JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
j\0 3260.
Mercredi, 27 Décembre 1848.
32nie
annee.
7??.3G. 27 Décembre.
TORBOLA - CONGRÉGATION.
La charité, de quelque part qu'elle vienne,
est toujours estimable: cependant, l'au
mône n'a jamais plusd'éclat, que lorsqu'elle
tombe de la main de celui qui ne connait
guère l'abondance. C'est ce beau spectacle
que les membres de la Congrégation, éta
blie en celte ville, se sont proposés d'offrir
leurs concitoyens.
Depuis quelques temps la misère publi
que avait éveillé la commisération spéciale
de nos congréganistes l'idée de contribuer
son soulagement, avait germé dans leurs
âmes compatissantes; mais, hélas! appar
tenant pour la plupart la classe moyenne
de la cité, leurs forces ne pouvaient con
venablement répondre leur volonté bien
veillante. C'est l'effet d'élargir le cercle
de leurs libéralités qu'ils ont pris la réso
lution de faire un appel la générosité
yprpise.afin de parvenir former une ex
position d'objets divers, destinés être mis
en loterie, dont le produit sera versé dans
le sein de l'indigence. Celte résolution est
noble et infiniment recommandable: aussi
c'est avec le plus sensible plaisir que nous
nous faisons l'organe du brillant succès
qu'elle a obtenu. L'exposition a été hier
ouverte au public, et l'on porte trois mille
au moins, les personnes qui ont été visiter
la salle ainsi que la chapelle de la Congré
gation. Plus de six cents articles sont déjà
exposés, et différents objets ont fait l'ad
miration des spectateurs. Tout cadeau,
quelque modeste qu'il peut être, a été ad
mis, et on recevra encore ceux qu'on vau
dra envoyer dans la suite. Les lots, afin de
les mettre la portée de tout le monde ne
^ont que de vingt cinq centimes chacun;
et l'on assure que le nombre monte déjà
1,500. C'est un tribut de l'estime qu'on ac-
cordeaux congréganistes. La vertu impuis
sante a besoin d'être encouragée. Outre le
bien matériel qui résultera des offrandes
qu'on aura faites, la Congrégation puisera
elle-même, dans la protection dont on
daigne l'entourer, une force nouvelle, qui
le fera rentrer dans la considération de
ceux-là même qui jusqu'à présent l'ont mal
appréciée.
VERITE ET JCSTICE.
On s'abonne Y prèsrue de Lille, 10, près la Grande
Placeel chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
l'RIX l»E L'AKOVVEREVT, par trimestre.
Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. "Un n® |5.
I.e Propagateur parait le A4.HCDI et le MERCREDI
de chaque setuaiue. Inaerllons 13 centimes la ligne).
OCTROI SUR LES BIÈRES.
Le Progrès ne pouvait convenablement rester muet sous les
coups qui lui ont été portés dans la question de l'octroi sur
les bières, et paraître ainsi avouer sa défaite. Il avait d'ail
leurs promis de prouver la concordance du règlement de la
ville avec l'arrêté royal du 10 novembre 1826; enfin il devait
son amour propre blessé, de donner uue réponse quelconque
a nos derniers articles.
Cette réponse, il l'a donnée. Mais défaut de bonnes rai
sons il s'est jeté corps perdu dans le champs des personna
lités et des imputations les plus iuconvénautes. C'est dit-il,
entre autres aménités, une dpre cupidité qui a fait réclamer
pour quelques uns Vabrogation du règlement communal sur les
bières.
Pour toute réponse cette méchante diatribe, il suffit de
faire remarquer qu'à la demande des brasseurs, fut toujours
jointe celle d'opérer uue retenue équitable sur les exportations,
et qu'à présent quelques uus de ces industriels jettent leur
argeut dans le trésor de la ville, en répudiant tout droit aux
restitutions pour leurs bières exportées, au prix que ce droit
leur est accordé par le règlement de la ville. Voilà certes
une singulière cupidité. Mais passons.
Le Progrès ne saobant comment se tirer de la sotte allé
gation qu'il a précédemment faite, qu'en connaissant la con
tenance des chaudières l'on savait les quantités de bières que
l'on entonnerait, voudrait dans sa mauvaise humeur; mettre
en accusation les anglais et leur saccliarométre.
Mais encore une fois, si cela est si facile, pourquoi ces
grands maîtres en toute espèce d'industries, se sont-ils, et
après eux les belges aussi, ingéniés trouver un instrument
pour peser la force respective de chaque trempe, et guider de
celle maniéré le fabricaut dans les quantités entonner?
Sans aucun doute ces hommes de science sont des sols aux
yeux des grands hommes du Progrès. Certes s'il ne s'agis
sait que d'eutouuer n'importe quoi, oh, aJois le Progrès aurait
peu près raison mais comme il ne s'agit pas précisément de
Cela, nous maintenons notre allégation précédente, savoir que
l'exigence des déclarations l'avauce des quantités entonner
est une grande absurdité, et de plus un obstacle tout per-
fectiouuemeui l'industrie.
Quant la latitude des 8 °^0 dont par le le Progrèsil semble
ignorer que celte quantité est nécessaire pour la diminution
subie par la fermentation, et autre feiute. Celle latitude n'a
doue pas été donnée au fabricaut pour faciliter ses déclarations
préalables. Seulement 3 °y0 «sur ces 8 ®y0, peuvent avoir ce
Caractère, en conformité de l'article 8 du lèglement. Voilà
donc encore une bévue de notre adversaire.
I e journal que nous combattons, dit duuason interprétation
de l'an été royal du io novembre 1826 que l'on a dû exiger
la déclaration des quaulités provenues d'un brassiupour ré
gler les restitutions.
Ce journal change là toute la question car il ne s'agit pas
dans le règlemeut de la ville des quantités provenues d'uu
brassiu, mais au contraire, il s'agit de déclarer l'avance les
quaulités provenir. C'est là uue différence immense. Et
voilà l'extrême bonne foi du Progrès dans cette polémique.
Observons encoie ici que si l'adminislratiou de l'octroi, ou
le Progrès, peut par la conteuauce des chaudières counaitre
ce qui sera entonné, nous dernaudons, pourquoi dans ce cas
exiger les déclarations l'avauce de ces quaulités Sous ce
rapport encore il y a absurdité, et si vous dîtes vrai dans votre
assertiou, vous donnez une nouvelle preuve de l'inutilité des
rigueurs du lèglemeut sur ce point. L'on voit que pour
traiter les choses les plus simples, il ue faut pas mettre de côté
le bou seus, et uu peu de logique.
Le Progrès revient ensuite sur l'article 3 de la loi de 1822
sur les bteres article qui a été abrogé.
Le lecteur se souvient peut être que le journal cité avait
bâti sur cette abrogation la plus belle critique loisible, la
quelle il ne manquait qu'une chose, c'était d'être quelque
peu fondée.
A eu croire ce journal, ce n'était que depuis la suppression
de cet article 3que les brasseurs avaieul demandé être
traités selou la loi seule. il n'a pas été diûicile de prouver
que c'était là uue contre vérité évidente. Mais de plus, ou lui
a prouvé que cet article 3 n'avait pas été comme il le souteuait
toute la loiqu'il u'avait même jamais eu d'importance réelle
pour les brasseries, et qu'il n'avait été, eu un mot, qu'uu
complément la loi mouture.
Le Progrès n'ayant pas un mot de réponse donner notre
soutènement, semble éprouver un véiitable accès de fureur,
et s'écrie La mauvaise foi poussée fextrême frise quelque
fois la stupidité.
II faut pousser loin l'effronterie pour se permettre un lan
gage aussi iucouvenantlorsque la simple lecture d'un texte
de loi doit vous convaincre, comme tout le monde, que vous
êtes dans une complète erreur, de même que Mr le Directeur
de l'octroi de Gandqui vous nous renvoyez, s'il est vrai
toutes fois que ce fonctionnaire ait tenu le langage que vous
lui prêtez.
Mais pas plus que le Progrèstous les Directeurs d'octroi
du monde ne parviendront changer le texte de la loi que
nous avons cité dans notre N° du 2 décembre c1et parcon-
séqueut ne parviendront prouver que cet article comiue une
peine ou une amende quelconque contre le brasseur qui trou
vait bou de remplir sa cuve au-delà des deux tiers.
Cet article 3 prononce simplement et uniquement une
amende de trois florins par rasière contre celui qui avait un
excédent de la farinequi suivant les permis du Receveur
était entrée dans les brasserieset que la loi présumait avoir
pu être consommée d'après la contenance des deux tiers des
cuves. C'était là un miuimum posé par la loicar on supposait
que persoune ne remplissait sa cuve moins qu'aux deux
tiers. Enfin pourquoi cette dispositiou législative avait-elle
été introduite dans la loi sur les bières? parce que, comme
nous l'avous dit précédemment, le Gouvernement craignait
que des farines introduites dans les brasseries sans paier le
droit de mouture, puisqu'elles eu élaieut exemptes, n'eu fus
sent distraites pour les boulangerieset afin de faire cette
vérification l'on partait de la supposition que l'on remplissait
ordinairement les ouves au moins aux deux tiers. Voilà toute
la portée de cet article.
Nous ajouterons encore, non pour le Progrèscar on ne
blanchit pas un nègre, mais pour ses clairs-semés lecteurs,
que jamais l'article 3 en question n'a mis le moindre obstacle,
ce que les brasseurs remplissent leurs cuves, comme ils le
voulaient, en observant cependant de le faire en une fuis,
comme le prescrit l'article 2 de la même loi. Une autre raison
que celle delà loi était que jamais l'administration des accises
n'a voulu ou pu déterminer la quantité de farine que devait
correspondre ces deux tiers des cuves. (Nous avions de
mandé au Progrès dans un précédent article, s'il connaissait
celte proporliou mais il oublie de répondre notre question.)
Il s'en est suivi que dans l'usage ou n'y a jamais pu faire la
moindre attention. C'est là un fait positif et que au besoin
pourrait être prouvé par des centaines de témoins.
Veut ou encore unè preuve que daus l'article 3 abrogé, le
législateur n'avait jamais eu eu vue que la justification de
l'emploi des farines introduites daus les brasseries, voyez les
termes de l'arrêté du Gouvernement provisoire en date du icr
novembre i83o.
Enfin une preuve irréfutable, même par tous les Directeurs
d'octroi possibles, que cet art. 3 n'était qu'un complément
de la loi mouturec'est qu'il est tombé avec celte loi.
Que penser de tous les autres argumens du Progrès quand
sur un point aussi clair que la lumière du soleil, il traite ses
adversaires de mauvaise foi et de stupidité? Jugez, lecteurs.
Le Progrès n'est pas plus heureux dans la preuve qu'il cher
che fournir de la concordance du règlement de la ville avec
l'arrêté royal du 10 novembre i8j6. Cela n'est pas étonuant
du reste car comment concilier la disposition de l'arrêté en
question qui ordonne de mettre la perception des droits d'oc
troi eu harmonie avec la loi, et les différentes prescriptions
de votre règlement qui sont en opposition formelle avec la loi?
Cette conciliation ne résulte guère de la distinction que
vous établissez entre la restitution pour l'exportation d'uu
brassiu entier (ce qui u'est ni pratiqué ni praticable ici), et la
restitution pour l'expoitatiou de moindres qualités. C'est
d'ailleurs daus notre seus que l'ont entendu toutes les régences
du pays quaud le dit arrêté royal a été porté.
E11 effet quoi de plus radicalement opposé que le système
de la loi qui ne s'enquiert aucunement du résultat fiual ob
tenu par le brasseur, savoir de i'eutonnemeutet la prescrip
tion du règlement qui non seulement vient constater les quan
tités eutounées, mais qui exige de plus que l'on déclare ces
quantités l'avance? Il y a là, quoiqu'on en dise, deux
systèmes diamétralement eu opposition, dout l'un détruit
l'autre, et fussiez vous haut de cent coudées, et eussiez-vous
recours mille substilités vous ne prouverez pas que celte op
position, cette contradiction, n'existe pas; vous ne prouverez
pas, en un motque blauc et noir sont la même couleur.
Au reste puisque le Progrèspour soutenir sa thèse continue
d'avoir recours aux armes les plus déloyales, afin saus doute
de mieux détourner l'attention du véritable point eu discus
sion ce n'est pas nous qui perdrons davantage notre temps
pour lui répoudre, et pour fiuir oette discussion commencée
par nous saus aucune aigreur contre les personnes, et sans
suspecter les intentions d'autrui
k*:si tio.ts t
Le Progrès de son côté soutient le règlement, il le trouve
parfait. Ce règlemeut d'it-ilest équitable et sensé il est la
fois doux et foit; facile a observer, difficile éluder. Une
autre fois il n'est pas assez sévère et il n'a pas atteint tous les
abus. OEuvre merveilleuse et sublime cependantréunissant
toutes les qualités, et remplissant la fois le trésor de la ville,
et la poche du fabricaut
Les brasseurs prétendent de leur côtéet on l'a prouvé, que
le règlement de la ville est daus ses résultats contraire