JOURNAL D'YFRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N° 3409. Samedi, 1er Juin 1850. 33me année.
7P3.ES, 1er Juin.
AUX ÉLECTEURS DU DISTRICT D'YPRES.
Électeurs! si dans ce moment critique
où la religion et la société sont battues
audacieusement en brèche; si celle épo
que néfaste où le trône et l'autel sont par
tout sapés dans leur base essentielle par
l'impiété, la licence, et l'ambition coali
sées, chaque peuple, chaque habitant de
l'Europe a un devoir impérieux "remplir,
certes il n'est point de mission plus glo
rieuse que celle que la Providence imposa
notre patrie, il n'est point de tàcbe plus
noble qHe celle qu'elle assigna aux Belges,
fils de Robert, d'Euslache, de Godefroi.
Seul pour ainsi dire, sur la vaste mer
Européenne, houleuse agitée, le navire
dont Léopold, le meilleur des monarques
est le capitaine, s'élançait tranquille dans
l'avenir, en silonnant d'un regard majes
tueux les vagues soulevées du 19"" siècle.
Ah! quel spectacle éblouissant! A sa vue
chacun se réjouissait et se livrait aux plus
doux transports d'allégresse! Mais, hélas!
voilà que des vents furieux surgissent sou
dain, balottent le navire de notre natio
nalité, menacent d'emporter ses voiles et
agrès, et jettent l'inquiétude dans l'âme de
quiconque a les yeux fixés sur notre em
barcation précieuse.
Électeurs! vous nous avez compris trop
bien pour qu'il soit besoin que nous dé
gagions notre pensée de toute figure. Oui
vous l'avez dit avant nous, et l'Europe en
tière le proclame: les vents qui-battent
notre vaisseau de l'Etat sont les lois fu
nestes qu'un ministère, dominé par l'in
fluence clubisle, imposent la Belgique;
ce sont les lois contraires au sentiment, au
caractère, aux principes du brave peuple
Belge que des représentants exclaves des
loges maçonniques volent dans l'assemblée
législative; c'est la loi sur la presque libre
importation des céréales étrangères si rui
neuse pour l'industrie agricole; c'est la loi
sur l'enseignement moyen qui foule aux
pieds les droits de la commune, les inté
rêts de la famille, l'influence tutélaire de
la religion catholique; c'est le dessein for-
mépar le ministère libéraliste,d'augmenter
la contribution foncière; d'établir un droit
sur les successions en ligne directe avec
rétablissement du serment; c'est le parti
pris d'imposer le tabac et d'autres denrées
coloniales!
Électeurs! ce qui surtout nous menace
tôt ou tard d'une tempête c'est l'inoculation
dans le corps social des doctrines de ce
parti qui sous prétexte d'amélioration et
de réformes salutaires s'est introduit dans
l'enceinte législative et n'y figure que pour
emmener le triomphe des passions et des
préjugés sur la raison et le bon sens des
masses.
Electeurs! sachons détourner de notre
patrie les maux dont l'avenir la menace;
gardons-nous d'envoyer dans les chambres
des députés affiliés aux associations secrè
tes, aux coteries libéralisles; au lieu de
peupler l'assemblée législative de repré
sentants des clubs, dotons-la d'hommes
éclairés, intelligents; libres de toute in
fluence extra-parlementaire, attachés la
religion et nos libertés, en un mot prêts
repousser toute mesure hostile nos in
térêts sociaux et religieux
Sous ce rapport quels noms peuvent
vous donner plus de garanties que ceux
de MM. JULES MALOU et CHARLES VAN
RENYNGHE. Les injures et les calomnies
auxquelles ces candidats sont en butte,
dans l'organe du libéralisme voltairien de
notre ville confirment assez le jugement
que nous portons de leur personne, et
l'excellence de leurs principes politiques;
les sarcasmes dont les écrivains et orateurs
des clubs l'accablent témoignent de leur
patriotisme, de leur amour au bien public,
etdeleuraversionpourleparliqui a perdu
la France, la Suisse et l'Europe presqu'en-
tière.
Electeurs! choisissons ces hommes! En
dépit des promesses et des menaces des
courtiers clubistes donnons-leur nos suf
frages! La loi garantit le secret du scrutin.
Aucun motif de complaisance ou d'inti
midation, ne saurait donc vous engager
leur réfuser vos votes.
Courage donc, vengeurs des libertés de
1830 compromises par un ministère clu
bisle, soyez votre poste! faites sortir
triomphants de l'urne, une majorité im
posante, MM. JULES MALOU, et CHARLES
VAN RENYNGHE! et par leur entrée dans
les chambres, la çeligion, l'agriculture, la
liberté, les intérêts publics se réjouiront
de compter des défenseurs et de vaillants
champions de plus dans l'assemblée légis
lative.
CANDIDATURE DE M. VAN RENYNGHE.
vérité et justice.
On ^'abonne Yprès, rue de Lille, io, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Boyaume.
PRIX DE L'ABDVKEMEIVI', par trimestre,
Ypres fr 3. Les autres localités fi 3 5o. Un n# a5.
Le Propagateur pàratt le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine, (insertions 19 centimes la ligne).
Il est des hommes dont le caractère loyal et
indépendant réveillera sans cesse les antipathies
instinctives des feuilles nourries d'impostures et
servjlement vouées aux coteries libéralisles. Pour
elles les actes de ces hommes ne sont rien moins
qu'un reproche vivant, une flétrissure indélébile.
C'est ainsi que l'organe du pseudo-libéralisme
Yprois poursuit de ses clameurs et de ses invectives
l'honorable M. Van Renynghe. Quelques puérilités
ridicules étayées du caquetage décousu des brouil
lons d'une petite ville et surtout des suppositions
gratuitement formulées par la marveillancefor
ment tout le bagage de guerre du Progrès. Le
reproche qu'il n'a pas boute de formuler contre
l'honorable représentant, c'est celui d'égoïsme il
est le texte de ses arguties chicanières.
Rien ne prouve, ce nous semble, plus puissam
ment que cette imputation les cruels embarras du
folliculaire aux abois. M. Van Renynghe, un
égoïste Nous n'entrerons pas ici dans le champ
des personnalités; nous n'éplucherons pas les can
cans odieux de taverne et de rnelle. Ces manoeu
vres peuvent sourire aux beaux esprits progres
sistes, et satisfaire leur intelligence et leur raison.
Mais nous, nous invoquons les actes de nos man
dataires, et ces circonstances où l'homme public se
décèle tout entier.
Lorsque, ponr la première fois, se produisit la
candidature du bourgmestre de Poperinghe, c'était
en i84i. A cette époque, le libéralisme h l'état
d'infime minorité dans les chambres, affectait une
modération extrême; les traditions consacrées chez
lui étaient ceux du Congrès national; il soutenait
avec nous l'intervention du prêtre dans l'ensei
gnement titre d'autorité. Libéral modéré et
unioniste, M. Van Renynghe ne rejeta pas tout
d'abord la candidature qu'il lui offrirent. Sans
doute son caractère n'allait pas h leurs vues ulté
rieures; mais plus que tout autre, ce choix offrait
des chances précieuses de succès. Durant les pour-
parler préliminaires, M. Van Renynghe put enfin
apprécier ces hommes se posant en régénérateurs
du monde; il put sonder leurs vues égoïstes et
leurs dispositions secrètes. Dès lors tout fut dit
entre eux des deux côtés on s'était compris, et
l'honorable bourgmestre rompit décidemment avec
ces hommes qui avaient désillusionner encore
tant de dopes et de victimes. Menées, déclamations,
calomnies, promesses consolidèrent définitivement
leur pouvoir. Le congrès libéral enfanté dans on
jour de délire, les clubs déchaînant sur le pays le
souffle des passions mauvaises et des doctrines em
poisonnées; enfin le libéralisme s'identifiant chaque
jour davantage dans les partis les plus contraires h
noire nationalité et h nos formes sociales tels
étaient les maux qui pesaient sur la Belgique,
Iorsqu'en 1847 le collège électoral d'Ypres hit
convoqué h l'effet.d'élire un Représentant.
Déjà les injustes préventions inoculées chez on
grand nombre et l'engouement étraoge qui s'atta
chait de toute part aux utopies libérales, faisaient
prévoir la retraite du ministère catholique et l'avè
nement de ses adversaires. Une politique étroite et
froidemeut intéressée eut indubitablement rallié
M. Van Renynghe a la cause du plus fort. En
effet, il avait tout h attendre d'elle sa positioa
sociale, son influence de premier magistrat de Po
peringhe rendaient son alliance éminemment pré
cieuse. M. Van Renynghe ne s'arrêta pas ces
calculs intéressés, auxquels plus d'un néanmoins
se serait laissé séduire. Sur la brèche largement
ouverte il se posta pour la défendre. Entré h la
Chambre de Représentants, alors que le parti
conservateur s'y trouvait en minorité, il se rangea
généreusement du côté du plus faible. Les élections
de i848 si désastreuses pour notre opinion paru
rent retremper encore son zèle. Voué uniquement
au bien général du pays, il soutint le ministère
daDS la question de l'armée, que d'imprudentes
économies tendaient désorganiser; mais il s'éleva
courageusement contre les déplorables utopies du
libre échange si contraires l'agriculture et aux
véritables intérêts des classes ouvrières. Dans la
question de l'enseignement supérieur, il vota avec
l'opposition eu faveur de la liberté contre les ten
dances absorbantes du pouvoir. Mais ce fut surtout
dans la discussion du projet de loi sur l'instruction
moyeoue, qu'il sut défendre avec intelligence de
ses votes et de ses discours les intérêts les plus
précieux de la Belgique; alors que les intérêts du