JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
_\o 3248. Mercredi, 15 Novembre 1848. 32me année.
7?Fw35, tS Novembre.
QUESTION DES BR.ISSEURS.
LETTRE DE M MÉLANIE GOEMAERE
VÉRITÉ ET JISTICE.
On s'abonne Ypres, rne de Lille, 10, près la Grande
Place et cher les Percepteurs des Postes du Royaume.
l'KII ni: LAMIIBNCIT, par trlmcatre,
Ypres fr 3. Les autres localités fr 3-5o. Un n° i5.
Ee Propagateur parait le ft Vf EDI et le VIEDf IlEDI
de chaque semaine. Insertion» 19 centimes la ligne).
Suite au n° du 11 courant du Propagateur.
Pour toutes les personnes qui ont quelques no
tions de la fabrication de la bière, il ressort clai
rement des explications même publiées par le
Progrès dans son n° du 5 novembre, que les
nombreux de'sagre'niens qui résultent pour le fa
bricant, du règlement d'octroi de cette ville, n'ont
été exagérés en rien dans l'écrit quelques mots
publiés par le Propagateurmais l'on conçoit
fort bien que ces de'sagrémens ne sont bien sentis
et appréciés que par les personnes qui sont de
•l'état.
L'on ne saurait douter qu'il n'en ait été ainsi
lors de l'approbation donnée au règlement par le
ministère hollandais, et ici nous rencontrons la
conséquence déduite par le Progrès de cette ap
probation obtenue le 12 mars 1827, c'est-à-dire
quatre mois après l'arrêté royal du 10 novembre
T826, qui ordonnait de mettre la perception des
droits d'octroi en harmonie avec les lois de l'état.
Suivant le journal cité, cette approbation prouve
la parfaite légalité du règlement c'est-a-dire,
d'après le sens qu'il semble attacher h ce motsa
concordance avec la loi. Rien n'est moins fondé
que ce raisonnement. D'abord quant sa léga
lité on concède qu'un règlement communal est
légaljudiciairement parlant, c'est-a-dire qu'il a
force de loidès qu'il est revêtu de la sanction
royale, mais cela prouve-t-il qu'un règlement
même légal ne puisse être, par erreur matérielle,
(Sœur Itrnlldc) de Xtarnèton,
Religieuse en Origan (IVord-oucat de l'Amérique
t.
A MO\ ri;ni
(Suite et fin.)
I.e 29 juin i six heures du matiu, nous passions l'équateur
pour la seconde fois, par II3» de longitude occidentale. Les
chaleuis commencèrent alors devenir encore ties grandes
mais elles ne furent pas de longue durée, ce qui parait assez
extraordinaire dans ces parages qu'ayant le soleil presque
perpendiculairement sur la tête, et d'éprouver uu froid
piquaut. Les Sccuis qui nous out précédées il y a trois ans
éprouvèrent tout-a-fait la même chose, ce fut le lu juillet que
nous passions presque sous le soleil nous n'en étions plus
éloignées que de jo minutes au 2a0 de latitude par iao° de
longitude et le i3 nous sortions du tropique du cancer. 11
vous semble peut-être, mou cher Père qu'un voyage de loug
cours comme celui ci, doit nous paraître bien ennuyeux et
que le temps doit nous sembler bien long de rester si long
temps eu mer i mai. le bon Dieu proportionne toujours les
grâces aux besoius que uous en avons, car les jours, les
semainesles mois passent presque sans qu'ou s'eu apperçoive.
D'ailleurs la mer a aussi ses agréments et elle nous présente
Ses variétés avec Uni de grâce, elle est tautôt caloie, tantôt
agitée, houleuse, axutée noire, verdâtre, phosporesceute.
Le coucher du soleil, est de toute beauté eu mer, quand il est
ou par fausse appréciation, ou par mauvaise inter
prétation, contraire a la loi? nullement plus d'un
exemple l'atteste, et il nous sera facile de prouver
que c'est précisément ce qui a eu lieu dans l'oc
currence.
En effet en 1822 le Gouvernement hollandais
introduisit un système tout nouveau pour les bras
series, et au lieu de percevoir les droits d'accise
sur les chaudières comme on l'avait fait jus
qu'alors, ordonna de les percevoir sur la cuve-
inatière. Les régences de ce temps, habituées
percevoir sur les chaudières, n'abandonnèrent
pas volontiers cette base et pour la mainteniret
même la renforcer, introduisirent pour les droits
de ville, les perceptions a l'entonnement.Le
gouvernement hollandais frappé de l'énorme con
tradiction, disons le mot, de l'injustice qu'il y avait
a imposer les brasseries de deux manières diamé
tralement opposées porta son remarquable arrêté
du 10 novembre 1826, qui ordonna de mettre la
perception des droits d'octroi en harmonie avec
les lois de l'état. Comme on l'a dit dans l'ar
ticle publié en supplément au Propagateurla
plupart des régences obtempérèrent h cet arrêté
royal, et contre l'éventualité des pertes résulter
pour le trésor des villes, pensèrent que l'on pou
vait facilement concilier la loi avec cet intérêt, en
opérant une retenue sur les droits restituer pour
exportations de bière. A Ypres au contraire, on
eût bien l'air de se conformera l'arrêté royal cité,
et en exécution de l'une de ses dispositions, on
perçut les droits de ville en centimes additionnels
a l'accise, et sur la cuve-matière; mais, (et que
l'on veuille bien le remarquer, car ici se trouve le
point de la discussion), pour que le brasseur pût
jouir de la restitution des droits pour bières ex-
poiiées; il lui fut prescrit une foule de formalités,
qui détruisent, ou ne peut assez le répéter, toutes
les facilités que la loi avait conservées, et cela a tel
point que tout homme qui enteiid quelque chose a
disparu, l'horison se couvre des images nuancés de toutes
les couleurs, qui brillent de tout leur éclat, ces nuages
prennent aussi toutes sortes de formes, on dirait des mers de
feu, des montagnes de neige, des volcans embrasés, des
forets, des villes, des chateaux, des villages, des troupeaux
de moutons bondissant dans une belle plaine, suivi de leur
berger cheval ou a pied nous passions bien souvent nos
récréations en coutcmplaut uu si beau spectacle. Nous fûmes
bien souvent témoins de la phosphoresceiise de la merc'est
le soir quand il n'y a pas de clair de lune, alors l'écume
parait alors comme autant de Ilots de lumière qui le disputent
en éclat aux étoiles du lirmarnent. 11 y a quelques auuées
ou n'aurait pas pu te mettre en mer pour uu si loug voyage
sans s'arrêter eu route pour reuouveler les provisious, mais
surtout pour l'eau douce et encore avait ou bien souli'rir
de ce côté là qu'on s'en trouvait dépourvu avant que de
pouvoir aborder quelque part j mais maintenant piesque tous
les grands vaisseaux out uu distillateur, et uous buvons l'eau
de la mer distillée, et il n'y a pas de danger que le puits
se trouve sec, n'est-ce pas? Ou a aussi des méthodes pour
couserver les viandes, saus les saler, aiusi que de toutes sortes
de légumes, étant renfermés dans des boites de fer blanc, et
uue fois privés d'air ils se conservent très bien comme venant
du jardin on couserve même du lait aussi irais et aussi doux
que le premier jour et voila maiuteuaut cinq mois que nous
sommes en mer. Nous avançons vers notre destination, mais
le bon Dieu seul sait quand nous arriverons depuis quelques
jours les vents sont contraires et nous poussent hors de notre
toute. Le 19 Août. Je lermiue ma lettre: les pères Jésuites
nous olirent de profiter de leur occasion pour envoyer nos
la fabrication de la bière, doit convenir qu'en réa
lité, la loi de 1822, la seule en vigueur, n'existe
plus pour les brasseurs de cette ville. Aussi
nous sommes en droit de conclure, contrairement
au Progrèsque l'approbation royale n'a jamais
été donnée au dit règlement, que parce que le
Ministre hollandais ne s'est pas assez pénétré des
inconvénients, et des contradictions avec la loi,
qui en seraient la conséquence nécessaire, et iné
vitable. Chose Lien naturelle, du reste, un Mi
nistre même n'étant pas infaillible. Pour résumer
ce point, nous disons En 1822 une loi qui intro
duit un nouveau système, un système qui consacre
une certaine liberté d'industrie; en 1826 (le 10
novembre, la date est a remarquer), un arrêté .royal
qui manifeste de nouveau clairement l'intention
du Gouvernement, de vouloir conserver cette
industrie la liberté légale qui lui avait été octrovée
en 1822, et le 12 mars 1827, c'est-à-dire quatre
mois après, une approbation est donnée un rè
glement qui renverse tout ce que le Gouvernement
avait introduitcar une surveillance de l'enton
nement est ou système opposé celui de la loi,
personne ne peut le nier; donc évidemment il y
eu erreur chez le Ministre hollandais sur la véri
table portée du règlement, et l'on ne saurait rien
conclure en sa faveur, de l'approbation qui y a été
donnée.
Les intentions de ceux qui partagent l'opinion
soutenue par le Progrès se trahissent enfin, et les
brasseurs ont perdu leur temps en réclamant que la
loi seule fût observée leur égard, puisqu'on leur
répond que la loi elle même est détestable.
Ab Messieurs si la loi est détestable, elle n'en est
pas moins loi, et elle est suivie pour tous les bras
seurs du pays, et comme l'égalité devant la loi
existe encore en Belgique, les brasseurs d'ici s'ima
ginaient mais b tort semble-t-il, qu'ils avaient le
droit d'en demander le bénéfice. La loi fait
perdre des millions au trésor, dites vous et la
lettres avec les leurs jusqu'à Paris, j'en profite avec plaisir
car les occasions pour l'Europe ne sont pas très fréquentes.
Nous sommes entrées clans la Colombie le i3 courant après
nous être promenés devant l'embouchure pendant six jours
sans pouvoir passer, cause des brisaus et des boucs de sable
qui se trouvent l'entrée et qui la rendeut si difficile et en
même temps très dangereuse: nous avons failli y faire naufrage
le navire toucha un banc de sable, qui s'était formé par les
débris d'un bâtiment qui coula fond il y a cinq ou six mois.
A peiue arrivés dans le fleuve qu'uu graud nombre de sauvages
vinrent nous readre visite au navire. Us sont vêtus pour la
plupart d'une simple chemise qui ne les couvre que jusqu'à la
moitié des cuisses, ils sont si laids et si misérables, ils oui U
teint cuivré, une grande bouehe et les oreilles percées cinq
ou six fois, ils y passent des bouts de ficelle, auxquels ils
attachent tout ce qu'ils peuvent trouver comme des médailles,
des floches, des perles etc. Nous nous sommes arrêtés au fort
Aristoria, le 18 nous devions arriver Vaneouves mais
malheureusement nous échauâmes cinq inities de là et il
fallut qu'on déchargea le navire pour pouvoir le dégager.
Dans quelques jours nous verrons nos Soeurs qui nous atten
dent avec impatience uous dit AJgr. Deniers qui est venu
notre rencoutre.
Adieu, mon che»'Père, veuillez présenter mes respects M.
le Curémon Parrain mes Oncles et Tante, et daiguez
bénir celle qui se dit de loin comme de près.
Votre soumise et affectionnée fille,
ScEOn RtSILDE.
Soeur de N. Dame.
Du fleuve de la Colombie 19 Août 1847.