JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Une grande fête militaire a été célébrée,
dimanche dernier, Ypres, au local des
grandes Casernes. Grâce la munificence
du Roi, du ministre de la guerre et des
officiers en garnison en cette ville, la
journée du 8 octobre a été, pour nos
soldats, un véritable jour de kermesse:
Sur l'immense cour de la Caserne étaient
dressées de vastes tables, autour desquel
les se trouvaient rangés les braves enfants
du 10iem<l; on se plaisait leur voir servir
de friandes tranches de Jambon et d'a
bondantes Cruches de bière. Le repas
fini, plusieurs divertissements ont été suc
cessivement donnés: tels que mât de
Cocagne, jeu du Seau, et des exercices
gymnasliques; nos joyeux soldats se sont
livrés ces différentes récréations, avec
un plaisir qui a été partagé par tous
ceux qui en ont été témoins. Des dra
peries ornaient la rampe de l'escalier qui
donne sur l'entrée principale; un superbe
trophée s'érigeait sur le palier qui com
munique aux galeriessupérieures. Pendant
toute la durée de la fête, l'excellente
musique du 10"°" régiment n'a cessé de
se faire entendre; nos belles Casernes
étaient ouvertes au public: une foule im
mense a parcouru les larges corridors
de cet établissement dont on ne se lasse
d'admirer l'extrême propreté. La garde
Civique et le corps des pompiers étaient
conviés spécialement aux fêtes; un grand
nombre d'entr'eux y assistaient en uni
forme. Cette sympathie, celte entente
Cordiale qui existe entre l'armée et la
milice Citoyenne est d'une haute signi
fication: elles font voir, qu'une même
volonté guide tous les cœurs, qu'un même
désir les anime: maintenir l'ordre public,
défendre le trône populaire qu'occupe le
meilleur des monarques, et qu'ornent deux
Préaux fleurons, ces princes bien-aîmés,
objets de l'amour des Belges, le plus ferme
espoir de la patrie; sauve garder nos li
bertés constitutionnelles qui depuis dix-
huit ans excitent l'admiration de tous les
peuples de la terre, tel est le Cri du soldat;
tel est le Cri du Citoyen; tel est le vœu
de la nation entière.
La clôture du S1 Rosaire avait attiré di
manche S1 Jacques une afiluence extraor
dinaire. Des avant les vêpres, il n'y avait
plus de chaises disponibles. Le R. P. Yan-
dermeulen s'est surpassé de verve et de
vigueur oratoire. 11 s'est attaqué en passan t
Voltaire, déroulant en traits rapides le
tableau hideux de la mort de ce scélérat,
qui a tant contribué pervertir des géné
rations entières, peu s'en faut. Les corrup
teurs du siècle dernier ont été trop épar
gnés, par égards pour un vernis de mérite
littéraire.
Demain, jeudi, 8 h", il sera célébré un
service funèbre S1 Jacques, pour le repos
de l'âme de notre digne Évêque, Mgr.
Boussen.
*0 32SS.
32me annee.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonne Yprès, rue de Lille, lo, prés la Grande
Place et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIT DE I.' AIEOWI.M IV r par trimestre,
Y'pres fr 3. Les autres localités fr 3-5o. Un n° t5.
I.e Propasulenr parait le MtSIEOI et le MI'.R«'R|:UI
de chaque semaine. Insertions 13 centimes la ligne).
7??. S S, 11 Octobre.
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Monsieur le rédacteur du Propagateur,
Dans une épître précédente, j'ai critiqué l'édu
cation que reçoivent nos enfants pauvres dans
l'école communale. J'espère, par mes réflexions,
n'avoir offensé aucunement les honorables magis
trats chargés de la surveillance du susdit établisse
ment. Le bien-être de la patrie, le bonheur de la
société, la bonne conduite de la jeunesse, sont mon
premier but et l'unique mobile qui me guide en
écrivant quelques nouvelles lignes.
Le besoin d'une éducation solide, qui, aux con
naissances réclamées par la profession et le rang
de l'homme, sache réunir les principes vitaux et
sacrés de notre religion, se fait sentir chaque jour
davantage. Jamais l'éducation n'eut une importance
aussi grande que de nos jours, parceque jamais le
jeune âge ne fut exposé a des écueils plus grands
et aussi multipliés. A peine l'enfant sort-il du
berceau, qu'un monde corrompu s'en empare, que
mille doctrines perverses enchantent ses oreilles,
mille exemples dangereux frappent ses yeux avides;
h peine jette-t-il un regard sur le monde, qu'il y
aperçoit le renversement complet des idées les plus
saines et les plus conservatrices ce noir tourbillon
de partis qui se croisent et se combattent l'impiété
marchant le front levé l'audace du vice honorée,
les efforts de la vertu contenus et honnis.
Comment préserver la génération naissante de la
corruption qui dévore nôtre siècle, si une éducation
éminemment chrétienne ne vient fortifier son esprit
et son cœur où les magistrats, les braves pères et
mères de famille, trouveront-ils pour la jeunesse
des garanties plus certaines de paix, de subordi
nation, de travail, que dans une éducation basée
sur la religion et la morale La foi est le principe
de l'ordre, de la justice, delà paix dans les sociétés:
C'est Cicéron qui nous l'apprend, dans son traité
des devoirs. Semblable la colonne de feu, qui
guida les Israélites dans le désert, la teligion,
comme une phare lumineux, conduira le peuple au
port de salut, travers la nuit confuse de l'orgueil,
de 1' 'amour effréné de la licence qui offusque sa
vue: c'est le sentiment de M. Thiers; il nous l'a
révélé dans cet instant, où les balles révolution
naires, déchirant le bandeau d'illusion, qui couvrait
son visage, lui ont fait apparaître la raison saine, la
vérité toute pure.
Mais suffit-il que la religion couvre les jeunes
âmes de sa divine égide Les efforts du prêtre ne
deviendront-ils plus si non stériles, au moins inef
ficaces, si parmi les maîtres, il s'en trouvait qui
n'eussent pas les qualités indispensables pour in
spirer une pleine confiance? La voix vibraute de
zèle et de charité du catéchisant, peut-elle tomber
jusque dans les derniers plis du cœur, quand l'élève
voit journellement devant soi, un mentor fier su
perbe, qui aperçoit le bonheur de la jeunesse dans
son émancipation un personnage d'une indiffé
rence affichée
Ce n'est pas en vain, Magistrats, qui gouvernez
la ville, que nous appelons votre attention, et toute
la sévérité de votre surveillance, sur le sort de la
jeunesse confiéevos soins. A cette époque critique,
montrez-vous les protecteurs, les infatigables dé
fenseurs du jeune âge éloignez tout ce qui gêne
et compromet l'action légitime du prêtre ensei
gnant veillez sans cesse la garde de la religion
car, si un jour le temple s'écroule, les premiers
peut-être vous serez ensevelis sous ses décombres.
En lisant ces lignes, n'allez pas croire qu'elles sor
tent d'une plume avide de dénigrement, mue par
l'intérêt ou par quelque désaffection personnelle;
elles sont le langage de l'âme, l'expression de la
plus intime conviction. Elles viennent d'un homme
qui, considérant la jeunesse comme l'unique espoir
des familles, le soutien du trône et de l'autel, sent
sans cesse son cœur battre pour son bonheur et celui
de tous ses concitoyens.
Agréez, etc. un yprois.
La rentrée solennelle de la cour d'appel des
deux Flandresséant Gand aura lieu lundi 16
de ce mois, 10 heures du matin.
L'ouverture de la 4e session pour i848 de la
cour d'assises de la Flandre-Occidentale est fixée
au 6 novembre prochain. M. le conseiller Vuyl-
steke est nommé pour présider la cour.
Le Journal historique de Liège reconnaît avec
tous les catholiques que les jésuites eux-mêmes
doivent se renfermer exactement dans les bornes de
leur vocation. S'il en était autrementdit-ilet
n qu'ils trouvassent, au contraire, propos de s'in-
gérer dans les affaires publiques, loin de les dé-
fendre et de prendre lç^;r parti, nous nous join-
drions plutôt aux libéraux pour les blâmer.
Avons-nous jamais dit autre chose. S'écrie ce
sujet la candide Indépendance. A Dieu ne plaise
que nous soyons des adversaires systématiques du
clergé! Quand il se renferme dans sa mission de
paix, nous avons et nous aurons toujours pour lui
la plus grande vénération. Cette vénération pour
le clergé, les jésuites et tout ce que concerne la
religion ne nous est guère démontrée. C'est jus
qu'ici une protestation démentie par les actes. Ce
que nous avons combattu, ce que nous ne cesserons
de combattre, c'est l'abus que d'imprudents amis
ont fait ou voudraient faire, dans des vues égoïstes,
de 1 influence morale et religieuse du clergé.
-—o
Un journal a annoncé, et d'autres journaux ont
I répété d'après lui, que le gouvernement avait l'in-