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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N<> 3426.
34me année
7P3.3S, 31 Juillet.
L'AGRICULTURE
ET LE MINISTÈRE ROGIER-FRÈRE.
L'agriculture est de tous les arts, celui
qui mérite le plus d'égards, le plus de pro
tection le plus d'encouragements des gou
vernements et des peuples. Elle est, comme
l'observe bien justement un écrivain mo
derne, la source des véritables richesses
qui suffisent la nécessité et même aux
délices, qui sont le principal revenu d'un
État et qui lui tiennent lieu de tous les au
tres s'ils venaient lui manquer. Quand
les mines d'or et d'argent seraient épuisées
et que l'espèce en serait perdue; quand les
perles et les pierres précieuses demeure
raient cachées dans le sein de la mer et de
la terre, quand le commerce serait interdit
avec les voisins quand tous les arts qui
n'ont d'autre objet que l'embellissement et
la parure seraient abolis, la fécondité seule
de la terre tiendrait lieu de tout; elle four
nirait une ressource abondante aux besoins
publics, et elle servirait nourrir et le
peuple, et les armées qui le défendraient.
Il n'est donc pas étonnant, après ces
considérations que l'art de labourer les
champs, que la profession de cultivateur
ait été si fort en honneur chez les anciens,
et que des plumes immortelles y aient con
sacré leurs chants et leurs éloquence.
Mais ce qui doit surprendre toute intel
ligence sensée ce qui révolte tout homme
raisonnable c'est de voir l'oubli, l'indiffé
rence, le dédain qu'affichent les héros de
la politique libéraliste, envers celte classe
de la société dont Virgile a parlé en ces ter
mes Agricola incurvo terram dimovit aratro:
Hinc anni labor, hinc patriam, parvosque
nepoles suslinet;
11 est vrai, sous un brillant dehors le
ministère étale toutes sortes de mesures
soi-disant protectrices pour l'agriculture;
dans les chambres; dans les conseils pro
vinciaux on proteste partout d'une bien
veillance sans bornes pour cette branche
essentielle et première de la fortune pu
blique, mais les actes posés jusqu'ici par
les Mécènes de la libéralerie ne confirment
aucunément les affections et les phrases
oslentatrices des Attale et des Archélans
du 12 Août 1847, ou plutôt ces mêmes ac
tes sont la preuve la plus évidente de l'im
portance sécondaire que le cabinet attache
l'agriculture, et de l'estime froide et dou
teuse qu'il voue l'égard des culvateurs.
Pour subvenir aux besoins de l'industrie
agricole quel est le moyen Je plus efficace
dont un gouvernement puisse se servir?
Caton, le docte Calon nous l'offre dans la
définition qu'il donne de lîagronomie par
ces paroles fumer, bien, fumer, fumer
beaucoup.
En soi, cet axiome renferme la leçon la
plus importante concernant la science agri
cole. Les hommes d'Etat comme les fer
miers devraient ne jamais la perdre de
mémoire. A ceux-ci, il est vrai de le dire,
la nécessité de fumer, et d'engraisser les
terres est une vérité bien comprise; mais
les moyens de la mettre en pratique font
défaut plusieurs; c'est aux gouverne-
nements d'y rémédier par des lois sages et
par toutes sortes de mesures protectrices,
telles que diminutions de charges et d'im
pôts, création de débouchés commerciaux,
faveurs accordées au travail agricole. Or,
quelles sont les panacées que le ministère
Rogier-Frère se vante d'avoir prouvées
dans le but de tirer l'agriculture du fatal
malaise où elle se trouve engouffrée? En
quoi consiste la protection que le pro
gramme du 12 Août a solennellement pro
mise aux cultivateurs des "quatre coins de
la Belgique?
Consultons le passé; arrêtons nos re
gards sur le présentât pour louleexécution
des promesses les plus pompeuses nous ne
voyons que les expositions agricoles, dont
au dire des personnes expertes, tout le ré
sultat se borne laisser l'agriculture telle
qu'elle est, et extorquer les précieux
deniers aux pauvres contribuables;
La création des écoles agricoles, où pour
se passer de l'expérience, on apprend
labourer herser, semer, faucher se
lon les règles du libéralisme sauveur des
Flandres, est encore une de ses inventions
de la politique nouvelle, dont l'effet serait
de faire rire nos vieux et sages fermiers,
si tous ces amusements ne leur valaient un
surcroit de dépenses et n'apportaient au
cune amélioration leur sort.
Voilà jusqu'à présent les mesures prises
par le ministère pour sauver l'agriculture.
D'autres petits moyens ont été mis en œu
vre par les histrions de l'époque dans le
but louable de convertir la Belgique en une
autre Egypte; la presque libre importation
du froment étranger, le projet d'augmenter
la contribution foncière mis au jour par
M. Frère; la proposition faite de frapper
le tabac; et d'imposer un droit sur les suc
cessions en ligne directe ne sont-ce pas la
autant de fait qui dévoilent la sympathie
du ministère pour l'agriculture, et qui,
réduisent leur juste valeur, les promesses
ébruitées par les Pierrot de la politique
nouvelle?
Cultivateurs! Comment pourrez-vous
marquer toute votre reconnaissance pour
les bienfaits dont M. Rogier vous a com
blés? Que ceux qui ont voté pour les adeptes
du libéralisme considèrent et réfléchissent,
et ils verront ce qu'ils ont profité, par l'a-
vênement des soi-disant libéraux aux af
faires!
DES ÉTRAHGERS.
La Belgique compte 4,000 étrangers
dans les emplois civils et militaires, de
1840 1849 elle a accordé 728 naturali
sations dont 428 en faveur de ceux qui
occupaient déjà des places en violation de
la Constitution. Au commencement de la
session de 1849 le nombre de demandes
portées au Sénat s'élevait 94, dont 75
adressées par des fonctionnaires publics.
On révoque de leurs fonctions les Belges
les plus capables, leur famille se trouve
dans la misère pour entretenir une lèpre
qui ronge le pays et le conduit l'abyme.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abouue Y près, rue de Lille, 10, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX DE L'ARDTXEMEWT, par trlmefltre,
Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un n° a5.
Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine, (insertions il centimes la ligne).
rlOQOna—
Phare.)
M. Cuvelier, professeur au collège d'Ypres, est
nommé vicaire Woumen.
M. Renier est nommé coadjuteur Deerlyk, où
il est directeur du pensionnat.
Le Moniteur publie ce matin l'arrêté royal
qui nomme, ainsi que nous l'avons déjà annoncé
depuis plusieurs jours, M. le lieutenant-général
baron Chazal commandant militaire de la 2' divi
sion territoriale et gouverneur-militaire de la ré
sidence royale, en remplacement du lieutenant-
général baron Prisse, appelé a d'autres fonctions.
{Phare.)
L'édifice ministériel chancelle de plus en plus
dans: le Journal des Flandres, qui fut l'un des
défenseurs les plus dévoués de la politique nou
velle, on lit ces lignes significatives:
Depuis la fin de la session, M. Rogier semble
vouloir abandonner les principes de la majortié, ét
chercher un appui auprès des gens dont nous avons
combattu constamment les principes. Si les cham
bres sanctionnaient de pareils actes, si le cabinet
devait h l'avenir s'appuyer sur la Nation et sur le
Messager, nous saurions comprendre notre devoir,
et nous n'hésiterions pas h abandonner 1111 minis
tère qui nos yeux entrerait dans une voie fatale
au pays.
Le Journal de Charleroy rapporte sur le chan
gement du ministère les bruits suivants, que nous
donnons pour ce qu'ils valent
Le remplacement de M. Rolin au ministère
des travaux publics et celui de M. Chazal au mi
nistère de la guerre, vont peut-être nécessiter un