JOURNAL D YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 2687.
26me année.
vérité et justice.
5 Juillet.
LESPAGNE ET L'IRLANDE.
A la vue des événements dont l'Espagne
est actuellement le théâtre, on est involon
tairement porté croire qu'en renvoyant
le ministère Lopez et en dissolvant les
chambres, Espartéro a commis une gran
de faute. Le pouvoir du régent pourrait
bien toucher sa fin. Dieu veuille que la
chute de ce soldat heureux soit le signal
d'une réconciliation tant désirée entre les
divers partis qui depuis trop longtemps
déchirent la malheureuse Péninsule. Nous
nous écrions volontiers avec un membre
des dernières Cortès Dieu sauve l'Espagne
et sa jeune reine!
Voici ce que nous lisons dans une cor
respondance de Bayonne, en date du 28
juin
Si maintenant nous portons nos regards
vers les extrémités de l'ouest de l'Europe,
l'Irlande nous y apparaît dans une attitude
bien propre causer de justes alarmes
ses maîtres jusqu'ici impitoyables, les an
glais. Se levant comme un seul homme
la voix magique du grand agitateur, Daniel
O'Connel, pour obtenir un parlement vrai
ment national, la verte Erin secoue ses
chaînes avec un bruit formidable. Presque
chaque jour le libérateur s'en va haranguer
des meetings composés des repealers de 30
40 milles la ronde. Si les journaux di
sent vrai, O'Connel y a vu réuni jusqu'à
un demi-million de ses compatriotes. Mal
gré des réunions aussi nombreuses, l'or
dre le plus parfait n'a cessé un instant de
régner parmi les malheureux opprimés.
Aussi l'infatigable agitateurépuise-t-il tous
les moyens de persuasion pour ôter aux
anglais tout prétexte d'étouffer les plaintes
de l'Irlande par la voie des armes. Il sait
trop bien que la moindre inconstitution-
nialité dont se rendrait coupable la cause
qu'il défend, pourrait compromettre celle-
ci pour longtemps encore.
Les prétentions de l'Irlande sont trop
justes pour ne pas mériter toutes nos sym
pathies. Si, comme nous en avons la con
viction, après des siècles d'une oppression
intolérable elle voit luire enfin pour elle
des jours plus heureux, la justice qu'on
lui rendra, bien qu'extorquée, sera certes
en tout cas, partout ailleurs qu'en Angle
terre, regardée comme trop tardive.
Dimanche dernier a eu lieu le tir au Roi
de la société de Guillaume Tell, c'est M.
A* Vanden Bogaerde, président de la dite
société qui a abattu l'oiseau royale, par
conséquent proclamé Roi.
Dimanche 9 juillet un grand tir l'ar
balète aura lieu Ostende l'occasion de
la kermesse, une 10'" de confrères de la
société de Guillaume Tell s'y rendront en
tenu, précédé de leur nain, musique et
tambour, nul doute ou la médaille d'hon
neur leur sera remis.
Par arrêté royal, un subside de mille
francs est accordé l'administration com
munale d'Houthem, pour l'achèvement
d'une maison d'école.
On écrit de Courtrai, 2 juillet
Depuis environ trois semaines on fait
au couvent de S'-Nicolas de cette ville de
nouvelles constructions que le nombre
croissant des élèves avait rendues néces
saires.
A cette occasion on a déterré dès le
commencement des travaux, des osse
ments humains tels que têtes, mâchoires,
bras etc. On crut d'abord que c'étaient
des restes de guerriers qui y ont été in
humés la suite d'une bataille; et cette
opinion paraissait d'autant plus plausible
qu'une tradition immémoriale existait au
couvent qui désignait une partie du jardin
et la petite rue atténante sous le nom de
Cimetière des Soldats et que d'après une
ancienne prescription conservée dans les
archives de la maison les religieuses ré
citent tous les ans le jour des âmes, des
prières pour le repos des combattant in
humés dans cet endroit. Cependant il
restait encore quelque doute cet égard.
Mais avant-hier, en creusant un puits
peu de distance du premier creusement
on a trouvé une graude quantité d'osse
ments des squelletles humains, des têtes
de morts, un squelette de cheval, des
cruchons, un étrier, et deux pièces de
monnaie. Un chirurgien qui a examiné
les ossements soutient qu'ils ont été mu
tilés; quelques têtes, ont la mâchoire
fracassée, les dents de dessus et de des
sous enlevées vers le milieu, et portant
encore d'autres traces de violence. Un
squelette a été trouvé, a coté du cheval,
dans une attitude défensive. Tous ces dé
bris étaient une profondeur de 10 15
pieds, immédiatement au-dessous d'un
terrain végétal qui est évidemment un
remblai et quelques pieds seulement
dans le sol naturel.
Depuis cette dernière découverte il ne
peut plus y avoir de doute qu'il n'y ait eu
un combat dans l'endroit même où peu
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L'insurrection fait chaque jour de nouveaux
progrès elle a gagné le cœur de l'Espagne; dans
peu on ne comptera plus les villes insurgées, mais
bien celles qui ne le sont pas. En Catalogne, sauf
Lérida, les juntes se sont emparées du pouvoir;
tous les forts, a l'exception de celui de Montjouy,
le plus important sans aucun doute, obéissent a
leurs ordres et sont garnis de munitions de toute
nature et de soldats dévoués au mouvement; les
places les plus importantes sont Tortose et Tarra-
gone; en Andalousie, Grenade, Séville, Malaga,
Cormona et Almeria, le pouvoir et la force sont
aux mains de l'insurrectionet des chefs habiles
et expérimentés la dirigent; il en est de même
dans l'ancien royaume de Valence, où Cartha-
gène, Valence, Castellon de la Plana et Alicante
ont abandonné la cause du régent. Dans la Galice,
je citerai la Corogne, I.ugo, Santiago, Vigo,
Pontévédra, Orenze et Betanzos; dans la Vieille—
Castille, Burgos et son fort, Ciudad, Palencia,
Valladolid et Rodrigo; dans la Nouvelle-Castille,
Cuença; en Aragon Teruel autant de villes qui
se sont affranchies de l'autorité du régent.
Je ne vous citerai pas des villes de second
ordre et sans importance au nombre desquelles il
faut placer Albacete, qui a ouvert ses portes
Espartéro après s'etre insurgée. Il est facile de
voir d'après cette récapitulation faite a la hâte,
qu il est impossible au régent de comprimer un
mouvement dont les ramifications sont aussi éten
dues, et que les forces dont il dispose, n'eùt-on
pas a craindre parmi elles la défection et fussent-
elles d un dévouement entier a sa personne, ne
seront jamais assez fortes pour lutter avec avan
tage.
Si le sort favorise Espartéro d'un côtéil le
trahira de l'autre. Je crois doncet mon opinion
est celle de tous les hommes impartiaux qui jugent
ici les événements avec connaissance de cause, que
dans peu Espartéro aura abandonné l'Espagne, et
je cherche déjà quelle issue il prendra, puisque
tout le littoral de la Méditerranée s'est déclaré
contre lui et qu'il sera obligé, s'il ne parvient h se
faire une trouée, de retourner sur ses pas vers les
frontières de l'Océan.