Journal de l'Alliance libérale d'Ypres et de l'Arrondissement.
Dimanche, Ier Septembre 1907.
antiee.
35.
l UNION FAIT la force.
i'at'aittMatil le iPinmnvhe.
Vires acquirit eundo.
L'instruction obligatoire.
Education physique.
Leur tolérance.
Lu cinquantenaire libéral
67
PRIX DE L'ABONNEMENT:
pour la ville Par an 4 francs.
pf la province Par an 4 fr 50
p' létranger Par an 6 fr. 60
On s'abonne au bureau du journal, rue de Dixmude, 53, Yprbs. Les annonces, les fails
divers et les réclames sont reçus pour l'arrondissement d'Ypres et les deux Flandres au bureau
du Progrès. Pour la publicité en dehors des deux Flandres, s'adresser exclusivement au
Comptoir de Publicité JâCQOSS THIBE8ARD, 14, Place de Brouckère, Bruxelles,
téléphone 5430. Pour les annonces on traite forfait.
ANNONCES:
Annonces 15 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
Quelles que soient les réformes po
litiques ou sociales dout on attende
une amélioration pour la situation mo
rale ou économique du pays, c'est ton
jours l'instruction obligatoire qu'on
en revieut.
Ou a donné au peuple le S. U mais
il est certain qu'il ne produira ses effets
légitimes que lorsque tous les électeurs
sauront lire et écrire la fréquentation
scolaire aura pour conséquence inéluc
table la réduction du temps passer
sous les drapeaux Enfin la question
de salaires et celle de la réduction de
la journée du travail ne pourront être
solutionnées dans leur vrai sens démo
cratique, que le jour où les ouvriers
auront reçu une instruction primaire
et professionnelle convenables
C'est cette manière de voir qui a été
exposée par M. Paul Pastur, député
permanent, dans un rapport adressé
la commission chargé de faire une en
quête sur ia durée du travail dans les
mines. M. Pastur, qui appartient l'o
pinion socialiste, étudie le problème
sans passion ni parti-pris, et se dégage
du point de vue lutte des classes
Il rapporte tout la question primor
diale de l'instruction et ses conclusions
seront admises et approuvées par tous
les bons citoyeus sincèrement patrio
tes.
Citons quelques passages remarqua
bles de son travail
«~La réforme primordiale la plus
efficace et la plus urgente au point de
vue industriel est la réforme de notre
enseignement ouvrier, par l'adoption
de l'instruction obligatoire fermement
appliquée tant l'école primaire qu'à
l'école complémentaire d'apprentissage
ou d'industrie (écoles du soir ou du Di
manche)
En Belgique, cette question de l'ins
truction élémentaire obligatoire est en
visagée an point de vue étroit de la
dogmatique et de la politique, alors
quelle est avant tout une question éco
nomique, d'hygiène sociale, de prospé
rité nationale. Les nations qui exercent
aujourd'hui la suprématie indus
trielle et commerciale ont su depuis
longtemps réformer l'enseignement po
pulaire et lui imprimer l'orientation
utilitaire qu'il réclame
Notre état d'infériorité résulte non
seulement de ce que plus de cent mille
enfants ignorent le chemin de l'école,
mais surtout, et j'insiste sur ce point,
de la très incomplète fréquentation de
celle-ci. de ce qu9 les 13 p. c. seule
ment des enfants (chiffre officiel et na
turellement surfait), parviennent
voir le programme complet de l'école
primaire, programme absurde d'ail
leurs, en ce sens qu'il est plutôt conçu
en dépit de toute logique en vue de
l'avenir de la très petite minorité des
enfants qui ne sont pae dostinés au tra
vail matériel.
Redisons-le avec force
L'intérêt de notre prospérité indus
trielle, qui repose sur l'efficacité du
travail de l'ouvrier, exige l'obligation
de l'enseignement primauejusqu'à l'â
ge de 14 ans. Ainsi outille intellectuel
lement, il n'est pas douteux que le jeu
lie ouvrier, qui sera d'abord mieux for
mé physiquement, produira plus en un
laps de temps plus court, il deviendra
plus habile, plus assidu, plus conscient
do son rôle.
i
Mais comme complément l'école
primaire, il faut tin enseignement in
dustriel et professionnel généralisé éga
lement obligatoire.
En Saxe, la loi de 1872 impose aux
jaunes gens l'obligation de fréquenter
l'école de perfectionnement et subsi-
diairement les cours de l'école indus-
trielleet professionnelle, de 1417 ans,
raison do 6 heures de leçons au moins
par semaine, au minimum Dans le Du
ché de Hesse, même régime. En Baviè
re et en Wurtemberg, le même princi
pe est inscrit dans les lois.
La loi industrielle de l'Empire Alle
mand donne tous les Etats la faculté
de décréter l'obligation par une loi et
toutes les communes, défaut de loi,
la faculté de décréter l'obligation de
fréquenter le3 cours de 14 18 ans.
La plupart des cantonB suisses, mê
me ceux qui sont les ruraux, ont pré
paré de la même façon le terrain de la
culture technique.
Une instruction primaire solidement
organisée sous le régime de l'obliga
tion, l'enseignement obligatoire base
rigoureusement scientifique, l'ensei
gnement obligatoire dans la plupart
des Etats des études techniques par-
toutappropriées aux conditions moder
nes de l'industrie, les connaissances du
dessin et des travaux manuels plus ré
pandues dans toutes les professions
développer les qualités natives de la
race. Voilà l'origine de l'expansion
économique de l'Empire allemand.
Toute l'unification germanique a con
tribué cette admirable poussée in
dustrielle, -mais celle-ci était latente et
préparée dans le peuple, grâce Bon
organisation scolaire tout tait sujjÇ-
rieure, si bien qu'il est permis de dire
que si l'instituteur allemand a été le
vainqueur de Sedan, il l'est aujour
d'hui sur le champ de bataille des af
faires.
L'instruction est donc la première rt
la grande réforme réaliser rendre
l'école primaire obligatoire jusque 14
ansavec semi-temps partir de 13 ans
de 14 16 ans (le soir et Dimanche) les
écoles industrielles et professionnelles
continueraient sans solution de conti
nuité, 1 éducation du peuple.
Mais pour que l'instruction obliga
toire tous les degrés soit réalisable,
il faut nécessairement commencer par
limiter les heures de travail.
L'instruction fera l'éducation intellectuelle
et morale de l'ouvrier mineur.
Inutile de vouloir éduquer l'ouvrier
dans le sens intégral du mot, s'il n'est
pas instruit.
L'ouvrier instruit recherche les dis
tractions et les plaisirs sains 11 lit, il
pense, il réfléchit. Il B'intéresse aux
choses d'art, il aime la musique. C'est
lui que nous voyons aux Universités
populaires, aux conférences littéraires
ou scientifiques. Dans sa commune, il
fait paitie de la Mutualité, il est
coopérateur, U est inscrit dans son
syndicat, il est prévoyaut et ne s'enivre
pas II est généralement bon époux et
bon père aussi, le Lundi, l'heure
de la descente, il est au carré, prêt
remplir sa tâche. L'ignorant n'est dans
aucune institution de prévoyance que
je viens de citer. Le Dimanche il joue,
se grise d'alcool et le Lundi il est ab
sent c'est lui, généralement, qui chô
me les lendemains de quinzaine et des
jours de fêtes.
Quelle différence au point de vue de
la production entre le premier et le se
cond
Les rapports entre l'ouvrier instruit
et ses supérieurs porions, chefs po-
rious, ingénieurs, sont empreints de
courtoisie avec un ouvrier instruit on
discute que faire avec un ignorant
Ces rapports courtois entre ouvriers
supérieurs, engendrent et entretiennent
la bonne volonté, qui est un facteur
puissant de bonne production.
Je m'empresse d'ajouter que l'agent
grossier, sans instruction, qui traite les
ouvriers mineurs avec brutalité, démo
ralise ceux-ci et est encore souvent la
cause de la diminution de ia produc
tion.
L'instruction obligatoire, en édu-
quant l'ouvrier, en le faisant sain phy
siquement et moralement, sera un
élément de production continue et rai-
sonnée elle peut aider réduire les
heures de travail.
D'un autre côté, pour que l'ouvrier
donne tout son eflort, il faut qu'il soit
bien et rationnellement alimenté. Ici
le rôle de la ménagère est considérable.
Combien d'ouvriers sont déprimés et
anémiés parce qu'ils sont mal nourris
l'our la majorité la tartine et le café
sont la base de la nourriture la bon
ne soupe, les légumes reconstituants,
beaucoup les ignorent quant la
viande, nombre de ménagères ne con
naissent qu'une préparation, toujours
la même.
Pour former la ménagère, il faut
commencer par instruire l'enfant. A
l'instruction obligatoire des garçons,
il faut joindre celle des filles, Don seu
lement l'école primaire jusqu'à l'âge
de 14 ans, mais de 14 16 17 ans l'é
cole muuagère obligatoire en semaine
et le Dimanche.
La ménagère instruite est économe,
tient sa maison en ordre, soigne géné-
néralement bien ses enfants, retient le
mari au foyer. El le saura faire du salaire
un emploi judicieux, ce qui est l'art
par excellence de l'humble ménagère.
Je conclus J'attache au développe
ment intellectuel et moral de l'ouvrier
une importance capitale je constate
que les longues heures de travail sont un
obstacle peu près invincible ce dé
veloppement j'estime qu'en permet
tant l'ouvrier de s'instruire et de s'é-
duquer davantage, l'industrie nationa
le regagnera rapidement par la qualité
et la quantité de la production ce que
la diminution de la durée de travail
pourrait lui faire perdre momentané
ment.
Les dépenses faites dans ces vues
par la société lui seront rendues au
décuple sous toutes les formes et dans
tous les domaines.
En résumé, j'estime qu'on peut ré
duire les heures de travail sans que la
production s'en ressente mais il faut
pour cela 1° Que l'on remédie la si
tuation signalée par les ouvriers qui
les entravent daus l'exécution de leur
travail ne leur permettant pas de don
ner tout l'ettet utile dont ils sont ca
pables -,
2° Que la loi décrète l'instruction
primaire obligatoire jusque 14 aus,
l'instruction industrielle et profession
nelle (soir et Dimanche), de 14 17
ans
3° Que l'enseignement primaire et
l'enseigQement ménager et profession
nel pour filles soit rendu obligatoire
dans les mêmes conditions
4° Que les pouvoirs publics favori
sent le développement de toutes les
oeuvres qui sont de nature moraliser
la classe ouvrière et patronale (mutua
lités, universités populaires, bibliothè
ques publiques, etc
5° Que Ton prohibe, ou en tous cas.
qu'on réglemente sévèrement le jeu et
la consommation de l'alcool.
Le système d'éducation-physique
appliquer dans nos écoles fait, en ce
moment, une évolution que Ton peut
qualifier de très heureuse, et qui aura
une répercussion salutaire sur l'avenir
de nos futures générations.
Le pouvoir central s'occupe active
ment de cette importante question que
plusieurs spécialistes belges et étran
gers étudient et discutent depuis de
longues années.
C'est ainsi que des cours temporai
res spéciaux sont, en ce moment, orga
nisés l'Université de Liège, pour ini
tier les professeurs au nouveau systè
me. Ces cours se répartissent de la
manière suivante
1. Anatomie(o8téologie, arthrologie,
myologie) Physiologie, par le docteur
Kaisin.
2. Analyse des mouvements, par le
docteur Gommaerts, de l'Université de
Liège.
3. Technique, par M. le capitaine
commandant Henrion.
4. Exercices pratiques par M. De
Genst, ex-délégué de la ville de Bru
xelles en Suède, directeur des cours de
gymnastique l'Ecole supérieure de
Bruxelles.
5. Méthodologie spéciale, par M.
Fosséprez, inspecteur.
Cinquante régents d'école moyenne
ont été délégués par le gouvernement
pour suivre ces cours. Toutes nos pro
vinces y sont représentées.
Pour le Hainaut, ont été désignés
MM. Lajeune, Reynders. Vastesaeger
et Pitance, respectivement attachés aux
écoles de La Louvière, Flobecq. Leuze
et Péruwelz.
L'Association libérale de Namur-Sud
assistait Mardi aux funérailles d'un de
ses membres comme d'habitude, le
drapeau accompagna la dépouille mor
telle dans l'église de Salzinnes, où se
célébrait le service. D'où grande colère
de M. le Curé, qui ordonna immédia
tement au porte drapeau de se retirer
et de plus, déclara la famille que si
le drapeau bleu restait dans lecortège,
il n'accompagnerait pas le corps au ci
metière. Ne voulant pas troubler la
cérémonie, nos amis sont partis, don
nant M. le Curé une leçon de haute
convenance.
'^CÏÔN*--'
Le cinquantième anniversaire de
l'administration libérale de Gand sera
fêté le 22 Septembre par une grande
manifestation qui coïncidera avec
l'inauguration du drapeau du Cercle
libéral de la 2e section.
Un cortège, pour lequel on s'attend
de nombreuses participations étran
gères, t e formera la gare 3 heures,
et un meeting aura lieu ensuite, auquel
des orateurs libéraux en vue prendront
la parole.
Cette manifestation est organisée
sous les auspices de l'Association libé
rale de Gand-Eecloo.
Le soir, de nombreux concerts au
ront lieu en ville, et un banquet démo
cratique réunira les libéraux qui fête
ront avec enthousiasme un demi-siècle
d'administration communale (1857-
1907).
MceoocMM