Chroniquede la ville.
Journal de F Alliance libérale d"5Tpres et de F Arrondissement
Monsieur Colaert
piqué au vif.
Dimanche, 14 Octobre 1900.
60e année.
La Dot militaire.
Les éternels prometteurs.
Le legs Capron et le
Bureau de Bienfaisance.
Examens.
et Prosper Vanden
JESulclxe, anciens oleves du Col
lège Communal supprimé et du Col
lège de l'Union, viennent de passer
tous deux avec distinction, le premier,
devanllejury de l'Uni versitode Liege,
le dernier examen du doctorat en
droit, le second, devant le jury de
de I Université deGand, l'examen du
2* doctorat en médecine, chirurgie et
accouchements.
Nous présentons MM. Lesaflre et
Vanden lialcke nos plus cordiales
félicitations.
A propos de la Daine aux Camélias.
t
V 41.
L l'NIO.N FAIT LA FORCE
le Dimanche. lliES AC'-'lllUi KLNDu
PRIX DE L'ABONNEMENT
pocr la ville Par an 4 francs.
pr la province Par an 4 fr. 50
On s'abonne au bureau du journal, rue de Dixmude, 51, Ypres. Les an
nonces, les faits divers et les réclames sont reçus pour l'arrondissement d'Ypres,
les deux Flandres, le restant de la Belgique et de l'Etranger, au bureau du
journal Le Proorèis ON TRAITE A FORFAIT
ANNONCES
Annonces 15 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
Si l'on fait parfoisr"en Franco, des
sottises grand fracas, il arrive qu'on
y accomplit aussi, petit bruit, de
très bonnes choses.
C'est ainsi que le ministre de la Guer
re vient d'y autoriser les officiers
épouser des femmes sans dot. Cela n'a
peut-être l'air de rien. C'est pourtant
une grosse affaire, un coup violent
porté au préjugé qui fait du militaire
un être part, qui impose son pres
tige des conditions de tenue parfois si
singulières.
On n'a peut-être rien fait, depuis
longtemps, d'aussi hardi pour montrer
qu'un officier est, tout prendre, en
France, un homme comme un autre.
Pour qui connaît un peu l'esprit mili
taire de nos voisins, il est piquant de
voir accorder ceux qui portent l'uni
forme un droit qui les met au ni
veau du commun des mortels.
Sans doute, la règle qui imposait la
dot réglementaire était bien l'une des
dispositions les plus extraordinaires et
les plus immorales qu'on pût imaginer.
Quoi Voilà des jeunes gens aux
quels l'Etat demandait du savoir, de
I intelligence, de la bravoure, de l'hon
neur, une abnégatiou de chaque in
stant, sans parler des aptitudes physi
ques et ce n'était, pas tout 1 Api'àa les
avoir toisés, auscultés, examinés, sou
mis une longue et rude éducation, il
leur disait
Tout cela ne suffit pas. Il faut que
vous domptiez, pour me servir, les
penchants de votre cœur. Il est permis
atout homme majeur, ou qui a obtenu
le consentement de ses père et mère, de
Be marier comme bon lui semble. 11 ne
vous est pas permis, vous, d'en faire
autant. Non votre bien-aimée fût-elle
la perfection même. Pour vous, le ma
riage sera d'abord une affaire, un cal
cul. Avant de vous amouracher, vous
aurez vous informer des moyens, de
la dot, des espérances. Vous ne place
rez pas vos affections au-dessous d'un
revenu de tant. Avant de vous déclarer
une jeune tille, il faudra, s'il vous
plaît, faire les yeux doux un sac.
C'est indispensable. Ou bien, je n'au
torise pas... S'il vous répugne de cher
cher, ou si vous ne trouvez pas l'objet
qui accorde vos sentiments avec mon
règlement, débrouillez-vous. Courez
les tilles, semez les enfants naturels, ou
recourez aux économiques douceurs de
l'adultère. Ou donnez votre démission
Ce qu'il y a eu de plus extraordinai
re, c'est qu'on ait attaché pendant si
longtemps un prestige cette servitu
de. C'est qu'on l'ait justifiée par des
conditions de dignité C'est qu'il y ait
eu une sorte d'amour propre se faire
épouser pour de l'argent.
C'est tout cela qu'on a mis un ter
me en France en supprimant la dot
obligatoire. L'exemple est intéressant
venant d'un pays où fleurit, comme
dans celui-là, la gloriole de l'épaulette:
il est curieux que ce soit là qu'on s'est
aperçu qu'il y a plus d'honneur vivre
laborieusement dans un honnête mé
nage qu'à l'aise dans les facilités pius
°u moins ragoûtantes du célibat.
La dot réglementaire, supprimée en
rrance, subsiste ailleurs, dans des pays
ou l'on a cent fois signalé les désordres,
os chagrins, les drames qu'elle en
traîne,sans parler des tracasseries aux
quelles elle donne lieu sous une admi
nistration dévote et inquisitoriale. Il
ut espérer que ce ne sera plus pour
longtemps et que la leçon de moralité
uonnée là, dans un pays qui se pique
e maintenir l'uniforme tout son
prestige, la profession militaire toute
dignité, sera suivie ailleurs.
Nous ue savons le crédit qu'il faut
attribuer au bruit d'après lequel M.
Cousebant ci'Alkemade serait disposé
supprimer la dot obligatoire chez nous.
Mais il y a, au régiment des grena
diers, un jeune major qui vient de con
tracter un mariage tout d'inclination
qui aurait probablement été fort mal
heureux si on avait voulu l'en empê
cher.
Ce n'était pas la question de dot qui
eût pu le gêner et la rapidité de son
avancement lui avait permis d'attendre
pour se marier qu'il eût atteint ie gra
de où il n'avait plus s'en préoccuper.
Mais cela ne fait rien.
Ce jeune homme aura sans doute un
jour beaucoup dire dans nos affaires
militaires. Il est permis d'espérer qu'il
se rappellera ses sentiments d'aujour
d'hui et que, si la dot militaire n'est
pas abolie, il usera de son auguste in
fluence pour la faire abolir sans ou
blier de procurer aux jeunes officiers
mariés une amélioration de situation
qui leur permette d'élever, sans trop
de gêne, leur petite famille.
{La Gazette, du Mardi 9 Octobre 1900).
Le Bien Public félicite M. l'échevin
Boddaert d'avoir résolu de ne plus pro
noncer de discours lors de la célébra
tion d'un mariage et de rompre de la
sorte avec une coutume laquelte se
sont conformés jusqu'à présent tous
les échevins de l'état-oivil du pays.
Mais le moniteur de i'évêché semble
surtout se réjouir de cette nouvelle,
parce que désormais la cérémonie du
mariage civil se distinguera encore
mieux de la cérémonie religieuse. La
pieuse feuille a perdu là une excellente
occasion de se taire. Elle sait bien que
les plus tiagrautes inégalités existent
entre les citoyens devant Notre Mère
la Sainte Eglise.
La messe nuptiaie est une question
d'écus.
Le mariage des pauvres diables est
expédié comme une lettre la poste,
tandis que le bruit des orgues et des
chants d'allégresse accompagnent la
bénédiction que le prêtre accorde aux
riches de ce monde.
C'est ce mercantilisme religieux qui
a fait dire Victor Hugo
Vous vendez le baptême au jour delà naissance,
Vous vendez au pécheur l'inutile indulgence,
Vous vendez aux amants le droit de s'épouser,
Vous vendez aux mourants le droit d'agoniser,
Vous vendez aux défunts la messe funéraire,
Vous vendez aux parents l'office anniversaire.
Vous vendez oraisons, messes, communions,
Vous vendez chapelets, croix, bénédictions.
Rien n'est sacré pour vous, tout vous est marchandise
Et l'on ne saurait faire un pas dans votre église
Sans payer pour entrer, sans payer pour s'asseoir,
Sans payer pour prier. L'autel est un comptoir.
Flandre libérale).
Le cas Béthune jugé par les démo
crates chrétiens
Voici comment le Volkseeum l'or
gane de 1 abbé Daens, commente le cas
de M. Béthune
Nous apprenons de bonne source
qu'au début de la prochaine session
parlementaire, le ministre de la justice
sera interrogé sur ce que signifie l'ar
ticle 193 de notre Code pénal, lequel,
seion l'arrêt de la cour de cassation,
n est pas applicable l'échevin Béthu
ne En outre, déposera-t-on un projet
de loi pour réprimer les a erreurs vo
lontaires c'est-à-dire les friponne
ries, les fraudes électorales et les faux
en écritures, commis par les bourg
mestres et échevin- Un bon nettoya
ge, Messieurs de la Chambre, est gran
dement nécessaire
{Le Petit BleuSamedi 6 Octobre 1900).
Dans notre numéro du 19 Août nous
avons inséré la pétition adressée l'ad
ministration communale pour l'obten
tion d'un stand pour la Garde civique.
Nous faisions précéder le texte de cette
pétition des lignes que voici
11 y a quelques années l'Adminis-
tration communale a promis l'éta-
blissement d'un champ de tir. Jus-
qu'à présent il en a été de cette pro-
messe comme de toutes les autres
on l'a oubliée. Quelques Yprois se sont
chargés de la rappeler et ont envoyé
la pétition que voici l'Hôtel de ville.
Gageons qu'elle resteralettre morte.
Notre épatant bourgmestre a dit,
dans la dernière séance du Conseil
communal, que l'administration a été
vivement attaquée sur cette question
dans les journaux, qui ont publié une
pétition qui lui était adressée avant
même qu'elle ne l'eût reçue. Fit il ajou
ta que ce fait ne peut provenir que de
l'indiscrétion et de l'indélicatesse d'un
signataire de la pétition.
Tout doux, M. Colaert. Rengainez
vos grands mots.
Nous vous attaquons donc vivement
quand nous constatons que les cléri
caux, pour s'emparer du pouvoir, ont
promis monts et merveilles, et qu'aus
sitôt devenus nos maîtres ils ont oublié
leurs promesses Nous vous attaquons
donc vivement quand nous constatons
que les Yprois sont forcés de pétition
ner pour vous rappeler vos promesses
Faut-il donc que vous ayiez été touché
au vif par cette simple constatation
Commenceriez-vou8 croire que pro
messe oblige et que la promesse faite,
même par des cléricaux, doit être te
nue Nous l'espérons pour vous, M.
Colaert, et aussi pour les nombreuses
personnes qui vous ont gobé. Depuis
près de dix ans que l'administration
communale est cléricale, vous avez eu
tout le temps de passer des promesse»
aux actes.
Quant au fait d'avoir publié la péti
tion dont il s'agit, nous n'y trouvons
aucune indiscrétion ni aucune indélica
tesse Nous n'avons aucune politesse
faire aux hommes de la nuit du lr Fé
vrier 1891 et aucun ménagement
avoir. Nous leur dirons toujours des
vérités, aussi pénibles et douloureuses
qu'elles puissent être entendre, sans
mettre des gants de soie. Nous avouons
franchement que si nous avons publié
la pétition avant qu'elle ne fût remise
l'administration communale, c'est
afin que celle-ci ne la jette au pa
nier et y donne la suite qu'elle com
porte. Nous avons voulu la mettre en
demeure d'être polie, car bien souvent
elle ne daigne pas répondre aux lettres
qui lui sont adressées ou si elle y ré
pond ce n'est guère qu'après plusieurs
lettres de rappel.
Faites-en votre profit, MM. les
bourgmestre, échevins et conseillers.
D'après le compte-rendu de la der
nière séance du Conseil communal, ce
lui-ci a émis un avis favorable sur une
délibération du Bureau de Bienfaisan
ce par laquelle, en vue de satisfaire
une disposition testamentaire de M.
Capron, cette administration demande
l'approbation de l'inscription son
budget de 1900, d'une somme de 5,200
francs pour l'achat de 200 actions de la
société coopérative Eigen Heird pour
la construction de maisons ouvrières.
A cette occasion nous nous permet
trons de demander de nouveau aux po
liticiens du Bureau de Bienfaisance,
quand ils se conformeront une autre
clause du testament du dit M. Capron:
celle relative aux livraisons faire
l'administration charitable.
Nous avons déjà rappelé ici que le
généreux donateur a prescrit que le re
venu net de tous ses biens immeubles
soit dépensé chaque année et perpé
tuité, par le Bureau de Bienfaisance,
en distributions de pains, charbons,
literies et vêtements, tous les pauvres
secourus par cette administration cha
ritable et inscrits tant sur les listes
ordinaires que sur les listes complé
mentaires qu'il a exprimé le désir
que tous les boulangers, marchands de
charbons et boutiquiers de la ville aient
leur part dans la livraison des objets énu-
mérés ci-dessus, abstraction faite de leurs
opinions politiques ou religieuses.
Au mépris de cette disposition testa
mentaire, notre Bureau de Bienfaisan
ce, composé d'hommes politiques mili
tants, favorise ses amis politiques. Les
libéraux, ainsi que tous ceux qui ne
sont pas inféodés au parti clérical ou
qui ne se font pas membre du Volhs-
huis sont systématiquement exclus de
toutes les livraisons pour le Bureau de
Bienfaisance.
Nous appelons sur cet abus criant
l'attention du légataire universel,
de l'exécuteur testamentaire de M.
Capron et de l'autorité supérieure et
nous leur demandons qu'ils fassent
respecter les dernières volontés du
généreux donateur.
Nous apprenons avec plaisir que
ffre
Ou sait que la tournée Vast va venir
nous donner la Dame aux Caméliasce
poème d'humanité, éternellement jeune
parce qu'il est vrai.
Que pourrait-on dire encore du chef-
d'œuvre de Dumas Que de flots d'en
cre n'a-t-il pas fait couler Que de
larmes n a-t-il pas fait répandre Qui
n'a été intéressé, ému au récit des
aventures de Marguerite et d'Armand?
Et pourtant le sujet est simple, ce qui
prouve une fois cie plus que le succès
ne s'attache guère qu'au naturel, qu'au
vrai.
Si, dans la Dame aux Camélias, il faut
applaudir une habile disposition de
scènes vraies, bien observées, spirituel
lement développées, des situations
pathétiques, un dialogue vif, incisif
ou éloquent au besoin, il faut admirer
aussi avec quel art l'auteur nous con
duit un dénouement dont la moralité
se dégage d'elle-même.