JOURNAL 1) YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
3176.
Mercredi, 8 Mars 1848.
31me année.
Tî?.2S, 8 MARS.
Par une décision ministérielle du 6 du
courant, il est facultatif aux propriétaires
qui ont des biens situés dans d'autres com
munes, d'acquitter l'avance des 8/12°"'
quelque localité qu'elle se rapporte, entre
les mains du receveur du lieu de leur
domicile qui ils remettront leurs aver
tissements en échange d'un reçu provisoire
des sommes payées.
LA SITUATION.
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CAN DEL ARIA,
il
On t'abonne i Vpre«. rue de
l.ille, n* 10, prés la Grand'place, et
chez les Percepteurs des Postes du
Royaume.
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par Irlmeslrf)
Ponr Ypresfr. 4—OD
Pour les autres localité* 4 i#
Prix d'un numéro.
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé 4 l'Éditeur rue
de Lille, lo, Ypres. Le Profa
nateur parait le SAMEDI et le
MERCREDI de chaque semaine.
PRIX MES IXSEHTIOAS.
4 centimes par ligue. Les ré
clames, tS centimes la ligne.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
L'Indépendance nous annonce la nouvelle sui
vante
Une garde urbaine vient d'être organisée
Ypres. Il y a, pour se faire inscrire sur ses contrôles,
un louable empressement. Cette milice a pris pour
devise: Respect aux personnes et aux propriétés.»
Il en est qui s'alarment outre mesure de la situation que
nous ont faite, et de celle que nous préparent les événements
de février. Il en est qui, dans le trouble patriotique de leur
imagination, voient l'avenir s'avancer vers nous, comme jadis
le fléau de Dieu, un pied dans le sang et l'autre sur des ruines.
Ces craintes sont exagérées.
Nous ne sommes pas pessimistes; nous ne dirons pas:
Tout est perdu Nous ne sommes pas optimistes nous n'avons
garde de dire tout est sauvé!
Trop de confiance ne vaut pas mieux que trop de crainte
on peut être inquiet et veiller avec courage, on ne doit pas être
effrayéni se laisser abattre.
Tout n'est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes
possibles; mais la situation n'offre pas un danger suprême.
En effet,où serait le dauger?
11 n'est pas l'intérieur
Toutes les j>opulatious belges sont unanimes dans leur atta-
chemeut au roinos institutions, la nationalité;
Toutes sont fermcmeut résolues maintenir l'ordre, rester
sourdes de perfides excitations, réprimer les troubles;
ou
Lt I II.I.K MIETTE ET LE GÉNÉRAL AVEIEEE.
(Suite.)
Quelques instants après, une voiture s'arrêta a
la porte de la maison, et j'entendis la voix de tnon
digne propriétaire qui appelait sa femme. Puis, il
me sembla qu'on déchargeait des caisses dans la
rue, et qu'il y avait un mouvement inaccoutumé
dans la petite cour qui conduisait au pavillon. J'en
conclus que M. Delpech avait atteint son but, et
j'en fus bien aise pour lui. Je m'endormis sur cette
bonne pensée aussitôt que le bruit eut cessé, ce qui
n'eut lieu qu'assez lard dans la soirée.
Le lendemain matin, lorsque mon domestique
vint m'éveiller pour aller la manœuvre, il nie
confirma que le pavillon était loué un vieux gé
néral espagnol, qui s'y était installé avec sa fille.
Les avez-vous vus? lui demandai-je.
Oui, Monsieur, puisque j ai aidé décharger
leur voilure. Ils sont bien malheureux Figurez-
vous que le père est aveugle et la fille muette.
Rendez-leur tons les services qu'il dépendra
de vous de leur rendre, et n'attendez pas qu'ils vous
Toutes sont décidées prêter au pouvoir un coucours dévoué,
s'imposer tous les sacrifices pour le salut de la patrie.
Les grands pouvoir de l'État sont la hauteur de leur mis
sion
Le roi qui nous a sauvés en 1831 veille nos destinées, et
donne l'exemple du courage tranquille, d'un dévouement
inaltérable.
Les chambres sont animées du plus ardent patriotisme,
d'uue seule et même pensée, celle de conserver au pays l'ccu-
vre du congrès-national.
Le ministère seconde ces nobles dispositions du pays, du
roi, des chambres.
M. Rogier n'est pas l'homme d'un parti mais l'homme du
pays; il montre qu'il a encore dans les veines le sang de i83o,
et dans le coeur des inspirations toutes belges.
L'armée forte par son instruction et par son patriotisme
partage l'esprit qui anime le pays et le roi son premier chef.
Avec des soldats aussi braves, aussi dévoués, on ne doit pas
craindre que le territoire national soit violé par l'étranger,
souillé par le désordie.
Le danger ne provient pas de l'extérieur.
Nous n'avons rien redouter des puissances étrangères, si
nous nous montrons digues de notre glorieux titre de nation,
si nous savons défendre nos droits, notre nationalité, si nous
montrons l'Europe que nous sommes le premier peuple du
monde par l'ordre comme nous le sommes par la liberté.
Aucun de nos puissants voisins ne peut intervenir chez
nous, puisque nous n'en provoquons aucun.
Aucun ne peut franchir uotre frontière sous prétexte de nous
protéger contre une agression éventuelle, puisques nous
sommes résolus garder notre nationalité et la faire respec
ter, et que nos cent raille soldats sont suffisants pour celte
noble tâche.
Aucun n'a intérêt violer notre nationalité, puisque celui
qui l'oseraitaurait l'instant même toute l'Europe sur les
bras, et nous-mêmes en face.
La France a promis de respecter les nationalités; en res
pectant la nôtre, elle couvre une partie de ses frontières, elle
abrite une partie de ses frontières derrière notre pays neutre.
D'ailleurs l'Italiel'Allemagne, l'Espagne et la Suisse ne
tarderont pas attirer son attention et ses ai mes. Vingt ques
tions sout là, qui renfermeut dans leur sein des germes féconds
de guerre.
La Sainte-Alliance de 1815 n'est pas dissoute: l'Europe
les demandant. Puis, s'ils vous offrent une récom
pense, acceptez-la les pauvres se croient riches
quand ils trouvent une occasion d'être généreux j
il ne faut pas leur enlever cette joie.
Cela dit, je montais a cheval et j'allai me mettre
a la tête de mon peloton. J'étais sur que mon do
mestique ferait tout ce que je lui avais prescrit.
A mon retour de la manœuvre, je demandai des
nouvelles de mes voisins madame Delpech, qui
me confirma ce que mon domestique m'avait dit
des exilés elle ajouta que fatigués de leur voyage
et des préparatifs de leur établissement, ils venaient
de se renfermer chez eux pour prendre quelques
heures de repos. Madame Delpech paraissait fort
occupée de leursituation,et rêvait déjà aux moyens
de l'adoucir. Digne femme, si elle vit encore, et
que ces pages lui tombent sous la main, elle verra
du moins que je n'ai pas plus perdu le souvenir de
ses vertus que celui de ses bontés.
Le logement que j'occupais chez elle se compo
sait de deux pièces: l'une, qui me servait de cham
bre a coucher, était située sur la rue l'autre, que
j'appelais mon salon, donnait sur la petite cour qui
conduisait au pavillon. Cette petite cour était plan
tée a l'anglaise avec assez de goût, et formait une
entière, dans quelques jours, sera sous les armes, et la France
sait qu'elle sera seule contre tous.
La France aura donc autre chose faire qu'à nous inquié
terlors même qu'elle le voudrait, lors même qu'elle se ber
cerait encore dans ses rêves de conquêtes.
Et puis,
Le travail intérieur des partis, tous les intérêts, toutes les
ambitions, et surtot, tant d'ardentes passions qui se trou
veront sans cesse en présence, toujours en lutte sous le système
républicain, nécessiteront du gouvernement français de nom
breuses armées pour maintenir l'ordre et les institutions. Or,
on peut dire que quelque soit le développement de sa force
militaire, il n'est pas encore assez grand pour parer toutes
les éventualités que nous venons d'énumérer.
D'autre part, la Frauce a des colonies dont elle devra ren
forcer les garnisons; Alger qui exige la présence d'uue armée
de cent mille hommes.
Les autres puissances continentales et l'Angleterre n'out
d'autre intérêt que de nous voir rester belges, indépendants,
tranquilles et heureux.
Il ne faut pas s'effrayer trop de la situation telle qu'elle se
présente aujourd'hui, telle que nous l'offrent les probabilités
de l'avenir.
Mais il ne faut pas non plus s'endormir dans une fausse sé
curité, ni se reposer sur l'amour platonique du droit, de la
part de ceux qui disposent de la force les traités ne sont forts
qu'en faveur des forts.
C'est sur nous-mêmes, sur nous seuls qu'il faut compteret
aussi sur cette Providence quidepuis dix sept ansnous a
sauvé tant de fois.
Si nous comptons sur nous-mêmes et sur Dieu
Si nous maintenons l'ordre avec autant de soin et de bon
heur que nous avons conservé nos libertés,
Si nous montrons l'Europe monarchique que le peuple
belge est imbu d'un admirable esprit d'ordrecomme nous
faisons voir la France républicaine que le peuple belge est
de tous les peuples celui qui entend le mieux et pratique le
plus sincèremeut la liberté
Notre indépendance sera respectée et nous traverserons
avec honneur cette crise qui va agiter si vivement toute l'Eu
rope.
Cette épreuve affermira même notre jeune nationalité. Ou
aura confiance daus un peuple qui se montre si digne de sou
indépendance; on appréciera les effets politiques de notre
espèce de jardin commun aux deux corps de logis
qu'il isolait l'un de l'autre, en laissant aux habitants
la faculté de se réunir sur ce terrain neutre.
Plusieurs jours s'écoulèrent sans que j'aperçusse
mes nouveaux voisins. Il est vrai que j'évitai de me
mettre a la fenêtre, tandis que, de leur côté, ils
craignaient de me déranger en venant se promener
dans le jardin. Aussitôt que je fus instruit de cette
circonstance, je priai madame Delpech de leur
faire savoir que j'étais affligé de leur discrétion, et
qu'ils me feraient un véritable plaisir s'ils voulaient
y renoncer. Ils me firent répondre qu'ils ne se
gênaient avgc moi que parce qu'ils savaient que je
me gênais avec eux mais qu'ils ne demandaient
pas mieux que de se mettre a leur aise, pourvu que
je voulusse leur en donner l'exemple en descendant
le premier dans le jardin.
Une heure après que cette réponse m'eut été
tranmise, ma pipe a la bouche et un volume de
VErmite de la Chaussée-d'Antin sons le bra
m'asseyais h l'ombre d'un berceau de chèvreft
dont l'emplacement marquait peu près le
de la petite cour. Je restai la qnelqnesinslan
faire acte de bonne volonté, puis j'aillai rej
mes camarades au café.