AVIS IMPORTANT.
La liberté
de la tribune en Belgique.
Galanterie rebours.
A Malines.
96. Jeudi,
57e ANNÉE.
2 Décembre 1897.
6 FRANCS PAR Ai*.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
PARAISSANT LE JEEOI ET LE DIMANCHE.
On traite forfait.
Le Progrès sera envoyé gra
tuitement jusqu'au premier Jan
vier prochain, aux personnes
qui s'abonneront, pour une an
née, dater de cette époque.
Donc,c'est entendu. Il est désormais interdit,
au Parlement Belge, d appeler un chat un chat
et le sultan des Turcs un despote sanguinaire.
Parler des massacres d'Arménie, de cet hor
rible égorgement de trois cent mille chrétiens,
commandé ou toléré par un gouvernement qui
est une honte pour la civilisation moderne,
c'est manquer aux convenances parlementaires
et méconnaître les devoirs de la politique in
ternationale.
Ainsi la déclaré M. Beernaert, servi cette
fois par M. Woesle, l'homme de toutes les
mauvaises besognes.
Nous avons souvenance, cependant, que dans
ce môme parlement où il est aujourd'hui dé
fendu de dire ses vérités au commandeur des
croyants, certains députes cléricaux ne se fai
saient pas faute d'insulter le roi d Italie.
Victor Emmanuel était traité par les Du-
mortier, les Lammens, et autres fanatiques de
la droite, de brigand couronné, de voleur pu
blic, de parricide, et autres qualificatifs em
pruntés au vocabulaire de 1 incrimination
exaltée.
On les laissait dire, en ce temps là. Et on
faisait bien.
Mais alors, pourquoi défendre aujourd hui
d'injurier le grand Turc? Serait-il plus respec
table, maigre le fleuve de sang qui lentoure,
que l'élu de la nation Italienne, nation amie,
nation civilisée, nation libérale
Eh bien, il n'est pas difficile de trouver le
secret de cette différence de conduite.
Victor Emmanuel, en enlevant au pape sa
capitale, avait servi la volonté d'un peuple
contre la tyrannie d'un prêtre.
En massacrant ou laissant massacrer les
Arméniens, le sultan de Turquie foule aux
pieds les droits d'un peuple et affirme sa ty
rannie.
Qu'importent aux cléricaux la volonté et le
droit des peuples? Ils sont pour le despote,
qu'il porte la tiare ou le turban.
Et de même qu on vit, au seizième siècle, les
papes de Borne s'allier aux Turcs contre les
protestants, on voit aujourdhui les chefs de
notre parti catholique courber l'échiné devant
le sultan de Turquie et oublier, en faveur du
principe d'autorité dont il est la derniere in
carnation en Europe, les crimes que lui repro
che la conscience des nations.
Joli spectacle, mais qui n'a. rien d'étonnant.
Ce n'est pas d'aujourd'hui que les cléricaux ont
cessé d cire chrétiens.
Qu'en dira le vertueux Journal d Ypres.
On sait que le paternel gouvernement de M.
Schollaert a doté toutes nos écoles moyennes
de lElat, y compris celles pour demoiselles,
d'un aumônier professeur de religion, chargé
d'initier les jeunes générations aux lumineuses
beautés du catéchisme.
Jusqu'ici, dans les étals mensuels des traite
ments, ces abbés, généralement les derniers
venus parmi les membres du corps enseignant,
étaient classés au bas du tableau, la suite des
regentes et des institutrices
Cela ne pouvait évidemment être toléré, et
M. Schollaert vient d y me liée bon ordre.
Toute la machine administrative a été mise
en branle pour signifier aux bureaux adminis
tratifs qu'ils eussent dorénavant classer les
abbés immédiatement après les directrices.
De toutes les jupes, c'est celle du curé qui
passe en tète.
Il y a eu, sur cet intéressant sujet, circulaire
ministérielle, correspondance avec les gouver
neurs, notification tous les bureaux adminis
tratifs du pays.
Cela sappelle administrer l'enseignement
public.
Cette combinaison de bêtise cléricale et de
rond de cuirisme est un signe du temps, bien
curieux signaler.
■"Violation de la liberté de
conscience. Nouvel acte
de fanatisme ministériel.
LE PROGRÈS
vires acyt'irit fcundo
ABONNEMENT PAIî AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00
Idem. Pour le restant du pays. 7-00
tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 51.
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Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrès Pour
le restant de la Belgique et de l'Etranger, également aux bureaux du journal LE PUOUKES.
Ypres, le lr Décembre 1897.
A peine l'émotion suscitée par le scandale de
Gand s'est-elle calmée, peine un De Guchte-
naere a-t-il reçu la flétrissure que lui valurent
ses paroles révoltantes, et l'individu qui n'a
rien refuser aux évêques, Schollaert dont les
instincts réactionnaires dépassent ceux d'un
Woeste, n vent affirmer que nous sommes entiè
rement la merci de l'intolérance et de la haine
cléricales.
Après Gand, qui vit punir deux de ses insti
tutrices parce que, fidèles leur triste devoir,
elles suivirent le cortège funèbre d'une de leurs
élèves, c'est Malines qui enregistre un abus
de pouvoir sans précédent, un ordre insultant
la dignité humaine, donné par un ministre au
personnel enseignant.
Le jeune Alph. Van Aerschot, élève l'école
communale du Sud, fut victime, au commence
ment de la semaine passée, d'un accident de che
min de fer.
Le père Van Aerschot, un brave et honnête
ouvrier de l'Arsenal de l'Etat, a donné ses en
fants une bonne éducation morale, mais il les a
élevés en dehors de toute religion positive, ce
dont il a évidemment le droit.
L'enterrement du jeune Van Aerschot se fe
rait donc sans le secours de l'église. Cet enterre
ment civil eut lieu Jeudi passé, 25 Novembre,
3 heures de l'après-dîner.
Mais le fanatisme clérical, tant en «haut lien
qu'en bas, en très bas lieu, ne pouvait souffrir
qu'un élève des écoles communales fût porté
sa dernière demeure sans que la prêtraille s'en
mêlât, simplement escorté par ses parents éprou
vés, ses condisciples, ses professeurs, Bes amis.
La veille de l'enterrement, Mercredi passé,
l'inspecteur cantonal - évidemment clérical
L. De Koninck, se présenta dans toutes les écoles
de la ville pour communiquer, au nom du minis
tre, une série d'ordres au personnel enseignant.
Nous possédons le factum de l'inspecteur De
Koninck dans la protestation indignée que M.
Van de Walle, l'honorable échevin de l'instruc
tion publique, prononça Lundi dernier, 29 No
vembre, au Conseil communal de Malines, il
donna lecture une lecture souvent interrom
pue par des exclamations de mépris l'adresse
du ministre de celte suite d'ordres révoltants,
de ce véritable attentat la morale publique,
de ce chef-d'œuvre de crètinisme.
Il vaut la peine d'être donné en entier, dans
toute sa hideur morale. Le voici
Si l'enterrement du jeune Van Aerschot, élè-
n ve de l'école du Sud, mort accidentellement, a
r> lieu Jeudi après-midi, il pourrait donner
n lieu des manifestations sur la voie publique, qu'il
importe d'éviter tout prix.
A cet effet, et en exécution des instructions
n ministérielles, il est ordonné tous les insti-
n tuteurs
n 1° Aucune école, aucune classe n'assiste
n l'enterrement sous la conduite d'un membre
du personnel enseignant
2° Aucun groupe d'enfants, quelque école,
quelque classe ceux-ci appartiennent, ne
peut être choisi ou formé par l'instituteur.
Les instituteurs ne feront dans leur classe
n AUCUNE ALLU810N A L'ENTERREMENT
3° Aucune réunion d'enfants ne pourra avoir
n lieu dans les locaux scolaires ou dans les pla-
ces qui en dépendent
r> 4° Aucun instituteur n'aidera, quelque en-
droit que ce soit, former ou conduire le
n cortège il ne prendra point part, de quel-
que façon çue ce soit, a la MANIFESTA-
TION.
L'inspecteur cantonal,
(Signé) L. DE KONINCK.
Avez-vou8 jamais vu plus de jésuitisme et ce
pendant plus d'effronterie condensés et alliés
Le jésuitisme inspira l'auteur ministre
au inspecteur de ce factum le truc infâme de
faire passer l'enterrement d'un enfant pour une
manifestation
Une manifestation comporte généralement
tout un attirail d'étendards, de drapeaux, de
musiques, de chansons plutôt braillées. En vain
nous cherchons quelque ressemblance entre l'en
terrement civil, imposant dans sa grande sim-