Avis.
IV0 56. Dimanche,
49e ANNÉE
14 Juillet 1889.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
Buveurs de sang.
Les ruines scolaires.
Nouvelles locales.
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Courtrai-Gand. 5-30 8-20 11-16 2-43 5-20.
Ypres, le 13 Juillet 1889.
Que nous sommes loin de ce beau temps où
M. Pierre Dedecker, alors ministre catholique,
exprima la crainte, en plein parlement, que les
tendances de son pârti ne favorisassent l'arrivée
d'une génération de crétins.
Ce sentiment, cette crainte patriotique ne
datent pas d'une époque très reculée et déjà
nous sommes arrivés cette malheureuse posi
tion. La prédiction s'est réalisée la lettre.
Le crétinisme se trouve actuellement par
tout. Depuis les ministères jusque dans les plus
petites communes, on trouve partout la dégra
dation, l'avilissement des caractères.
En effet, nous voyons des ministres, ayant
eu toute la vie des convictions libérales, abais
ser leur dignité d homme public pour exécuter
en plats valets les ordres des évêques, qui les
ont amenés au pouvoir. Ce qui gênait le plus
ces derniers, c'était renseignement officiel,
donné d'une manière sérieuse. Par un bout de
loi, ils se sont empressés de le détruire dans le
seul but de faire régner l'ignorance, les ténè
bres. Pareille situation favorise admirablement
la superstition et le fanatisme.
C'est aujourd'hui le règne de (hypocrisie et
du jésuitisme qui mène au crétinisme. L'exem
ple vient d'en haut et est suivi jusqu'en bas.
Ainsi M. Beernaert, lors de sa récente visite
Tongres. s'est rendu l'église en portant osten
siblement un missel la main pour y entendre
la messe. On exige le mouvement des lèvres,
on ne s'inquiète pas du cœur.
Les débats parlementaires, où il faudrait
chercher des leçons d'honnêteté, do sincérité
politiques, sont devenus une école de jésuitis
me. Aux interpellations, aux demandes de nos
amis on répond par l'hypothèse, on cache la
vérité en dénaturant les laits, ou bien la majo
rité servile clôture inopinément les débats pour
que la lumière n'arrive pas jusqu'au peuple.
Au point de vue de la publicité, le mal est
plus grand encore.
Les feuilles cléricales la solde des caisses
diocésaines, rédigées pour les neuf dixièmes
par le clergé, renforcent cet état d'hypocrisie
en cachant la vérité et en évitant les polémi
ques sérieuses. On présente tous les événements
qui se passent dans le pays et l'étranger sous
un faux jour.
Contre cette situation lamentable les jour
naux libéraux ne peuvent réagir avec succès, y
porter remède par la raison bien simple, que
dans notre Flandre sur cent familles il y en a
nonante où la vérité en peut avoir accès. Les
choses en sont arrivées ce point que ces
familles n'osent non s'abonner, mais seulement
lire les journaux libéraux de crainte d'encourir
les foudres de l'église, c'est-à-dire d'être en
butte aux persécutions d'un curé ou d'un
vicaire. Ces craintes sont déjà si bien enraci
nées que le gros du peuple se soumet passive
ment aux ordres qu'il reçoit de l'église.
Déjà nos proverbes, oui expriment l'esprit et
les tendances de toutes les époques, se sont en
richis d'une nouvelle expression.
Quand aujourd'hui on veut cacher sa pensée,
faire croire le contraire de ce qu'on pense, en
un mot, faire l'hypocrite, le jésuite, on dit tout
bonnement qu'on est politique. Tromper, c'est
être politique! En cette matière tout est per
mis. Voilà où l'on a conduit le peuple 1
Si cette situation doit continuer, nous attein
drons ce degré de crétinisalion que nous n'aurons
plus rien envier la république de l'Equateur,
où tout se fait ostensiblement, publiquement
avec l'approbatur du clergé.
Il est plus que temps que la réaction se fasse
et que l'opinion libérale sache rendre la dignité
cette race flamande, jadis si chevaleresque
par le caractèreet aujourd'hui descendue si bas.
La première lâche quand nous arriverons au
pouvoir devra être de donner le pain quotidien
de l'instruction au peuple et de confiner les
prétentions du clergé dans l'église, d'où il
n'aurait jamais dû sortir. X.
Il parait que sous le ministère libéral, les
cultivateurs étaient saignés au profit des in-
stituleurs et des institutrices sans élèves.
C'est du moins ce qu'assure un organe catho
lique ce doit donc être vrai.
Quelle révélation
Jamais nous n'avions entendu dire que les
instituteurs et les institutrices sans élèves
buvaient du sang de cultivateur. Aucun journal
clérical, jusqu'aujourd'hui, n'avait fait connaî
tre au public cette chose étonnante.
Mais voilà enfin dévoilé ce secret plein d hor
reur.
Une observation cependant Depuis 1884,
les cultivateurs ne sont plus saignés au profit
des cannibales sans élèves. Comment se fait-il
alors que leur situation ne se soit pas amé
liorée
Que de choses terribles celte presse cléricale
découvre contre le pouvoir libéral Et quelle
grandeur dans ce sacerdoce
C'est beau I
Le correspondant bruxellois du Journal de
Liège annonce que le Gouvernement médite de
nouvelles coupes sombres dans les établisse
ments d'enseignement public.
Cette fois, c'est le collège de Dinant qui se
rait condamné.
Il offusque un établissement du clergé, donc
il faut le condamner. Le procédé est le même.
On exerce une violente pression sur les familles
afin de les empêcher de fréquenter un établis
sement laïque Puis, lorsqu'on est parvenu
dépeupler celui-ci, l'on interpelle le ministre
pour lui faire observer que le collège coûte
cher eu égard au nombre des élèves, et le mi
nistre s'incline.
Nous ne sommes pas encore au bout de ces
hécatombes.
Pendant toutes les grandes crises politiques,
le souverain appelle au Palais les chefs de
groupe en commençant par ceux de la majo
rité. L'audience accordée au député d'Alost a
duré cinq quarts d heure, ce qui prouve une
conversation approfondie. Attendons-nous
apprendre que des anciens ministres, députés
de la gauche, ont eu l'honneur d'être appelés en
consultation par le Roi.
Le cabinet, malgré sa jactance, est donc bien
malade.
Les récentes élections communales de Lae-
ken, dont les résultats sont contestées, comme
on sait, ont été validées avant-hier par la Dé-
putation permanente.
">.«e>aon<
L'École d'Équitation a reçu Jeudi la visite de
deux officiers de l'armée japonaise, le colonel de
cavalerie Hirassa et le capitaine Souguinohara.
Ces Messieurs étaient accompagnés du major
Jacquet de Perrigny, attaché au ministère de la
guerre.-'
Arrivés le matin, ils sont partis le jour même,
regrettant que les projets arrêtés par le chef de
leur mission ne leur aient point permis de pro
longer leur séjour ici.
Le colonel Hirassa que le capitaine Souguino
hara, détaché notre école de tir d'infanterie de
Beverloo, accompagnait en qualité d'interprète,
fait partie d'une mission de dix personnages,
diplomates, ingénieurs, officiers qui parcourront
l'Europe pendant un an afin d'étudier les procé
dés d'instruction en usage dans tous les établis
sements qu'ils visiteront, et de décider où ils
pourront envoyer ensuite un certain nombre de
jeunes japonais appelés former, dans un avenir
prochain, un noyau de professeurs ou d'instruc
teurs pour toutes les catégories de services
publics.
LE PROGRÈS
vires acqdirit eonuo.
Nous prions nos amis d'engager leurs connaissan
ces qui ne figurent pas sur les listes électorales et
qui y ont droit, se faire inscrire avant le Ie Août