JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
j\o 3229.
Samedi, 9 Septembre 1848.
32me année.
Comme tout ce qui n'est pas du Progrès
appartient nécessairement au parti rétro
grade, nous nous étions attendus ce que
noire confrère gratifiât de ses outrages les
honorables citoyens de Poperinghe, dont
les dernières élections ont assuré le succès.
Le libéralisme exclusif nous a depuis
longtemps habitué au style des balles, dont
nous n'entendons pas lui disputer le mo
nopole, mais celle fois il s'est surpassé lui-
même dans l'article furibond qu'il a écrit
contre les prétendus abus et l'oppression
de ce qu'il appelle le grand parti modéré.
A en croire le Progrès, ceux qui ont
triomphé dans les élections ne sont que
des usurpateurs, des hommes déloyaux,
qui ont exercé une inlluence brutale sur
leurs dupes, qui ont eu recours des res
sorts cachés et d'infâmes calomnies.
Tous ceux qui ont lu cet article convien
dront avec nous que ce n'est pas aux
candidats élus mais bien ceux qui ont
inspiré ce journal qu'il faut appliquer l'épi-
thète d'Enragés, que le confrère leur a si
gratuitement prodiguée.
La lutte n'était point engagée Poperin
ghe, comme le prétend le Progrèsentre
l'opinion progressiste et le parti qu'il ap
pelle rétrograde; mais bien entre quelques
ambitieux égoïstes et des hommes hono
rables, dévoués depuis longtemps avec
désintéressement la chose publique.
L'homme qui était l'âme du comité des sept,
dont la tentative vient d'être applaudie,
en croire le Progrès, par la partie saine des
habitants de Poperinghe, (la partie malade
n'avait probablement pas de raisons pour
en faire autant) n'était en juger d'après
nos renseignements inspiré que par une
basse jalousie. Ce qui le prouve d'ailleurs
c'est que l'attaque a été spécialement diri
gée contre le candidat nommé récemment
la place de médecin des pauvres par l'an
cien conseil.
Le Progrès se plaint de ce qu'on ait
avancé que toute transaction avec le comité
des sept a été impossible, alors que, d'après
lui, ces Messieurs ont été jusqu'à renoncer
quatre de leurs candidats, en déclarant
que trois seulement se maintiendraient sur
les rangs, si le parti opposé s'engageait
faire quelques concessions, exigées par
l'opinion publique. Cette opinion publique
n'était autre chose que les exigences inté
ressées de deux membres du comité, qui
ont repoussé tout moyen de conciliation,
aussi longtemps que leur collègue ne serait
pas impitoyablement sacrifié.
Que le Progrès ne cherche donc pas
donner le change sur le véritable caractère
de la lutte engagée Poperinghe lors des
dernières élections. Il ne s'est agi là ni
d'opinion progressiste ni de parti rétro
grade. La lutte était engagée entre ceux
qui voulaient donner une marque de sym
pathie, et un témoignage de reconnaissance
d'anciens conseillers, qui avaient rendu
de longs et honorables services la cité,
et qui voulaient leur continuer une con-
fiancedont ils n'avaient point démérité. Ce
parti, qu'on appelle rétrograde, ne com
battait que les sourdes menées de quelques
intrigans, qui n'osant avouer franchement
leur but, ont cherché l'atteindre par des
moyens détournés. Les électeurs de Pope
ringhe en ont fait prompte justice; leur
échec serait plus éclatant encore si le com
bat devait recommencer, aujourd'hui que
quelques indiscrétions les ont complète
ment démasqués.
Quant aux protestations qu'ils ont diri
gées contre la validité des dernières élec
tions, protestations qu'ils n'ont faites que
dans l'intérêt exclusif de la loi, car les
en croire ils ne voudraient pas recommen
cer la lutte, le lecteur en aura apprécié
lui-même toute la l'utilité.
Ceux qui subissent une défaite ne man
quent jamais de quelques mauvaises raisons
pour la colorer; mais il faut avouer que
celles sur lesquelles s'appuie la protestation
des sept sont pitoyables. Nous laissons la
députation permanente le soin d'en faire
la réfutation, si tant est qu'elle pense
devoir s'en occuper sérieusement. La lec
ture des deux articles publiés par le Progrès
suffira seule pour démontrer que celte pro
testation n'est que l'œuvre de l'exagération
et du dépit.
Nous n'aurions pas]éorit dans un style
aussi modéré si les déclamations injurieu-
sesdu Progrès ne nous avaient inspiré plus
de mépris que de ressentiment. Nous nous
tairons sur la nature des moyens mis en
avant par le comité des sept pour assurer le
succès de ses candidats. Qu'il nous suffise
de dire qu'à Poperinghe ces moyens n'ont
provoqué qu'une juste et légitime indigna
tion. Notre modéralion est d'ailleurs le
résultat du respect que nous professons
pour quelques citoyens honorables dont la
bonne foi a été surprise par l'intrigue, et
dont nous aimons reconnaître le carac
tère probe et loyal.
Nous espérons que les dernières élections
auront mis fin la lutte; mais s'il en était
autrement, nous avons foi dans tous ceux
qui déjà ont dû se convaincre, que tout en
croyant servir la cause du libéralisme, ils
n'avaient été que les instruments de l'in
trigue et de l'ambition.
©ME) I
L'arrêté Royal du 51 août, porte qu'il
sera formé dans la ville d'Ypres, une demie
batterie d'artillerie de la Garde Civique.
La force et le cadre de cette demie batterie
sont fixés conformément aux articles 5 2,
et 6§2 de l'arrêté Royal du 27 juillet dernier.
►«fre
tin arrêté Royal de la même date auto
rise la Carde Civique de la ville d'Ypres
porter l'uniforme en draps décrit l'article
1" de l'arrêté Royal du 18 juin dernier.
-
Aujourd'hui a eu lieu aux halles l'ouver
ture de l'exposition des produits agricole
de l'arrondissement d'Ypres. La collection
est superbe. Beaucoup de fermiers et de
cultivateurs, ainsi que d'autres personnes
qui ont exposé leurs produits, assistaient
la cérémonie. La musique des Sapeurs
Pompiers s'est fait entendre par intervalles.
L'émigration pour l'Amérique tend
prendre de l'exlention dans les environs
de Passchendaele. Le sieur Vandendriessche
de Roulers, marchand de lin, a terminé
ses affaires, et est également parti.
VI lUTi: ET JUSTICE.
On s'abonne a Y prèsrue de Lille, io, près la Grande
Place, et chex les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIT DE I/%BO%TEWETT, par trimestre,
Yprès fr 3. Les autres localité* fr 3 5o. Uu n° i5.
IPropagateur parait le ft%JIEI>l et le MERCREDI
de chaque semaine. Insertion* 19 centimes la ligne).
9 Septembre.
Monsieur l'Éditeur du Propagateur,
Faisant, l'autre jour, une promenade pour as
souplir quelque peu mes membres roidis, je passai
devant l'église de S'-Nicolas. Je m'arrêtais con
templant ce superbe édifice quandtout coup, le
roulement du tambour, ie bruit de la musique, la
voix du commandement vinrent attirer toute mon
attention. En vérité, je me serais cru a l'approche
d'un vaste champ de manœuvres si, en longeant
l'école communale, je n'eusse en la conviction,
que tout ce tintamare militaire partait de la cour
de cet établissement.
Mille considérations se présentèrent inconti
nent aucune ne justifia le vacarme. Sans m'arrêter
a l'inconvénient qu'il y avait, le tolérer 'a coté
d'un temple, pendant l'otfice divin, au centre de
la ville, en vain je me demandai s'il entrait dans
les vues des fondateurs de cette institution, de
façonner l'enfance l'art militaire, de créer une
garde mobile a l'instar de celle de Paris Une école
primaire communale, étant une source, où le jeune
ouvrier doit puiser les éléments nécessaires, 'a rem
plir ses devoirs religieux et sociaux, c'est uni
quement une instruction basée sur la vertu et la
morale, qu'on doit lui inculquer, afin de former a
l'État un bon citoyen, a la cité un ouvrier honnête
et instruit selon sa profession.
Après cela, le reste paraît inutile, si pas même
nuisible: l'expérience ayant démontré suffisam
ment que, pour le peuple, une éducation futile
devient rarement un bienet presque toujours un
mal. D'ailleurs, qui peut voir dans ces amusements
si séduisants pour le jeune âge, des moyens pro
pres a le contenter d'un humble état, lui inspirer
le désir du travailla l'habituer une vie sédentaire,
laborieuse? Le cabaret au lieu de l'atelier le cigare
et la gazette au lieu du ciseau et du rabot; la dis
sipation le libertinage a la place d'une vie réglée
et vertueuse: voilà ce que l'on peut attendre,d'une
jeunesse dont le cœur est enflé d'orgeuil et de fri
volité.
Persuadés de l'influence que l'éducation peut
exercer sur le sort futur de la société, nous appelons
de tous nos vœux, l'attention spéciale des autorités
locales, sur l'école primaire. Qu'on ne croie pas,
que l'esprit d'opposition dirige nôtre plume si