JOURNAL D YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 2651.
YFR3ÎS,' 1er Mars.
26me année.
Les chambres et le pays, disait M.
Nothomb en présentant le projet de loi
contre les abus électoraux, se sont récem
ment émus; des faits graves vous ont été
dénoncés; nous nous sommes spontané
ment engagés nous enquérir de ces faits
et rechercher des remèdes c'est cet en
gagement que nous venons remplir.
Nous sommes heureux, continuait le
ministre, de pouvoir vous le déclarer;
d'après les renseignements reçus jusqu'à
présent, les faits n'ont ni la gravité ni
l'étendue qu'on a supposées; c'est ce qu'at
testent les rapports des gouverneurs des
provinces, qui vous seront communiqués,
communication que nous croyons sans le
moindre inconvénient en supprimant tout
nom propre.
Celte communication a eu lieu en effet.
Or, des documents de l'enquête officielle il
résulte que le nombre des déclarations
d'impôt suspectes, irrégulières ou fraudu
leuses est de 9 dans la province d'An
vers, de 21 dans la Flandre orientale, de
31 dans le Hainaut, de 34 dans la province
de Liège, de 58 dans celle de Limbourg et
de 138 dans le Luxembourg. Il n'y en a
pas dans celle de Namur, et le nombre de
celles qui existent dans la Flandre occi
dentale et dans le Brabant n'est pas précisé.
En admettant que dans chacune de ces
deux dernières provinces il y en ait autant
que dans le Hainaut, ce qui n'est pas pro
bable, cela ferait pour tout le pays,
l'exception du Luxembourg, 213 électeurs
fictifs. Mais il est important de remarquer,
d'après les réponses des gouverneurs, que
parmi ces 213 électeurs fictifs il y a un
grand nombre d'électeurs communaux et
provinciaux défalquer.
Maintenant, comme il y a dans notre
pays, en exceptant toujours le Luxem
bourg, 46,872 censitaires pour les cham
bres, et 36 arrondissements électoraux, on
voit que cela fait peu près un électeur
fictif sur 220 et six par arrondissement.
Nous n'avons pas fait entrer dans notre
calcul les électeurs fictifs du Luxembourg,
parce que cette province se trouve dans
une situation tout exceptionnelle. En effet,
M. le gouverneur du Luxembourg ne sig
nale aucune manœuvre frauduleuse, si
ce n'est dans l'arrondissement de Marche,
ce bourg-pourri, dit un journal, de l'un dés
membres les plus libéraux (M. Jadot), et
par suite les plus indignés de la représenta
tion nationale. On sait qu'il y a eu dans ce
district jusqu'à 138 inscriptions indues
la fois, toutes au profit du parti libéral!
Le résultat de l'enquête n'est guère de
nature, on le comprend, justifier les
sorties violentes que depuis trois mois les
organes libéraux se sont permises contre
les fausses déclarations en matière d'im
pôts, dans le but d'acheter le droit élec
toral. Soupçonnaient-ils, ces fougueux
et éternels dénonciateurs, que le nombre
des coupables fût si restreint? Nous ne le
croyons pas. A part le besoin insatiable
qu'elle éprouve d'attiser tout prix le feu
de la discorde, la presse exclusive se fût
bien gardée, selon nous, de sonner l'alar
me, si elle n'avait cru que les modérés
avaient déjà surpassé leurs maîtres en
intrigues électorales. Cela doit être évident
pour quiconque veut bien réfléchir un ins
tant sur l'accueil que le parti exagérée a
fait au projet de loi relatif aux manœuvres
électorales. Dès son apparition il a été le
but des plus vives attaques de la part des
feuilles libérales de tout étage. A les en
tendre, c'est là un odieux guet-à-pens, un
projet monstrueux, une œuvre jésuitique
enfin. Cependant toutes les dispositions de
la loi projetée ne tendant qu'à assurer aux
élections les caractères sans lesquels le
scrutin électoral ne serait que mensonge
etduperie.S'il est un reproche fondé qu'on
peut faire au projet de loi, c'est de n'être
pas assez complet; en d'autres termes, c'est
que, de l'aveu du ministre, il y manque
encore entre autres une disposition bien
essentielle, celle relative aux différents
signes employés pour faire connaître les
bulletins. Il est vrai qu'un membre de la
section centrale paraît devoir proposer un
moyen pour rendre cet abus désormais
impossible. Un journal assure que c'est M.
Malou, qui a l'intention de faire entrer
dans la loi une disposition de cette nature.
S'il en est ainsi, notre représentant aura
bien mérité non seulement de l'arrondis
sement qui l'a envoyé la chambre, mais
du pays tout entier.
Le projet de loi, disons-nous, n'a qu'un
seul but, celui de prévenir ou de réprimer
les abus en matière d'élections. D'où vient
donc que les libéraux, qui depuis si long
temps ne cessent de dénoncer le moindre
méfait électoral qu'ils découvrent parmi
leurs adversaires, d'où vient qu'ils atta
quent ce même projet avec tant d'animo-
sité? Nous osons assurer que l'unique rai
son de ce déchaînement si imprévu, s'est
que le projet va trop loin au gré de ces
messieurs. Si, comme il est croire, la
législature lui accorde sa sanction, plus
d'une manœuvre exclusivement libérale
ne poufra plus être employée. Les puri
tains improvisés ont été pris dans leur
propre piège. On voulait bien que la loi
frappât ceux qui versent'au trésor au delà
de ce qu'ils lui doivent. C'était là en défi
nitive une question d'argent, et les loges
auraient bien pu la fin ne plus l'empor
ter sur les modérés, qui faisaient mine de
vouloir recourir au même expédient. Mais
pour les manœuvres, où il n'entre guèré
que de l'effronterie et de l'audace, oh! nos
indignés comptaient bien en conserver le
monopole. Et voilà que ce misérable projet
menace de leur enlever leur dernière res
source! Indè irœ.
L'épiscopat belge vient de publier une
circulaire ayant rapport l'université ca
tholique de Louvain. Dans cette pièce re
marquable nos évêques, après s'être félici
tés de la prospérité toujours croissante de
cet établissement, le plus beau fruit de la
liberté de l'enseignement dans notre pays,
après avoir rendu hommage au zèle et au
dévouement du corps professoral et de
son digne chef, s'adressent ensuite tous
les catholiques belges, qu'ils engagent de
la manière la plus pressante soutenir une
institution éminemment utile sous tous les
rapports. Sans être de la polémique, cette
circulaire fait indirectement bonne justice
des attaques sans nombre dont l'université
catholique a été l'objet. Tous bon catho
lique s'empressera de répondre aux invita
tions de nos évêques.
Qui lé croirait? La circulaire en ques
tion, bien que rédigée dans les termes les
plus-convenables, n'a pu trouver grâce
aux yet£i>de la presse soi-disant libérale.
Jainais là^aine et l'enVKy rTont tenu un
langage plui ignoble/Kon seulement l'édu
cation qu'Ô^l reçoit îf&ouvain, estait-on
\Mti-natioriale, maiâ-encore on seTpermet
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