Association Libérale
EXTENSION
Dimanche, 24 Avril 1904.
64e année. 17.
Journal de l'Alliance libérale cTYpres et de l'Arrondissement.
L'(Jl\IVEKSITÉ LIBKE
de Bruxelles.
VISITE 01 MISÉE D'HISTOIRE
NATURELLE DE BRUXELLES,
POUR L'ÉLECTION SÉNATORIALE
Vital De Ridder,
Raymond Vande Vernie,
Une belle attaque.
A la Chambre.
L'UNION PAIT LA FORCE J'ai'fli.HStIHl If MPiuttlIlcflf. IRES ACQl'IKIT El'NDO.
On s'abonne au bureau du journal, rue de Uixjiudb, 53, Ypres. Les annonces, les fans
divers et les réclames sont reçus pour l'arrondissement d'Ypres et les deux Flandres au bureau
du Progrès Pour la publicité en dehors des deux Flandres, s'adresser exclusivement au
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pour la ville Par an -4 francs.
pr la province Par an -1 ir. 50
Pour les annonces on traite forfait.
DE
Dimanche lr Mai 1904,
10 heures,
sons la direction de M. Dollo.
Prix réduit dn coupon fr. 4-60. Les
participants sont priés de bien vouloir
se faire inscrire avant le 24 Avril pro
chain
de
l'Arrondissement d'Ypres.
CTXN^ID^TS
du ^9 Mai 1904 r
MM.
Notaire lverkhove, Sénateur sor
tant, lr candidat
«y
Notaire Sweveghem, Membre
de la Chambre des Représentants,
2e candidat et lr suppléant
Nos adversaires auront mauvaise
grâce en contestant au discours pro
noncé Mardi dernier la Chambre par
M. Paul Hymans tonte l'ampleur que
comportait ce débat soulevé par le dé
puté libéral de Bruxelles Jamais le ta
lent de M. Hymans ne s'est affirmé plus
catégoriquement, jamais encore il n'a
vait donné cette impression de forco
heureusement concentrée,d'énergie,de
fougue dans l'attaque, d'ingéniosité
dans la réplique. A relire ce discours
dans l'Analytique, on comprend que la
Chambre ait écouté l'orateur avec une
attention soutenue deux heures durant
et il n'est pas exagéré de dire que M
Paul Hytnaus a pris Mardi l'attitude
d'un véritable chef de parti, et l'on
peut être convaincu que sous la direc
tion de ce leader jeune et ardent le
parti libéral reconstitué verra augmen
ter ses chances de victoire prochaine.
Dès le début, la droite s'est efforcée
de couper les effets. M. de Smet de
Naeyer prétendait qu'il n'y avait pas
de question cléricale et M. Woeste af
firmait que tout cela était bien vieux.
M. Hymans les a ramené la question,
il leur a prouvé que la question cléri
cale était plus vivante que jamais, que
toute notre politique tournait autour
d'elle par la faute de3 cléricaux qui
forment un parti confessionnel dont le
chef est Rome. Un un, l'orateur a
repris tou» les griefs qu'on peut faire
valoir contre vingt années de domina
tion cléricale, il a montré l'évidence
cette terrible oeuvre de désorganisa
tion que poursuivent les cléricaux dans
l'ordre scolaire, dans l'ordre militaire
et dans l'ordre financier.
r M.* Woeste prétendait l'autre jour,
erviers, que le pays n'avait rien re
procher au gouvernement clérical si
te leader de la droite est sincère, il
conviendra, après le discours de M
Hymans, qu'il ne soupçonnait même
pas la véritable situation. Ainsi, en ce
qui concerna la désorganisation de l'ar
mée, n'est-il pas effroyable de voir le
général Cousebaut tl'Alkemade, minis
tre de la guerre, déclarer qu'il d'en
savait rien quand M. Hymans a affirmé
qu'il n'y avait plus qu'un nombre in
signifiant de soldats au 9e régiment de
ligne On se serait cru un spectacle
burlesque si la chose n'eût été si
profondément triste en soi.
Le discours de M. Paul Hymans est
un des plus beaux discours d'opposi
tion prononcés au Parlement belge de
puis longtemps et il constitue en fait la
meilleure entrée en campagne que
pouvait faire le parti libéral la veille
des élections. Que nos propagandistes
le lisent attentivement, qu'ils le médi
tent et qu'ils le répandent par tout le
pays afin que la nation sache enfin ce
que lui coûtent vmgt années de domi
nation cléricale et vers quel abîme la
poussent nos maîtres.
Séance du 49 Avril.
Après la liquidation des questions, la
Chambre a accordé, l'aprés-midi, la
discussion de l'interpellation de MM.
Hymans et Braun sur la politique du
gouvernement et sur l'immixtion du
clergé dans les affaires publiques.
Voici les graudes lignes du discours
de MHymaus
Le débat que nous avons demandé ou
vrir aujourd'hui n'a assurément rien d'inat
tendu pour le gouvernement ni pour la ma
jorité il est de tradition, la veille d'une
grande consultation électorale, de demander
au gouvernement quelles sont les idées qui
l'inspirent. Il ne les a guère fait connaître
jusqu'à présent. Est-ce prudence et modes
tie En tous cas, lorsque l'occasion lui en a
été fournie, le gouvernement a générale
ment laissé la parole aux chefs attitrés de la
droite.
Le chef du cabinet aime peu la Chambre,
on ne l'y voit guère. Par contre, le ministre
de l'intérieur a un penchant marqué pour la
discussion, voire pour l'interruption. En ré
alité, l'action gouvernementale est devenue
bureaucratique au lieu d'être parlementaire;
cependant, quand M. de Smet de Naeyer
était simple député de Gand, il nous sou
vient d'une discussion qu'il avait avec M
Woeste, le 8 Décembre 1893, et dans laquel
le il apostrophait celui-ci en ces termes
Je n'admets pas le monopole que prétend
s'attribuer, en matière confessionnelle, le
pape laïc qui a nom Charles Woeste. Il ne
lui appartient pas d'en imposer a ses collè
gues et de chercher faire peser sur la droi
te une sorte de terreur blanche.
Les choses ont bien changé M. de Smet
de Naeyer a courbé la tête et M. Woeste
commande Nul mieux que lui ne représen
te les vraies passions de l'àme catholique
Le ministère reçoit l'impulsion et la direc
tion du dehors le gouvernement n'est plus
où est la responsabilité.
L'idéal de certains hommes politiques
et il s'en trouve au banc du gouvernement
est de transformer le ministère en ùne gé
rance d'affaires. Ils se font d'étranges illu
sions Les Belges qui ont le sens pratique
ne seront jamais désintéressés des questions
d'intérêt matériel mais, cependant, ils ont
soif de justice et de liberté. Après 1830, on
a tenté d'empêcher la formation des partis
politiques on n'y a pas réussi. Depuis quel
ques années, un nouveau parti s'est formé
qui a mis son programme la lutte des
classes.
Cependant, ce qui domine toujours les
grands courants politiques dans notre pays,
c'est la question cléricale
La question cléricale, c'est le conflit entre
la liberté et l'autorité, entre le traditionna-
lisme religieux et les recherches de la scien
ce, entre le dogme et la raison c'est la
question dn savoir si la liberté morale descon-
s.-.ieiws sera re.-peotée et si rautaaamie de
l'Etal sera sacrifiée l'Eglise si celle-ci
pourra s'immiscer dans les affaires de l'E
tat c'est la question de savoir si la Consti
tution sera respectée c'est enfin la question
desavoir si la liberté sera ou ne sera pas.
(Très bien gauche.)
Par son essence, sa doctrine et sa compo
sition, le parti au pouvoir est un parti con
fessionnel. Il no défend la liberté que pour
assurer la liberté de l'Eglise il a abdiqué sa
propre liberté, allant prendre ses directions
l'étranger, près d'une puisance dont les
évêques sont substituts.
Nous ne sommes plus au temps des Bas
tilles et des lettres de cachet Mais, notre
époque, si l'on ne connaît plu» le despo
tisme monarchique et la dictature militaire,
il existe encore une puissance qui, infectant
les grands, tyrannise les petits c'est le pè
re de famille contraint d'envoyer son enfant
aux écoles libres c'est l'instituteur empê
ché d'enseigner ses idées philosophiques
c'est le petit fonctionnaire contraint de ca
cher ses convictions c'est la sainte alliance
du prêtre, du député et du châtelain
L'instrument le plus actif de cette oppres
sion, c'est le clergé catholique qu'on ren
contre partout l'école, l'armée, dans
les œuvres économiques, dans les mutuali
tés, dans celles même qui s'occupent des
assurances contre le bétail
D abord avec l'argent des fidèles et ensui
te par les subsides de l'Etat, on travaille
pour la gloire de l'Eglise.
Le clergé intervient directement et offi
ciellement dans les luttes électorales. Il no
sauve même plus les apparences Les prêtres
sont la disposition des candidats ils pré
sident les réunions et ils signent les circu
laires. Cette intrusion du clergé vicie notre
vie publique et tend restaurer chez nous
la candidature officielle.
Les agents de l'Etat ont reçu l'interdic
tion de se jeter dans la mêlée des partis. Le
cierge paroissial n'hésite pas user de son
prestige pour peser sur les opinions des élec
teurs. En Belgique, le prêtre a l'école pour
asservir l'enfant, le confessionnal pour inti
mider les femmes il a le paradis, l'enfer,
la noblesse...
Dans une assemblée récente de l'Associa
tion catholique de Bruxelles, où l'on discu
tait l'alliance avec les indépendants M.
Woeste n'entendait-il pas son contra lic
teur, M. De Locht, dé darer t II faut adop
ter l'alliance avec les indépendants Tout le
monde est d'accord Demandez l'avis des
onze curés de Bruxelles
M. Woeste, la vérité, protestait, disant
que ce n'étaient pas des arguments pro
duire en public.
Les églises sont converties en salles de
meeting et les réunions y sont présidées par
les curés, agents de l'Etat. Non seulement le
clergé belge s'immisce dans notre politique,
mais la curie romaine s'en mêle de façon ac
tive. M. Merry del Val, secrétaire d'État dù
pape, a établi nettement dans un bref adres
sé la Ligue démocratique chrétienne le ca
ractère politique de l'iatervention du Vati
can.
A Liège, le parti catholique est divisé
entre cléricaux et démocrates. Ceux-ci ont
un dépoté, M. De Ponthière un chef, qui
est un historien. M. Godefroid Kurth un
journal, la Dépêche Los cléricaux sont di
rigés par M. Fraucotte, un homme aima
ble, et ils ont un journal, la Gazette de Liè
ge Qui va mettre ces frères ennt-rois d'ac
cord Lévêque de Liège, qui, au préalable,
va Rome prendre des ordres l'officine
électorale centrale.
Cette immixtion est tellement incroyable
qu'un journal catholique allemand a pro
testé contre cette intervention du clergé
dans les affaires politiques belges.
Pour nos cléricaux, la Belgique n'est plus
qu'une section de la concentration politique
confessionnelle, dont le siège est Rome.
ANNONCES:
Annonces 15 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 tr. la ligne.
De nombreux évêques français, et même
tout récemmènt, ici, un jésuite, le père
Caruel, se sont prononcés nettement contre
l'action des prêtres dans la mêlée des partis.
En tant que catholique, nous n'avons
pas le droit d'avoir d'opinion politique di
sait M. Brunetière. Pour parler ainsi, il ne
connaissait pas notre pays, où tout le monde
doit être asservi au clergé. Ajoutez ce
clergé régulier les milices des congréga
tions. qui ont décuplé depuis soixante-dix
ans et qui comptent 60,000 hommes au
moins, exerçant tous les métiers, entassant
des richesses immenses, reconstituant, mal
gré la Constitution, les biens ecclésiastiques,
détruits par la Révolution On a trouvé la
main-morte une forme nouvelle: la société
anonyme.
Il y a aussi la Mutualité catholique in
ternationale»dirigée par un prélat étranger,
dont le siège est Bruxelles et dont le but
est de veiller au placement des fonds des ec
clésiastiques, aux assurances mobilières et
immobilières des biens du clergé catholique.
Quoi qu'en dise la Constitution, il y a au
jourd'hui une religion d'Etat, qui est l'auxi
liaire du gouvernement dans sa haine de la
liberté.
Pour vous, la liberté, c'est la confiscation
des libertés publiques au profit du clergé et
des congrégations. Faites ce que vous vou
lez dans vos églises nous, nous défendons
la liberté des Belges qui ne veulent pas pen
ser comme vous.
Votre loi de 1895 sur l'enseignement est
une loi confessionnelle, qui impose la mora
le catholique des enfants de protestants
juifs ou libre-penseurs C'est une mon
struosité.
On a signalé au ministre de l'intérieur une
série de livres attentatoires la Constitution.
Il n'a rien pu contre eux, parce qu'il n'est
pas libre.
Certes, vous n'avez pas osé dire ouverte
ment que vous voulez l'Etat hors de l'école,
mais vous y arrivez, en autorisant notam
ment des conseils communaux frappés de dé
chéance, confier pour des années l'ensei
gnement public des congrégations.
C'est la loi, mais celle-ci est injuste, et il
appartient au gouvernement d'en imposer la
version. Faut-il répéter que le ministre fa
vorise les écoles normales adoptées au dé
triment des écoles normales publiques
Des réformes scolaires s'imposent, et
tous, progressistes, socialistes, libéraux mo
dérés, nous les réclamons d'urgence.
L'orateur parlant ensuite de notre orga
nisation militaire, démontre comment on
s'attache par tous les moyens cléricaliser
l'armée. Dans les comités de patronage fi
gurent, côté de curés, des députés, des sé
nateurs et même d'anciens ministres. Grâce
ces comités, l'hypocrisie s'est installée
dans les casernes, où les protégés sont ceux
qui font partie de cercles militaires, vont
la messe et communient. A eux toutes les
faveurs, les plus scandaleuses.
Le but de ces comités est de retenir sous
la férule de l'aumônier les paysans qui vien
nent d'échapper aux mains de leurs curés.
L'armée est désorganisée, les officiers sont
sans troupes, les chevaux sans cavaliers, et,
pour faire des économies, on renvoie les sol
dats en congé sans se préoccuper s'ils ont des
moyens dèxistence. C'est au point qu'à plu
sieurs Je ces malheureux le bourgmestre de
Bruxelles a dù donner le gîte. Il n'y a pas
d'hommes dans les casernes, l'autre jour,
on a vu cinq régiments réunis, comprenant
1.410 hommes.
M. Cousebant. C'est faux
M. Hymans. A Bruxelles, les compa
gnies ont de 21 27 soldats sous les armes,
et certaines compagnies du 9" de ligne sont
formées de 2 ou 3 soldats
Est-ce vrai ou faux
Le ministre de la guerre. Je n'en sais
rien. (Hilarité gauche.)
M. Hymans. Je ne m'étonne pas que
vous ne sachiez rien, mais je m'étonne que,