JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
31nlc année.
«s T- G
Dans notre pays, les commerçants, les
industriels, les agriculteurs ont pris, en
général, une part très restreint aux affaires
publiques.
Aux époques où les productions du gé
nie, du travail et du sol trouvent des écou
lements faciles et lucratif; où les institutions
politiques ne sont pas suffisamment élar
gies pour embrasser toutes les carrières,
on conçoit cette position isolée les pro
ducteurs appliquent toutes leurs facultés
des intérêts personnels, ou même ils sont
écartés de fait, si pas toujours de droit, de
la gestion des intérêts, soit communaux,
soit provinciaux, soit généraux.
Mais dans l'état actuel des sociétés, les
rôles changent avec les circonstances. D'une
part, toutes les industries souffrent, péri
clitent et déclinent; d'autre part, des réfor
mes interdisenl aux fonctionnaires salariés
toute espèce de Magistrature élective et
appellent ainsi naturellement les rem
placer les classes actives, productrices, qui
renferment en effet dans leur sein les for
ces les plus vives de la nation.
C'est la véritable bourgeoisie qui sera
désormais destinée prendre dans le mou
vement des affaires politiques et adminis
tratives la place qui lui convient et qui lui
est due.
Qu'elle ne se lance pas en aveugle dans
le tourbillon; qu'avant d'agir, elle réflé
chisse, elle délibère mûrement, comme
s'il s'agissait d'une entreprise personnelle,
d'une spéculation particulière.
Pour notre part, nous avons regretté
très souvent celle indifférence, cet isole
ment, que nous venons de relever.
Lors de nos luttes politiques, si les clas
ses intermédiaires avait jeté tout au partie
de leur poids dans la balance, peut-être les
hommes qui étaient au pouvoir auraient-
ils pu réaliser leurs projets en faveur de
l'agriculture et du commerce, au lieu de
succomber sous les attaques déloyales de
leurs adversaires qui ne cherchaient qu'à
paralyser les plus louahles, les plus géné
reux efforts.
Aujourd'hui dumoins qu'ils sont poussés,
par un double stimulant, se dépouiller
de leur apathie, il est de la plus haute gra
vité que les agriculteurs, les industriels,
les commerçants ne se laissent point en
traîner dans une fausse voie.
Ils viennent d'être trompés une première
fois. Aux élections générales, ils ont vu
éliminer de la représentation nationale,
par des manoeuvres scandaleuses, le dé
fenseur né, le défenseur intelligent, probe,
infatigable de leurs intérêts et de leurs
droits dans toute la province."
Ils savent d'où est venu le mal qu'ils
en prennent les auteurs en pitié et en
aversion.
La voie est ouverte. Ils n'ont qu'à se
tourner vers les hommes prudents et mo
dérés, qui aiment tous ceux qui produisent,
parce qu'ils aiment l'ordre et le repos dans
la liberté. Ils n'auront jamais rien at
tendre de ces ambitieux qui veulent maî
triser et plier leurs caprices toute une
ville, tout un arrondissement, toute une
province;decesorgueilleuxqui dédaignent
le commerce et l'industrie, quoi qu'ils en-
soient sortis et parce qu'ils se sont élevés
au dessus d'eux.
11 n'y a donc pas balancer dans lechoix.
Nous désirons que cette vérité soit bien
comprise avant les élections provinciales
et surtout avant les élections communales
prochaines.
Voici de quelle manière les libéraux en
tendent la liberté, sous le cabinet Detheux,
ils applaudissaient aux fonctionnaires qui
travaillaient des pieds et des mains pour
culbuter le ministère; mais depuis que
leurs protecteurs sont au pouvoir, ils ne
permettent pas même un secrétaire
communal d'exprimer une appréciation
politique.
Le Progrès est chargé de calomnier qui
conque ose émettre une opinion contraire
celle qui est prescrite par les hauts et
puissants Seigneurs qui le rédigent ou le
dirigent.
Avis ceux que la chose concerne.
On nous écrit de Passchendaele
M. Henri Iweins-Fonteyne, conseiller
communal, et juge-suppléant au tribunal
de lre instance, Ypres, se met sur les
rangs, dans notre canton, pour la place
vacante de conseiller provincial.
Par arrêté royal en date du 24 juin 1848:
Art. Ier. Les conseils provinciaux sont
dissous
Art. 2. Les collèges électoraux de tous
les cantons sont convoqués pour le mer
credi 12 juillet, 9 heures du inatin,
l'effet d'élire chacun le nombre de con
seillers déterminé par la loi provinciale
modifiée par la loi concernant les modifi
cations portées la circonscription can-
tonnale.
Art. 3. Les nouveaux conseils provin
ciaux sont convoqués pour le mardi 18
juillet, dix heures du matin.
A RRON DISSE MENT Z>' YPRES.
Le canton de Messines,2; Passchendaele,
2; Poperinghe, 1; Wervicq, 2; Ypres, 4;
et Haringhe, 2.
>0 3209.
TtniTi: ET JISTICE.
On s'abonne Y prèsrue de Lille, lo, prés la Grande
Place, et chez les Percepteurs dea Postes du Royaume.
1*111% DE L'.tHSttflHKt'T. par Irlmrslrr,
Y"près fr 3. Les autres localités fr 3 5o. TJo n- iî.
Le Propagateur parait le VIE KSI et le HERCIIKDI
de chaque semaine Insertion» il centimes la ligne).
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ELECTIONS PROVINCIALES.
PARIS ET CLERCKEN.
Pourquoi hésiterons nous a recommander encore
une fois nos lecteurs, tous les habitants aise's de
la ville et de l'arrondissement d'Ypres, l'exposition
ouverte au profit de nos frères pauvres a Clercken
Voyez le pauvre en France, h Paris même, qui a
passé jusqu'au ï5 juin pour le centre de la civilisa
tion la plus raffinée voyez le pauvre en Belgique,
a Clercken, dans les huttes d'une bourgade des plus
éprouvées et des plus rustiques de notre Flandre.
La comparaison ne peut laisser aucune âme compa
tissante insensible aux maux de nos compatriotes.
A Chateauroux dès que la cherté des vivres se fit
ressentir, des magasins furent pillés, des collisions
sanglantes répandirent la terreur, des propriétaires
durent prendre la fuite ou furent égorgés.
A Clercken et par toute la Belgique, ce n'a pas
été une crise momentanée, mais de plusieurs années.
L'industrie liuière a ruiné les campagnes. S'en
est-on pris aux marchands pour les piller?
Les pommes de terre, l'aliment essentiel des
pauvres, a manqué, s'est-on rué avec colère sur les
dépôts de subsistances
Le grain a atteint des prix de famine a-t-on vu
des bandes tenter d'apaiser leur détresse par des
déprédations?
Des maladies, causées par la misère, par une
alimentation mauvaise et insuffisante, ont décimé
nos populations ont-elles eu recours au fer homi
cide pour venger leurs malheurs dans les horreurs
de la révolte et de la guerre sociale
En France la détresse engendre immédiatement
le crime. Le pauvre ne demande pas, n'attend pas,
ne se résigne pas, on dirait qu'il ne sait mourir
qu'eu tuant. A Paris, des ateliers on de la grève on
passe aux barricades, et la fusillade s'engage aux
cris de mort aux propriétaires vainqueurs,
pillage; vaincns, incendie. Si le prolétaire fait
des prisonniers, il tranchela têleaux uns, il éventre
les autres ici on coupe bras et jamhes un parle
mentaire, Ih on pend de jeunes soldats mutilés aux
lambris du Panthéon. Des têtes sont bissées sur des
pieux, sur des piques, sur des sabres, et aiusi se
promènent jusqu'à des femmes. Nous ne débitons
pas des exagérations de temps fabuleux ou d'une
peuplade confinée aux extrémités du monde c'est
i'histoire exacte d'hier, coté de la frontière.
C'est peine si l'indigent déguénillé de Clerc
ken, venant dans la ville quand l'extrême misère
l'y contraint, ose murmurer tout bas devant la
porte entr'ouverte du bourgeois son Pater de béné
diction pour obtenir une tranche de pain ou une
obole. Le refus même ne lui arrache pas un mot
de reproche. Si deux ou trois fois en sa vie le
Clerckenois est surpris coupant quelques minces
branchages pour se chauffer ou pour en faire des
balais, l'œil sévère de la justice ne parvient pas
lui imputer davantage. Et qui voudra rester indif
férent aux souffrances de ce peuple, si constant
ne point se laisser démoraliser par l'infortune
Il est vrai que les édifiants encouragements du
clergé belge contribuent immensément maintenir
les populations flamandes dans les bonnes voies.
On cite avec tant d'éloges la conduite récente de
Mgr. Affre, et a Dieu ne plaise que nous tentions
d'obscurcir un rayon de l'auréole qui glorifie cette
mort sublime; mais, qu'il nous soit permis de le
dire, des centaines de dévouements du même genre
ont signalé dans nos deux provinces les quelques
inois qui viennent de s'écouier. Nulle part le prêtre
u'a quitté le manant agonisant sur la paille, nulle