Chronique locale.
La Société
des Anciens Pompiers
Lille.
Le docteur Goyard affirme qu'à Paris, dans
les crèches, les femmes chargées de garder les
enfants ne s'y trompent pas et distinguent d'un
Sremier coup d'oeil ces pauvres petites victimes
e l'alcool. Si une épidémie se déclare elles sont
les premières atteintes et paient la mort un
lourd tribut.
En Suisse, le professeur Domine (de Berne) a
comparé deux groupes de dix familles chacun,
au hasard, sans parti pris, dont l'un était atteint
par l'alcoolisme, et l'autre sobre. Dans le pre
mier groupe (57 enfants) 25 moururent dans les
premières semaines ou mois 6 furent idiots
5 subirent un arrêt de développement 5 furent
épileptiques 1 enfant lut atteint de Corée
grave qui amena l'idiotisme 5 eurent des affec
tions congénitales 10 avaient seulement une
constitution normale du corps et de l'esprit.,
soit 17 pour cent et encore dans ce nombre deux
furent plus tard rongés par l'alcoolisme. Dans le
deuxième groupe 61 entants, dont 50 normaux,
soit 81 o/0.
Sur 244 enfants épileptiques du service du Dr
Bourneville Bicêtre 163 étaient issus de pa
rents ivrognes. D'après le docteur Lentz, direc
teur de l'hospice des aliénés de Tournai, sur 83
épileptiques, il y en a 60 provenant d'alcoolis
me héréditaire et le professeur Kowalwsky de
Karkoff compte l'ivrognerie des parents dans 60
S. 100 de cas d'épilepsie qu'il a observés. Le
octeur Martin, ancien interne de la Salpé-
trière, arrive aux mêmes conclusions. Sur 83 en
fants épileptiques 60 fois les parents furent
trouvés alcooliques. Le docteur Ladame, prési
dent de l'Académie de médecine de Suisse, esti
me que les deux tiers des épileptiques, quelques
auteurs disent même les trois quarts, sont issus
de parents ivrognes.
Les descendants des alcoolisés, dit le docteur
Fournier, fournissent une proportion considé
rable d'épileptiques, de sourds-muets, de scro-
fuleux, d'hydrocéphales. Ce qu'il y a de fatal
pour la société, affirme le docteur Meynne,
c'est que la dégradation physique et intellec
tuelle des ivrognes se transmet en majeure par
tie leur progéniture. Les enfants des ivro
gnes, selon ie docteur Janssens, sont le plus
souvent débiles, malingres, souffreteux, présen
tant un affaiblissement notable du côté de l'in
telligence et du moral. On peut évaluer 50°/o
les idiots et les imbéciles dont les parents
étaient notoirement des ivrognes d'habitude.
Dans la Bête humaineEmile Zola a magistra
lement décrit l'instinct quasiment irrésistible
qui pousse vers le crime le fils d'un alcoolisé. Il
n'y a pas bien longtemps, un enfant de cinq ans
fut amené par ses parents au Dépôt de la préfec
ture de police Paris. Cet être, peine entré
dans la vie, avait déjà chose aussi terrible
qu'incroyable des idées de crime. Je
veux tuer mon frère, s'écriait-il. Les parents
étaient épouvantés. Etendez la main, dit le
docteur Garnier au père je ne me trompais
pas. Vos doigts tremblent. Vous êtes un alcooli
que.
Après toutes ces constatations de la science,
il n'est pas étonnant que le docteur Crocq ait
trouvé 80 °/0 d'alcoolisés parmi les personnes
mourant l'hôpital Sl-Jean Bruxelles et que
le Dr Lefebvre ait écrit Nos populations
glissent sur une pente plus ou moins rapide vers
une barbarie nouvelle la barbarie alcoolique.
A l'aide de statistiques médicales, la Ligue
patriotique contre Valcoolisme prouve que sur
1,500,000 hommes valides que notre population
renferme il y en a 300,000 dont le cerveau est
déprimé par l'abus des spiritueux et que 25,000
individus succombent prématurément chez nous
par an, sous l'influence des boissons fortes,
d'autant plus nuisibles qu'elles sont presque
toujours sophistiquées, puisqu'on les prépare
l'aide du maïs, du riz, des betteraves, des fécu
les, des mélasses, de l'avoine, des pommes de
terre, des topinambours, du bois, des chiffons et
même de l'urine humaine.
Les Américains ont d'abord fixé la valeur de
toute bête ils ont ensuite établi la valeur d'un
nèfre ils viennent maintenant, par l'organe du
docteur Farr, de déterminer la valeur du blanc.
Un nouveau-né dont les parents sont ouvriers
vaut 25 dollars dix ans, il vaut le double, et
peine est-il en âge de travailler qu'il vaut 800
dollars.
A vingt-deux ans, il atteint son maximum de
valeur, soit 1,200 dollars. Puis il décline lente
ment et, cinquante ans, ne vaut plus que 600
dollars soixante-dix ans, peine 5 au delà,
non seulement il ne vaut plus rien, mais encore
il représente une perte.
Les sauvages qui tuent les vieillards de soixan
te-dix ans sont, d'après le docteur Farr, de pro
fonds économistes.
Féroce, le savant américain.
Décidément les succès remportés par notre
vaillant corps des Anciens Pompiers ne se comp
tent plus.
Après Blankenberghe, Dunkerque, Dixmude,
Thourout, etc., etc., notre excellente Harmonie
des Anciens Pompiers est allée Dimanche der
nier, Lille, la conquête de nouveaux lauriers.
Il était 10 h. 3/4 du matin, quand notre beau
corps, suivi de son comité et de plus de 300
membres dévoués, défila travers les rues de
notre ville, faisant résonner les échos de la cité
des accents entraînants d'une marche militaire.
Le départ vers 11 heures, se fit sans encombre,
malgré le grand nombre de voyageurs La route
fut allègrement franchie et midi 1/2, les Yprois
faisaient leur entrée Lille où une réception
cordiale et sympathique les attendait.
On sait que notre excellente Harmonie avait
été invitée Lille, pour y donner un concert au
profit de la caisse de retraites de Y Union Orphéo-
nique.
La Fanfare de la Madeleinela Société Philan
thropique des Belges et l'Union Orphéonique s'étaient
données rendez-vous la gare pour conduire nos
excursionnistes l'hôtel, au son de joyeux pas
redoublés.
Une heure plus tard, un joyeux festin réunis
sait la Commission et les exécutants dans la
grande salle de l'hôtel. Repas réellement char
mant et empreint de la plus franche gaieté.
A 4 heures 1/2, devait avoir lieu le concert,
au Jardin Vaubanmais par suite de l'inclémen
ce du temps, cette fête a été donnée au Palais
Rameau.
En voici le programme
1° Marche Russe. Ganne.
2° Ouverture du Serment. Auber.
3° Sérénade Orientale. Coard.
4° Carmen (Fantaisie sur V Opéra). Bizet.
5° La belle Yproise (Polka). Deliège.
1° Les Contrebandiers (Chœur par
2° Maotbeth. Verdi.
3° Faust Fantaisie sur l'Opéra). Gounod.
4° Gavotte Watteau. Wettge.
6° Fra Diavolo. Auber.
6° Les Ailés (Fantaisie imitative). L.Adrien.
Nous ne pouvons que féliciter notre brave
Société au sujet de cette exécution. Sonorité et
justesse dans l'ensemble, ampleur dans l'atta
que, délicatesse dans les détails, scrupuleuse ob
servation des nuances, voilà les qualités qu'elle
nous a montrées. Aussi les 4000 personnes qui
étaient accourues au Palais Rameau pour enten
dre notre phalange musicale n'ont pas marchan
dé leurs bravos tous les morceaux du pro
gramme ont été bissés et l'excellent directeur
M. P. Deliège a été plusieurs fois ovationné.
Plusieurs bouquets ont été offerts M. P. De
liège et la Société des Anciens Pompiers ainsi
qu'une superbe couronne, au nom de la Société
Philanthropique des Belges Lille.
Nous pouvons dire bien haut sans craindre
aucune contradiction sérieuse notre société a
été digne au plus haut point de l'intérêt sans
cesse croissant qu'elle inspire non seulement au
parti libéral Yprois mais la ville d'Ypres tout
entière. Honneur elle Honneur son direc
teur M. Deliège, qui est parvenu former une
phalange musicale aussi forte. Si la journée de
Dimanche a dû être pourlui une récompense bien
due son dévoûment et son talent, elle sera
pour nous, libéraux, un nouveau motif de plus
la reconnaissance que nous lui devons.
Le retour Ypres se fit dans les mêmes con
ditions que le départ. Et vers 10 heures, les
Anciens Pompiers débarquaient dans notre cité,
où, malgré l'heure relativement avancée, une
réception plus enthousiaste encore que celle
qu'on leur fit leur retour de Thourout, les at
tendait.
Inutile de s'appesantir sur les détails du cor
tège qui fut une véritable marche triomphale.
Tout Ypres, tout ce qu'il y a de libéral, de
vraiment Yprois Ypres était venu notre ren
contre. Et tous ont pu constater de visu l'en
thousiasme de cette foule qui spontanément
accourait au devant de notre Société pour lui
faire un cortège d'honneur.
Et certes, nous vous l'avouons, Messieurs les
élus de la nuit du lr Février 1891, il n'y avait
derrière notre musique ni torches, ni lanternes
vénitiennes, ni feux d'artifices, ni pétards. La
spontanéité de la réception n'admet pas ces pré
paratifs. A peine quelques feux de Bengale, quel
ques lumignons bleus portés par des amis. Mais
ce qui nous accompagnait et ce qui vous est
inconnu dans vos fêtes coûteuses mais vides,
dans vos cortèges brillants mais mercenaires, ce
qui nous accompagnait, c'est 1 entlionsi-
asnio, c'est la franchise, c'est la
vérité
Que doit penser de cette manifestation sponta
née, le beau commandant, le 3me échevin de la
ville, l'excellent chef des firemen Yprois Le
brav' Charles, qui n'aime pas la parade, avait
cependant mis tout en œuvre pour attirer la
foule Quel camouflet
En résumé, la journée de Dimanche constitue
non seulement une victoire pour la Société des
Anciens Pompiers et son excellent directeur
M. P. Deliège, elle est en outre un Triom
phe pour le parti libéral
Elle nous a démontré plus que jamais que la
population Yproise nous est restée fidèle. Elle
nous permet d'envisager l'avenir en toute con
fiance
Nous lisons dans le Grand Echo du Nord et du
Pas-de-Calais
La musique d'Y près Lille.
En une fête toute cordiale l'Union orphéoni
que de Lille et l'Harmonie des anciens Sapeurs-
Pompiers d'Ypres ont fraternisé Dimanche. Vers
midi, bannière en tête, cette excellente musique
est passée sur la Grande-Place, accompagnée de
nombreux amis.
Après un joyeux banquet, on s'est rendu au
Palais-Rameau, où un délicieux concert a été
organisé. Tous les morceaux ont été très applau
dis. Une Sérénade orientale et une Gavotte Watteau
ont eu les honneurs du bis.
Vers huit heures, une retraite aux flambeaux
s'organisait et, après avoir traversé les différen
tes rues de la ville, l'Harmonie d'Ypres prenait
congé de l'Union orphéonique en se déclarant
enchantée de sa réception.
PREMIÈRE PARTIE.
DEUXIÈME PARTIE.
l'Union Orphéonique). Limnander.