P
N° 73. Jeudi,
49e ANNÉE.
12 Septembre 1889.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
Résumé politique.
Trop de zèle.
La Trouée en règle.
6 FRANCS PAR AN.
C,
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
vires acquirit eundo.
Heures de départ d!Ypres pour
Ypres, le 11 Septembre 1889.
Quand en 1830, nos pères se sont battus
pour la Libertéde tous les biens qu'ils nous
ont légués, c'est le plus précieux. Cette liberté
est inscrite au frontispice de notre Constitution;
elle s'étend du plus grand au plus petit et
chacun en use sa convenance elle n'a d autre
limite que la liberté d'autrui, c'est assez dire
qu'il est loisible chacun de se trouver sa
porte quand passe une procession.
Le Journal d'Ypres n'admet pas cela. 11
trouve même que se trouver sa porte, en veste
de coutil, c'est bètc pourquoi pas bèbète
Mais voyons, Journal, ce Monsieur a-t-il
nargué la procession L'a-t-il huée, sifïlée
Vous ne le dites pas, c'est donc qu'il ne l'a ni
narguée, ni sifïlée, ni huce; des lors qu'y a-l-il
y reprendre? Nous avons vu des cortèges,
tout aussi respectables dans leur genre, hués
et stfïlés par des gens que vous connaissez bien
et de près, et vous ne disiez rien et cela était
bien
Et puis qu'y a-t-il d'extraordinaire ce que
ce Monsieur se trouvât-là, puisque vous dites
qu'il passe tous les jours douze heures sur le
seuil de sa porte? Devait-il, ce moment, se
blottir sous ses couvertures Moins que jamais,
Èuisqu'il y avait voir défiler la troupe de S'
[aurice. Elle méritait bien qu'on risquât un
œil, cette troupe, la crème de la piété et de la
dévotion. Si bizarrement costumés qu'ils fus
sent, ils n'étaient point méconnaissables, ces
compagnons fidèles de S1 Maurice. Les femmes
les désignaient du doigt: «Tiens, Jan est là
aussi, et hier au soir il flanquait sa femme dans
la rue 5 coups de sabot Et celui-là Et l'autre
Et tiens, tiens, celui-là aussi
Et le Monsieur en question ne pouvait pas
contempler cette mascarade 1
Non, Journalque la procession parcoure,
en toute liberté et comme elle l'entend, sa
route, et laissez les gens tranquilles.
Vous verrez qu'il ne sera plus même permis
aux libéraux de se défendre et qu'on les obli
gera lécher le bâton qui les a frappés.
La réforme électorale méditée par le minis
tère menace le parti libéral d'un danger grave,
mortel peut-être. Nous pressons nos amis d'unir
leurs forces pour déterminer dans le pays un
mouvement d'opinion, aussi général, aussi im
posant que possible, dans l'espoir que ce mou
vement entraînera une dissolution des deux
Chambres, l'unique chance de salut qui nous
reste.
C'est ce que les cléricaux ont fait dans toutes
les circonstances où ils disaient leurs droits en
péril, notamment en 1864 pour la loi sur les
bourses d'étude et plus récemment, en 1879,
pour la loi sur l'enseignement primaire.
Qui a oublié la guerre scolaire Le parti clé
rical mit tout en œuvre, cette époque, non
seulement pour empêcher le vote de la loi,
mats la loi volée et sanctionnée, pour en rendre
l'exécution impossible.
Mais, nous, c'est autre chose. L'Escaut, fei
gnant de mal nous comprendre et de croire
que nous faisons appel l'émeute, déclare que
si les libéraux ont le malheur de bouger, on
leur fera leur affaire, et plus vite que ça.
Savourez-moi ce petit morceau de littérature
Jacob...sine
Donc nous voilà prévenus si nous ne som
mes pas bien sages, nous serons troués.
On ne répond pas de pareilles insanités.
On hausse les épaules et on passe outre.
La catastrophe d'Anvers a ému le pays, c'est
aussi qu'elle est grossie de terribles conséquen
ces. C'est peine si l'on en connaîtra jamais la
cause, ceux qui en ont été les auteurs ou les
spectateurs ayant disparu et étant emportés,
déchiquetés par morceaux aux quatre vents du
ciel. Chose étrange, ceux qui en sont morale
ment responsables, qui ont poussé l'impré
voyance jusqu'à autoriser l'établissement d'une
cartoucherie quelques mètres de dépôts de
pétrole s'en laveront les mains.
Nous parlons des conséquences de ce sinistre
événement, elles seront navrantes des famil
les entières ont disparu, d'autres privées de leur
chef sont réduites la misère. Des jeunes filles,
des enfants fauchés dans leur fleur, l'industrie,
le commerce en souffrance parce que quelques
hommes réunis ont autorisé un établissement
LE PROGRÈS
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20.
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Marché aux Herbes.
3-00
Poperinghe, 6-50 9-09 10-00 12-07
4-00 6-42 9-05 9-58.
Poperinghe-Hazebrouck, 6-50 9-09 12-07 4-00
6-42.
Houthem, 5-30 8-20 11-16 5-20.
famines, o-30 - 8-20 - 9-58 11-16 2-43 5-20
7-50.
C.omines-Armentières, 5-30 8-2011-16—2-43—9-49
Roulers, 7-45— 10-45— 12-20 2-45 -4-10 6-42
Langemarck-Ostende,7-16 -9-57—12-17 3-56 6-21
-8-14.
('.ourirai, 5-30 8-20 9-58 11-16 2-43 5-20
7-50.
Courlrai-Bruxclles, 5-30 9-5811-162-43 5-20.
Courlrai-Gand. 5-30 - 8-20 11-16 2-43 5-20.
M. Gladstone a quitté Paris pour retourner en An
gleterre avec sa famille. En même temps arrivait dans
la capitale française NI. Tisza, ce ministre hongrois qui,
l'an dernier, déclarait en plein parlement qu'il y aurait
danger se rendre Paris, où ni les biens, ni les per
sonnes ne seraient en sûreté.
Malgré cela, M. Tisza est allé Paris; mais comme
s'il affectait de prendre lui-même au sérieux les ridicu
les prédictions auxquelles il se laissait aller l'année
dernière, il voyage sous un faux nom. Arrivé la fron
tière française, M. Tisza s'est dissimulé sous le pseu
donyme de a baron Hosrh
Aurait-il peur vraiment d'être assassiné dans les
rues de Paris? Ce serait pousser loin l'obstination
se montrer ridicule.
M. Tisza peut être bien tranquille. Il le sait bien.
Alors, pourquoi jouer cette comédie enfantine
Les nouvelles politiques sont rares aujourd'hui. La
jdus intéressante nous vient d'Autriche et se rattache
une élection prochaine, qui aura lieu pour le Landtag
dans la Léopoldstadt.
On sait que la fièvre anliséraitique règne dans une
grande partie de la population, qui accuse les israélites
de la crise économique et sociale dont souffre l'Autriche
actuellement.
Les réunions électorales sont intéressantes, le candi
dat libéral allemand,-le professeur Sues, très populaire
Vienne, ex-recteur de l'Université, a fait un tableau
assez sombre de la situation économique de l'Autriche,
et île la capitale en particulier. Il ressort de son exposé
que Vienne est en pleine décadence industrielle et
commerciale, par suite de la décentralisation qui favo
rise d'autres capitales, Pestli et Prague. Pesth surtout
se pose comme une seconde métropole qui bientôt dé
liassera Vienne bien de points de vue.
De grandes industries devienne, telles que les raffine
ries, les alcools, les machines et les textiles, ont
émigré ou se sont réfugiées en Bohême pour échapper
aux impôts et aux augmentations du prix de main-
d'œuvre. Les autres industries de Vienne sont dans un
état peu florissant. Il y a peu de capitales où l'on paye
plus d'impôts et où la vie soit plus chère qu'à Vienne.
L'impôt sur les immeubles est de 45 p. c., et l'octroi
renchérit toutes les denrées de première nécessité. Les
produits de l'octroi même ne profitent pas la ville,
mais sont absorbés en grande partie par l'Etat. Les
constructions d'immeubles sont complètement arrêtées.
A Vienne, on ne construit plus, parce qu'on ne trouve
plus de locataires. Le chiffre des logements vides a
augmenté de cent pour cent.
L'Autriche entière subit une crise économique des
plus dangereuses, causée par l'émigration en Amérique,
qui s'élève près de 50,000 personnes annuellement,
et l'orateur attribue cet exode au particularisme
régnant, qui ne permet pas aux divers peuples autri
chiens de trouver des débouchés sur le territoire de
l'Europe. Une autres cause importante de la crise
économique est la guerre de tarifs avec la Roumanie.
L'orateur adjure les gouvernants autrichiens de con
clure le plus vite possible un traité avec la Roumanie,
en dépit de l'opposition égoïste des Hongrois. L'état
actuel ne rapporte qu'à ces derniers, qui sont maîtres
du prix du blé, la concurrence étrangère étant suppri
mée, et l'Etat autrichien ne profite même pas de la
prohibition exercée sur les bestiaux étranger, car ceux-
ci pénètrent en masse par contrebande du côté de la
frontière de Galicie, et échappent aux visites sanitaires.
Ils arrivent sur les marchés de Vienne atteints de di
verses maladies dangereuses pour le consommateur.
L'Allemagne vient d'attacher son ambassade
Vienne un secrétaire ingénieur chargé de suivre de
près le mouvement industriel et commercial.
Qu'ils commencent dès maintenant leur petite campa
gne, nous ne demandons pas mieux. Qu'ils aillent ramas
ser dans les ruelles et aux carrefours tout ce qu'il y a de
fainéants, de canailles, d'hommes sans aveu et de déclas
sés, et en avant la grande manifestation de la conscience
publique indignée
On ira crier et gueuler sous les fenêtres des ministères et
des chefs conservateurs, on s'en prendra peut-être de
paisibles citoyens, mais alors aussi, qu'on laisse l'auto
rité le droit de maintenir l'ordre et de réprimer les excès.
Un remède infaillible et radical contre ces petites mani
festations de la conscience indignée, serait de pratiquer une
bonne fois une trouée en règle dans.ces tourbes honteuses
qui infestent certains centres populeux. Le remède serait
violent, il est vrai, mais pratique.