N° 72. Dimanche,
49e ANNÉE.
8 Septembre 1889,
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
A quand la dernière
Encore un évêque.
Terrible catastrophe
Anvers.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
VIRES ACQUIRIT ECNDO.
Heures de départ cï'Ypres pour
Ypres, le 7 Septembre 1889.
Les fourmis se sont emparées des édifices de
l'enseignement public et leur travail souterrain
et continu les fait écrouler les uns après les
autres. Des mesures énergiques devront être
prises pour débarrasser la terre de ces insectes
destructeurs. Si on ne les détruit promptement,
ils mineront tout le pays.
Telles sont les réflexions que nous nous som
mes faites en lisant le Moniteurapportant
l'arrêté royal qui supprime, sans la moindre
justification sérieuse et honnête, l'école normale
de Virton.
A l'heure actuelle il n'existe plus que les éco
les de Bruges, de Gand, de Lierre, de Mons, de
Nivelles, de Vervjers, de Liège, de Tournai et
les sections normales de Huy, de Gouvin, d'Ar-
lon et de Bruxelles.
Malgré ce nombre restreint plusieurs sont
encore désignées pour être supprimées dans un
avenir plus ou moins prochain.
Si l'on connaît l'artisan ses œuvres, nous
connaissons malheureusement depuis trop long
temps le parti clérical ses agissements. Il
réclame comme monopole son profit le service
de tout l'enseignement. II n'y a donc rien de
plus naturel que la suppression graduelle des
établissements, qui forment les instructeurs
indépendants de l'autorité épiscopale.
Sous le gouvernement libéral et sous tous les
régimes qui tiennent la prospérité de leur
pays, on a toujours eu soin d'avantager et de
favoriser l'instruction, parce qu'elle seule forme
des hommes dignes de la patrie. Pour mettre
ce principe en pratique on était entré dans la
voie des privilèges. Il fallait la présence
de l'ultramontanisme au pouvoir pour sup
primer le principe. Le pays indigné com
mence déjà faire retentir des protestations
énergiques contre le projet de loi qui suppri
me, d'un trait de plume,ces milliers d'électeurs
capacitaires, qui détiennent leur droit, soit en
vertu d'un diplôme qui exige les plus fortes
études, soit en vertu d'une fonction publique
ou privée laquelle on ne peut arriver, qu'après
avoir donné des preuves de connaissances ap
profondies.
Qu'après ces crimes de lèse civilisation, MM.
Beernaert et C1" se rendent Paris et ailleurs
pour s'y délasser ou s'y faire casser l'encensoir
sur le nez, rien de plus naturel. Ils sont au
pouvoir de par la volonté des évêques, ces der
niers seuls approuvent leurs actes. Ils n'ont le
droit de se mouvoir que dans un ordre d'idées,
qui n'a rien de commun avec la politique. Nous
pouvons considérer nos ministres comme des
ilotes, dont la seule ambition doit consister,
non dans le bien être et la prospérité du pays,
mais dans la satisfaction de savourer les hon
neurs attachés ces dignités.
Si parfois nos ministres semblent vou
loir faire des concessions l'esprit libéral
du pays, ce n'est que dans un ordre maté
riel très restreint. Le terrain politique est
soigneusement écarté et toutes les nominations
aux fonctions publiques ils les considèrent
comme un apanage du cléricalisme. En tout
ceci ils sont les exécuteurs fidèles des ordres du
clergé.
C'est de là que nous voyons ces scandaleuses
annulations d'arrêtés des députations perma
nentes indépendantes, parce qu'ils contrarient
les vues du clergé dans la formation des budgets
et comptes des fabriques d'églises.
C'est la lutte qui existe depuis des siècles,
mais aujourdhui l'Eglise prime l'Etat. Ainsi
encore nous verrons donner raison ce bon M.
Pourbaix, desservant provisoire de l'Eglise de
Noirmont contre la Députation permanente du
Brabant, qui a eu l'audace d'exiger la rectifi
cation d'un compte. Ce curé, comme tous,
d'ailleurs, estime que le pouvoir ne peut rai
sonnablement être d'un avis contraire au sien,
parce que le vœu de M. l'archévéque est que les
curés ne soient pas tenus de transmettre la
Députation permanente l'état que celle-ci ré
clame.
M"* Lcjeune, sans forfaire sa parole don
née, ne pourra faire autrement que de donner
raison au vénérable curé.
C'est là que perce la force de ce pouvoir oc
culte contre lequel protestent toutes les nations
civilisées. Il nous opprime et produit tout le
mal. Lentement, mais sûrement nous arrive
rons la suppression de tout ce qui forme le
caractère de l'homme utile et indépendant.
L'interrogation que nous faisons trouve par
faitement sa place. En présence de tout ce qui
se passe nous sommes en droit de demander
A quand la dernière X.
Il est sérieusement question de remanier les
sièges épiscopaux en Belgique et de doter notre
pays d'un évêque de plus.
On trouve, au Vatican, que Mgr Goossens a
charge dames dans des proportions exagérées,
même étant donné le haut mérite, le zèle et
l'activité du nouveau cardinal.
En somme, si cette fantaisie plaît Léon
XIII, il n'y a pas dire, nous devrons la subir,
et notre bon gouvernement verra son rôle se
borner simplement la demande des crédits
nécessités pour l'installation et le traitement
du nouvel évêque et de tous ses collaborateurs.
Nous n'avons pas de concordai, nous Et le
Pape est tout puissant dans la libre Belgique,
en ce qui concerne les affaires religieuses.
Notre lot est de nous incliner, de payer et
de nous taire... sans murmurer.
Explosion d'une cartoucherie. - Cent cinquante morts.
Plusieurs centaines de blessés. - Incendie de dépôts
de pétrole.
LE PROGRÈS
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
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Marché aux Herbes.
Poperinghe, 6-50 9-09 10-00 12-07 3-00
4-00 6-42 9-05 9-58.
Poperinghe-Hazebrouck, 6-50 9-09 12-07 4-00
6-42.
Houthem, 5-30 8-20 11-16 5-20.
Comines, 5-30 - 8-20 - 9-58 11-16 2-43 5-20
7-50.
Comines-Armentières, 5-30 8-2011-16—2-43—9-49
Roulers, 7-45 10-45— 12-20 2-45 -4-10 6-42
Langemarck-Ostende,7-16 -9-5712-17 3-56 6-21
-8-14.
Courtrai, 5-30 8-20 9-58 11-16 2-43 5-20
7-50.
Courtrai-Bruxelles, 5-30 9-58—11-16—2-43 5-20.
Courtrai-Gand. 5-30 - 8-20 11-16 2-43 5-20.
i B m m u <||lll
Anvers, 6 Septembre 1889.
Cette après-midi, un peu avant deux heures, une formi
dable explosion a ébranlé la ville tout entière. Tous les
habitants ont quitté leurs habitations, épouvantés. Ils ont
constaté qu'un nuage de fumée toute blanche, d'une den
sité extraordinaire, affectant la forme d'une superbe pana
che, s'est lentement élevé l'horizon.
Au moment où se produisait l'explosion, de tous côtés
on entendait le bruit des vitres et des glaces qui se bri
saient avec un fracas assourdissant.
Parmi le populaire, on croyait un tremblement de
terre; d'un autre côté on parlait d'une explosion de chau
dière l'arsenal de construction.
Une foule immense se dirigeait vers les bassins; la car
toucherie Corvilain venait de sauter, et celte explosion
avait déterminé celle des magasins pétrole, situés devant
la dernière cale sèche en face des bassins du nord América
et Africa, construits par M. Casse, député indépendant de
Bruxelles.
Cette cartoucherie est un ancien dépôt de guano. M. Cor-
vilain avait demandé et obtenu l'autorisation d'y déposer
50 millions de cartouches espagnoles, qu'il défaisait et
dont il revendait le cuivre, le plomb et la poudre. Il s'était
établi d'abord sans autorisation. Le gouvernement provin
cial l'apprit et fit fermer le dépôt.
M. Corvilain adressa alors une demande régulière qui
fut, en vertu de la loi sur les établissements dangereux et
insalubres, soumise l'avis de la ville.
M. l'ingénieur Royers, dans un rapport fortement moti
vé, conclut au rejet d'une demande qui avait pour but
d'établir une cartoucherie 200 mètres de magasins de
pétrole.
La ville émit un avis défavorable, mais la députation
autorisa.
L'effet de l'explosion a été épouvantable.
Il n'est pas un point du territoire anversois où il n'y ait
des dégâts considérables.
Nous arrivons sur les lieux, où nous rencontronsM. Moo-
nens, commissaire de police en chef, qui a admirable
ment organisé le service d'ordre. MM. les échevins Lefè-
vre, Nauts, Gits, MM. Delaet, greffier provincial, Ulens,
secrétaire du gouverneur, Maris, juge d'instruction, le vi
comte de Nieulandt, substitut du procureur dn Roi, Wau-
ters, greffier.
Le corps des pompiers, commandé par le commandant
Cornet, lance des flots d'eau sur les réservoirs de pétrole
en combustion. Le foyer de l'incendie répand une chaleur
suffocante.
Le steamer Prince-Albert, en détresse dans une cale
sèche, demande assistance. Un remorqueur le tire de la
position périlleuse où il se trouve. Le sol est jonché de
milliers et de milliers de cartouches.
Au moment où nous arrivons, nous voyons transporter
les blessés et les morts, dont le nombre est considérable.
On entasse les cadavres entièrement mutilés dans des
sacs. On transporte des cadavres dans les fourgons de
l'armée.
Le corps des pontonniers du génie, commandé par le