AVIS.
N°9f. Jeudi,
49e ANNÉE.
14 Novembre 1889.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
Un conseil d'État.
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recevra gratuitement le journal jusqu'au ir Jan
vier prochain.
Il parait qu'on fait quelque bruit en ville d'un
articulet qui a paru dans le dernier numéro de
ce journal.
Nous ne feindrons d'avouer qu'il y a de quoi,
et la Rédaction elle-même n'a pas été la moins
ébaubie de la chose.
Informations prises, il se fait que l'insertion
a été obtenue par supercherie. On a abusé (de
quoi n'abuse-t-on pas?) de ce que le Progrès
comme tribune libre, ouvre un peu trop facile
ment ses colonnes au premier comme au der
nier venu.
Que si la Rédaction avait été consultée ou
prévenue, elle eut tout bonnement envoyé au
panier le communiqué dont s'agit.
Ceci pour dissiper toute équivoque et répu
dier toute apparence de compromission.
Societatis Jesu.
Un hasard, que je n'hésite pas qualifier
d'extraordinaire, m'a fait trouver, hier, au
coin de la rue de la Loi et de la rue Royale, le
document que nous reproduisons ci-dessous.
Comme on le verra, c'est le procès-verbal d'une
importante réunion tenue au ministère des
finances, convoquée pour tirer le ministère, et
particulièrement MM. Beernaert et Devolder,
de la mauvaise situation dans laquelle les plon
gent les révélations nouvelles du procès Pour
baix.
Nous ne ferons aucun commentaire, et nous
nous empressons de raeltre ce curieux docu
ment, qui sembleécritde la main de M. Woeste,
sous les yeux de nos lecteurs
CONSEIL D'ÉTAT S. J.
Présidence du R. P. Escobardo, général de la
Société de Jésus.
Sont présents, les RR. PP. Fouinard, casuiste
en chef Vulpes, casuiste Debrouillati, inspec
teur des cas de conscience Distinguo, sous-
inspecteur- des cas -, Lhoir, sous-casuiste Malou,
aspirant casuiste MM. Beernaert, Devolder,
Lejeune, Vandenpeereboom, de Chimay, Pontus
et De Bruyn, ministres MM. Jacobs et Nothomb,
ministres d'Etat M. "Woeste, député et casuiste
laïque.
Mes instants sont préciousissmnes. Dites rapi
dement ce qui peut vous embarrasser, car ze
dois assolutamente repartir par le train de
minuit...
Je me doutais bien de quelque chose comme
cela. Tenez, voilà le poison des Borgia. Trois
gouttes...
Vous êtes oune poule mouillée. Continouez.
m'avez envoyé de Rome, il y a quatre mois, lors
de la première interpellation, mon ami Devolder
et moi, nous avons débité une série de men
songes.
Oui, mais
Ze R. P. président. Allons donc, vous savez
bien qu'entre nous, nous ne disons jamais de ces
choses-là
h
PROG
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Comines-Armentières, 5-30 11-16—2-545-20—8-55
Roulers, 7-45 10-45— 12-20 2-45 -4-10 6-42
Langemarck-Ostende, 4-30 (Cortemarck) 7-18 9-57
-12-17 3-56—6-21.
Courlrai, 5-30 8-20 9-58 11-16 2-43 5-20
7-50 8-55. (Dép. de Comines Courtrai 9-35.)
Courlrai-Bruxelles, 5-30 9-58 11-16 2-41 5-20.
Courtrai-Gand. 5-30 8-20 11-16 2-41 5-20.
5-40 7-35 10-20 11-30 3-04 6-20.
Ypres, le 13 Novembre 1889.
jésus. marie. joseph.
Réunion du 9 Novembre 1889.
Le R. P. président. Messieurs, ze n'ai pas
hésité oune seul instant venir votre appel.
M. Beernaert part, avec mélancolie). Juste
ment comme ces Messieurs
Le R. P. président. Exposez vite votre cas,
nous sommes assez nombreux pour vous donner
oune bon conseil. La parole est M. le ministre
Beernaert.
M. Beernaert. Yoici. J'ai appris par mes
indicateurs particuliers...
M. Woeste (sarcastique). Ils sont jolis, vos
indicateurs particuliers
M. Beernaert (avec désespoir). Si vous m'im-
terrompez toujours, lo R. P. Escobardo n'aura
pas le temps de nous tirer d'affaire.
M. Woeste (sec). Vous n'aviez pas besoin de
faire des sottises
Le R. P. président. Silence Continoué, mon
sieur le ministre.
M. Beernaert. J'ai appris que ces brigands
de Bara et de Janson allaient m'interpeller sur
lo procès de Mons.
Le R. P. président (tirant un flacon de sa poche).
M. Beernaert (effrayê\. Jamais Je suis un
honnête homme. (M. "Woeste fait un clin d'œil
du côté de M. Jacobs).
Le R Pprésident (remettant son flacon en poche).
M. Beernaert. Selon le conseil que vous
Le R. P. Lhoir. Avec un petit acte de con
trition, un tout petit...
M. Beernaert. J'en ai fait un grand, mon
révérend père. Mais je croyais qu'on ne parlerait
plus de cela. Et voilà qu'aujourd'hui l'instruc
tion du procès Pourbaix apprend que nos men
songes sont découverts.
M. Nothomb. C'est grave.
Le R. P. président. Il n'y a rien de grave.
Jamais, dans notre Société, il n'y a rien de
grave. Si vos premiers mensonges sont décou
verts, ils ne valent plus rien. Eh bien, il faut en
faire d'autres. (Marques d'assentiment).
M. Beernaert avec un soupir).
lesquels
Le R. P. président (avec un accent de pitié).
Homme de peu de foi Nous sommes ici sept
jésuites en robe et un en bourgeois (M. Woeste
essuie son pince-nez) et il ne vous faut que trois
ou quatre petites rectifications une vérité per
nicieuse C'est l'affaire de quatre ou cinq minu
tes. N'oubliez pas que je prends le train de
minuit.
M. Beernaert (avec un regard navre). O Pour
baix O Cousaert
Le R. P. président. Donnez-nous des détails.
M. Devolder. Moi, d'abord. A la Chambre,
j'ai dit que je n'avais pas eu connaissance du
télégramme Prévenez Beernaert. Or, je l'ai
reçu, et ce grédin de Notelteirs vient de le révé
ler devant la cour d'assises.
Le R. P. Malou. C'est égal, papa n'aurait
pas dit cela. 11 n'aurait plutôt pas parlé.
Le R. P. Fouinard. Ce qui est dit est dit. Il
faut le dédire. Si on vous parle de cela, répondez
que vous l'aviez oublié.
Le R. P. Debrouillati. Ou que Notelteirs a
menti.
Le R. P. Distinguo. Dites plutôt que vous
l'avez reçu, mais que vous ne l'avez pas lu. Vous
l'avez mis sous des papiers et vous l'y avez
oublié.
Le R. P. président. Voilà trois solutions.
Vous pourrez choisir. Avez-vous autre chose
sur la conscience
M. Devolder. Oui. J'ai répondu M. Bara
que je n'avais pas vu M. Beernaert ce soir-là. Or,
je l'ai vu, et même, en arrivant chez lui, j'ai
rencontré Pourbaix et Cousaert qui sortaient.
Le R. P. Vulpes. Il faut continuer nier.
M. Devolder. Ce serait facile, si la sûreté
n'avait pas remis aux assises un rapport de Cou
saert déclarant qu'il m'avait vu.
Le R. P. Malou. Voilà ce que c'est. Ce n'est
pas mon papa qui aurait répondu ainsi M.
Bara. Il était trop malin. Il n'aurait plutôt pas
répondu.
M. Nothomb (se grattant le nez). L'affaire est
excessivement grave.
Le R. P. Distinguo (haussant les épaules).
Allons donc Vous avez dit, monsieur le minis
tre, que vous n'aviez pas vu M. Beernaert ce soir-
là
M. Devolder. Oui.
Le R. P. Distinguo. Or, quelle heure avez-
vous vu M. Beernaert
M. Devolder. A onze heures quarante.
Le R. P. Distinguo. Parfait. Ce soir-là, c'est
jusqu'à minuit. A minuit une, le matin a com
mencé. Répondez maintenant que vous n'avez
rencontré votre collègue qu'à minuit et cinq,
c'est-à-dire non ce soir-là, mais le lendemain
matin.
Le R. P. président. Siouperbe Assoluta
mente ingéniousissime Voilà votre conscience
nettoyée, monsieur Devolder Voyons la vôtre,
monsieur Beernaert.
M. Beernaert. Je n'ose pas. Vous allez dire
que je suis bien canaille
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