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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3407.
33me année
AUX ÉLECTEURS!
TFESS, 25 MAI.
A celte époque où tous les regards se
portent sur les préparatifs de campagne
Sue font, dans l'intérêt de leur cause, les
eux opinions qui divisent la Belgique;
ce moment suprême où le parti de l'ordre
et de la conservation déploie noblement
ses bannières, pour combattre et vaincre
les ennemis de la religion et de la liberté
dans la personne des députés libéralisles,
il est un fait qui ne saurait manquer d'im
pressionner vivement tout esprit libre et
indépendant, tout Belge indigné des ma
nœuvres et des tendances de la politique
nouvelle; ce fait c'est l'élimination pro
chaine de M. Rogier, Anvers; c'est la
fermeté et le patriotisme avec lesquels la
métropole de notre commerce s'adressant
cet homme d'État qu'elle choisit pour
mandataire, lui déclare formellement au
jourd'hui qu'elle ne veut plus d'un député-
ministre esclave des clubs et des passions
les plus haineuses; qu'elle répudie ouver
tement un homme qui, en 1850 combattit
pour notre indépendance vota notre pacte
fondamental et qui en 1850, déchire de
cette même Constitution modèle, sa page
la plus glorieuse, celle qui décrète la li
berté de l'enseignement!
Électeurs! avez vous compris le vrai
sens de l'arrêt que prononce le noble An-
versois contre M. Rogier. Vous tous,
quelque province, quelque district que
vous apparteniez, ne puiseriez-vous dans
celte sentence patriotique la force, l'indé
pendance et le courage nécessaire, pour
ne point prêter la main aux coryphées
clubisles qui la place de ces hommes
éminenls dont tous les efforts, tous les
actes sont empreints d'un amour vivace
pour notre Religion et notre patrie, pré
tendent imposer des candidats que l'his
toire déjà a flétrie ou qu'elle frappera plus
tard de sa réprobation? C'est la question
que le district d'Anvers, par son arrêt de
proscription contre M. Rogier, le chef des
libéralistes, vous formule.
Nous extrayons d'un Journal de la ca
pitale les lignes suivantes; elles confirment
la nouvelle que nous avons donnée relati
vement l'élimination de M. Rogier, dé
puté, Anvers. Le public y verra également
de quelle estime et de quelle considération
jouit M. Malou, dans la métropole com
merciale, puisqu'elle ne juge personne
mieux capable de défendre ses intérêts
que notre éminent concitoyen, et qu'elle
lui présente le mandat dont elle privera
M. Rogier ministre de l'intérieur. Cet hom
mage offert Malou doit réjouir au plus
haut point notre district qui révendique
lui l'honneur de voir siéger cet homme
d'État distingué, comme représentant dans
les Chambres. Évidemment le vœu des
électeurs d'Anvers ne saurait qu'animer
d'autant plus le district d'Ypres en faveur
de M. Malou, car nous pouvons donner
l'assurance au corps électoral qu'en cas
de double élection M. Malou obtera pour
son district natal.
Voici l'extrait de la feuille Bruxelloise:
VÉRITÉ ET JUSTICE.
Ou s'abonne àYpres, rue de Lille, 10, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIE DE L'ABDTKEMETT, par trimestre, s
YpreS fr 3. Lès autres localités fr 3 5o. Uu n» a5.
Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI
de ohaque semaine. (Insertions I* centimes la ligne).
A l'approche du 11 Juin, la cloche du tocsin
se fait entendre sur toute la ligne électorale; les
vedettes des partis échangent de toute part le cri
de: sentinelle prenez garde vous! L'urne
du scrutin anversois avertit d'avance M. Rogier de
prendre son sac! et M. Malou s'apprête venir
le remplacer la Chambre.M. Pierre est menacé
d'être remplacé par M. d'Huart,et M. Jacques par
M. Orban, cet iuplacable ennemi de son homo
nyme M. Frère-Orban. M. |Vanderstein me
nace M. d'Hoffschmidt et M. de Meuleuaere est sûr
de rentrer la Chambre.
Le navire, dont M. Verhaegen est le pilote a
Bruxelles, n'ose déployer ses voiles que M. Roussel
ne fasse partie de l'équipage. Ce u'est pas tout,
on annonce que Louvain renverra M. Delacoste;
que M. Rogier ne sachant a quel saint se vouer,
se présente a Bruxelles; où, ni lui ni ses patrons
ne peuvent répondre du succès; voilà, en peu de
mots, ce que la politique du 12 Août 1847 a en
perspective devant elle, et nous ne reproduisons
ici qu'une ombre bien imparfaite du tableau.
imppQrr—
Les haiues vollairiennes du Progrès sont trop
iuvétérées, pour que la déclaration de l'épiscopat
touchant le projet de loi sur l'enseignement moyen,
ne fut l'objet de ses pitoyables diatribes. Cependant
nos prévisions cet égard se sont encore vu dépas
sées. Dans le langage de la feuille pamphlétaire,
ce u'est pas le dépit qui se fait jour c'est le délire
et la sottise.
Volontiers nous renverrions nos lecteurs l'ar
ticle du Progrès intitulé Pétition des Évêques-,
s'il ne nous répugnait de mettre leur délicatesse h
une trop rude épreuve. Qu'on se figure un ra
massis dégoûtant d'invectives et de mensonges. Ne
sachant que critiquer dans la manifestation de nos
évêques, il ne se contente pas de fausser gratuite
ment leurs inlentious mais leur attribue iopudem-
ment des exigences qu'il s'est plu forger. On a
pitié et horreur tout la fois de ce lunatique se
donnant eu spectacle aux yeux de tous.
Nous ne rélèverons guère toutes les excentricités
libérâtres du Progrès, surtout nous ne les combat
trons pas. En citer quelques unes, c'est en faire
bonne justice.
Le corps épiscopal en avertissant le Sénat qu'il
ne pourrait prêter son coocours au projet de loi
sur l'enseignement moyen n'a fait évidemment que
poser un acte que sa conscience est seule appelée a
juger. Le Progrès, qui pour noircir ceux qu'il
déleste leur prête son propre caractère, ne recon
naît dans leur conduite qu''ambition et passion
politique. Et tout en proclamant un respect pré
tendu pour leur pouvoir moral, dénie audacieuse-
ment aux chefs de diocèse le droit de s'immiscer
dans les affaires religieuses
Ils auraient pu, dit-il plus loin, adresser leur
protestation la Chambre qui a discuté pen
dant un mois cette loi qui soulève l'opposition
du haut clergé. Pourquoi le Sénat a-t-il la pré
férence? Et sans doute, Progrès aujourd'hui ils
sont de votre avis; certes nos évêques doivent re
connaître ce que c'étaient que les belles conces
sions dont les paroles du ministère inspiraient
l'espoir trompeur. Mais avant qu'il eut dit son
dernier mot, pouvaient-ils bien proclamer haute
ment leurs défiances. Maintenant, au contraire, il
était temps de parler, de prévenir la législature
avant qu'elle eut sanctionné définitivement la loi.
Y introduire quelques amendements serait, au
dire du folliculaire vollairien, un trait de casse cou
politiques, car la mission du Sénat est de modérer
et de pacifier, au lieu agiter et de diviser.
Ainsi, Progrès, consacrer le monopole est un acte
de haute modération comprimer les vœux les plus
ardents et les plus légitimes d'un peuple, est une
méthode éminemment pacificatrice
En vérité, nous comprenons ce ton de froid mé
pris dont l'honnête journal remarque que inven
tion n'est pas lejort de nos évêques. Quand on
invente de si belles choses, il est naturel de faire
valoir ses rares facultés. Les échantillons en ce
genre de talent foissonnent amplement le long de
ses colonnes. Où, par exemple, a-t-il vu que ces
six personnages (ce sont ses expressions les plus
châtiées) rejusent et CÊtat le droit de pourvoir
ci Censeignement public et se livrent des me
naces contre les pouvoirs publics qui auraient
Vaudace de ne pas obéir aux injonctions de ces
six dignitaires plus impérieux que le chef du
pouvoir civil? Dans quel endroit de la lettre des
prélats a-t-il lu, qu'ils prétendaient nommer aux
fonctions de professeurs de grec, de latin, de
mathématiques qu'il fallait avoir la permission
des six évêques pour pouvoir organiser ren
seignement moyen? Enfin sous quelle étrange
hallucination a-t-il tracé les lignes suivantes Les
six prélats s'élèvent contre la création d'un nom-
bre illimité d'établissements de l'État, parce que
cela lèse les droits acquis des catholiques lisez
les évêques.
En face d'une impudence aussi rare, en face d'un
système de calomnies où la bétise le dispute a l'au
dace, nous demandons tout lecteur impartial ce
qu'il faut croire d'un journal qui ne craint pas de
traiter la lettre épiscopale de pièce d'une mau
vaise foi inqualifiable
Ah Progrèsnous concevons merveille que
vous déniez a des évêques le droit de pétitionner
(pag. 2, col. 1, alin. 3); nous concevons encore
que vous leur contestez le pouvoir hiérarchique
qu'ils tiennent de l'Église (pag. 1, col. 3, alin. 2).
Mais que vous auriez le front de vous poser en
organe d'une population catholique; que vos pro
messes, que vos protestations bassement hypo
crites rencontrassent encore des dupes; voilà ce
qu'il nous est impossible d'admettre. Tels sont