JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3217.
32me année.
Il parait qu'uri haut fonctionnaire de
celte ville se propose de faire demain une
tournée électorale dans la 2e compagnie de
la Garde civique, dans le but de combattre
la candidature de M. LAMBIN-MORTIER,
proposé comme capitaine dans la susdite
compagnie.
Que l'on ne s'y méprenne pas, les élec
tions des officiers, sous-officiers et caporaux
de la Garde civique, ont leur importance
il s'y rattache, avant tout, comme aux élec
tions communales, dont nous aurons bien
tôt nous occuper, un intérêt local; et,
par l'ensemble de leurs résultats, elles
influent considérablement sur les intérêts
généraux.
Depuis 1850, plusieurs foison a ébauché
l'organisation, soit de gardes bourgeoises,
soit de gardes civiques. Dans certaines
localités, ces tentatives ont échoué contre
le mauvais vouloir, dans d'autres on les a
volontairement abandonnées.
Cet état de choses pouvait s'expliquer,
d'un côté, par les défectuosités d'une légis
lation en lambeaux incohérents, d'un autre
côté, par les circonstances qui ne récla
maient pas impérieusement le concours
d'une milice citoyenne, jointes au peu de
goût que le Belge éprouve, de sa nature,
pour les exercices militaires.
Aujourd'hui tout est changé, sauf les
hommes peut-être, mais il faut que ceux-ci
se plient aux événements et aux exigences
sociales.
L'Europe est sur un volcan. Les convul
sions qui agitent les pays voisins, nous
pourrions dire, tous les peuples du conti
nent, nous avertissent de prendre une
altitude propre inspirer le respect et la
considération au dehorset déjouer
même, en cas de besoin, les entreprises
qui oseraient éventuellement s'attaquer
notre neutralité, notre indépendance.
A l'intérieur, la crise agricole, la déca
dence de plusieurs industries, le paupéris
me qui décime les populations flamandes,
ont rendu évidemment nécessaires des éco
nomies efficaces et urgentes.
On ne fera que des économies illusoires,
aussi longtemps que l'on n'apportera point
des modifications radicales dans certaines
branches administratives, aussi longtemps
quel'on ne réduira point l'armée aux justes
proportions de nos ressources et de nos
besoins. L'un et l'autre doit se poursuivre
insensiblement, mais successivement et
sans interruption. Nous ne réclamerons
jamais le sacrifice inique d'une position
légitimement acquise et honorablement
occupée. Et ce n'est pas au moment où le
feu couve sous la cendre, où du jour au
lendemain une conllagration europeénne
peut éclater, ce n'est pas dans un moment
aussi grave, que nous nous aviserons de
provoquer la mutilation de notre belle
armée qui constitue notre plus grande
force et qui, le cas échéant, nous en avons
eu récemment la preuve, tient cœur de
remplir noblement ses devoirs.
C'est plus tard, c'est dans l'avenir, c'est
lorsque les nations, dégagées de la fièvre qui
les dévore, seront revenues leur état nor
mal, que nous insisterons, sans relâche,
sur toutes les diminutions, sur toutes les
réformes dont l'armée est susceptible en
temps de paix.
D'ici là, une Garde civique s'organisera,
et deviendra capable de compléter l'armée
régulière dans les cas d'absolue nécessité.
C'est dans cette intention que le législa
teur a défini de la manière suivante la
mission de la Garde civique elle est
chargée de veiller au maintien de l'ordre
et des lois, la conservation de l'indépen
dance nationale et de l'intégrité du terri
toire.
Celte mission est donc double; elle est
la même que celle de l'année.
Pour qu'elle puisse atteindreà la hauteur
de sa destinée, il importe que la Garde
civique soit fortement organisée; or, son
organisation ne sera sérieuse et solide que
si elle est dirigée par des hommes, que
leur position et leur caractère, mettent
même, nous ne dirons pas d'exercer un
commandement sur leurs concitoyens,
mais d'acquérir sur eux de l'influence et
de l'ascendant, lise tromperait, celui qui,
sousce rapport, nediscernerait pas la diffé
rence entre la Garde civique et l'armée.
Sans doute la discipline est de l'essence de
l'une comme de l'autre. Néanmoins, si
l'obéissance est due tout supérieur, elle
ne s'imposera pas aussi facilement dans la
Garde que dans l'armée, et il conviendra
que tout chef citoyen lâche de se faire
obéir par la persuasion plutôt que par
l'intimidation la soumission alors est plus
facile, elle ne blesse point l'amour propre,
qui est si chatouilleux entre gens, dont les
positions se rapprochent et se confondent
ou bien se tranchent et s'éloignent, une
fois qu'ils sont sortis des rangs.
Ainsi deux points doivent prédominer
dans le choix des officiers, sous-officiers et
caporaux le caractère et la position so
ciale.
Y a-t-il sur les rangs deux hommes, dont
l'un est exalté, violent ou brutal; dont
l'autre est modéré, indulgent, d'une hu
meur égale,d'un abord convenableà l'égard
de tout le monde, dans ce cas, les élec
teurs accepteront le dernier et ils écarte
ront le premier.
Il n'en est pas de même, lorsque le con
cours existera entre un propriétaire, par
exemple, et un cultivateur: il ne faudra
point nécessairement éloigner le cultiva
teur. Ce n'est nullement là notre but en
parlant de la position sociale. Sous ce point
de vue tout est relatif dans les compagnies,
composées en grande partie decultivateurs,
il est bon que les grades soient occupés
proportionnellement par descampagnards.
Nous voulons encore moins que toutes les
épaulettes appartiennent aux riches et aux
fonctionnaires. Ce que nous désirons, c'est
que les choix s'éparpillent sur toutes les
classes, et se fixent de préférence sur ceux
qui jouissent de la plus grande considéra
tion morale, et dont l'attachement nos
institutions n'est pas équivoque.
Un dernier vœu nous reste exprimer.
Toute préoccupation politique devrait res
ter éloignée des élections. Que les drapeaux
de tous les partis disparaissent jamais
devant le drapeau national autour duquel
nous allons fraternellement nous organiser
en compagnies civiques.
D'après bonne information, nous avons
la satisfaction de pouvoir annoncer que .M.
Malou-Vandenpoereboom, en quittant les
affaires est parvenu dans l'intérêt de la
ville, faire remplacer sa maison d'une
manière convenable et qui pourra satis
faire tous les besoins du commerce et
de l'industrie. 11 paraît même qu'il conti
nuera ses escomptes jusqu'à ce que le nou
vel établissement puisse être installé, afin
d'éviter ses clients les embarras d'une
in terru ption.
Le conseil provincial, dans sa séance du
28, a procédé l'élection des membres de
la députalion permanente.
Au moment où nous mettons sous presse
quatre nominations sont connues.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
SS, 29 Juillet.
AVIS AUX ÉLECTEURS.
Jeudi, 27 Juillet, MM. les membres de la 2'
compagnie de la Garde civique se sont réunis a
l'estaminet le Grand Aigle d'Or vers huit heures
du soir,'a l'effet de procéder l'élection des can
didats pour les divers grades d'officiers et de sous-
officiers.
La réunion était nombreuse, environ 60 gardes
ont pris part au scrutin. En voici le résultat
Pour le grade de Capitaine:
MM. Honoré Verhf.ylewegen, 3t voix.
Lambin-Mortier, 23
Pour le grade de Lieutenant, M. Charles
Beke a été proclamé candidat par acclamation.
Pour le grade de Sous-Lieutenant MMplronon-
Cornette et Dumortier-Decoene ont obtenu
le premier 4o voix, le second 37.
Apres eux, M. Aug. Joye avait réuni 23 suf
frages.
Pour le grade de Sergent
MM. Mylle-Vandermeerscii, 44 voix.
Stoffel, Charles, 36
Derulle, 55
Daitchy, Louis, 29
M. Pierre Taffin avait obtenu 27 voix.
M. Pierre Vanderghote a été admis comme
candidat pour le grade de Fourrier sans opposition.
Ont été proposés et admis comme candidats-
caporaux MM. Taffin (Pierre), Maertens,
Allew.aert (Charles), Gaston (Louis), De
Sagher, Goethals, Charles Baus et Leen-
kneciit.