Souscription.
Journal de l'Alliance libérale d'Ypres et de l'Arrondissement.
Dimanche, 5 Mai 1907.
67<
annee.
18.
l union fait la force.
tMaraiHKtml Se IPintatteiie.
Vires acquirit eundo.
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Nous faisons un chaleureux appel
tous nos amis et tous nos lecteurs
pour qu'ils veuillent déposer leur
obole aux bureaux du Progrès en fa
veur de notre concitoyen Gustave
Mesure.
Gustave Mesure est atteint de pa
ralysie et se trouve dans l'impossibi-
té de faire le moindre travail.
Cet accident lui est arrivé, l'hiver
dernier, en sauvant un enfant qui
était sur le point de se noyer.
Cet acte de. courage et de dévoue
ment, lui a valu de la part du gou
vernement français, une distinction
honorifique.
Nous ouvrons donc, dès aujour
d'hui, dans nos colonnes, une liste
de souscription en faveur de notre
concitoyen Gustave Mesure.
Pour ceux de nos lecteurs qui ne
lisent pas les quotidiens, nous croyons
leur être agréable en reproduisant le
magistral discours prononcé par M
Paul Jauson au Meeting d'Anvers
La Situation politique.
Discours prononcé par M. Paul Janson
au meeting organisé par la Ligue
de la Jeunesse Libérale
d'Anvers, le Mercredi 24 Avril.
Quel quesoit le plaisir que j'éprouve
prendre la parole devant une assem
blée aussi nombreuse et qui, je le sens
déjà, est en parfaite communauté de
vue avec les orateurs qui m'ont précé
dé cette tribune et avec moi-même,
je dois vous dire qu'en présence de ia
crise si grave que traverse le pays, de
l'outrage fait au Parlement et de l'at
teinte portée nos institutions mêmes
par l'arrêté royal du 11 Avril,c'est ail
leurs et autrement qu'il faudrait par
ler mais, vous le savez, par suite des
manœuvres artificieuses des ministè
res et de ce que les ordres du jour des
deux gauches de la Chambre et du
Sénatet del'ordre du jour de la gauche
socialiste appellent un acte de du pli
«•ité, la Chambre, jouée et trompée,
s'est ajournée indéfiniment.
Le Parlement fermé aux députés.
Ainsi les ministres, par un véritable
dol politique, se sont soustraits piteuse
ment et Bans courage la protestation
véhémente et violente qui, la chose est
certaine, se fût élevée 6ur tous les
bancs de la Chambre. Applaudisse
ments.)i
Jusqu'ores, et c'est vraiment éton
nant, le Président de la Chambre n'a
pas jugé convenable de convoquer la
Chambre pour lui permettre de rap
porter une décision surprise sa bonne
toi et l'ignorance où le ministère la
tenait dessein de la situation réelle.
L'accès du Parlement nous est inter
dit dès lors, vos députés impuissants
exercer leur mandat, ont un double
devoir le premier, c'estde prendre la
i «solution dès la rentrée de la Cham
bre de n'avoir ni trêve ni répit aussi
longtemps que lesdroitsdu Parlement,
•-a dignité et son honneur u'auront pas
été sauvegardés.
C'est fait.
lis en ont un autre, et c'est celui que
mes honorables collègues et moi nous
accomplissons aujourd'hui c'est de se
m ittre en contact avec le sufirage uni
versel encore rudiinentaire et impar
fait, qui leur a contéré l'honneur de
vous représenter, d'exposer leurs
électeurs l'intensité et la gravité de ia
crise, sans précédent dans aucun pays
parlementaire enfin et surtout, de
vous appeler la rescou se pour la
délense des droits do laNatiou mécon
nus.
Le devoir de la Nation.
L'offense qui a été faite au Parle
ment, c'est vous qu'elle s'adresse,
vous dont nous sommes les mandatai
res elle vous frappe et elle vous atteint
en pleine poitrine et j'imagine que
vous la ressentez comme uous la ressen
tons nous-mêmes c'est vous de nous
donner la force invincible que confère
le peuple quand, véritablement con
servateur, il demande la pratique loya
le, sincère et scrupuleuse de la Consti
tution qui le régit.
D'autres avant moi vous ont signalé
les faits essentiels qui dominent le dé
bat et je crois inutile d'y revenir.
Mais il y a cependant ceci qui mérite
une mention spéciale
Le crime du Parlement-....
Une loi démocratique.
La loi votée par la Chambre consa
crait une série de dispositions relatives
la police des mines, l'hygiène, a la
sécurité du travail, au droit de contrô
le et de surveillance de l'Etat, qui a de
grands besoins comme consommateur
de charbon, une partie du bassin houil-
ler.
Enfin, pour montrer la sympathie
réelle du Parlement pour les travail
leurs de la mine, elle avait prohibé dé
finitiveinent le travail des femmes dans
les mines, le jugeant incompatible par
sa nature même et ses périls avec leur
sexe et leur rôle dans la famille.
Ceci avait été adopté pour ainsi dire
l'unanimité.
De même de la disposition qui inter
disait de faire travailler dans les mines
les enfants au-dessous de 14 ans, me
sure préliminaire l'instruction obli
gatoire, mesure équitable et humaine,
s'il en fut jamais, et qui devait nous
préserver de ce spectacle horrible de
voir, la suite d'un accident que rien
n'a pu conjurer, des enfants ramenés
la surface, frappés d'une mort terrible,
alors qu'ils n'avaient pas même la for
ce physique nécessaire pour se prému
nir contre le danger ou lui échapper
On avait songé aussi, et c'était bien,
garantir aux vieux mineurs exténués
par le travail de la mine, une pension
suffisante pour leurs vieux jours ou
pour le cas où, martyrs du travail, un
accident les aurait réduits la misère
Toutes ces choses excellentes, sauf
les abstentions au banc ministériel,
réunirent; pour ainsi dire l'unanimité
de la Chambre.
Enfin, la question de la réglementa
tion du travail des adultes dans les mi
nes donna lieu un débat sérieux et
approfondi et au vote final, ceux-là
mêmes de nos collègues qui, usant de
leur droit, avaient combattu théori
quement les principes timidement in
scrits dans la loi, décidèrent néan
moins de voter celle-ci au surplus,
pour mieux s'éclairer, ils avaient sol
licité une enquête
De plus, la suite d'un excellent et
patriotique discours de mon ami et
collègue M. Franck, la loi consacra sur
la question des langues une solution
simple et pratique qui garantissait
tous leB administrés l'application saine
et correcte du principe de l'égalité des
langues,
De cette oeuvre législative, quia don
né lieu de si longs débats et qui réali
sait des progrès sociaux considérables,
de gette œuvre législative, qui attes
tait la volonté du Parlement de tenir
compte dos vœux et revendications et
des espérances de la classe ouvrière, de
pur l'arrêté royal du 11 Avril, il ne
reste rien
Les droits du Roi.
Que le Roi puisse demander sou
ministère de combattre au Sénat une
loi votée par la Chambre, c'est son
droit.
Que si elle est votée par le Sénat, son
droit est sous la responsabilité des mi
nistres de ne pas la sanctionner, mesu
re d'une gravité exceptionnelle, si
exceptionnelle qu'il n'eu existe pour
ainsi dire pas d'exemple depuis 1830.
Une comédie parlementaire.
Mais que les ministres du Roi démis
sionnaires, puissent d'un trait de plu
me anéantir une œuvre législative aussi
considérable, eu destituant le Sénat
du droit d'en délibérer et en laissant
la Chambre continuer des débats, dont
ils ont su d'avance assurer l'inefficacité
et transformer ainsi la discussion en
une véritable comédie parlementaire
que cela fait, ils aient caché leur jeu
pour échapper la responsabilité mi
nistérielle, voilà ce qui, toute évideu-
ce, fausse, altère le régime parlemen
taire d'une manière vraiment intoléra
ble et révoltante.
Messieurs, lemarquez que l'arrêté
royal du 11 Avril n'est même pas mo
tivé c'est qu'en réalité il était injus
tifiable.
Pitoyable apologie.
Mais l'organe officieux du ministère
a essayé après coup d'en donner les
motifs voyons cette pitoyable apolo
gie
Un des motifs imaginés pour justifier
cet arrêté attentatoire au droit du
Parlement, ce serait que le Sénat au
rait rejeté la loi ainsi voilà le gou
vernement qui, destituant la Haute
Assemblée du droit qu'elle a de délibé
rer sur la loi votée par la Chambre, se
permet, suprême îucoovenance, de
préjuger sa décision et de lui prêter
d'avance la résolution sur laquelle elle
n'a pas pu même délibérer.
Il y a un second motif inventé par le
journal officieux, non moins extraordi
naire l'arrêté royal avait pour but de
faire une situation nette et do faciliter
la constitution d'un ministère nou
veau.
L'événement a prouvé qu'une pa
reille opinion ne relève que de la cécité
politique. Mais elle atteste la volonté
d'user d'un moyen inconstitutionnel
pour tenter de conserver le pouvoir au
parti clérical.
Enfin, l'organe officieux, interprète
des ministres déchus, a osé écrire ceci
Les concessions sont accordées, donc
les intérêts économiques 6ont satis
faits.
N'est-ce pas vraiment le comble de
l'audace et de l'impudeur politiques
Gomment,alorsque le gouvernement
et le Parlement ont reconnu l'impé
rieuse nécessité d'une nouvelle loi sur
les mines, le gouvernement, profitant
de ce que les Chambres 6e sont réunies,
alors que la loi nouvelle est en discus
sion, concède, ce qui est un véritable
scandale, ses amis et connaissances,
la plus grande partie du nouveau bas
sin minier, et on voit au Moniteur des
actes de société qui constatent la valeur
énorme de celle-ci et voici que, pour
tenter une apol -gie impossible de l'ar
rêté royal, ses auteurs trouvent dans
ce scandale même un prétendu moyen
d'expliquer l'ottense faite la Chambre
au mépris de toutes les règles parle
mentaires.
Les intérêts économiques sont satis
faits
Est-ce que par hasard les intérêts du
travail ne comptent pour rien, au mo
ment où les efforts des hommes politi
ques dans le monde entier s'efforcent
de concilier les intérêts du travail et
du capital, au moment où le devoir de
tous les bons citoyens est de conjurer
la lutte des classes et de réaliser la so
lidarité sociale
N'est-ce pas une véritable aberra
tion politique que de lancer ainsi systé
matiquement et froidement comme un
défi et une provocation aux travail
leurs de la min9
Ceci me remet en mémoire une scène
du drame admirable de Victor Hugo
uu moment donné, Ruy-Blas, le la
quais devenu le ministre d'un jour,
pénètre dans la salle où les grands
d'Espagne indifférents aux malheurs de
la Patrie, sont assemblés pour se par
tager le profit du pouvoir, les charges,
les honneurs, les sinécures, et surtout
les avantages et les profits du pouvoir,
et alors, révolté, indigné, il leur lance
co mot superbe Bon appétit, Mes
sieurs Vifs applaudissements.)
Les gouvernements néfastes.
Au reste, ce qui arrive n'est pas pour
nous surprendre ni pour nous étonner,
si nous nous remémorons les faits et
gestes des gouvernements cléricaux.
Chose singulière et bien remarqua
ble, sous le gouvernement libéral, ja
mais le pays n'a connu de troubles ni
d'émeutes.
Alors qu'en 1848 un vent.révolution
naire soufflait sur toute l'Europe et
que les plus vieilles monarchies en
étaient ébranlées, notre pays a traversé
paisiblement cette crise et gardé intac
tes ses libres institutions.
Qu'avons-uous vu depuis?
En 1857, le gouvernement d'alors,
fort d'une majorité considérable,
adopte cette politique néfaste qui con
siste prendre toujours comme règle
de conduite l'intérêt do l'Eglise, au dé
triment des intérêts réels et véritables
de la Nation.
11 présente le projet de loi sur la
chanté, qui ne tentait rien moins
qu'à accorder la personnification civile
aux corporations religieuses; l'opinion
se soulève, s'indigne et se révolte l'é
meute commence, mais le Roi d'alors,
sagement- inspiré, invite son ministère
ajourner la discussion, preuve mani
feste et évidente que le Roi, en pareil
le circonstance, est tenu d'aviser rai-
sou du droit qu'il possèie de révoquer
ses ministres.
Bientôt après, ia suite des élections
communales, le ministère clérical,
quoiqu'ayant conservé la majorité,
donne sa démission
Le Roi nomme un ministère libéral
chargé de faire la dissolution et celle-ci
constate que le pays répudie la politi
que cléricale et approuve la constitu
tion d'un ministère libéral.
En 1871, après le scandale deB affai
res Laugraod, dans lequel les hommes
les plus considérables du parti catho
lique s'étaient compromis dans des
opérations financières malpropres, le
gouvernement lance un nouveau défia
la Nation il brave l'honnêteté publi
que, en appelant aux fonctions de gou
verneur du Limbourg un homme
d'Etat qui, ce moment même, était
l'objet de poursuites criminelles, rai-
sou des opérations financières auxquel
les il avait pris une part active.
Cette fois encore, il était flagellé
en pleine Chambre par M. Bara dans
Messieurs,