l'iiospice des aliénés.
N° 3369. Samedi, 12 Janvier 1850. 33me année.
VÉRITÉ RT JUSTICE.
quelle prévoyance! quels égards! quelle
bonté douce et patiente dans la conduite
des surveillants et des gardiennes l'égard
de leurs malades! Vraiment, dans ces pré
cieux refuges, le malheur jpt revet des
allures du plaisir, et les regards du monde
n'y voient de malheureuses que les héroïnes
qui cachent sous leurcharité et leur amour
chrétien les plaies les plus saignantes de
l'humanité.
£t quelles sont ces personnes qui ren
dent la société, aux familles des services
si importants, si signalés? Ai portrait que
nous en avons tracé, chacun déjà, nous en
sommes convaincus, a nommé le frère, la
sœur de charité; car la religion seule est
capable d'inspirer ces sentiments de bien
faisance et de philanthropie qui fait com-
pàlir aux malheurs d'autril et porte le
cœur les soulager.
Après avoir fait éprouver de grandes et
de coûteuses améliorations notre hospice
des aliénés, l'autorité communale recon
naîtra qu'il en appelle d'importantes en
core. Que l'établissement de la manière
dont il est desservi ait atteint les dégrés
supérieurs du possible; nous laissons aux
hommes plus compétents que nous, le soin
de se prouoncer sur cette matière, per
suadés qu'il est difficile une administra^
tion laïque de répondre convenablement
aux soins que réclame l'infortune hu
maine. Mais en dehors de ces hommes
qu'une poignée d'or lie froidement aux
misères, il existe une classe de personnes
dont le cœur est formé toutes les ma
ladies sociales par l'unique espoir d'une
rémunération éternelle.
C'est leurs soins, leur esprit de re
ligion et de charité que nous demandons
voir confier la direction de notre maison
de santé. Indépendamment de la faveur
publique, l'intérét des malades reclame ce
changement. A l'appui de notre manière
de voir,nousosonsinvoquerle témoignage
de la science médicale. Mieux que per
sonne les médecins le savent nulle part
l'aliénation mentale n'est moins incurable
que dans un hôpital où l'art et la religion
exercent simultanément leur influence, et
leur thérapeutique. Communiqué
On s'abonne Ypres, rue de Lille, xo, près la Grand
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX. BE LMBOIIEMENT, par trimestre,
Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un n° a5.
Ee Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine. (Insertions 11 centimes la ligne.)
7?^3S, 12 Janvier.
En prenant en main le rapport sur l'ad
ministration et la situation des affaires de
la ville d'Ypres, nous n'avons pu voir sans
surprise, l'autorité communale tenir un
langage tout satisfaisant et flatteur l'en
droit de notre hospice des aliénés.
La maison des aliénés, sur la foi de
cette pièce, est tenue et dirigée avec intel
ligence et les malheureux y reçoivent les
soins que leur position reclame.
Sans vouloir de gaîté de cœur déverser
le blâme sur nos gouvernants locaux, ni
sur le personnel préposé la direction in
terne de l'hôpital des aliénés, nous croyons
pouvoir suffisamment établir que l'éloge
de cet établissement est quelque peu fardé
et intempestif, comme au su du public
éclairé, cette institution est loin d'avoir
atteint les bornes du désirable. Pour se
convaincre de la vérité de nos paroles, il
suffit qu'on ait visité les Hôpitaux de ce
genre fondés dans les différentes villes
du royaume, et notamment Gand et
Bruges sous les auspices de M. le docteur
Gislain et de M. l'abbé Maes. En mettant
le pied dans ces asiles quel spectacle de
charité de dévouement frappe les yeux
du visiteur! quelle propreté! quels soins!
Le Progrès, dans son dernier numéro,
semble vouloir imputer la police de cette
ville la non-arrestation Ypres des faux
monnayeurs: mais tort, voici les faits:
Deux individus, arrivés en ville vers les
six heures du matin, se sont rendus l'es
taminet St-Laurent, où ils ont présenté a
la servante une fausse pièce de cinq francs
en payement des menues dépenses qu'ils
y avaient faites. Entre 8 1/2 et 9 heures le
maître de la maison, instruit du méfait, est
allé la permanence afin de signaler les
coupables la police. (JeTTe-ct j de concert
avec la gendarmerie, s'est mise sur leurs
trousses, et on a été assez heureux de saisir
trois fausses pièces de cinq francs, et une
de bon aloi, mais qui avait servi de mo
dèle leur fabrication. Nul doute que ces
Hommes ne fussent arrêtés dans notre ville,
si les boutiquiers et les cabaretiers les
avaient signalés temps opportun.
diminuer les contributions; changer, tout dire,
la face du monde qu'on imputait h notre ancien
ministre d'avoir mal tournée
Le plaideur. Mais, Slimboer, c'est bien là
ce qu'a fait la politique nouvelle. Rendez-lui de
sérieuses actions de grâce; car ma foi vous lui
devez....
Le cultivateur. Tout ce que je dois, Tone,
c'est de dire que les nouveaux ministres savent
encore mieux plumer leurs chapons que tous leurs
dévanciers; que, seloo moi, les libéraux ne sont
bons qu'à remplir leurs bourses, qu'à ruiner le
pays en protégeant des intérêts particuliers au
détriment du bien être des masses; mais! qu'ar
rive encore l'époque où quelque club se pré
sentera mon domicile pour prêcher contre les
Malou, le lui ferai voir mes civilités et sou chemin
suivre, l'aide du gros balai de l'étable.
Le plaideur. Vous plaisantez, mon garçon
le parti libéral a bien mérité du public. Sans lui
les Flandres seraient mortes; l'agriculture....
Le cultivateur. Neuni je ne plaisante guère
et n'ai aucune raison de le faire; Cathérine, ma
femme le disait encore hier en revenant de la
boutique où elle apprit que notre député M.
Vandeupeereboom avait voté pour l'entrée des
céréales étrangères, moyennant 5o cent, de droit
par 100 kilog.: Ne faut-il pas être libéral pour
défendre ainsi les intérêts agricoles. Peste soit de
tous les libéraux de la terre! Qu'ont-ils fait de
bon pour la société Ils ont laisse mourir 5oo,ooo
flamands de faim et de misère eu promettant de
sauver ces provinces malheureuses. Ils ont rempli
leurs sacs....
Le plaideur. Votre femme, Slimboer, rai
sonne comme une femme...
Le cultivateur. Ma femme a de l'espritet
raisonne mieux que nos ministres; si elle était dans
les chambres, elle ne ferait pas tant d'âneries que
nos représentants libérâtres.
Le plaideur. (riant) Vous avez raison, mon
ami, de parler l'avantage de votre épouse. Ce
pendant l'éloge que vous en faites est déplacé. Les
femmes ne sont guère inscrites dans la confrérie
libérale. C'est-ce qui fait....
Le cultivateur. C'est ce qui fait qu'elles
agissent très sagement et que dorénavant je
serai de leur politique. Car je vous le demande
ENTRE UN CULTIVATEUR ET UN PLAIDEUR DU
SOI-DISANT LIBÉRALISME.
Le cultivateur. Eh! bien; Tone, ne me
fallait-il pas engager contribuer au triomphe du
libéralisme, lors des dernières élections pour la
Chambre, en n'inscrivaut point le nom de M.
Jules Malou sur ma liste? Que je me répens d'a
voir suivi vos conseils perfides! Jamais, jamais; je
ne donnerai plus ma voix au ministère frans-
quillon, ni ses très humbles esclaves.
Le plaideur.Tout doux, Slimboer, qu'est-ce
qui vous rend aujourd'hui si vilainemeut plaisant?
Le cultivateur.N'allaient-ils pas nous ren
dre heureux, les nouveaux ministres et représen
tants, uue fois que le scrutin les aurait mis au
pouvoir, en place des deTheux, et des Malou?
N'allaient-ils pas...
Le plaideur. Parbleu C'est bien......
Le cultivateur. (d'une voix forte et irritée)
N'allaient-ils pas sauver les Flandres, relever le
commerce et l'industrie; favoriser l'agriculture;