Journal de F Alliance libérale d'Ypres et de l'Arrondissement.
Dimanche, 5 Xovembre 1907. 67e année. X° 44.
l'union pait la force
PITIÉ
La droite est unie.
Le ballottage de Alalines.
Les élections communales
contestées dans noire province.
Le tirage au sort.
l'at'uisminl iMimtinchv
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LES TOUT PETITS
On pourrait épargner chaque année
en Belgique des milliers de oies.
La pitié qui parle la charité bavarde
et grandiloquente emplit aujourd'hui le mon
de de ses gémissements. Promenant sa cra
vate blanche et son urne lacrymatoire de
congrès en congrès, le tout puissant philan
thrope endette les Etats, les communes et
les familles en budgets de charité non,
d'altruisme, dont la meilleure partie passe
en frais d'administration La pitié qui agit
est plus rare et plus discrète. Pour décou
vrir ses œuvres, il faut chercher. Elles n'en
sont, nos yeux, que plus admirables, et si
le nombre de ceux qui s'efforcaat de défen
dre les humbles individualités contra les du
retés d'une vie sociale enc '-re imparfaite ne
p ut être comparé l'armée de ces éduca
teurs généreux qui s'obstinent apprendre
la cosmogonie, la sociologie, la psychologie,
la pédologie, des gens qui savent peine
11r-, leurs travaux n'en méritent que plus
d'être signalés l'attention
Parmi ces œuvres vraiment utiles, il en
est peu de plus intéressantes, tant comme
valeur d'exemple que comme résultat, que
le service d'assistance maternelle qui fonc-
'-an 4»iuijt IQfll sous les ausni-
res du t-ureau de bienfaisance, qui, se
d-velo/paut d'anée en année, rend aujour
d'hui les services tes plus positifs, comme
oii a pu le constater la récente exposition
scolaire de Schaerheek. L'Assistance mater
nelle gantoise trouvait tout naturellement
se manifester cette occasion, car c'est une
de ses originalités, associer une œivre pé
dagogique l'œuvre do solidarité sociale, qui
e.-t son but essentiel. C'est la fois un hôpi
tal, une crèche rrio 'èle et une école de mères.
Nulle part, la nécessité d'une telle entre
prise ne se faisait plus cruellement sentir
qu'à Garni. Dans cette grande ville industri
elle, où les mœurs so il particulièrement ru
des, et la vie ouvrière particulièrementdure,
la mortalité infantile, laquelle le Matin a
déjà consacré plusieurs articles, était véri
tablement effrayante. DaDS les linières, chez
les ouvrières des continus humides elle
atteignait soixante soixante dix pour cent
nombreux étaient les ménages où sur dix
douze enfants un seul survivait.
Et comment en eut-il été autrement, alors
que les mèr s, aussi'ôt leurs relevailles,
sent obligées de retourner l'usine et de
confier leur nourrisson a des voisines, qui
fort métier de cette garde, soignent souvent
cinq ou six enfants, avec cette négligence
résignée que l'habitude de la mort enfantine
donne aux pauvres gens, avec cesdangereux
préjugés aussi, que ni l'école ni les instruc
tions officielles n'ont pu déraciner. Aussi
bien, quel qu'eût été le dévouement de ces
gardes, qui sont généralement de vieilles
femmes fort pauvres, comment eussent-elles
pu procurer aux nourrissons les soins née .s
saires, étant donnée la modicité des rému
nérations qui leur sont allouées. Il y a bien
les crèches, dans lesquelles il est incontesta
ble qu'on a réalisé de grands progrès. Mais
elles'sont trop peuplées pour que les soins
puissent être suffisants. Les épidémies y font
des ravages effrayants et la mortalité y est
énorme. On n'y garde, du reste, pas les en
fants la nuit. De sorte que le bien qu'on au
rait pu faire aux délicats et aux débiles par
un traitement rationnel est toujours détruit
par l'insuffisance des soins dont ils sont en
tourés quand ils rentrent chez des parents
exténués de fatigue et le plus souvent misé
rables.
X
C'est pour remédier cet état de choses
qu'un comité s'est formé en 1901, sous le
patronage du bureau de bienfaisance, et sous
la présidence d'un spécialiste des maladies
d'enfant dont on ne peut trop admirer le de
vouement. Ce comité donna son -vre la
"ïôrîne coopérative, c'est dire que la société
qu'il fonda fut constituée en majeure partie
par les parents des enfants qui vinrent la
consultation gratuite qu'il orga usa d'abord
Tandis que le buri.au de bienfo'sance subve
nait aux frais des distributions de lait, les
autres dépenses indispensables furent cou
vertes par cette coopération. L'ensemble de
l'œuvre comporte un grand nombre de ser
vices. Outre la distribution de lait stérilisé
et de lait maternisé aux enfants indigents et
la consultation gratuite, notons les secours
d'abaitement aux mères nourrices, les soins
médicaux moyennant quinze centimes par
semaine, surveillance chez la nourrice des
enfants dont les-parents travaillent tous deux
l'usine enfin, les crèches JouretNuit
et l'école de puériculture qui y est annexée.
C'est ce double service qui fut l'originalité
et iVfficacité de l'Assistance maternelle
gantoise.
Les enfants débilités et délicats qui y sont
admis y reçoivent ces soins éclairés et con
stants grâce auxquels, dans les classes opu
lentes, on arrive aujourd'hui conserver
la vie des enfants nés avant terme, de pau
vres petits êtres si faibles, si vacillants que
chaque heure de leur vie semble être un mi
racle. Ces soins leur sont donnés, sous la
direction du médecin dont la surveillance
est constante, par des jeunes filles ayant
suivi les cours de puériculture, et se desti
nant la profession d'éleveuses d'enfants, si
l'on peut ainsi dire.
On les prend très jeunes, de façon lie
pas avoir combattre ces préjugés indéra
cinables, ces routines inflexibles qui, dans
tant de milieux, empêchent le médecin d'en
fants de pratiquer l'asepsie comme elle de
vrait l'être. On les attache d'abord un ser
vice facile. On leur inculpe cette religion de
la propreté sans laquelle il n'est pas de bon
ne garde-malade Elles s'occupent d'abord
de< nourrissoi s les mieux portants, puis
elles passent la surveillance des délicats
et des malades, au service de l'alimentation,
et au bout de quelque temps deséjour l œu-
vre de l'Assistance maternelle, elles devien
nent pour le médecin des auxiliaires extié-
mement précieuses, des gardes-malades par
faites, et des mères instruites et prudentes.
Cette éducation pratique, ce travail pour
lequel on fait appel cet instinct de mater
nité qui esc si puissant chez la femme, alors
même qu'elle est presque encore un enfant,
a donc eu. au point de vue péiagogique, les
meilleurs résultats. Au point de vue médi
cal, le concours de ces humbles et juvéniles
dévouements extrêmement maniables, n'est
pas moins précieux. Ces jeunes filles de sei
ze dix-sept ans, peine rétribuées, four
nissent parfois un travail écrasant, et font
de véritables miracles. La mortalité, dans
les crèches Jour et nuit est infime,
bien qu'on y ait accepté des enfants dont le
cas paraissait désespéré. Des services spé
ciaux sont installés pour donner aux enfants
prématurés, élevés en couveuse, les .soins
nécessaires, ainsi que pour les enfants
athrepsiques et entéritiques.
Ce sec exposé suffirait sans doute mon
trer l'utilité du service d'Assistance mater
nelle les chiffres sont plus éloquents enco
re.
Quatre mille trois cents nourrissons ont
été inscrits la consultation depuis 1901
La mortalité, qui était de 26 pour cent l'an
née de la fondation, n'était plus que de 4
pour cent en 1906. Huit cents nourrissons
indigents ont été élevés gratuitement au lait
stérilisé, et la mortalité totale pour la pério
de d'allaitement n"a été, cette dernière an
née, que de 6 pour cent. Il n'est pas besoin
d'insister.
Nous ne sommes pas de ceux qui croient
qu'il failie, en toute occasion, faire appel
l'assistance de l'Etat. Mais dans ce cas ci.
étant données les charges énormes qui in
combent au bureau de bienfaisance d'une
ville industrielle comme Gand, peut-être
serait-il àsouhaiter qu'une œuvre aussi vrai
ment-utile que l'Assistance maternelle bé
néficiât de subsides spéciaux. Cela encoura
gerait sans doute d'autres villes organiser
un service dont l'utilité sociale ne peut pas
être contestée et qui donne aux classes pau
vres la sensation précise et constante que ies
pouvoirs publics ne se désintéressent pas de
leur misère. L. Dumont- Wilden.
[Le Malin
Les plus pointus d'entre les réaction
naires, ceux qui estiment que tout ré
gime. électoral est- bon du moment
qu'il avantage lesctéricaux, continuent
leurs petites manifestations contre l'in
tention que l'on prête au gouverne
ment d'unifier nos lois électorales. Ces
messieurs du parti prêtre ue veulent
entendre parler d'aucune réforme dans
ce sens ils s'accrochent désespéré
ment ce qui existe et, tout en con
venant que le système qui prévaut
pour les élections communales est ab
surde, qu'il déroute toute raison et dé
fie toute logique, ils prétendent qu'il
faut le maiutenir tel quel, parce que
toute réforme ne pourrait que profiter
aux gauches et affaiblir l'influence clé
ricale en Belgique. Seulement, côté
de ces réactionnaires pointus, il y a les
droitiers qui ont le triomphe un peu
ne vi:'-is insolent et qui songent l'avet-
nir. Ceux là, nés malins,"comprennent
très bien que la résistance systémati
que toutes les revendications des
gauches ne peut aboutir qu'au groupe
ment étroit de tous les éléments d'op
position. Ils savent bien que le cartel
est la plus grosse menace la puissan
ce cléricale e.t ils s'efforcent d'empêcher
la conclusion du cartel. Avant la jour
née du 20 Octobre, leur espoir le plus
ferme était que les éléments modérésdu
libéralisme ne se résigneraient jamais
une alliance électorale avec les socia
listes. On pouvait dont refuser de faire
droit aux revendications libérales,
puisque le libéralisme lui même so re
fusait- adopter la seule tactique dont
les cléricaux aient quelque chose re
douter. La journée du 20 Octobre a
reuversé totalement ce petit calcul de
nos adversaires le cartel l'a emporté
partout où les gauchos marchaient
d'accord et le résultat d'Anvers a prou
vé incontestablement que les éléments
modérés du libéralisme ne s'effrayaient
aucunement, d'une alliance électorale
avec les socialistes. Du coup, la peur
du cartel prend le dessus chez nos ad
versaires et il n'y a pas jusqu'au Bien
public qui n'assurequedepuis longtemps
M de Trooz a reconnu l'utilité consi
dérable qu'il y aurait coordonner,
codifier, clarifier, notre législation
électorale...
Donc le courant existe dans les mi
lieux dirigeants catholiques. C'est fort
bien et l'ou peut considérer que la jour
née du 20 Octobre a produit en partie
l'effet qu'en attendaient les gauches.
Le courant existe mais sur ce point-
là comme sur tous les autres, ia droite
n'est pas d'accord et nous allons pou
voir constater les tiraillements dont
elle est travaillée.
C'est décidément une belle chose que
l'union indéfectible de la droite et
cela réserve encore bien de la joie la
galerie.
Le scrutin de ballottage auquel il a
été procédé Dimanche Malines a don
né un résultat première vue surpre
nant, et qui appellequelques réflexions.
Ce résultat, dit La Gazette», est
surprenant si ou le compare celui de
l'élection du 20 Octobre. Pour les man
dats de huit ans, les cléricaux avaient,
ce jour-là, sept cents voix de majorité.
Mais nous ne voulons pas tenir comp
te de ces chiffres-là. Nous nous en te
nons ceux que donne le scrutin pour
le mandat de qnatae ans, celui auquel
il fallait pourvoir définitivement Di
manche.
Dans ce mandat, il s'agissait le 20
Octobre des mêmes personnalités que
celles qui entraient en lutte avant-hier,
Le 20 Octobre, le candidat libéral et le
candidat socialiste avaient, ensemble,
peu près exactement le même nom
bre de voix que le candidat clérical. Le
27, au scrutin de ballottage, le candidat
libéral avait 514 voix de majorité.
Comment cela peut-il se faire Com
ment, en huit jours, alors qu'il n'est pas
même certain que toutes les voix socia
listes se soient portées Dimanche der
nier sur le nom de M. Van de Walle,
comment en huit jours Le résultat peut-
il être aussi différent
On sait que les libéraux ont introduit
une réclamation contre l'élection du 20
Octobre. Le scrutin de Dimanche mon
tre l'évidence que cette première
élection a été faussée, qu'elle a été vi
ciée par des manœuvres que l'on n'a eu
le temps de recommencer pour le bal
lottage ou que l'ou n'a pris la peine de
recommencer pour s'assurer un seul
siège.
Le cas est particulièrement intéres
sant, parce qu'il sufîiraitàfairecondam-
nor la loi électorale communale. Il con
vient de ne pas perdre de vue que dans
une ville qui a donné Dimanche aux
libéraux 514 voix do majorité huit jours
auparavant, de par cette loi électorale
toutereprésentation au Conseil commu
nal était refusée aux anticléricaux.
N'est ce pas que le résultat de ce
scrutin de ballottage méritait un petit
commentaire
Voici la liste des "communes dans
lesquelles un pourvoi a été fait auprès
de ia Députation au sujet des dernières
élections communales
Arrondissement de Bruges. Asse-
brouck, Blankenberghe, Dudzeele,
Heyst, Lapscheure, Meetkerke, Moer-
kerke, Oadelem, Oosterke et Ste Croix.
Arrondissement d'Ostende. Bree-
dene, Clem-kerke, Ghistelles, Lombar-
zyde, Roxem, Steene et Westkerke.
Arrondissement de Courtrai.
Ceurne, Dottignies, Kerckhove, Moor-
seele et Reckem.
Arrondissement de Dixmude.
Beerst, Handzaeme, Keyem, Noorscho-
te, Woumen et Zarren.
Arrondissement de Furnes. Hou-
them.
Arrondissement de Roulera. Beve-
ren et Rumbeke.
Arrondissement de Thielt. Aersee-
le, Oesselghem, Schuyffers-Cappelle et
Swevezeele.
Arrondis8emet d'Ypres. Comines,
Neuve-Eglise, Poelcapelle, Rousbrug-
ge-Haringhe et Wytschaete.
n
En vertu d'une décision du ministre
de l'intérieur, le tirage au sort devra
avoir lieucomme les années précéden
tes, en un seul jour dans chaque pro
vince et ce entre le 3 et le 8 Février.