s.
La fin
justifie les moyens.
N°99. Jeudi,
49e ANNÉE
12 Décembre 1889
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
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Ypres, le 11 Décembre 1889.
Dans sa réponse notre article sur le mande
ment de Mgr Malou, évôque de Bruges, la
feuille cléricale qui se ressent de son origine,
met les phrases la torture et leur fait dire ce
qu'il lui plaît.
Le mandement dit en termes exprès aux
électeurs Le choix des moyens légaux et
honnêtes est une affaire tout-à—fait accessoire
qui jamais ne doit ni ne peut tourner au dé-
triment du but principal.
Or le but principal c'est de faire triompher
les candidats catholiques.
Ainsi vous indiquez le but et vous ajoutez
que le choix des moyens légaux et honnêtes est
une affaire tout-à-fait accessoire qui jamais ne
doit ni ne peut tourner au détriment du but
principal.
Et si ces moyens légaux et honnêtes sont
insuffisants, que doivent faire les électeurs?
employer les autres, n'est-ce pas? c'est-à-dire
ceux qui ne sont ni loyaux ni honnêtes. C'est
bien là l'esprit du mandement ou les mots
n'ont plus de signification.
Prenons un exemple. Dans un arrondisse
ment où les libéraux sont en majorité, quatre
catholiques sont opposés quatre libéraux.
Mgr Malou dit aux électeurs il faut que les
cathôlques triomphent ne vous préoccupez
pas du choix des moyens, c'est là une affaire
tout-à-fait accessoire, l'essentiel c'est que nos
candidats l'emportent.
Peut-on dire plus clairement La fin justifie
les moyens.
Le journal orthodoxe, avec une malice qui
fait plus d honneur ses intentions qu'à son
jugement, intercale charitablement dans la
phrase incriminée, le mot entre et fait dire
ainsi au mandement Le choix entre les
moyens légaux etc., \;e qui change complète
ment le sens de la phrase.
Mais, bon petit Journal, si telle avait été
l'intention de Mgr Malou, n'eut-il pas lui-même
introduit ce mot dans son mandement, avait-il
pour cela besoin de votre aide Auriez-vous
par hasard la prétention de faire la leçon
votre évêque
Le Journal d'Ypres nou^accuse d'avoir com
mis une vilaine action. Avec cela que Messieurs
les cléricaux sont si scrupuleux sur le choix
des moyens quand il s'agit de combattre leurs
adversaires politiques. Ce qui est une mauvaise
action, c'est d'avancer dau^ un mandement
épiscopal qui est une véritable diatribe, des
faits mensongers, de donner des conseils im
moraux, d'exciter les citoyens les uns contre les
autres. Si une mauvaise action a été commise
ce n'est certes pas de notre côté.
L ajournai d'Ypres nous dit encore que la
vie toute dhonneur de Mgr Malou repousse
semblable supposition. Qu'est-ce que cela a
voir dans la question Nous ne contestons en
rien l'honorabilité de fauteur du mandement
dans l'acception que l'on donne généralement
ce mot ce n'est pas l'homme privé que nous
discutons, c'est le prêtre politique, car le man
dement est un document polilico religieux.
Constatons en passant que l'organe catholi
que s'est bien gardé de jïarler du mandement
de Mgr Sibour, archevêque de Paris, que nous
avons mis en parallèle avec celui de Mgr Malou.
Nous le mettons au défi de reproduire ce man
dement I Mandement sage, vraiment chrétien;
mandement dans lequel on reconnaît les senti
ments de l'apôtre pénétré de sa mission évan-
gélique.
Comment concilier deux langages si diffé
rents
Comment ce qui est blanc dans un diocèse
peut-il être noir dans l'autre
.Comment l'Eglise une et indivisible peut-elle
avoir deux poids et deux mesures
Le journal orthodoxe ne tardera pas, nous
l'espérons, nous éclairer ce sujet.
Les libéraux ont un tort, un tort immense
aux veux du clergé, c'est celui de raisonner.
Le clergé n'aime pas qu'on fouille dans ses
mandements, qu'on discute ses écrits, ses paro
les, qu'on scrute ses pensées. Malheureusement
pour lui, nous vivons dans un siècle de libre
examen, le flambeau de la véj'ité tend chaque,
jour dissiper les ténèbres'-qui nous^entoufcnt
et ce flambeau ce n'est pas le Journal 4 Y près
qui l'éteindra.
Le Journal dYpres pousse le jésuitisme jus
qu'au raffinement. La Patrie de Bruges, qui
n'est pourtant pas la première venue, ne l'atteint
pas la cheville.
Ainsi, quand parut le fameux mandement, la
Patrie sentit bien que le sens de. la phrase
Le choix des moyens légaux et honnêtes est
une affaire tout-à-fait accessoire, qui jamais ne
doit ni ne peut tourner au détriment du but
principal était clair et même très clair.
Moins casuisle que le petit Monsieur, la Pa
triedans son numéro du 18 Mai 1863, repro
duisit le susdit paragraphe avec la variante que
voici Le choix des moyens, pourvu qu'Us
soient toujours légaux et honnêtes est une affaire
tout-à-fait accessoire, qui jamais ne doit ni ne
peut tourner au détriment du but principal.
Le lendemain du jour où le mandement de
Monseigneur subit cette mirobolante modifica
tion, les exemplaires primitifs furent retirés du
commerce. Des acheteurs s'étant présentés chez
l'imprimeur Vanhee, dans la matinée du 19,
pour se procurer des exemplaires du mande
ment, on les renvoya en disant que, le premier
tirage se trouvant épuisé, il était impossible de
les satisfaire avant cinq heures du soir. Ceux
qui retournèrent vers l'heure indiquée et qui
firent observer que le texte avait subi un nota
ble changement, reçurent pour réponse qu'ils
étaient dans l'erreur.
La version flamande, conçue dans les termes
suivants De wettige en eerlijke middels die
men gebruikt, zijn hier maar eene toevallige
zaakdie nooit ten nadeele van het voorname
doelwit konnen of mogen strekken est am
biguë, contournée, double entente, et cepen
dant correspond avec les termes du premier
tirage.
Que devient, dès lors, la ridicule interpréta-
lion du Journal d'Ypres Qu'il réponde C'est
lui qui a amené la polémique locale sur ce ter
rain, c'est lui qui a osé nous adresser trois in
solentes sommations I Tant qu'il nous défiera,
nous riposterons.
Mais défi pour défi Nous sommons, notre
tour^Dotre imprudent confrère, de reproduire,
outre le mandement de Mgr Sibour, dont nous
parlions plus haut, un autre document qui fait
contraste avec l'inqualifiable mandement de
Mgr Malou, un document qui prouve, une fois
de plus, que le clergé français n'est pas animé
des sentiments d'intolérance qui ont lancé le
clergé belge dans l'arène politique. Voici
Monsieur le Rédacteur,
Je lis avec étonnement dans votre numéro
de ce matin On assure que Mgr Cruice et
son clergé sont décidés voter pour MM.
Berryer, Thiers et Canaple, etc.... J'ignore
quels seront les votes du clergé de Marseille
mais ce que je sais, c'est que j'ai toujours en-
gagé ce cher et excellent clergé s'abstenir
»/de toute manifestation politique qui serait de
uature compromettre son ministère et les
oeuvres si .importantes qui lui sont confiées.
Quant nous, notre ferme volonté est de ne
jamais oublier que le prêtreet plus forte
raisonévêque, est le père de tous et non un
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