57e ANNÉE.
19 Septembre 1897.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Listes électorales.
La politique de la raisou
et de rhoniiêteté.
Gomme en 1857.
La Chambre et le Sénat.
1» FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
On traite forfait.
Nous attirons l'attention
de nos amis politiques s ni* les
listes électorales qui, depuis
le trois Septembre écoulé,
sont soumises l'inspec
tion du public au secrétariat
communal et dans les com
missariats de police.
Les réclamations doivent
être adressées, avec pièces
l'appui, au Oollèg-e échevinal
avant le 31 Octobre.
Ypkes, le 18 Septembre 1897.
M. Helleputte, dans un discours électoral
Waremme, a affirme que la Belgique était dé
sormais vouée la lutte entre les partis extrê
mes le socialisme d'un côté, le cléricalisme de
l'autre.
La Liberté démontrait, Dimanche, comme
suit, que si cette affirmation était vraie, la
situation du pays serait bien plus grave encore
qu'on ne le suppose
Une nation divisée en deux sectes exaltées,
en deux passions violentes et hostiles, déchirée
par des attractions contraires vers deux pôles
extrêmes, l'utopie collectiviste servie par les
haines de classe, l'idéal théocratique servie par
les haines religieuses, une nation ainsi parta
gée, tiraillée et agitée perdrait 1 équilibre et le
sang-froid et s'abîmerait dans de mortelles et
impitoyables querelles.
La solidité, la stabilité et I homogénéilé na
tionales ne se trouvent au contraire que dans un
fonds d'idées communes que les disputes poli
tiques ne mettent pas en question, que dans la
conservation d'une tolérance réciproque qui
met l'abri le repos des consciences, qui fait
que la politique n'est pas affaire de sentiment
et de foi mystique mais d'idées et de raisonne
ment.
Tout l effort de la civilisation et de la science
modernes tend briser le joug impérieux des
préjugés, de l'intolérance, du fanatisme, des
dogmes absolus, affranchir la raison et la
pensée. Et voici que nous en serions retombés
la barbarie des luttes de sectes et du conflit
brutal de deux fanatismes, le fanatisme révo
lutionnaire des mystiques du collectivisme, et
le fanatisme orthodoxe des prêtres de l'Eglise
romaine.
M. Helleputte a cru peut-être grandir son
parti en lui attribuant le caractère de parti
extrême qui lui donnerait le privilège d'être
le seul adversaire de cet autre parti extrême, le
socialisme.
Le libéralisme, lui, se glorifie de combattre
toutes les politiques extrêmes, tous les fanatis
mes, toutes les folies mystiques, toutes les pas
sions sectaires, toutes les intolérances, toutes
les politiques de compression, de haine et de
confiscation sociale au profit d'une doctrine ou
d'une Eglise.
11 est le parti de la modération, du bon sens
et de la logique.
Il répudie tous les excès il est l'ennemi des
préjuges et des rêves. 11 cherche au milieu des
complications des problèmes sociaux son guide
dans la science et l'expérience. Il respecte tou
tes les fois sincères, sans s inspirer d'aucune.
C'est sa faiblesse peut-être. C'est aussi sa
force et sa grandeur.
Il est de fait que le parti libéral est surtout
victime de sa loyauté et de sa sincérité.
11 y a une politique qui consiste suivre
lopinion publique même dans ses erreurs,
abandonner des convictions intimes et sacri
fier des vérités fondamentales pour flatter la
masse et capter ses suffrages politique denuée
de scrupules et de moralité, qui demande tout
la souplesse et des habiletés de mauvais
aloi auxquelles elle doit parfois des succès faci
les, mais passagers et contraires au bien du
pays.
Il en est une autre qui a pour base et pour
règle primordiale la défense de ce que l'on
croit être la vérité, même quand cette vérité
est méconnue et qu'en la défendant on s'expose
heurter les préjugés régnants et ne pas
s'attirer les laveurs immédiates de la popula
rité politique de raison, politique d honnê
teté. C'est celle du parti libéral.
Le courant populaire est actuellement porté
vers la réglementation et l'interventionnisme
systématiques et généralisés qui recèlent tant
d abus en leurs flancs. A preuve, le nombre des
voix obtenu Waremme par les partis de
réglementation, les socialistes et les cléricaux,
ces derniers champions attitrés de la protection
qui nest qu'une des formes de l'intervention
nisme abusif. Les libéraux eussent pu suivre,
condition de mentir leur conscience et
leur nom, ce courant comme leurs compéti
teurs et rivaliser avec eux de courtisanerie
envers la foule toujours facile séduire par des
promesses.
Ils ne l'ont pas fait.
Tout en reconnaissant les nécessités norma
les de l'évolution progressive politique et so
ciale laquelle ils ont toujours le plus puissam
ment contribué, ils n'ont pas voulu promettre
ce qu'ils ne pourraient pas tenir et ce qu'aucun
autre parti ne pourrait tenir davantage. Ils ont
refusé de faire miroiter l'utopie aux yeux des
masses inexpérimentées et ont continué indi
quer la voie travers les chemins non les plus
séduisants peut-être, mais les plus directs et les
plus sûrs vers le progrès, vers l'amélioration du
bien-être de tous.
Le libéralisme est resté honnête et courageux
et il peut avec fierté relever le front devant les
railleries et les outrages de ses ennemis. Il sera
récompensé par le succès au jour où la décep
tion, déjà uée dans les parties du pays qui ont
les premières commencé l'épreuve, fera place
aux allusions décevantes inconsidérément ac
ceptées.
Donc, il serait question, dans le camp cléri
cal, de chercher profiter du vote prochain de
la loi qui accordera la personnification civile
aux unions professionnelles pour faire passer
dans notre législation une disposition concé
dant le même privilège légal aux couvents.
Sous le prétexte qu'un couvent ferait sem
blant d'ouvrir une école, ou se chargerait de
distribuer quelques aumônes, il serait investi
de droits que la loi n'a concédés jusqu'à présent
qu'aux établissements d'utilité publique.
M. G. Van Overbergh, chef du cabinet de M.
Scbollaert, annonce que des libéraux se sont
rallies cette idée. Et il conclut La justice
doit exister pour tous, même pour les reli
gieux.
Il ne s'agit pourtant pas ici de justice.
La question présente un intérêt social. C'est
au point de vue social qu'il faut l'examiner.
Or, accorder, sous un prétexte quelconque,
la personnalité civile aux couvents, c'est, en
favorisant l'établissement de la mainmorte,
soustraire des sommes considérables l'activité
commerciale et industrielle c'est ruiner la
nation et développer le paupérisme.
Cest aussi exposer plus encore qu'à présent
les familles voir leurs biens leur échapper au
profit d'oeuvré religieuses. On ne connaît que
trop l'influence du prêtre, du moine ou du
jésuite sur un malheureux malade. La confes
sion, l'enfer, toutes les armes cléricales sont
mises en œuvre pour capter les successions.
Le drainage des capitaux, déjà très grand,
s'organisera d une façon inouïe au profit des
associations religieuses. Et la pieuvre cléricale,
gorgée d'or, ne se reposera que le jour où, tout
entière, notre pauvre Belgique sera devenue
sa proie.
Et le chef du cabinet de M. Schollaert vient
affirmer que des libéraux sont ralliés celle
idée, qu'ils se bousculent sur le chemin de
Damas
Cest faux
Et le chef du cabinet de M. Schollaert a le
toupet de présenter l'octroi delà personnifica
tion civile aux couvents comme une mesure de
réparation et dejustice.
Que le gouvernement essaye de présenter
cette mesure; libre lui de recommencer
l'aventure de 1857.
Seulement, gare aux conséquences
On sait que le Sénat a envoyé la Chambre
un vaste projet de loi sur les jeux, comprenant
l\° 75. Dimanche,
LE PROGRÈS
vires acycirit fcllndo.
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