Libéraux, attention Journal de l'Alliance libérale d'Ypres et de l'Arrondissement. Dimanche, 9 Octobre 1904. 61e année. N° 41. l'union fait la force faraisxaiit te âàituutn'lte. Vires acquirit ei.ndo. Ne tardez pas exami ner les listes et voir si vos droits sont garantis. N'oubliez pas qu'il y a urgence et que toutes les réclamations doivent être faites, avec pièces justifi catives l'appui, avant le 31 Octobre, c'est-à- dire avant la fin du mois prochain. Les listes sont mises votre disposition, où vous pouvez les consulter Café Tète cl'Argent rue de Lille, Ypres. Café c Cour de Bruxel les rue de Dixinude. Café 4 Le Casino rue de la Station. Dur eau de l'Association libérale, rueduSéminaire. De la dialectique du 4 Journal (iYpres Les congrégations religieuses françaises. Au 4 Journal d'Ypres. PRIX DE L'ABONNEMENT: pour la ville Par an 4 francs, p' la province Par an 4 fr 50 Pour les annonces on traite forfait. On s'abonne au bureau du journal, rue de Oixmide, 53, Voues Les annonces, les faits divers ei les réclames sont reçus pour l'arrondissement d'Ypres et les deux Flandres au bureau du Progrès Pour la publicité en dehors des deux Flandres, s'adresser exclusivement au Comptoir de Publicité Van Godtsenhoven et l'hibesard, 14, Place de Brouckère, Bruxelles, téléphone 5330 Le Journal d'Ypres est voué des hautes destinées Gratifié déjà, par la geut, r muante et tapageuse de jeunes éliactus et. autres fort s têtes du parti clér.cal, du monopole des compte-ren dus styl décadent, recherché avec avt lté par tous les écoliers en quête de bel i - descriptions et par tous les collectionneurs de monuments littérai res inédit il est entré en vogue auprès de IV rit-- intellectuelle de la ville. Mais là ne sY>r pas bornée sa louable acti vité éducative. Foyer scientifique éclai rant de «es rayons éblouissants les e8 prits mi hocres Oc la t'uule, il s'est im posé la 1 in ie tâche de vulgariser l'oracle incohérent et diffus du Dieu de la bagesse. Celui ci dans le Journal du 28 Septembre dernier s'est révélé fier et présomptueux, traduisant en vaporeu ses théories sa conception philosophi que de l'unité politique. Nous nous permettrons de lui répon dre bien humblement, selon la mesure de nos moyens et dans l'espoir de ne pas devoir abtiBer de la bénévolente patience de nos lecteurs qui n'égale certainement pas le bon caractère de ceux du Journal d'Ypres Son Dieu rendu solitaire des passions de ses ado rateurs par sa reconnaissance des ser vices éminents qu'ils lui ont rendus, a le tort de se laisser aveugler par les mesquineries d'une politique étroite nous sommes trop respectueux envers lui pour faire allusion l'histoire du roi Midas qu'Apollcn coiffa d'une paire d'oreilles d'âne. Il suffit d'après le Journal que tous les détenteurs du pouvoir soient véritablement disciples du Christ pour faire régner la Paix et l'Union frater nelle sur la terre II suffit que l'Etat eoit simplement chrétien pour assurer tous la sécurité et la libre disposition de leurs droits Notre conception des droite et des devoirs de l'Etat est toute autre. Nous prétendons que l'application l'orga nisation de l'Etat des préceptes reli gieux, quels qu'ils soient, entraîne l'établissement du pur despotisme tout pouvoir serait aux mains de celui qui croit, tandis que toute garantie sociale o.u politique échapperait l'in crédule ou celui qui croit moins. Ce serait l'avèn6ment du servilisme et de l'hypocrisie, le règne du sectarisme et de la violence. Les rapports entre hom mes ne relèvent que de la loi humaine, tandis que la foi cherche la solitude au fond des cœurs. Cette antithèse est la condition sine qua non de tonte stabilité sociale et le secret de tout affranchissement intel lectuel, du complet épanouissement de la pensée humaine. Rendez César ce qui est César et Dieu ce qui est Dieu Vouloir régler les gouverne ments d'après des dogmes religieux, c'est méconnaître les attributions des premiers et perdre de vue le rôle des derniers. L'Etat a sa raisr n d'être en soi il doit être le promoteur d'un pro grès pacifique dans tous les domaines, il doit fournir tous les hommes les moyens pour se perfectionner et poser les conditions de leur activité dans les limites de la justice; pour arriver ces fins, il faut qu'il eoit neutre. La foi, elle, qui absorbe l'homme en Dieu, peut faire des saints, mais elle refait pas des citoyens». Sa mission est de détacher ses adhérents des inté rêts terrestres soumettre l'Etat son autorité, ce serait reconnaître ce dernier une mission dont les consé quences seraient funestes une mino rité dôut il faut respecter les opinions. La toi perd son prestige servir de moyen de convoitises et de persécution. Séparer la religion de la politique, ce no serait p as, comme le dit le Jour nal retrancher la tête du corps d'un homme ce serait au contraire préve nir la pénétration graduelle et mena çante d'un élément de désagrégation ce serait sauver ia tête et le cœur en même temps. C'est l'ignorance ou l'oubli des intérêts terrestres qui fait les saints, et c'est le respect religieux des aspirations idéales de l'humanité qui caractérise le véritable homme d'Etat Le rédacteur du Journal qui a déjà fait ses preuves pour ce qui con cerne ses connaissances en matière d'histoire, affirme avec cette effronterie qui le distingue, que l'Etat chrétien lie fait jamais aucune violence personne cause de ses convictions. Pour nous borner quelques exemples et sans vouloir approfondir les faits, nous cite rons pour le convaincre de l'inanité de sa thèse l'œuvre sanglante de la Ré forme et de l'Inquisition, le régime d'oppression caractérisant le règne de Louis XIV, la paix cessant d'être trou blée par la question religieuse depuis la chute de Robespierre jusqu'à Napo léon, la Révolution de 1830 provoquée en partie par les lois réactionnaires de Charles X, l'Autriche catholique obli gée de dénoncer le concordat de 1855, la France réduite la même extrémité aujourd'hui la Russie orthodoxe per sécutant les Juifs. D'antre part les pa pes mystiques ne furent jamais des papes politiques, et réciproquement. Le principe de la liberté religieuse, corollaire de la séparation de l'Eglise et de l'Etat, supprime au contraire toutes les distinctions exténeures, civi les et politiques, liées auparavant la diversité de religion ayant reçu sou application la vie politique d'un pays, il lui assure une paix durable et iéciiide, telle que celle dont jouissent actuellement la .Suisse, les Etats-Unis, le Japon, etc. Les fauteurs de la persécution reli gieuse ont dû renoncer presque partout l'appui du «bras séculier». L'Etat est entré dans une voie de renoncement son ancienne police des consciences. L'Encyclique de 1888 a beau condam ner «la doctrine qui affirmequ'il n'appartient pas l'Eglise de faire des lois, de juger, de punir, et qu'elle doit se borner exhorter, persuader, diri ger ceux qui se soumettent elle vo lontairement la doeti ine cléricale de l'union de l'Eglise et de l'Etat, enta chée d'un grossier matérialisme, aspi rant un régime antinational reposant sur une base chancelante, ne saura em"pêcher la vie de développer dans la pratique les conséquences que d'obscurs préjugés empêchent de tirer en théorie. Bientôt tout le pays sera envahi par les innombrables congrégations reli gieuses, qui nous viennent de France. Elles achètent des châteaux, élèvent de nouvelles constructions dans des •LHirains immenses, et s'implantent, dans toutes les contrées de nos diffé rentes provinces. A Froyennes. aux environs de Tour nai, un terrain de plus de 10 hectares a été acquis pour l'édification d'un couvent. On y élève des constructions colossa-. les. Deux voies-ferrées se détachent de la ligne de L'ourtrai Tournai pour y amener les matériaux. On n'a jamais vu une entreprise d'une immensité pareil le exécutes par des particuliers La petite et libérale ville de Deynze a été dotée de l'arrivage de trois con fréries. L'une est installée luxueusement, dans une vaste propriété les deux au tres pjus modestement. lJour le moment, elles ne font pas beaucoup parler d'elles, mais elles ex citent la jalousie des autres congréga tions. Elles vuudraient bien donner l'ensei gnement, mais il paraît que Monsei gneur le leur a défendu. Il y a cependant moyeu de détourner la prescription. Elles commencent donner des le çons particulières D'abord, il n'y a que deux, trois élèves, puis on arrive une dizaine et la fiu du compte tous les gens huppés du parti clérical peu contents de l'enseignement donné dans les écoles adoptées du clergé y eu- voyeut leurs enfants. Quelle redoutable concurrence Nous disions plus haut que les évê ques défendent aux congrégations étrangères de donner l'enseignement. Cela peut être exact pour les deux Flandres mau on nous assure que cela n'est pas pour le pays wallon. Pourquoi cette différence Nous ne le comprendrions pas Est ce parce que dans le pays flamand il y a suffisamment de communautés religieuses, et que l'organisation no laisse, d après eux, plus rien désirer Y a-t-il moins de couvents dans les provinces wallones et faut-il que l'é tranger vienne leur secours Nous 1 ignorons et nous n'oserions pas affirmer que l'information est exacte. ANNONCES: Annonces 15 centimes la ligne. Réclames 25 Annonces judiciaires 1 fr. la ligne. Eu tout cas, on voit, par ce qui se passe Deyaze. qu'il n'est pas difficile d'éluder les prescriptions, émanant même des autorités les plus puissantes, et nous sommes convaincus qu'en très peu de temps, aussi bien en Flan dre qu'en Walloûie, toutes les corpora tions enseignantes qui ont envahi notre territoire, ouvriront des écoles. Et nous ajoutons que le gouverne ment ne tardera pa» de leur allouer des subsides, si toutefois le bon Dieu prête vie nos bons cléricaux. A Ypres, aussi, nous assistons un véritable envahissement de la ville par les corporations religieuses françaises. Uue une toutes nus belles propriétés tombent entre leurs mains. La main morte prend des proportions effrayan tes et nous voyons se rétablir en Belgi que, sons le couvert de la liberté d'as sociation mais au mépris de la loi, tous ces êtres fictifs, qui étouffaient le monde avant la Révolution française. 11 y a là un danger, que d'autres que nous doivent percevoir. La lutte con tre la mainmorte a été du reste de tous les siècles et ce ne sont pas les libéraux seuls qui l'ont affrontée. Rappelons les édits de Marguerite de flamant, com tesse de Flandre, de Charles Quint, de Philippe II, d'Albèrt et Isabélle, de Marie-Thérèse, tous souverains très catholiques, qui subordonnèrent l'autorité civile la création des fonda tions religieuses Le temps ne parait pas éloigné où nous aurons nous défendre notre tour. Nos évêques y songent déjà, du reste. La note plus courtoise du Journal dYpres de Samedi dernier répoudant notre article de la moralité d'un philosophe tranche singulièrement avec le ton provocateur et offensant qu'il avait affecté dans sa polémique antérieure. Nous approuvons ce chan gement d'attitude: les injures n'ont jamais été des arguments, elles ne peuvent souiller que ceux qui s'en ser vent. En se bornant combattre nos idées et eu mettant trêve un langage qui sort des règles de la bienséance, il s'élève au rang d'un journal qui se res pecte et qui s'impose au respect de ses adversaires. Sonjeune collaborateur au rait bien tait de s'en apercevoir un peu plus tôt. Qu'il relise ses premiers arti cles et qu'il sache qu'en politique ce lui qui aime porter des coups s'expo- qui aime portt se en recevoir. Nous retrouvons dans notre confrère toujours les mêmes arguments tendant nous représentercommedes traqueurs de curés et de nonnettes, comme des sectaires bafouant la religion catholi que, des émeutiors entravant le tra vail d'autrui, des spéculateurs malhon nêtes favorisant lacorruptiou financière, etc. Si nous prétendons que nous respec tons tout ministre de culte ne trans gressant pas ses devoirs d'agent salarié de l'Etat et dont l'activité se limite sa mis-ion sacerdotale, si nous repétons que nous sommes respectueux de toute croyance désintéressée, nous nous éton nons de ce que le Journal nous ac cuse de crimes monstrueux qu'il im pute notre politique. Celle-ci ne fait pas 1 apologie de la libre-pensée com me théorie politique, comme :1 le pré tend, elle la tolère dans le domaine privé et ne s'oppose nullement ce qu un libérai y lasse du prosélytisme catholique. C'est là uu d? ces lieux

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Le Progrès (1841-1914) | 1904 | | pagina 1