durant toute la nuit. Ce matin
cinq heures la pluie était parsemée de
grêlons. Elle cessa plus tard dans la ma
tinée. L'eau a envahi l'église de S1 Martin.
L'orifice des égoûts ne pouvant absorber
la masse liquide qui tombait, elles'étendait
en larges flaques dans les rues et les places
publiques. Beaucoup de caves ont été inon
dées. Des personnes de Sladen arrivant
près de Poelcapelle ont du rétrograder et
faire route par Roosebeke, les chemins
étantimpraticables. Les prairies Verdronken
Weide sous le canon de la ville sont sous
eau: de nombreuses meules de foin flot
tent dispersées. Les récoltes sont partout
renversées.
L'intrusion des étrangers dans les em
plois et les fonctions publiques est un abus
qu'aucun peuple, ne voit se pratriquer d'un
regard indifférent. Bien que l'histoire dé
peigne les Belges comme étant la plus pai
sible, la plus hospitalière des nations, ce
jugement n'infère point que nous soyions
bonaces jusqu'à tolérer de gaieté de cœur,
que les avanturiers de tous les pays, vien
nent en masse manger au râtelier de l'Etat,
le foin que les contribuables y apportent.
Pétrisdu plusardent patriotisme, les Belges
toujours manifestèrent leur aversion pour
un système qui tendait leur préférer l'é
lément étranger celui de leur commune
famille: les nombreuses pétitions qui con
tribuèrent pour une large part emmener
la révolution de 1830 confirment ce dire.
Ce qui en 1850 et d'autres époques, for
maient notre caractère, le constitue encore
ce jour. D'où vient donc que le minis
tère foulant aux pieds le sentiment na
tional ose grossir chaque instant l'essaim
d'employés étrangers qui s'est abattu au
milieu de nous? D'où vientque récemment
encore en dépit des droits acquis de vingt
médecins militaires Belges, le cabinet ait
nominé aux grades vacants de médecin de
garnison deux français, MM. Merchie et
De Caisne? En outrageant la dignité du
pays croit-il étendre sa popularité sa puis
sance? Ea voyant la démission donné par
M. Lengrand médecin du régiment des
guides, au moment où il apprit que des
étrangers venaient d'obtenir la place que
méritaient ses compatriotes, que M. Ro
gier juge du mécontentement et de l'ir
ritation que les naturalisations innombra
bles, et les faveurs données aux étrangers
sèment en Belgique. Les pétitions qui se
signent dans plusieurs villes contre cet
abus, sont une preuve irrécusable que la
manière de voir de M. Lengrand est celle
de tous les Belges, ses frères.
LES ÉCONOMIES DE M. ROGIER.
La politique nouvelle, et en particulier
son chef M. Rogier nous avaient prorais
des économies en masse. Les contribuables
le savent, ils en ont eu la satiété: les em
prunts forcés, les expositions, la garde ci-
viquesurtout, nous en donnent encore tous
les jours. Aux yeux du public, M. Rogier
peut donc juste titre être considéré com
me un ami d'économies publiques. Pour sa
personne et sa famille, il ne dévoile pas
un moindre gout d'épargner l'argent de
l'Etat. Veut-on en avoir une preuve, il
suffit de voir l'aperçu du compte que nous
avons régler annuellement avec le mi
nistre et sa famille:
M. Charles Rogier a comme ministre
de l'intérieurfr. 21,000
Feu, logement, lumière, mobi
lier, etc40,000
Son frère Firmin, ambassadeur
Paris30,000
Son beau-frère, outre un traite
ment de4,000
logement et accessoire3,000
Ensemble pour les trois mem
bres de l'honorable famille Ro
gier fr. 98,000
Contribuables qu'en dites vous, encore
quelque famille Rogier, et nous faudra-t-il
payer encore des contributions?
VÉRITÉ ET JUSTICE.
Ôn s'abonne Ypres, rue de Lille, 10, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX DE L'ABOIWEMEIT, par trimestre,
Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un n° a5.
Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine, (insertions 19 centimes la ligne).
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