JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
31me année.
]\o 3210.
VÉRITÉ ET JUSTICE*
On s'abonne Ypres, rue de Lille, io, près la Grande
Place, et chei les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRI\ DE I/All® 1IENEXT, par trimestre,
Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un n° i5.
Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine. (ln»ertion» 19 centime» la ligne).
7PP.SS, 5 Juillet.
Le Journal cC Anvers raconte ce qui suit
La mort héroïque de l'illustre archevêque de
Paris, mort victime de son dévouement, sera ac-
cneilie partout avec une consternation générale,
mais elle affectera plus vivement encore, ceux qui
ont eu le bonheur d'avoir pu apprécier les nobles
sentiments qui ornaient sa belle âme.
Ayant eu l'honneur d'accompagner Mgr. Affre
dans une petite tournée qu'il fit eu Belgique il y a
quelques aunées, je fus plus d'une fois vivement
touché de son caractère afTable et géuéreux et je
me rappelle entr'autres un trait d'humanité, dont
je fus témoin oculaire dans une visite que je fis avec t
ce digne prélat la citadelle d'Anvers. Le com
mandant, dont je regrette de ne pas connaître le
nom, nous en fit les honneurs avec le plus grand
empressement et nous fit voir jusqu'aux moindres
détails. Arrivés dans une casemate, nous passâmes
a côté d'une grille derrière lapuelle se tenait muet
et immobile un jeune détenu militaire qui nous vit
passer d'un air dédaigneux. L'archevêque s'arrêta
et le fixa avec compassion, il fut ému de l'air pâle
et souffrant du jeune soldat. Voulant quitter la ci
tadelle nous fûmes surpris de voir le prélat re
prendre le chemin qui conduisait la demeure du
commandant, sur l'observation que nous lui fîmes
qu'il retournait sur ses pas, i! nous répondit qu'avant
de quitter la forteresse il voulait parler encore au
commandant, nous l'y accompagnâmes et quelle ne
fût pas notre surprise en entendant ce grand pré
lat s'enquérir du motif pour lequel le soldat que
nous venions de voir était en prison. Le com
mandant répondit que c'était parce qu'il avait
manqué h l'appel du soir et qu'il n'était pas rentré
la nuit passée. Certainementreprit l'archevêque,
la bonne discipline fait les bons soldats; mais je
vous demande grâce pour ce jeune homme qui
paraissait maladif, et je serais heureux si vous vou
liez bien l'accorder. Le commandant ne pût résister
a ses instances et le militaire fut rendu a l'instant
la liberté.
Un des journaux les plus estimés de la Hollande,
Y Arnhemsche Courant, publie sous la date de
Bruxelles, 27 juin, un article dans lequel, après
avoir rendu compte de l'ouverture des Chambers,
de la revue passée par le Roi, et de l'enthousiasme
qui animait ia population, il termine ainsi:
La dynastie et le gouvernement belge se sont
empressés de satisfaire aux besoins et aux désirs de
la nation ils ne l'ont pas payée de vaines promesses,
mais ils ont réalisé sincèrement les réformes néces
saires et les économies possibles dans les services
publics. Ils s'en voient maintenant largement ré
compensés. Paisible et contente, la Belgique jouit
d'un calme parfait au milieu des secousses qui
ébranlent les États voisins. Parmi la masse innom
brable de peuple qui bourdonnait partout, et qui se
préoccupait avec une vive curiosité et uue émotion
douleureuse de la terrible lutte qui ensanglantait
Paris, on ne pouvait distinguer aucune fermenta
tion, aucune symptôme de nature causer la moin
dre inquiétude.
Heureuse Belgique, heureux Roi
C'est que la Belgique n'a voulu que son indé
pendance et une entière liberté. Elle ne veut pas
davantage en politique. Elle veut relever son com
merce, son industrie, elle vent soulager la misère
d'un grand nombre de ses enfants; mais tous savent
bien que c'est en protégeant les idées de religion,
de morale et d'ordre, par les économies et par les
relations étrangères que la paix favorise qu'elle
arrivera a cette prospérité, et non 'par des boule
versements qui remettent tout en question, et qui
ne feraient que l'affaire de quelques intriguants aux
dépens du peuple.
M* Van Overschelde, vicaire Westoutre, passe
en la même qualité Schuyflferscapelle. 11 a pour
successeur Mr Van den Berghe, coadjuteur de M*
le curé de Saint-Martin Courtrai.
Le vieux général Mellinet„a été écroué samedi
soir aux Petits-Carmes. Il est, paraît-ilimpliqué
dans l'affaire de Risquons-Tout. Où va se perdre
la gloire de i83o
M. Van Bommel, évêque de Liège, accom
pagné de deux vicaires, s'est embarqué dimanche
sur le bateau vapeur anglais Soho, se rendant h
Londres, pour assister l'ouverture solennelle d'un
des plus beaux temples catholiques qui aient été
édifiés depuis le moyen âge.
MÉCIIOLOUIE.
M. Fréd. Basse, ancien fabricant, membre du
conseil provincial, directeur de la Société Générale
jusqu'en ces derniers temps, a mis fin ses jours.
11 a été trouvé mort vendredi au matin, dans son
cabinet de travail. Des pertes de famille qui l'a
vaient vivement affecté jointes des infirmités
précoces, paraissent être la cause de cet acte cri
minel de désespoir. Si tant est qu'il n'ait point pour
cause un dérangement des facultés mantales.
FRANCE. Paris, 30 juin.
Le Messager du Nord, ce journal de Lille
fidèle organe de M. Delescluze et des doctrines
anarchiques, vient de cesser de paraître. 11 meurt
frappé par la réprobation publique.
C'est ce journal qui maltraitait habituellement la
Belgique.
Un des plus grands torts de la presse honnête,
c'est de ne s'être pas concentrée pour flétrir en
masse tous ces ignobles journaux sortis depuis
plusieurs semaines des égouts de l'anarchie.
Aux yeux du public, la presse est solidaire.
Celle-ci doit donc sévèrement rejeter hors de ses
rangs tout ce qui peut la déshonorer. (Corsaire.)
Il y a lougiemps que ce reproche est mérité en
Belgique.
Un jeune garde mobile, atteint d'un coup de
feu est transporté dans une ambulance, et pausé
sur-le-champ.
Est-ce grave deraande-t-il an chirurgien.
Non, lui répondit celui ci, la balle a traversé
les chairs, et brisé seulement le petit doigt du pied.
Le petit doigt du pied, tant mieux j'y
avais un cor m'eu v'iâ débarrassé. (Corsaire.)
Par une circonstance fatale et providentielle des
derniers événements, tontes les blessures des in
surgés qui ne sont pas tombés immédiatement
entre les mains des défenseurs de l'ordre, sont de
venues mortelles; leurs farouches frères d'armes
les entassaient pêle-mêle dans des maisons où ils
n'étaient l'objet d'aucun secours, toutes les préoc
cupations des rebelles étant absorbées dans l'action.
Des personnes qui étaient aux alentours ont
entendu les cris lamentables de ces malheureux
dont presque toutes les plaies se sont gangrénées.
D'après une décision prise, les ouvriers des ate
liers nationaux seront renvoyés dans les ateliers
privés où le travail existe. Des renseignements leur
seront donnés, dans ce but, chaque mairie.
tin certain nombre d'entr'eux seront colonisés
en Afrique ou même en France. Cinquante mil
lions de travaux seront proposés outre les trois
millions déjà voté. Enfin, l'autorité pousse la pré
voyance jusqu'à faire donner des secours domicile
ceux qui ne pourront trouver du travail nulle
part.
Après d'aussi sages dispositions qui font autant
d'honneur l'humanité du général Cavaignac que
les luttes des jours derniers ses talents militaires.
On a l'espoir que la démission de M. Carnot,
ex-apôtre du saint-simonisme, serait prochaine
ment agréée.
VIndépendance en parlant de la situation
s'énonce en ces termes
La Providence ou le destin de la Jorce aveu
gle des événements, selon le point de vue où Von
veut se placer, pourront seuls nous tirer de là. Ce
serait folie de compter sur un homme. 11 faut laisser
venir les choses quelles qu'elles soient. Il est
vraiment honteux pour le pays de voir des organes
aussi stupidement impies de la presse jouir de la
vogue du jour auprès des libéraux. Si c'est le
destin aveugle que gouverne les événements, vous
n'êtes doue plus chrétien, et si vous êtes chrétien,
vous devez dédaigner de lire l'Indépendance athée.
Il est vrai que le passage est tiré d'une correspon
dance du journal; mais qui ne voit qu'une corres
pondance ainsi accueillie emporte une implicite
approbation.
La population est toujours dans les larmes. Ce
matin le bruit courait qu'on avait découvert une
conspiration dont le but n'aurait été rien moins que
d'incendier tous les quartiers et de faire sauter en
même temps la ville en mettant des tonneaux de
poudre dans leségoûts.
M. de Cortnenin, vice-président de l'Assemblée
nationale, chargé par le président et le général
Cavaignac de visiter les prisons et les hôpitaux, a
déjà fait plusieurs rapports sur l'état des prisonniers
et des blessés. Dans la prison de la rue de Tour-
non, il a trouvé 1,5oo individus, et a réclamé pour
eux quelques améliorations au point de vue sani
taire, telle que des distributions de paille et de
vinaigre, et le renouvellement aussi fréquent que
possible de l'air, promptement vicié par l'agglo
mération d'un si grand nombre de personnes.
Huit cents prisonniers étaient entassés dans les
caveaux et dans le passage souterrain qui conduisent
du château des Tuileries la terrasse du bord de
l'eau. Ces lieux sont très humides, et l'infection
qui en résultait était telle que les médecins ont
craint que le typhus ne se déclarât et ne gagnât les
salles où se trouvent les blessés. Sur la demande
de M. de Cormenin, et par ordre du chef du pou
voir exécutif, 45o prisonniers ont déjà été extraits
de ce cachot, et le reste a dû être transféré aujour
d'hui même dans les forts détachés des fortifications
de Paris.
Au nombre des prisonniers figurent un assez
grand nombre d'enfants au dessous de douze et