Dimanche, 6 \Iars 1904.
40e année.
Journal de F Alliance libérale d'Ypres et de l'Arrondissement.
Ils Iraudent même
la Chambre.
10.
l'union fait la force.
Vires acquirit elndo.
m Woeste Les paroles de m. Vander
velde sont dictées par un calcul politique (In
terruptions)
m. Woeste. Les membres de celte assem
blée devraient se respecter les uns les autres.
(In terruptions
f'araisstcut le iÂimanche.
PRIX DE L'ABONNEMENT:
pour la ville Far an -4 francs
p' la province Far an 4 fr. 50
Les cléricaux donnent la mesure de
leur honnêteté politique même jusque
dans le Parlement. Ce qui s'y est passé
Mercredi 24 Février est un scandale
doublé d'une infamie.
Voici les faits
Le 24 Février avait lieu la Cham
bre l'interpellation de MM. Allard et
Furnémont sur l'ordre de service du gé
néral commandant la gendarmerie ré
trogradant le gendarme Henrard
cause de son attitude dans les événe
ments de Piétrebais.
Les interpellateurs avaient déposé
l'ordre du jour suivant
La Chambre, estimant qu'il y a
n lieu de soumettre un nouvel exa-
n men l'ordre de service punissant le
gendarme Henrard, passe l'ordre
du jour,
M. Woeste, de son côté, avait pro
posé l'ordre du jour pur et simple. Ce
lui-ci, ayant la priorité, fut mis an
vote et adopté par 4!» voix contre
44.
A la séance du lendemain, M. Hy-
mans, par motion d'ordre, fit observer
que M. Borbouxfigurait parmi les mem
bres qui avan ut voté l'ordre du jour
de M. Woeste alors que, retenu chez
lui par une indisposition, il s'était fait
excuser de ne pouvoir assister la
séance. M. Schollaertqui ne présidait
pas cette séance, promit de se rensei
gner.
Le lendemain, Vendredi, M. Schol
laert, président, revint sur l'incident,
que nous reproduisons ici d'après le
compte-rendu analytique
M le Président. Avant de donner la pa
role M. Hvmans au sujet de sa motion d'or
dre relative au vote du 24 Février sur l'ordre
du jour pur et simple, je dois annoncer la
Chambre que j'ai reçu une lettre de M. de
Winler m'informant que c'est par erreur que
son vote a été recueilli il n'assistait pas la
séance de Mercredi.
M. Vandervelde. C'est incroyable.
M le Président. Il est évidemment re
grettable que des erreurs pareilles puissent se
produire mais il faut tenir compte de ce fait
qu'au milieu du bruit il est très difficile MM
les secrétaires de recueillir les votes. Je prie
donc mes collègues de rester dorénavant leur
place pour voter.
M Termote. Ce n'est pas de gaîté de
cœur que je prends la parole et j'ai tenu
consulter préalablement plusieurs de mes amis
de la gauche. (Mouvement d'attention). C'est
d'accord avec eux que j'ai estimé Qu'il
ne m'était pas peimis de me soustraire
au devoir de signaler la Chambre un très
grave abus qui se pratique «lans cette enceinte.
Ce vote de l'ordre du jour pur et simple pro
posé par M. Woesie la séance d'avant-hier
m a fourni l'ocpasion de constater, une fois de
plus, qu'à de certains appels nominaux des vo
les ont été émis droite pour des collègues
absents (Exclamations). Déjà antérieurement,
j'avais fait la même remarque j'avais
tenu deux de mes collègues au courant
de mes soupçons et lorsque dans l'appel nomi
nal j'ai entendu avant-lner, les oui et les non
s'entrecroiser en nombre presque égal, j'ai re
doublé d'aitention, eu égard au très vif intérêt
qui s'attachait au vote. J'ai pu ainsi me persua
der coup sur qu'un oui parti des bancs de la
droite a été prononcé distinctement l'appel
du uom de M. de Wioter. (Nouvelles exclama
tions).
Malgré que je n'eusse point aperçu ce der
nier pendant toate la durée de la séance, je
me refusais en croire mes oreilles et me de
mandais si, peut-être, il ne s'était trouvé dans
la salle que pendant le lemps strictement né-
eessaue pour voter. C'est pourquoi que je n'ai
pas protesté sur l'heure.
En quittant la Chambre avec M. Verheyen,
la séance ayant été levée immédiatement après
l'appel, j'ai fait part de mes impressions ce-
lui-ci et j'ai voulu me confirmer dans ma con
viction par une preuve flagrante, indiscutable
On s'abonne au bureau du journal, eue de Dixmcde, 53, Ypees. Les an
nonces, les faits divers et les réclames sont reçus pour l'arrondissement d'Ypres,
les deux Flandres, le restant de la Belgique et le l'Etranger, au bureau du
journal Le Peogeès ON TRAITE A FORFAIT.
ANNONCES:
Annonces 15 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
cette preuve, je la possède depuis hier V un
télégramme que je lui ai adressé, M.,dtç\Vin-
ter a répondu qu'il n'a pas assisté à~a séance
de Mercredi.
L'absence de M. de Winter suffit àetle seule
poui modifier le vote que la Chambre a émis
sur l'ordre du jour de M Woeste une seule
voix de majorité et en présence de la fraude
qui a été commise (protestations droite), ce
vote doit être revisé.
Quant l'abus dont il m'a fallu parler bien
malgré moi, j'aime mieux ne pas insister je
laisse la Chambre et le pays juges. (Trèsbien
vive approbation gauche).
M. le Président. J'ai fait part la Cham
bre de la lettre que M. de Winter m'a adres
sée. Quant moi, je me refuse de croire que,
intentionnellement, des membres puissent vo
ter pour des absents.
M. Verheyen. Comment les secrétaires
remplissent-ils leurs fonctions
M. Ituzette. Mais il y a un secrétaire de
l'opposition
M. Ilymans Les secrétaires ne sont pas
en cause.
M. le Président. Le bruit que font sou
vent les conversations pendant le vote expli
quent la confusion.
M. Termote. Je regrette d'entendre M. le
président révoquer en doute la sincérité de
mes paroles je ne mérite pas celte méfiance...
M Woesie. Rien de ce genre n'a été dit
M. Termote J'ai entendu très distincte
ment, je le répète, uudroitierrépondre oui
l'appel du nom de M. de Wiuter. (Bruit).
MUufrane. Qu'on explique cela
M. Termote. Je suis 1res circonspect
dans ce que j'avance j'avais des soupçons et
je n'ai saisi la Chambre que lorsque ceux-ci
sont devenus une certitude. J'affirme sur
l'honneur, au besoin que je dis ici l'absoiue
vérité. (Mouvement).
M. Vandervelde. La fraude parlementai
re après la fraude électorale
M. le Président. Mes paroles ne contien
nent aucun démenti, monsieur l'ermote. J'ai
dit que je me refusais croire qu'intentionnel
lement, on vole pour un absent.
M. Vandervelde. On vous dit que c'est
un système.
M. le Président. Il faudrait prouver que
c'est un système. Réclamations
M. Bethune (fait personnelLe compte
rendu analytique de la séance u'Iuer prèle cel
le interruption de M. Furnémoiii s'adressuit a
M. Gielen Vous n'avez pas volé c'est M.
Bethune qui a volé deux lois
Je crois qu'il est bon que je dise comment
j'ai pris part au vote litigieux. J'entrais dans
la. salle lorsqu'on appelait mon Dom j'ai ré
pondu oui mais étant très enroué, je me
suis approché du bureau la fin du vote et j'ai
interrogé M. le président pour savoir si mon
vole avait été acté. Les secrétaires m'ayant
repondu que non, j'ai demandé que mon vote
fût porté sur la liste M Furnémont s'est donc
liompé je n'ai pas voté deux fois.
M Daens Ceci n'est qu'un accident...
M. le Président.J'ai leche.ché, depuis
hier, les précédents relatifs l'erreur qui s'est
produite Mercredi...
M. Vandervelde. Mais il ne s'agit pas de
cette erreur, il s'agit du fait que vient de si
gnaler M. Termote
M. le Président. Permettez Que M.
Termote ait eu celte impression, c'est po-sible.
(Protestations gaucheMais il faut préciser
alors on ne peut laisser planer sur tout le
parlement une imputation de ce genre.
M. Vandervelde Pas sur tout le parle
ment, sur la majorité.
.M. Pépin Qui est-ce qui a volé pour M.
de Winter Qu'il se lève.
M. le Président. D'après l'article 28 du
règlement, le compte des votes est arrêté par
le président et les secrétaires le résultat est
ensuite proclamé par le président.
M. Janson. Erreur ue fait pas compte
M. le Président On m'a demandé de mo
difier la proclamation or, le bureau est des-
satsi-el c'est la Chambre se prononcer.
Le t" Mars 1846, on discutait l'organisation
de la cour des comptes sur 74 membres pré
sents, 36 répondirent oui et 3a répondirent
non II y eut 3 abstentions.
Mais le président reconnut qu'il avait fait
erreur, en ce sens qu'il y avait 36 non et 35
oui. De là un échange d'observations eu sens
contraire. Ou ptoposa de recommencer le vote,
mais en eu excluant ceux qui avaient été ab-
--yls,
Dans cette espèce, l'erreur était dans la sup
putation du piésideul La Chambre et non le
bureau a doue décidé de recommencer le vole.
Je regrette infiniment les erreurs, mais je
pense que je u'ai pas personnellement le droit
de revenir sur la proclamation du vote c'est
la i hambre que ce droit appartient.
Un autre précédent date du 18 Janvier
1853 iprès un appel nominal, M. le Prési
dent Dellosse déclare que les membres du bu
reau ne sont pas d'accord sur le résultat. Un
débat surgit M. Faider, mi ustre de la justi
ce, déclaré en celle circonstance que la liste
du vote est authentique, mais que le vote est
nul lorsque les personnes qui sont chargées de
le coustaler sont incertaines sur ces résultats
le voie fut recommencé.
M. Janson V avait-il eu fraude
M. Vandervelde. Il s'agissait dans ces
deux cas d'une simple erreur mateiielle, mais
dans le cas actuel, il s'agit d'une fraude. (In
terruptions).
Nous voulons savoir si les catholiques frau
dent seulement lorsqu'il s'agit de listes électo
rales...
A droite A l'ordie l'ordre
M Janson.La fraude fait exception
toutes les règles et tous les précédents. (Nou
velles interruptions).
M. Vandervelde. J'ai du... (Bruit pro
longé).
M. Ruzette. Vous ne parlerez pas (Tu
multe).
M. Vandervelde. Les catholiques sont
habiles falsifier les élections il s'agit de
savoir s'ils falsifieront aussMes votes parle
mentaires. (Le bruit continue). Oh J ce n'est
pas en couvrant ma voix que vous m'empêche
rez de parler Le président agite la sonnette
au milieu du biuit et des colloques,. C'est une
honte
M Pépin. Vous couvrez les fraudeurs et,
les voleurs par votre sonnette.
M. le Président. Cette violence ne se jus
tifie pas...
M. Janson. C'est la fraude qui est vio
lente
M. Vandervelde. tu couvre ma voix...
(Le président agite de nouveau la sonnette.)
M le PrésidentJe fais appel la modé
ration de tous j avais la parole et dans mon
exposé, il n'y avait rien qui put justifier celte
attitude.
M. Vandervelde. J'ai dèmandé la parole
pour un rappel au règlement.
M. le Président. Eu quoi le règlement
est-il viole
M. Vandervelde Je ne prétends pas que
vous avez violé le règlement...
M.UeJaer. Il ne manquerait plus que
cela
M. Vandervelde. je ne prétends pas
que vous violez le reglèment, mais quand une
question d'honneur est posée, il est de la digni
té de la Chambre de la vider avant de s'occu
per d'une question de procédure qui est secon
daire. Il s'agit de l'honneur d'un paru il s'a
git de savoir si ce parti couvrira l'acte honteux
révélé par M. Termote. (Très bien très bien
M le Président. Où est le rappel au
règlement? (Exclamations gauche)
M Vandervelde. Et ce n'est pas la pre
mière fois que cet acte honteux se produit
L'honorable M Termote a déclaré que ses
soupçons étaient éveillés depuis longtemps
C'est parce que ses soupçons étaient éveillés
qu'il a suivi attentivement l'appel nominal qui
lui a révélé la fraude... (Bruit droite). Il est
impossible de parler d'erreur...
M. Furnémont. On sait bien que vous
êtes un tas de voleurs (Le bruit continue).
M. Vandervelde Vous ne couvrirez pas
les actes que nous avons signalés
M. Woeste. Je demande la parole.
M Daens. Voilà l'avocat des fraudeurs
(Exclamations).
M Woeste - Ce langage est une indigni
té c'est une iqfamie. (Très-bien droite).
.Nous venons d'entendre des paroles enflam
mées de M Vandervelde...
M Vandervelde.
légitimé indignatiou
M. Hoeste Mais ces paroles mar
quent nue indignation qui n'existe pas au fond
de son cœur.
M Vandervelde. A bas les fraudeurs
(Applaudissement sur les bancs socialistes.
A l'ordre l droite).
provoquées par une
M. Pépin. Vous nous insultez sans ces
se
M Caeluwaert. C'est votre métier de
frauder vous serez assassins s'il le faut. (Col
loques).
M. Woeste, Mes amis ont demandé le
rappel l'ordre de M. Vandervelde, mais je ne
m'y suis pas associé restant froid au milieu de
ces invectives, parce que l'honneur de notre
parti est trop haut placé (Rires et exclama
tions sur les bancs socialistes).
M. Pépin Allez dire cela Alost
M. Daens.' Où est M Bethune? Il a quit
té son banc (Nouveaux rires sur les bancs
socialistes).
M. Furnémont. Vous êtes au ban de la
société civilisée.
M. Vandervelde. Je demande la parole
pour un fait personnel.
M Woeste M Vandervelde joue ici une
comédie. (Nouveau bruit
M. Giroul. La comédie consiste voter
pour un absent.
M. Furnémont. Commencez par ne pas
voler pour les absents.
M. Woeste. Que s'est-il passé Mercredi
Un membre a paraît-il répondu pour M. de
Winter.
M. Verheyen. Deux membres
M. Woeste Pour le moment je défends
l'honneur de mes amis politiques (exclama
tions) et vos interruptions ne m'empêcheront
pas de parler.
L'explication outrageante et l'explication de
fait sont également présentées mais la gauche
n'accepte que la première Ne comprend-t-on
pas que dans le bruit un membre ail pu ré
pondre pour un autre (Nouvelles interrup
tions.) Je demande ceux qui m'interrompent
si chacun ne peut se tromper? C'êst une calom
nie que la gauche nous adresse, mais cette ca
lomnie ne nous atteint pas et puisque la gau
che ne craint pas de la lancer, nous n'avons
besoin que-de ce seul blason: celui que le
corps électoral nous donnera bientôt. (Protes
tations.) Toutes ces attaques odieuses se retour
neront contre l'opposition qui n'hésite pas
salit une partie de la représentation nationale
(Longs applaudissements droite.)
M Vandervelde. M. Woeste, l'avocat des
financiers...
M Furnémont et des sales affaires
financières (Protestations droite.)
M. Ruzette. Regardez donc côté de
vous Vous y verrez M Janson qui plaide
pour ces financiers avec m. Woeste (Très
bien droite)
M. Vandervelde. M Woesie avocat des
financiers et des fraudeurs... (A l'ordre l
l'ordre).
M. Furnémont. Ils sont tous financiers,
droite.
M lloyois. Beaucoup moins que vous.
M Vandervelde Quand on dit que j'agis
par calcul électoral, je proteste et notre indi
gnation est légitime (rires droite) Vous riez
(Oui oui
M Segers. Vous n'avez nas même l'air
d'être convaincu I
M Vandervelde. Les gens qui rient sont
ceux qui ont massacré les ouvriers (Interrup
tions.)
M. lloyois. C'est de la déclamation
M Vandervelde. Vous avez absout un
échevm accusé de falsifier les listes électo
rales, afin qu'il ne sou pas envoyé en cour
d'assises...
M. Verhaegen. - C'est un dérivatif.
M Brenez. C'est pour M Bethune cela.
M Vandervelde. Vous prétendez sans
doute que les faits signalés par Al Termote
dérivent des fraudes électorales et si vous aviez
juger de tels faits, vous ne vous indigneriez
pas Cela ptouve la difl'érence qu'il y a entre
vous et nous.
Vous êtes marqués, messieurs... (Rires
droite.)
M. furnémont A l'épaule!
M Vandervelde. Le pays, nous l'espé
rons, ne vous absoudra pas Exclamations
et rires droite
M Segers. Vous auriez dù dire ça tout
de suite!