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Journal de F Alliance libérale cFYpres et de F Arrondissement.
Dimanche, 4 Avril 1909.
69e année. SA.
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fmarai*ttant te Dimanche.
Vires acqeirit eiaiki
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pour la ville Par an 4 francs
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ANNONCES
Annonces 15 centimes la ligne
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
Les funérailles de M. Louis VAN-
HEULE ont eu lieu Lundi 2g Mars,
onze heures. La cérémonie reli
gieuse a été célébrée l'église parois
siale de S' Jacques puis le corps a
été transporté au cimetière de la
ville, où il a été déposé dans un ca
veau provisoire.
11 y Avait du monde mais il n'y
avait pas foule cet enterrement. On
eut dit le convoi d'un'bon bourgeois.
C'est croire que nos concitoyens
ont déjà oublié tout ce que M. VAN-
HEULE a été pour la ville d'Ypres.
Peut-être beaucoup ne s'en sont-ils
jamais rendu compte. N'est-on pas
toujours tenté de trouver tout natu
rel qu'une administration marche
bien et, quand un administrateur de
grande envergure a réalisé de gran
des choses,"songe-t-on s'étonner et
lui rendre hommage On dit tout
simplement qu'il n'a fait que son de
voir, après tout Comme s'il était si
facile de bien faire et de faire son
devoir quand on préside aux desti nées
d'une ville
Remarqué la mortuaire les ma
gistrats du siègele Barreau au
grand complet, sauf le vénérable M.
Bossaert retenu chez lui par une lé
gère indisposition M. Colaert, bourg
mestre des conseillers communaux
et provinciaux les officiers supé
rieurs de l'armée et de la garde civi
que M. le représentant Nolf M. le
docteur Cornette, ancien échevin de
la ville, portant allègrement le poids
de ses 80 ans d'anciens collègues
de M. Vanheule au conseil commu
nal M. le chanoine De Brouwer,
doyen des fonctionnaires des di
verses administrations publiques
MM. Ferdinand Van Daeie et Mau
rice Gorrissen, secrétaires de la ville
sous l'administration de M. Vanheule;
une nombreuse délégation de la puis
sante société de Secours Mutuels des
anciens élèves de l'Ecole communale
dont le défunt était membre fonda
teur et président d'honneur, conduite
par son président, M. Arthur Stoffel
des fonctionnaires et employés com
munaux etc., etc.
Mais, redisons le, la foule était
absente. Il est vrai que depuis plus
de vingt ans, M. VANHEULE avait,
pour des motifs de santé, quitté la
vie publique et que la nouvelle géné
ration n'a pu connaître en sa fleur et
dans toute la vigueur de sa fébrile
activité, cet homme au caractère
fortement trempé, au port altier, au
geste impérieux, au verbe hautain.
Four nous qui l'avons vu
l'œuvre et qui avons eu l'honneur de
marcher modestement dans son sillon,
nous ne saurions oublier ce que fut
cet infatigable Magistrat, cet honnête
administrateur, ce courageux et in
flexible serviteur du devoir.
M. VANHEULE est le fils de ses
œuvreâ. A peine fut-il entré au Con
seil communal c'était en 1860
qu'il se signala par un esprit droit et
réfléchi, par le sens des affaires et,
par dessus tout, par une admirable
clairvoyance des besoins nouveaux.
H ne tarda pas exercer sur ses col
lègues une influence méritée et nous
nous rappelons que l'un d'eux, après
la deuxième ou troisième séance du
Conseil où le futur bourgmestre
s'était distingué dans la discussion
d'un des objets l'ordre du jour,
nous disait en rappelant cette
discussion Vanheule Ah
ce sera mon homme nous avons
là un guide il ne m'en faut pas
d'autre et je le suiv rai Ce juge
ment était fondé et ceux qui l'ont
suivi n'ont pas eu a le regretter.
11 fut nommé Echevin le ir Janvier
1867 et Bourgmestre le 12 Février
1876.
Sous le cabinet libéral de 1878-
1884, il fut membre du Conseil de
perfectionnement de l'enseignement
primaire et de la Commission pro
vinciale 'des fondations déboursés
d'études.
M. VANHEULE a toujours été
un progressif, voyant loin et juste
aussi bien au Conseil provincial où il
a siégé jusqu'à la chute de la Dépu-
tation libérale qu'à l'Hôtel de Ville
où ce fut, comme par prédestination,
sa place légitime.
Là il fut vraiment l'hpmme de la
situation. Parmi tous ceux qui ont
ceint la grande écharpe, il fut un des
premiers, nous ne disons pas le pre
mier, par respect pour les grandes
ombres qui planent encore glorieuse
ment sur notre antique Hôtel de Ville.
Ah nous le savons bien il se
souciait peu de la popularité que
donnent certaines manières faciles
imposer et qui n'est, en somme, que
la monnaie de billon, cette gloire qui
n'est que fumée, comme on a dit. Au
fond, Il était simple autant que ré
servé. Il fuyait le bruit. Il ne fut pas
un acteur démonstratif au geste tapa
geur. Il ne jeta pas aux naïfs ces feux
d'artifice qui ne trompent que trop
souvent c'était un placide, un sin
cère," un travailleur, un dévoué,
nous dirions presque un timide,
mais ferme dans la résolution et
décidé mener jusqu'au bout le
projet qu'il avait en vue et ne se
reposant, provisoirement d'ailleurs,
qu'après que l'heure de l'exécution
avait sonné. Après cela venait autre
chose, et puis encore autre chose,
toujours avec la même ardeur, la
même énergie, la même ténacité.
C'est ainsi qu'il porta, avec succès,
sa sollicitude sur l'instruction aux
divers degrés, maintenant hélas
décapitée.
V* M
C'est lui qui créa et organisa nos
deux écoles de filles, avec leurs pépi
nières, les jardins d'enfants, en dépit
des obstacles amoncelés sur son
chemin par le parti prêtre malgré
les menaces, les excommunications
et le reste. Sa sereine confiance dans
le succès final en imposait nous tous,
tout le monde et tout le monde Je
suivait.
C'est lui qui prit l'initiative de
l'école ménagère qu'il organisa au
milieu des critiques de ceux qui n'a
vaient pour cette innovation que des
railleries imbéciles. Et maintenant,
qui n'en reconnaît pas l'utilité même
parmi ceux, qui l'ont le plus injuste -
ment décriée.
N'est-ce pas lui encore, M. VAN
HEULE, qui a abordé la .question
de la nouvelle distribution d'eau qui
dormait dans les cartons depuis une
trentaine d'années Qui a prome
né le balai dans l'Ecole Lamotte
pour la faire rentrer dans la léga
lité
Malgré les criailleries des fabriques
d'église, Il fit du service des inhuma
tions, un service purement cofnmu -
nal, revendiquant ainsi hautement
une des prérogatives du pouvoir
civil.
N'est-ce pas lui encore qui a trans
formé les sombres réduits du rez-de-
chaussée des Halles en un pittores
que et productif Marché Couvert
Son activité fut-elle un instant en
défaut quand il s'agissait de l'entre
tien et de l'embellissement de nos
monuments publics, y compris les
peintures Delbeke, cette remarqua
ble résurrection d'un autre
âge
Qui a créé l'Ecole de musique et le
Bassin de Natation Lui, toujours
lui Et n'est-ce pas sous son admi
nistration qu'ont été acquis, pour un
morceau de pain, les anciens terrains
militaires sur une partie desquels
s'élève maintenant le nouveau quar
tier Ouest
Sans parler des soins éclairés qu'il
ne cessa de prodiguer aux besoins
courants, faut-il rappeler avec quel
les modestes ressources il sut faire
face, comme d'ailleurs ses prédéces
seurs, aux nécessités financières,
toujours tenues en bon état.
C'est qu'il avait l'œil juste et-le
sens inné de l'administrateur. Sur
tout cela, la moindre contradiction
ne saurait avoir prise et l'avenir qui,
tôt ou tàrd, met toute chose sa
place, saura reconnaître, si ce n'est
déjà fait, quels sontceux qui ontdroit
la reconnaissance publique et qu'elle
est là large part qui revient l'an
cien Bourgmestre VANHEULE.
Avec lui disparaît un des derniers
représentants d'un régime qui eut
ses jours de gloire et dont la ville
peut s'enorgueillir. Son dévouement
aux intérêts de la ville ne connut pas
de défaillances.
Nous conserverons dans notre mé
moire le souvenir du magistrat intè
gre dont la place est marquée dans
les fastes de notre histoire.
Voilà ce que nous aurions voulu
dire au cimetière et bien d'autres
choses encore
M. VANHEULE, ennemi du faste,
dédaignant l'éloge, ne l'a pas voulu.
Nous avons tenu le dire ici, en ac
complissement d'un devoir de recon
naissance et pour faire connaître
aux jeunes les vertus d'un ancien.
Une vie comme celle de M. VAN
HEULE, toute de labeur, de probité
et de désintéressement sans souci
ni espoir de récompense, doit être
enseignée aux jeunes générations
Puissent celles-ci y puiser le res
pect des vertus antiques et de la
saine tradition libérale, le goût du
travail.et le sentiment du devoir
Un vieux libéral.
V;.-
9
Il
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