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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
33me année.
RE VIE POLITIQUE.
ALDOVRANDUS MAGHHIS.
v.
Lorsqu'en 1847, le pays travaillé par les
passions clubisles, leurré par les magnifia
ques promesses des apôtres du soi-disant
libéralisme, eut dépossédé, par la voie
des comices, les hommes animés de l'esprit
Belge de 1830, pour les remplacer par une
politique nouvelle; notre éminent conci
toyen, M. Jules Malou alors ministre des
finances, en remettant le pouvoir au ca
binet libéràtre, adressa M. Rogier ces
paroles: la politique que vous remplacez,
que vous abjurez après l'avoir servie, que
vous conspuez après l'avoir pratiquée, la
politique de conciliation et d'union a gou
verné le pays pendant dix-sept ans. Cette
politique a été en butte d'incessantes
calomnies de la part des uns, de violentes
attaques de la part des autres. On a dit
qu'elle perdait la Belgique; qu'elle abais
sait le pouvoir et violait son indépendance;
qu'elle menaçaillaliberléqu'elleen conspi
rait la ruine. Après dix-sept ans, nous vous
remettons le pouvoir intact, libre et ho
noré; nous vous remettons le dépôt sacré
de nos libertés qui sont toutes debout in
tactes et respectées. Aucune de ces libertés
n'est amoindrie; aucune n'est compromise;
la constitution n'a subie aucune atteinte.
Vous avez maintenant le pouvoir. Puisse
la politique que vous inaugurez, après
avoir régi le, pays pendant le même es
pace de temps pouvoir dire la politique
qui lui succédera comme nous vous le di
sons vous-mêmes: le pouvoir est debout!
la constitution est debout! toutes les li
bertés sont debout!
Quel noble, quel patriotique langage!
certes il n'y a qu'un amour vivace de la
liberté; il n'y a qu'un attachement invio-
x lable aux principes constitutionnels qui
l'ait pu inspirer. Une nation comme la
nation Belge qui a fait de si rudes sacri
fices; qui a versé si généreusement son
sang pour son indépendance et sa liberté,
doit tressaillir aux accents d'une voix si
fidèle son œuvre glorieuse, sa consti
tution modèle, conquéteà laquelle l'Europe
entière tend et aspire
Mais aussi., qu'il est honorable, pour un
mandataire d'un peuple éminemment con
fiant et brave, de pouvoir dire, en quit
tant les affaires, la main appuyée sur
l'Arche constitutionnelle. Je quille le
pouvoir, mais avant de le quitter, avant
de lever la main de ce trophée monumen
tal, gardien des libertés qui font ta gloire,
je veux prouver que le pouvoir est de
meuré intact, que la constitution est de
bout, que Jes libertés qu'elle consacre sont
pleines et entières comme aux beaux jours
de ton triomphe!
Telle a été, en quittant le pavois gou
vernemental, la déclaration faite par le
N<> 3385.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'aboune Ypres, rue de Lille, io, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX DE L'AROTKEMEVr, par trimestre,
Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un n° a5.
Ce Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine, (insertions 19 centimes la ligne).
7PH.ES, 9 MARS.
Les élections provinciales dans les environs de
Madrid, dont on connaît déjà les résultats, ne sont
pas moins favorablesà l'opinion modérée que celles
de la capitale. La cause de l'ordre semble devoir
triompher sur tous les points du pays.
On disait hier Paris que la grande-duchesse
de Bade est venue en France dans un but tout po
litique. Oo rattache son voyage aux affaires de la
Suisse.
Le grand-duc de Bade paraît n'être pas rassuré
sur les menées démagogiques des réfugiés, dans les
captons qui avoisinent ses États. Les appréhensions
de ce prince s'expliquent quand on songe que le
socialisme y domine généralement dans les niasses,
qu'on y parle ouvertement de partager les pro
priétés, de piller les caisses publiques et de dé
truire de fond en comble l'ancien ordre social.
Les dernières nouvelles de Lisbonue continuent
d'être satisfaisantes. La commission chargée d'exa
miner le projet de loi sur la liberté de la presse a
fait son rapport entièrement conforme aux vues du
gouvernement. La discussion parlementaire a dû
s'ouvrir le 27 février.
L'inextricable question allemandeen est toujours
au même point; la retraite du Hanovre de l'al
liance du 26 mai, combinée avec son refus de se
rallier la Constitution des Quatre Rois dont les
bases viennent d'être arrêtées Munich, ne change
rien la situation le Hanovre paraît vouloir se
tenir passif pour le moment.
L'arrivée Francfort d'un envoyé de l'empe
reur de Russie, le prince de Gortschakow, est
UNE RÉVOLUTION.
(Suite.)
Et il ôta ironiquement son chapeau de velours,
et força le vieillard s'asseoir sur le fauteuil élevé
qu'on avait placé l'entrée de la tente du duc, par
honneur et pour qu'il pût suivre plus laisse les
opérations du siège.
Vous ne vous trouvez peut-être point assez
haut, messire? ajouta le duc en saisissant par la
barbe le vieillard, qu'il renversa ses pieds. Re
gardez, voilà où je vais vous faire élever. De là
vous dominerez sur nous et sur vos sujets.
En disant cela, il montrait une potence.
Monseigneur, qu'il soit fait selon votre vo
lonté, répondit Aldovrandt avec une courageuse
résignation. Puisque je suis la cause involontaire
des malheureux événements qui sont survenus, il
est trop juste que j'en subisse les conséquences et
que j'en porte la peine. J'ai mérite la mort, faites-
moi mourir! Vous le voyez, je vous apporte de
moi-même ma tête. Mais prenez en miséricorde de
pauvres bourgeois étourdis dont le tort est d'avoir
cédé un moment d'effervescence et d'être venus
en aide leurs frères qu'on égorgeait. Ne versez
pas le sang il n'y en a eu déjà que trop de répandu.
interprétée dans le sens du maintien des traités de
1815, auxquels il ne pourra être contrevenu dans
la nouvelle organisation fédérale de l'Allemagne.
La Prusse a rappelé son envoyé Hanovre; il
sera remplacé par un simple chargé d'affaires.
Ainsi que ie Wurtemberg, la Hesse-Eleciorale
et le Nassau, la Bavière a rappelé sous les drapeaux
tous les soldats en congé. C'est l'application pro
bable de la maxime qui veut la paix se prépare
la guerre. Il est remarquer que ce sont là les
États qui se soustraient l'influence prussienne.
Déjà depuis plusieurs jours on se montre ras
suré dans la cité de Londres sur les conséquences
des affaires de la Grèce. Les nouvelles reçues dans
cette capitale sur les résultats probables des élec
tions françaises ayant également paru favorables,
il en est résulté un mouvement de hausse assez
prononcé sur les consolidés.
Que le mien soit le dernier qui couleraet je bé
nirai la main qui fera tomber ma tête.
Oui-dà! mon maître, vous tenez-là un lan
gage courageux et digne. Écoulez, dans une heure
Bruges sera, si je veux, et mon pouvoir, et vous
verrez le sort qui l'attend.
Je veux bien cependant me montrer encore mi
séricordieux envers elle. Retournez près des vôtres:
que dans un quart d'heure, quarante des chefs de
la sédition reviennent ici, avec vous leur tête,
pieds nus et la corde au cou, et qu'ils m'apportent
une contribution de cent tonnes d'or! A ce prix,
je fais grâce au reste de la ville. Allez! Si vous
n'êtes pas de retour dans un quart d'heure, l'assaut
commencera, et vous savez ce qui suivra l'assaat.
Aldovrandt retourna vers Bruges, la foule l'at
tendait la porte, et on ne lui laissa pas le temps
de gagner l'hôtel de ville pour faire connaître les
intentions du prince, il fallut qu'il les dit sur
l'heure et au milieu de tous.
Lorsqu'il parla de cent tonnes d'or, les riches
crièrent, car c'était sur eux que tombait cette
contribution quand il déclara que le doc voulait
qu'on lui livrât quarante des chefs de la sédition,
ce fut au tour de la populace proférer des malé
dictions, car presque tous ceux qui avaient fait la
révolte et qui s'étaient érigés en magistrats appar
tenaient la lie du peuple.
11 faut nous venger sur l'auteur de tous nos
maux, sur celui qui nous a entraînés dans l'abîme
où nous sommes! s'écria la foule. Il faut porter sa
tête au prince, et lui montrer par là combien nous
détestons notre sédition et le traître qui nous y a
poussés.
Et ils se jetèrent sur le vieillard, le frappèrent, le
déchirèrent en morceaux. Et peu d'instants après,
on vit une tête tomber du rempart et rouler vers
le camp du duc. Celui-ci reconnut la tête du vieil
Aldovrandt.
Allons, dit-il, ces gens-là m'enseignent
comme je dois les traiter... A l'assaut!
.Et les trompettes sonnaient, les troupes se met
taient en mouvement, le canon commençait gron
der et battre les remparts quand on vit les por tes
de la ville s'ouvrir une nouvelle fois, et une pro
cession sortir et s'étendre le long des glacis. C'était
tout le clergé et tous les religieux les uns por
taient des reliques et les autres des croix; le doyen
de Notre-Dame parut le dernier, tenant dans les
mains une hostie consacrée.
A cette vue, tous les soldais s'agenouillèrent par
un mouvement spontané, et le duc lui-même se vit
forcé de les imiter. Le vieux prêtre s'avança vers le
prince, lui donna la bénédiction avec le saint ci
boire et s'écria
Monseigneur au nom du Christ, que voici,